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çoient toujours de plus en plus & gagnoient du terrain; Après J. C. Les Oftrogoths fe foumirent, les Vifigoths s'approcherent du Danube & firent demander à l'Empereur Valens la permiffion de fe retirer dans la Thrace.

Jorn.de
Keb. Get.

Agathias.

Menandre.

Jornandes.

le

C'est ainsi que les Huns fe rendirent les maîtres des pays fitués au nord du Danube, qui depuis cent cinquante ans étoient fous la domination des Goths. Quantité de ces derniers, après avoir refté pendant quelque tems dans pays, prirent également dans la fuite la réfolution de le quitter, & fe retirerent comme les autres au midi du Danube. Cette migration des Goths produifit le même effet que toutes celles des barbares, c'eft-à-dire, que ce premier pas qu'ils firent leur fournit les moyens de faire de plus grandes entreprises fur les Provinces plus avancées vers le midi ou l'occident. Les Romains eurent lieu de fe repentir de les avoir introduits dans la Thrace; faute irréparable qui ouvrit aux Goths le chemin de la Gredes Gaules, & enfin de l'Efpagne où ils établirent un royaume confidérable. Telles furent les fuites de l'irrup

ce,

tion des Huns.

Ces peuples avoient à leur tête un chef ou Roi nommé Balamir (a); à la maniere des Tartares ils étoient divifés en différentes nations ou Hordes, mais il y a beaucoup d'apparence que tous ceux qui ont porté dans nos Hiftoriens le nom de Huns n'étoient pas originairement de cette nation. Dans leur marche depuis la Tartarie, les Huns ont dû être fuivis par une foule de différens peuples qu'il eft impoffible de diftinguer; un grand nombre d'Ou-fiun, de Kam-kiu ou de Kang-li, d'Yue-chi, de Su ont dû ou les précéder, ou les accompagner, ou les fuivre. On nomme les Cutrigours, les Outigours, les Bittugours, les Ulzingours ou Aulziagres, qui fuivant les apparences font des Hordes parties du pays d'Igour. Les Ultizours, les Burugundes différens des Bourguignons établis dans les Gaules, les Britons, les Acathyres, les Angifcirs & les Bardores font auffi des Huns fuivant

(a) On le nomme encore Balamber,

quelques Hiftoriens. Dans la fuite on vit paroître les Saragours, les Ouroges, les Ounogours ou Hunugars qui font Après J. C. les Ouigours de la Tartarie. Les Sabirs, autrement nom- Cedrenus. més Samen, les Abares & quelques autres fuccéderent Niceph.cal. Theoph.le aux Ouigours, & furent confondus avec les Huns. Nous Confef. aurons dans la fuite occafion de diftinguer plufieurs de Prifcus le ces nations & furtout les Abares qui paroiffent ne devoir pas être mis au nombre des Huns. Procope a donné à tous ces peuples le nom de Scythes & de Massagetes, celui de Huns ou Hunni eft le même que celui d'Hiom-nou ufité chez les Chinois.

Rhet.

Ces peuples inconnus jufqu'alors à ceux de l'Europe, Ammien avoient un vifage affreux; dès l'enfance ils fe faifoient fur 43 les joues des incifions qui les privoient de barbe pour le refte de leur vie; leur corps étoit tellement ramaffé & leur taille fi mal prife qu'ils reffembloient à un morceau de bois. Au reffe, leur maniere de vivre étoit dure, les racines & la chair à demie crue, mortifiée entre la felle & le dos de leur chevaux faifoient leur nourriture. Ils ne fe croyoient point en sûreté dans une maifon ou dans un bâtiment folide; errans dans les plaines & les forêts, ils laiffoient leurs femmes & leurs enfans fous des tentes qui étoient pofées fur des chariots, & qu'ils tranfportoient où ils le jugeoient à propos. Ils n'avoient aucune demeure fixe. Ils fupportoient la faim, la foif & les rigueurs des faifons avec beaucoup de patience, & n'étoient habillés que de peaux ou de toile qu'ils laiffoient pourrir fur leur corps. Ils étoient toujours à cheval, c'étoit ainsi qu'ils tenoient leurs Affemblées, & ils étoient fi peu accoutumés à refter fur leurs pieds qu'ils fe couchoient fur le dos de leurs chevaux pendant la nuit. Ils combattoient fans aucun ordre & en jettant de grands cris. Leurs chevaux étoient fi legers que l'on étoit furpris de les voir fondre & difparoître fur l'ennemi dans un inftant. Ils étoient fourbes, inconftans, fans religion, avides de richeffes, cruels & coleres, en un mot femblables en: tout aux Calmouks d'apréfent & aux Tartares de Crimée,

Après J. G.

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Après leur paffage en Europe, ils poffederent les pays qui font depuis le Danube & qui s'étendent bien loin vers l'Orient jufqu'au détroit de Derbend; mais ils ne refterent pas long-tems renfermés dans ces limites, qui toutes vaftes qu'elles nous paroiffent, étoient encore trop étroites pour des peuples auffi remuans. Souvent ils traverferent le Danube pour faire des courfes fur les terres de l'Empire, quelquefois auffi ils firent alliance avec les L'an 388. Romains. On a vû le grand Théodofe, dans le deffein L'an 391. d'empêcher leurs incurfions en recevoir dans fes armées en qualité de troupes auxiliaires. Mais ils ne pouvoient vivre long-tems en paix. La guerre leur étoit plus avantageufe, n'ayant rien à perdre & toujours à gagner, Avec les Goths & les autres Barbares ils entrerent dans la Thrace, où ils auroient été taillés en piéce par Stilicon, fi Théodofe, qui fuivit en cela le confeil de Rufin, n'eût pas conclu trop précipitemment la paix avec eux. L'an 395. Dans la fuite appellés par Rufin lui-même, qui étoit méSocrates 1.6. content de ce qu'Arcadius n'avoit pas époufé fa fille & qui étoit devenu l'ennemi d'Eutrope & de Stilicon entrerent du côté de l'Orient par l'Iberie ou Géorgie & s'avancerent jufqu'à Antioche, après avoir pillé & ravagé tout ce qu'ils purent rencontrer fur leur route.

Niceph. calif

L'an 400.

Zofime.

ils

La feule paffion qui animoit ces peuples étoit celle d'exercer toutes fortes de brigandages, elle les portoit à faisir avidement le parti qui pouvoit leur en procurer les moyens. Le rebelle Gaïnas, Goth de nation, après avoir fervi dans les troupes Romaines s'étoit revolté & avoit tenté de prendre Conftantinople. Il venoit d'être vaincu par Frajutus & marchoit du côté de l'Ifter ou du Danube, dans le deffein de s'établir au-delà de ce fleuve. Le chef des Huns nommé Uldes prit dans cette occafion le parti des Romains & l'arrêta au paffage; il fe donna plufieurs combats où après des fuccès partagés, Gaïnas fut vaincu & tué. Uldes envoya fa tête à Arcadius qui reconnut ce fervice important par des préfens confidérables, & fit un traité avec les Huns qui furent alors employés de nouveau dans les armées Romaines,

L'an 402
Gooi-chow

Pendant que ces Huns fe rendoient redoutables dans Après J. C. l'occident, les Tartares Geou-gen, dont j'ai déja parlé, venoient de fubjuguer une grande partie de la Tartarie Go-che feptentrionale, & il ne leur reftoit plus à conquerir que le Royaume d'Yue-pan la principale demeure des Huns, fitué vers le pays des Bafchkhirs. Les Hordes des Huns qui y demeuroient encore étoient gouvernées par un Roi nommé Pa-ye-ki. Tou-lun chef des Geou-gen marcha contre ces peuples, les défit & les réduifit fous fa puiffance. C'eft après cette grande victoire qu'il prit le titre de Khan. Cet événement fert à nous faire voir que les Huns s'étendoient bien avant dans le nord.

L'an 408.
Philoftorge

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Sozomen. 1. 9.

Pour revenir aux Huns du midi, la paix qu'ils avoient faite avec les Romains ne fut pas plus exactement obfervée que celles qu'ils avoient faites auparavant. Ces peuples vinrent piller la Thrace & il paroît qu'ils L'an 4045 fe rendirent maîtres d'une partie de l'Illyrie. Quelquetems après fous la conduite de leur chef Uldes & fuivis des Squires, ils entrerent de nouveau dans la Thrace, mais ce Général des Huns trop plein de la confiance qu'il avoit dans fes armées nombreuses, & qui fe croyoit affez puiffant pour foumettre les Romains, ne voulut leur accor der la paix qu'à des conditions honteufes; il fe vit abandonné de la plus grande partie de fes troupes, le reste fut défait & il repaffa le Danube fort en défordre. Les Squires qui n'avoient pû le fuivre dans fa déroute furent tous tués ou faits prifonniers, & tellement difperfés que cette nation fut prefque détruite.

Les Hiftoriens placent ici le voyage d'Olympiodore dé puté en qualité d'Ambaffadeur vers un autre chef des Huns appellé Donat, qui demeuroit fuivant les apparences aux environs des Palus Méotides. Donat fut tué à ce qu'il paroît par les Romains & Caraton le plus puisfant Roi ou chef des Huns dans ce canton, ne put être appaifé que par des préfens que l'Empereur fut obligé de lui faire.

Niceph. cat'.

472

Le Nain

Ces Barbares ne prenoient déja. d'eux-mêmes que trop L'an de part aux affaires de l'Empire, mais on ne fçauroit trop T

L'an 424.

Socrate 1.7.

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blamer les Romains de les y avoir fouvent engagés. Après Avant J. C. la mort d'Honorius, Jean qui étoit premier fecretaire se fit déclarer Empereur d'occident. Aetius avoit fuivi son Theodoret parti, & pour le foutenir il étoit allé chercher du fecours chez les Huns. Pendant fon voyage la fortune de Jean avoit changé & on l'avoit mis à mort. Soixante mille Huns qu'Aetius amenoit en Italie n'y trouvant plus l'occafion qu'ils efperoient d'y faire le ravage, murmurerent contre les Romains; il fallut en venir aux mains avec eux, & Aetius ne put les appaifer ni les engager à fe retirer qu'en leur donnant une fomme d'argent ils avoient pour chef Afpar.

Kam mo.

Les Huns du nord qui demeuroient dans le pays des Lie-tai ki- Bafchkirs fe brouillerent dans le même tems avec les Su. Tartares orientaux nommés Geou-gen qui étoient trèspuiffans dans le Turkeftan, & par-là toute cette nombreuse nation eut à combattre d'un côté les Romains & de l'autre les peuples Afiatiques. Le chef ou le Tanjou des Huns qui avoit deffein de faire alliance avec le Khan des Geou-gen s'étoit avancé en conféquence du côté de l'Orient avec plufieurs de fes fujets; mais à la vûe des premiers Geou-gen qui fe préfenterent à lui dans l'état le plus fale & le plus mal - propre, il conçut une fi grande horreur pour le refte de la nation que cette averfion devint dans la fuite un fujet de guerre avec le Khan des Geou-gen qui fe crut méprifé. Les Huns paffoient alors parmi les peuples Afiatiques pour de grands magiciens qui avoient le fecret de faire tomber, quand ils le vouloient, la neige, la grêle & la pluye & de faire fouffler les vents les plus violens, pour empêcher que leurs ennemis ne fiffent des courfes dans leur pays, & c'est à ce que l'on prétend ce qu'ils oppoferent aux Geou - gen dans les nouvelles guerres qui furvinrent alors.

L'an 425.

Theodoret

Les Huns méridionaux n'étoient pas plus tranquilles Socrate l. 2. du côté des Romains, plufieurs bandes de ces barbares', conduits par un chef appellé Roilas traverferent le Danube, pillerent toute la Thrace & s'avancerent vers Conftantinople qu'ils croyoient prendre; mais une partie de

7.5.

l'armée

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