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Après J. C.

Ven-bien

refterent dans la Tartarie, où elles étoient difperfées aux environs du Lac Pai-kal, de la riviere de Toula, au nord des montagnes de Turphan, le long de la riviere d'Irtifch & des monts Altai, dans le pays des Baschkirs tum-kao. au nord du Kaptchaq & même fur les bords du fleuve A-te, c'est-à-dire Atel ou Volga. Plufieurs de ceux-ci defcendirent encore plus au midi, fe rendirent maîtres des pays qui étoient occupés alors par les Alains, c'est-à-dire de la Sarmatie Afiatique, & remplirent de leurs tentestoutes les campagnes qui font entre le Volga & les Palus

Ven-bien

tum-kao.

Kam-mo. Lie-tai-kisu.

Méotides.

Tous ces Huns furent appellés dans la fuite Te-lé ou Tie-lé, d'où l'on a formé le nom d'Haïathelites ou Abtelites donné plus particuliérement à une forte de Huns qui demeuroient dans le Maouarennahar proche le fleuve Oxus. Ces derniers font defcendus de ceux des Huns, qui après leur défaite par Teou-hien, ne purent suivre le refte de la Nation qui fe fauvoit dans le nord, & s'arrêterent vers Akfou & Kafchgar. Malgré cette difperfion des Huns l'histoire nous apprend qu'ils étoient encore très-puiffans dans les pays qui font entre Turphan & la mer Cafpienne. Ils eurent à foutenir de tems en tems avec les Chinois quelques guerres que nous allons rapporter.

Les armées du Général Pan-tchao avoient pénétré jusques fur le bord de la mer Cafpienne,dans le deffein de paffer dans l'Empire Romain dont la puissance n'étoit pas inconnue aux Chinois; Pan - tchao venoit de foumettre plufieurs peuples de la petite Bukharie, qui après s'être revoltés, avoient fait mourir l'Officier que l'Empereur de la Chine avoit envoyé pour les gouverner & les maintenir fous la domination Chinoife. Ces peuples étoient les Yen-tchi fitués dans les environs d'Harafchar à l'ouest de Turphan, les Goei-li leurs voifins au midi, les Goeifiu & le royaume de Chan qui en étoient à une médiocre distance. Pan-tchao avoit dépofé & mis à mort ceux qui s'y étoient inftallés en qualité de Rois, & en avoit mis d'autres à leur place qui étoient plus foumis aux Chinois. Une grande partie de la petite Bukharie rentra

par ce moyen fous leur domination, & les Huns du nord que ces établiffemens alarmoient, demanderent à faire la Apiès J. C. paix avec la Chine. Ho-ti qui en occupoit alors le thrône L'an 104. ne voulut point y confentir fous prétexte que ces peuples, Kam mo. trop attachés à leurs anciens ufages, ne se défaifoient point de cette férocité qui jufques-là avoit été le caratère de la Nation; mais en leur refufant la paix, il ne laissa pas de faire de grands préfens à leurs Ambaffadeurs. Tout éloignés que les Huns étoient, ils avoient encore des armées affez puiffantes pour fe faire redouter des Chinois,& il falloit les ménager. De-là dépendoit en grande partie la confervation des poffeffions que les Chinois avoient dans les environs de Turphan. C'étoit un abus que le fafte & l'orgueil L'an 107 des Empereurs entretenoit ; mais ils en revinrent dans la fuite. Les Miniftres leur représenterent que l'autorité Chinoise ne pouvoit être refpectée dans cette partie de la Tartarie que par de nombreufes garnifons, entretenues à grands frais, qui épuifoient le tréfor de l'Empire fans rapporter d'autre avantage à l'Empereur que celui de pouvoir fe dire le Souverain de quelques pays éloignés,pendant que fes véritables fujets, obligés de fournir à ces dépenfes inutiles devenoient les victimes de l'ambition du Prince. D'ailleurs les poffeffions que les Chinois avoient hors la Chine, occafionnant néceffairement un accès libre à tous ces étrangers, l'expofoient en même-tems à leurs incurfions. En effet la Chine ne fut jamais fi puiffante que lorfque, fous la domination d'un feul Monarque, elle étoit renfermée dans les bornes que la nature femble lui avoir affignées.

Кат-то.

Ces refléxions porterent le Confeil de la Chine à quitter entiérement la petite Bukharie & à faire revenir les troupes qui campoient dans les environs de Hami & de Turphan. Mais cette retraite des Chinois ra- L'an 109. nima le courage des Huns, ils rentrerent dans ces pays Kam-mo dont ils s'emparerent, & de-là vinrent faire des courfes Su. jufques fur les frontiéres de la Province de Chenfi. Accoutumés depuis long-tems à ces fortes d'incurfions & confervant encore dans leur mémoire la difgrace qu'ils a

Lie-tai-ki

Après J. C.

L'an 120.
Kam-mo.

voient éprouvée de la part des Chinois, ils étoient pour eux des ennemis fecrets qui n'attendoient qu'une occafion favorable pour éclatter. Ils auroient pénétré plus avant dans la Chine fi l'Empereur n'eût renvoyé promptement de nouvelles garnifons à Hami & à Turphan, ce qui remit fous la domination Chinoife une partie des Igours & les habitans des environs du lac de Lop, qui portoient le nom de Chen-chen.

Il n'en fut pas de même des Igours du nord ; leur Roi Lie-tai-ki- nommé Kiun-tcieou fe déclara pour les Huns & ces deux Ju. peuples réunis vinrent attaquer les Igours méridionaux, les mirent en déroute, ravagerent tout leur pays & tuerent l'Officier Chinois qui en avoit le commandement. Un Miniftre Chinois appellé Tçao-tçong fupplia l'Empereur de faire marcher promptement des troupes contre les Huns des défordres qu'ils vetirer vangeance pour noient de commettre, & pour s'emparer une feconde fois de la petite Bukharie; mais il étoit le feul de fon avis. Dans le confeil, le plus grand nombre opinoit pour que l'on fit fermer un détroit nommé Yo-muen, fitué dans les montagnes qui font à l'oueft de Cha-tcheou & au midi de Hami; c'étoit de ce côté-là une des principales entrées de la Chine. L'Impératrice qui étoit alors maîtresse abfolue de l'Empire, ne voulut prendre aucun parti qu'elle n'eût auparavant confulté Pan-yum brave Officier, fils du fameux Pan - tchao. Pan-yum parla ainfi à cette Princeffe: » anciennement l'Empereur Hiao - vou-ti » pénétra dans la petite Bukharie; fon deffein étoit de s'emparer des magafins que les Huns y avoient établis & » de diminuer leurs forces. Sous le regne de Kuam-vouti, les Huns, étroitement unis aux barbares voisins, firent >> tant de courfes fur les frontiéres de la Chine que l'on fut obligé de fermer les portes des villes. L'Empe» reur Hiao-mim-ti, qui avoit mis toute fa confiance dans les temples de fes ancêtres, fit avancer fes armées dans la Tartarie, les Huns furent battus & la paix rétablie » fur nos frontiéres. Mais qu'arriva-t-il alors? les habitans du Tibet fe revolterent & le commerce avec les

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peuples plus occidentaux fut interrompu de nouveau; » il ne fe fit plus que par les barbares du nord qui por» terent les marchandifes à un fi haut prix que les Igours & les autres peuples voisins, mécontens, fe foumirent » aux Chinois. C'est en vain que Tçao-tçong veut que nous puniffions les Huns; la fituation préfente des affaires de l'Empire ne nous le permet pas & nous ne . » pouvons pas, fans imprudence, entreprendre cette nouvelle guerre. Je conclus donc qu'il eft plus à propos » d'établir une garnison dans le pays de Kua-tcheou, une » feconde dans celui de Leou-lan près du lac de Lop » afin de maintenir dans le respect les peuples d'Haraf» char, d'Akfou, de Khoten & les Huns, qui par-là ne » pourront plus faire de courses dans la Chine.

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Après J. C.

Lie-tai-ki

Le confeil de Pan-yum fut adopté & enfuite exécuté; mais ces nouvelles garnifons n'empêcherent pas que les Huns & les Igours ne vinffent ravager le Chenfi. Il fallut avoir recours à de nouveaux expédiens. On remit fur le tapis L'an i237 l'avis qui avoit déja été propofé de fermer les détroits des Kam-mo. montagnes de Kua-tcheou & on alloit fe décider pour fu ce parti, fi le gouverneur de cette place n'eût représenté combien il étoit important pour la Province de Chenfi de ne point abandonner Kua-tcheou, & que la clôture de ces défilés ne fuffifoit pas pour empêcher le chef des Huns qui portoit le titre de Hou-hien-vam, & qui avoit fes tentes dans ces plaines immenfes qui font entre le lac de Lop & la mer Cafpienne, de fe rendre maître des contrées voifines de la Chine & enfuite de déclarer la guerre aux Chinois. La crainte de voir encore les Huns dans le voifinage de l'Empire décida l'Empereur qui ordonna à Pan-yum d'aller camper avec cinq cens hommes à Lieou-tchong près de Turphan. Ce Général fe rendit L'an 124. auffi-tôt vers le lac de Lop où il raffembla les troupes de Kam-mo. Chen-chen, d'Akfou & des autres pays circonvoifins. Il marcha enfuite vers la Capitale des Igours & défit les Huns dans la vallée de Y-ho. Alors le commerce fut ouvert avec les Igours. Il refta plufieurs années dans ces contrées, la défaite des Igours ultérieurs, la mort de leur L'ans.

Lie-tai-ki

Su.

L'an 126.

Roi Kiun-tcieou & des Ambaffadeurs Huns qui étoient Après J. C. dans fa Cour, la déroute du chef des Huns nommé Houhien-vam de même que celle de Yuen-mum Roi d'Harafchar, le feul dans ces pays qui ne s'étoit pas rendu aux Chinois, furent les fruits de cette expédition; mais Panyum fut à peine de retour à la Chine que les Huns reparurent dans les environs de Hami, nouveau motif pour les Chinois d'y renvoyer des garnifons.

L'an 13

L'an 134.

Lie-tai-ki

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Jufqu'alors les Igours feptentrionaux étoient demeurés Kam-mo fidélement attachés aux Huns, & avoient fait enfemble des courfes du côté de la Chine. La difcorde les défunit, les arma les uns contre les autres, & ils en vinrent aux mains; les Huns furent vaincus & la mere de leur Tanjou fut du nombre des prifonniers. Je ne rapporte cet événement peu important par lui-même que pour faire voir qu'ils avoient encore des Tanjou; mais l'hiftoire nous en laiffe ignorer les noms. On fut enfuite long-tems fans entendre parler de ces peuples. Pendant que Hiaohuon-ti étoit maître de la Chine, ils firent une incurfion à Hami & depuis il n'en eft plus fait mention dans les hiftoires, ayant été obligés de nouveau de fe retirer de Heou-han- plus en plus du côté de l'occident, chaffez par les TarKam-mo. tares Sien-pi qui venoient de s'établir dans le pays que Lie-tai-ki- ces Huns poffedoient anciennement au nord de la ChiSu ne. Voici en peu de mots l'origine de ce nouvel Empire qui fuccéda à celui des Huns dans la Tartarie.

L'an 151.

chou.

Un Tartare Sien-pi nommé Mo-lo-heou fervit pendant trois ans dans les armées des Huns méridionaux; pendant cette longue abfence, fa femme qui étoit reftée dans le pays mit au monde un enfant qu'elle appella Tan-chehoai. A fon retour Mo-lo-heou fut furpris de trouver chez lui un enfant qui ne devoit point y être. Son premier mouvement le porta à le faire périr avec la mere. Celle-ci eut recours à une impofture fouvent employée en pareil cas dans la Tartarie, impofture qui difculpoit la femme & donnoit à l'enfant une naiffance miraculeufe; elle appaifa fon mari en lui difant qu'un jour, effrayée par un grand coup de tonnerre, elle avoit levé les yeux

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