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L'an 348.

Icin-chou.

qu'il aimoit, nommé Tao, & éloigner du thrône Che-fiuen qui étoit l'aîné. Celui-ci qui pénétra les deffeins de fon Après J. C. pere fit tuer fon frere; mais ayant été découvert dans Che-hou. la fuite, Che-hou le fit renfermer; on le fit ensuite mou- Кат-то. rir lui & toute fa famille, fans égard ni à l'âge ni au sexe. Les Miniftres arracherent même d'entre les bras de Chehou un de fes petit-fils pour lequel fa tendreffe fe reveilloit, & le maffacrerent en fa préfence. On tua un grand nombre de gens qui leur étoient attachés; environ cent mille hommes que ces cruautés indifpoferent contre ce Prince, fe retirerent chez les Leam. Che-hou fongea alors à fe nommer un fucceffeur. Quelques-uns de fes Minifires lui vanterent le grand courage de fon fils Che-pin, la vertu & la fageffe de fon autre fils Che-tfun; d'autres lui confeillerent, pour éviter tous les troubles, de choifir celui de fes enfants qui étoit né d'une mere noble; il les preffa tous de nommer celui fur qui ils jettoient les yeux. Un d'eux ne voulut point obéir, & comme Chehou le preffoit & lui demandoit la raifon qui l'obligeoit à garder le filence à cet égard; Prince, lui répondit, ce Miniftre l'Empire eft un fardeau bien lourd qu'on ne peut confier à ceux qui font foibles. Comment puis - je yous défigner celui à qui il doit appartenir? Quoiqu'il en foit Chi fut choifi, & fa mere Lieou-tchao - hi fut déclarée Heou ou Impératrice; elle étoit fille de Lieouyao Roi des premiers Tchao.

Lie-tai-ki

Tein-chou.

Che-hou prit alors le titre de Hoam-ti ou d'Enipereur & L'an 349. fit publier dans fes Etats un amniftie. En conféquence en- fu. viron dix mille hommes de ceux qui dans la derniere oc- Kam-mo. cafion s'étoient retirés dans le Royaume de Leam, revinrent à Yum-tching; mais lorsqu'ils y apprirent que l'amnistie ne s'étendoit pas jufques fur eux, ils fe revolterent de nouveau & pillerent la ville de Hia-pien; ils s'étendirent de tous côtés & parvinrent jufqu'à Si- ganfouleur nombre qui augmentoit tous les jours fe trouva monter à cent mille. On fit d'inutiles efforts pour les repouffer; ils vinrent jufqu'à Lo-yam & Che-hou fut obligé d'envoyer une armée de cent mille hommes pour les

L'an 349.

en éloigner. Ce Prince étoit accablé du chagrin que lui Après J. C. avoit caufé la mort de fes enfants, & furtout celle de fon Che-hou. petit-fils. Il ne fe montroit à perfonne; un des Princes tributaires qui lui amenoit environ huit mille hommes de fes fujets, lui reprocha sa foibleffe & les defordres dont il étoit l'auteur. On marcha enfuite contre les rebelles & on les deffit à Yong-yam (a) dans le Honan.

Che-chi,

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Che-rçun.

La maladie de ce Prince augmentant de plus en plus, il fe difpofa à la mort & diftribua les principales charges de l'Etat à ceux qu'il crut capables de les remplir. Tout fut en défordre pendant les derniers jours de fa vie; on tua fon fils Che-pin. Après fa mort Chi (6) lui fuccéda, & l'Impératrice prit foin du gouvernement. Tsun frere de Che-hou ayant été inftruit de ce changement revint auffi-tôt à Po, il étoit entraîné à la révolte par plufieurs Généraux & Princes vaffaux qui avoient fervi dans la derniere guerre. Lorsqu'il fut arrivé dans cette Capitale, il dépofa le nouveau Roi, ôta le gouvernement à fa mere, leur donna quelques titres d'autant plus inutiles, qu'il les fit mourir l'un & l'autre peu de tems après; il confia le commandement de toutes les armées à Che-min. Suivant les Chinois le Ciel ne tarda pas à faire voir qu'il défapprouvoit ces troubles. Il furvint dans la ville de Po des vents fi violents que tous les arbres en furent déracinés; ils étoient accompagnés de pluyes, de grêles & de tonnerres épouvantables. Le Palais fut réduit en cendres par un incendie qui dura plufieurs mois. En même-tems un petit Roi nommé Tchong prit les armes & déclara la guerre à Che-tçun. Ce Prince envoya contre lui Che-min qui le battit & lui coupa la tête. Par le confeil de ce général, Che-tçun ôta le gouvernement des Provinces de Tcin-tcheou & d'Yum-tcheou à Fou-hum qui étoit un petit Roi tributaire dont on pouvoit craindre les entreprises; mais Fou-hum n'étant pas alors le plus fort, cacha fon reffentiment & fe foumit aux ordres du Roi.

(a) Dans le territoire de Kai-fongfou.

(b) Ou Che-chi, Che étant le nom de

Lorsque

nom de famille, on le retranche fouvent pour abréger.

L'an 349.

Lorfque l'on eut été inftruit à la Cour des Tcin de tous les troubles dont le Royaume des Tchao fe trouvoit Après J. C. agité, on réfolut d'y envoyer des troupes : mais on n'en Che-tçun. tira pas tous les avantages qu'on en efpéroit; on brula quelques villes, il y eut un combat entre les deux armées les troupes s'en revinrent & cette expédition ne fervit qu'à faire périr beaucoup de monde de part & d'autre. En même tems le petit Roi de Lo-pim, dans le Royaume de Tchao, raffembla le plus qu'il put de foldats pour fe rendre maître de Po. Les peuples de la Province d'Yum-tcheou voyant qu'il n'avoit point réuffi dans cette entreprise, engagerent le gouverneur de Leam-tcheou de fe mettre à la tête de fes troupes pour venir attaquer les Tchao. Ce gouverneur nommé Hiun, qui gardoit cette place pour les Tcin, entra du côté de Si-gan-fou & défit les troupes des Tchao qui étoient campées à deux cens li de cette capitale du Chenfi. Les peuples des environs tuerent tous leurs officiers dans le deffein de feconder les Tcin; mais le Roi des Tchao ayant envoyé au fecours environ vingt mille hommes, les Tcin n'oferent aller plus loin.

Che-min jouiffoit d'une trop grande autorité à la Cour, & parmi les troupes à la tête defquelles il avoit fouvent remporté de grandes victoires. Comme l'Empire des Tchao étoit chancelant & que tout y portoit ombrage, on conseilla au Roi de fe défaire d'un fujet fi puissant; mais dans le tems que l'on prenoit les mefures nécessaires pour faire périr Che-min, Che-kien lui en donna avis; alors, avec les troupes qu'il avoit fous fes ordres il fit arrêter le Roi & le Prince héritier qu'il fit mourir. Il donna l'Empire, dont il étoit maître, à Che-kien, & devint encore plus puiffant qu'il ne l'avoit été aupara

vant.

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A la faveur de ces troubles les rebelles des provin- Che-kien. ces de Tcin-tcheou & d'Yum-tcheou, qui montoient environ à cent mille hommes, mirent à leur tête Fou-hong, à qui ils donnerent le titre de Roi. Cette nouvelle inquiéta beaucoup la Cour des Tchao. Che-kien voulut en même-tems fe défaire de Che- min & de Li-nong qui Tome I

Ii

Après J C.

L'an 349.

L'an 250.
Lie-tai-ki-

Su.

Kam mo.
Tein-chou.

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avoient l'un & l'autre trop d'autorité, mais il manqua fon coup, & ce Prince qui craignoit que fon deffein ne fut Che-kien. découvert fit tuer l'officier qui avoit été chargé d'exécuter fes ordres. Il ne réuffit pas mieux dans une feconde entreprife. Che-min & Li-nong, que le même intérêt réuniffoit, repoufferent leurs ennemis & inveftirent Che-kien. Il périt dans cette occafion environ deux cens mille hommes parmi lefquels il y avoit beaucoup d'Eunuques. Un grand nombre de peuples fe retira à Siamkoue. La plupart des officiers fe rendirent maitres des places où ils étoient. La révolte s'étendit en peu de tems dans tout l'Empire. Alors Che- min qui fe propofoit de détruire toute la famille des Tchao fe fit déclarer Roi. Un Prince des Tchao nommé Ki, qui avoit le titre de Roi de Sin-hing, étoit maître de Siam-koue, fon parti fe fortifia par le grand nombre des fugitifs qui fe retiroient en foule auprès de lui. Les autres Généraux, avec tout leur monde, n'avoient pas voulu fe foumettre au nouveau Roi; quelques-uns mêmes s'approcherent de Po pour s'en faifir. Che-kien leur donnoit fecretement des avis pour leur faciliter la prife de cette capitale. Mais fes menées ayant été fçues, Che-min & Li-nong le firent mourir avec trente-huit perfonnes qui étoient fils ou petitsfils du feu Roi Che - hou. Alors tous les Miniftres s'emprefferent de proclamer Roi Che-min, celui-ci voulut déférer cet honneur à Li- nong qui le refufa. Che - min, comme ancien fujet de l'Empereur des Tcin, propofa de partager avec lui l'Empire des Tchao, & de fe rendre enfuite à l'Empereur; mais quelques Miniftres en faifant beaucoup valoir cette générofité de Che-min, lui dirent que fon défintéreffement le rendoit digne du thrône. Ils lui repréfenterent que les Tein étoient prêts d'être détruits : alors il fe laiffa proclamer Hoam-ti ou Empereur il donna à fon nouveau Royaume le titre de Ta-goei, c'eft-à-dire grand Goei. D'un autre côté Fouhum aufli appellé Pou-hum n'étant plus retenu par l'autorité des Tchao, prit le titre de Roi de Tfin.

Che-min étoit fils adoptif de Che-hou, & originaire de la

L'an 350.

province de Goei. Il prit le nom de famille de Yen-chi, & donna à ses ancêtres le titre d'Empereur. Il déclara Li- Après J.C. nong fon premier Miniftre, & fit publier un Amnistie que Che-ki. le peuple ne voulut pas recevoir.

Lorfque la nouvelle de la mort de Che-kien eut été portée à Siam-koue, ceux qui y étoient affemblés donnerent le titre d'Empereur à Ki, & un grand nombre de peuple se soumit à ce nouveau Monarque qui fe nomma des officiers. En même-tems Che-min fe défit de Li-nong, & fit fçavoir aux Tein qu'il venoit de détruire tous les barbares, & demanda des fecours; mais on fit fi peu d'attention dans cette Cour à fes demandes, que l'on envoya des troupes contre lui qui prirent Ho-fi dans le Kiangnan.

Pendant tous ces troubles, un officier des Tchao entreprit de fe rendre maître de Si-gan-fou, & fe foumit aux Tein. Une grande quantité de Barbares embrafferent fon parti; mais il fut défait. Un autre officier des Tchao fe difpofa à venir affiéger la ville de Po; Che-min le battit, & fit prifonnier la plus grande partie de fes troupes. Il avoit alors trois cens mille hommes fur pied; mais il ne put empêcher que les Royaumes voifins ne s'emparaffent des Contrées qui étoient à leur bien-féance.

L'an 351

Кат-то.

Les tentatives que le Roi des Tchao avoit faites fur Lie-tai-kila ville de Po, obligerent Che-min d'aller avec cent mille hommes affiéger ce Prince dans Siam-koue, & le forcer Tein-chou. de quitter le titre d'Empereur. Ki demanda des fecours aux Yen & à tous fes voifins il en reçut des troupes. Alors Che-min leva le fiége & fe fauva à Po avec dix cavaliers tout le refte de fon armée fut détruit. Ces grandes guerres furent fuivies d'une famine confidérable qui réduifit les peuples à une telle extrêmité qu'ils mangerent les cadavres. Les troupes des Tchao ne laifferent pas de s'approcher de la ville de Po; mais Che-min en étant forti avec de nouvelles armées, les défit, & tua trente mille hommes. Le Général des Tchao offrit de fe rendre à lui & de tuer le Roi fon Maître, ce qui fut éxécuté alors l'Empire des Tchao fut entiérement détruit. Cependant le traître, qui étoit appellé Lieou-hien, ne tint

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