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du mort; mais ils n'élevoient point de tombeaux. Un grand Avant J.C. nombre de domestiques & de concubines suivoient le corps & le servoient comme s'il étoit vivant. Plusieurs braves l'accompagnoient, & à la pleine Lune ils commençoient des combats quin'étoient terminés qu'à fon déclin. On coupoit alors la tête de plusieurs prisonniers, & les braves recevoient pour recompense une mesure de vin fait de lait aigre.

Sfu-ki.

Après que le Tanjou eut foumis les Tartares Orientaux vers la Corée & le pays des Niuché, & ceux qui étoient à Ven-hienl'Occident de la Chine, il réduisit sous sa puissance les tum-kao. peuples de Tim-lim, (a) de Li-kuen, de Sin-li & plusieurs autres qui sont situés au Nord de l'Empire des Huns vers les rivieres de Selinga, Obi & Angara dans la Siberie. Alors le reste des Grands qui avoient suivi le parti de l'ancien Tanjou le reconnut pour Empereur, & ce Prince, devenu par-là plus puissant, songea à faire de nouvelles entreprises contre la Chine.

Cet Empire, après de grands troubles & de violentes agi- Kam-motations capables de le faire passer sous une domination Sfu-ki. étrangere, s'il eut été attaqué au - dehors, venoit d'être enfin soumis à une famille Chinoise qui avoit pris le nom de Han. Kao-ti, qui en étoit le fondateur, s'appliquoit à réparer tous les défordres caufés par les guerres civiles; il avoit confié la garde de la Province de Tai ou Ta-tumfou dans le Chansi à Sin qui portoit le titre de Roi de Han, & qui demeuroit ordinairement dans la ville de Ma - yé. Ce fut par ce côté que les Huns entreprirent de pénétrer dans la Chine à la tête de trois cens mille hommes. Ils affiégerent d'abord Ma-ye. Sin qui n'étoit point en Kam-11:0 état de résister à des armées si nombreuses, envoya deman- Lie-tai-kider du secours à l'Empereur; mais on n'eut aucun égard à ". ses représentations, on le soupçonna même de s'entendre avec les Huns, & on lui en fit des reproches. Irrité de la

sont des nouveaux venus; mais ce senti-
ment ne peut être admis : ces anciens &
leurs descendans ont toujours conservé
ces usages. Malgré la vie champêtre
qu'ils menent, le commerce qu'ils avoient
avec la Chine & les Peuples d'Occident

leur fournissoit sans doute ces fortes de
bijoux ; les Turcs & plus encore les Mo-
gols étoient à portée d'en avoir.

(a) Voyez la description de la Tar-
tarie.

L'an 1. Sfu-ki Kammo. Lie-tai-kifu.

Avant J.C. conduite de la Cour, Sin fit mourir ceux qui avoient été Me-té. chargés de lui porter les ordres de l'Empereur, & remit enfuite entre les mains des Huns sa personne & la ville de Ma-ye. A la faveur de cette place,ceux-ci entrerent plus avant dans le Midi, vinrent attaquer Tai - yuen, & s'avancerent jusqu'à Tcin-yam (a).

Kao-ti Empereur de la Chine, informé des succès que les Huns avoient remportés, se mit lui-même à la tête de ses armées. Les Chinois battirent en plusieurs rencontres le corps des Huns commandé par Sin, qui s'étoit avancé jusqu'à Tcin-yam, & ils auroient remporté de plus grands avantages, si le froid & l'abondance des neiges, qui incommodoient beaucoup les foldats, n'euffent rallenti leur courage. Cependant l'Empereur de la Chine s'avançoit toujours dans le dessein d'attaquer le Tanjou, qui étoit campé dans une vallée près de Ta-tum-fou dans le Chanfi. Pour être mieux instruit de l'état & de la situation des Huns, il avoit envoyé des espions dans leur camp ; mais la prudence du Tanjou les trompa. Me-té avoit fait retirer dans des lieux écartés tout ce qu'il avoit de meilleurs foldats, & n'avoit laissé dans le camp que les malades avec de mauvais chevaux & peu de beftiaux; les espions Chinois rapporterent à l'Empereur que les Huns ne pouvoient tenir long-tems, & qu'il n'étoit pas douteux que, sion les attaquoit, ils ne prissent aussi-tôt la fuite; cependant l'Empereur ne voulut point hazarder un combat qu'il n'eut reçu de nouvelles instructions. Il chargea Lieou-kim de cette commission: celui-ci plus expérimenté, découvrît tout le statagême, & représenta à l'Empereur qu'entre deux peuples ennemis & prêts à se livrer bataille, chacun s'attache à montrer ses forces & à faire voir ses plus braves foldats; que la conduite toute opposée que tenoient les Huns n'étoit qu'un artifice pour engager les Chinois à venir les attaquer, qu'ils avoient caché dans des embufcades deux cens vingt mille hommes, prêts à sortir au premier signal; qu'ainsi on ne pouvoit fans imprudence aller en avant. L'Empereur, loin d'écouter cet avis, repro- Avant J C. cha à Lieou - kim de vouloir, par ses discours, rallentir le courage de ses troupes, le fit mettre aux fers, & marcha aussi-tôt avec son armée vers Pim-tchim, ancienne ville détruite & qui étoit située à cinq li à l'Occident de Ta-tum-fou. Toute l'armée Chinoise étoit de trois cens vingt mille hommes; mais il n'y en avoit qu'une partie qui avoit accompagné l'Empereur ; le reste étoit en marche Han-chou. pour le suivre, lorsque le Tanjou parut avec quatre cens Kammo. mille hommes (a). Il surprît l'armée Chinoise, la coupa, & Ven-hienaffiégea pendant sept jours l'Empereur qui s'étoit retiré tum-kao dans une Forteresse (6) près de Ta-tum-fou, où il ne pouvoit recevoir ni secours ni vivres. La Cavalerie des Huns, divisée en quatre corps qui étoient distingués par la couleur des chevaux (c), l'environnoit de tous les côtés. Kao-ti ne trouva d'autre parti, pour se tirer d'un si mauvais pas, que d'engager la femme du Tanjou à prendre sa défense. Élle parla à Me-té & lui représenta que l'Empereur de la Chine avoit des ressources extraordinaires, que les Huns lui faifoient inutilement la guerre, puisque, quand ils parviendroient à s'emparer de ses Etats, ils ne pourroient jamais les conserver. Le Tanjou se rendit à ces raisons, & faisant reflexion d'ailleurs que Vam - hoam & Tchao-li, Sfu-ki. Généraux du Roi Sin, n'étoient pas venus au rendez-vous Lie-tai-kiavec leurs troupes, il appréhendoit qu'ils ne fussent re- fu. tournés du côté des Chinois. Quoique ceci ne fut qu'un soupçon mal fondé, il cessa d'être attentif à observer & à bloquer les Chinois & leur laissa un côté de libre. Les Chinois en profiterent. A la faveur des brouillards ils alloient & venoient fans queles Huns parussent s'en appercevoir. Le Général Tching-ping, avec les meilleurs Ar

(a) Cette ville dépendoit alors de Tai-yuen. C'est aujourd'hui Tai-yuen

hien dépendante de Ta-yuen-foudans le Chansy.

Me-té

Ye-tum-chi.

Sfu-ki.

(a) Le Ssu-ki mer quarante mille hommes. L'histoire des Han dit trente mille hommes d'élite. Celle qui est intitulée Lic-tai-ki-fu met quatre cens mille hom

mes.

(b) A sept Li de distance de Ta-tumfou dans le Chansy du côté de l'Orient, il y a une montagne nommée Pe-teng fur

laquelle on a construit une forteresse où
l'Empereur Kao-ti s'étoit retiré.

(c) Les Cavaliers qui campoient à
l'Occident montoient des chevaux blancs,
ceux de l'Orient des chevaux pommelés
ceux du nord des chevaux noirs & ceux
du midi des chevaux isabeles.

Me-te.

chers conduifit l'Empereur. Ce Prince vouloit qu'on se Avant J. C. hatât, mais un Officier s'y opposa, & fit marcher les troupes en bon ordre. Alors l'Empereur de la Chine, ayant rejoint le reste de son armée, punit les espions Chinois, tira des fers Lieou-kim & le récompensa. Ainsi finit cette grande expédition qui paroissoit devoir causer la ruine de l'un ou de l'autre Empire.

Kam-mo.
Ven-hien-

tum-kao.

Cependant on s'étoit separé sans faire la paix, & les Huns, dès la même année, avoient recommencé leurs courses dans le territoire & les environs de Ta-tum-fou. Hi, Roi de Tai avoit été obligé d'abandonner son RoyauL'an 199. me. Ces courses devenant plus frequentes, l'Empereur qui en étoit sincérement affligé, à cause des maux qui affigeoient ses Sujets, cherchoit tous les moyens d'y remédier; il paroissoit disposé à entreprendre une nouvelle guerre. Lieou-kim l'en détourna en lui représentant que l'Empire avoit besoin de la paix afin que les troupes nouvellement licentiées eussent le tems d'aller se reposer dans leur Patrie. Il ajouta qu'avec un Prince tel que le Tanjou, qui étoit un barbare encore couvert du sang de son pere, qui vivoit avec sa belle-mere dont il avoit fait sa femme, qui n'étoit redoutable que par la violence & la tyrannie, qui ne connoissoit ni la justice ni la piété, il falloit employer la ruse & l'artifice. Afin que par la suite on parvint à le réduire, sans répandre le sang des Chinois, il proposa de lui donner en mariage une Princesse Chinoise fille de l'Empereur, dans l'espérance qu'elle adouciroit le caractère barbare de son mari, & que si elle avoit un fils, les Huns se trouveroient gouvernés un jour par un Prince du sang Impérial de la Chine. Son dessein étoit, lorsque ce jeune Prince seroit en âge, de le faire venir à la Chine où il seroit élevé suivant les coûtumes des Chinois; parlà, pendant tout le tems que Me-té regneroit en Tartarie l'Empereur étoit sûr d'avoir un gendre, & après sa mort un petit-fils Maîtres de ces grands Etats, les armes devenoient inutiles, & les Peuples se soumettoient d'eux-mê

Su-ma-kum

mes.

Quelques Historiens Chinois guidés, moins par le bien

4

Avant J. C.
Me-té.

fu.

public, que par cette fierté insupportable qui forme le caraétère de cette Nation, désapprouverent ce conseil, prétendant que la Puissance & la Majesté de l'Empereur de la Chine devoient seules en imposer aux Huns, & qu'il étoit deshonorant pour les Chinois, de voir le sang de leur Empereur mêlé avec celui d'un Barbare. Soit que ce motif prévalût dans l'esprit de l'Impératrice Liu-heou mere de la Kam-mo. Princesse, soit que ce fût par attachement & par tendresse Lic-tai-kipour sa fille, elle ne voulut jamais consentir qu'on l'envoyât en Tartarie; mais prenant une fille esclave, à laquelle l'Empereur donna le titre que portoient les Princesses de sa famille, elle la fit conduire au Tanjou qui l'épousa comme fille de Kao-ti. Alors Lieou-kim conclut le traité entre les deux Nations. Dans la suite, & lorsque les Chinois furent obligés de donner des Princesses du Sang Impérial aux Souverains de Tartarie, ce ne fut, le plus souvent, que des filles esclaves qu'ils leur envoyerent, après les avoir honorées du titre de Kum-tchou ou Princesse du Sang.

La paix qui venoit d'être faite, n'empêcha pas que les Chinois ne se tinssent toujours sur leur garde. Les Huns possedoient alors le pays d'Ortous qui n'est éloigné de Sigan-fou que de sept cens li. Ils pouvoient se rendre dans Kam-mo. cette Capitale en peu de tems; & avant que l'on eût pû mettre sur pied des troupes suffisantes pour les chaffer, ils se seroient trouvés au centre de l'Empire. Lieou-kim qui, pendant son voyage en Tartarie avoit été à portée de s'en convaincre par lui-même, conseilla à l'Empereur de placer sur les frontieres plusieurs familles Chinoises, connues par leur bravoure & capables de deffendre l'entrée de la Chine : cet avis fut suivi & l'on dispersa dans ces terres environ un million d'hommes.

Ces familles servirent à contenir pendantquel que temsles L'an 197. Huns; au moins il est certain que ces peuples, soit qu'ils ne fufssent pas en état de remuer ou qu'ils n'osassent le faire à cause de ces nouvelles garnisons; soit qu'ils voulussent observer les Traités, ne prirent aucune part dans une revolte qui arriva à la Chine, malgré les vives sollicitations des principaux rebelles qui leur envoyerent demander du se- L'an 195.

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