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Après J. C.

vant le traité fait par Soupharai, Marzaban ou Gouverneur du Zableftan, de Ghazna & de Boft fur les fronPherdouf tiéres de l'Inde. On prétend que dans la fuite ce même Soupharai (a) chercha les moyens de délivrer la Perfe de ce honteux tribut, & qu'il entra dans le Khorafan à la tête de cent mille hommes : arrivé à Merou il écrivit aux Huns une lettre qui étoit remplie d'invectives & de ménaces. Khoufchnaouaz lui répondit qu'il devoit regarder Phirouz comme l'unique auteur de tous les malheurs auxquels la Perie avoit été expofée, puifqu'il avoit été le premier à rompre les traités qu'il avoit faits. Soupharai peu fatis ait alla à Kafchmahin & paffa la riviere. Les deux armées fe rencontrerent à Bicand, elles en vinrent aux mains; les Huns furent vaincus & perdirent tout leur bagage. Le lendemain de cette grande action ils demanderent la paix, offrant de remettre Kobad & les autres prifonniers, à condition que les Perfans rendroient ce L'an 491. qu'ils avoient pris, ce qui fut exécuté. Balafch qui s'éAffemani. toit fait hair de fes fujets fut obligé de remettre fa Couronne à Kobad; mais celui-ci ne fe maintint pas longtems fur le throne. Il avoit fait mourir Soupharai fon libérateur, & il s'étoit attaché à la doctrine d'un nouvel Therdonfi. impofteur nommé Mazdaq qui prétendoit reformer la Religion de Zoroaftre, en voulant que toutes les femmes fuffent communes. Kobad fut dépofé & mis dans les fers, & fon frere Giamafp lui fuccéda. Dans la fuite Kobad fortit de prifon, paffa chez les Huns où il époufa la fille d'un chef de cette nation, dont il eut le grand Khofrou Anoufchirouan. Il obtint des Huns un fecours de trente mille hommes qui l'aiderent à remonter fur le throne. Plufieurs de ces Huns accompagnerent Kobad dans une guerre qu'il fit contre les Romains; mais enfuite devenus ennemis de Kobad, ils recommencerent leurs incurfions & firent aux Perfans une longue guerre dont on ne fçait aucun détail.

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Théoph. le
Confeffeur.

Procope
Cedrenus.
Pherdoufi.
L'an 550.

Dans la fuite, lorfque le grand Khofrou Anouschirouan

(a) C'est le même que celui que M. le Nain de Tillemont, tom vi appelle

Soucra n.

,

L'an 531.

fut parvenu à l'Empire, fa réputation s'étendit jufques dans les contrées les plus orientales de l'Afie. Un Khan Après J. C. que Pherdoufi dit être de la Chine mais que je crois Pherdous. plutôt le Khan des Geou-gen dans la Tartarie, lui envoya des Ambaffadeurs pour faire alliance avec lui. Les Huns qui craignoient de fe trouver entre deux peuples puiffans & alliés, firent tous leurs efforts pour empêcher la conclufion de ce traité, & tuerent les ambaffadeurs Tartares. Le Khan raffembla auffi-tôt toutes fes forces & défit les Huns proche Naklischab; leur Roi fut tué avec un grand nombre de foldats. La nation fe choifit un autre Roi appellé Phaganisch, & demanda du secours à Anoufchirouan. Ce Prince qui avoit intérêt d'empêcher le Khan des Tartares ne devint trop puiffant, leva des troupes pour les repouffer : le Khan étoit dans les environs de Samarcande. On fit quelques propofitions qui furent acceptées, & fuivies du mariage d'Anoufchirouan qui époufa la fille du Khan: celui-ci fe retira à Kaschgar.

que

Depuis cette époque on n'entendit plus parler des Huns: les Turcs qui venoient de fonder un Empire considérable dans la Tartarie, fe rendirent maîtres du Maouarennahar jufqu'aux frontiéres de Perfe, & foumirent les Euthalites qui furent confondus avec les sujets du nouveau grand Kan.

Après J. C.

Ven-bien

tum-kao.

I I I.

LES TARTARES GEOU-GEN, ou AWARES.

JA

'AI cru devoir placer ici l'hiftoire des Tartares Geou-gen; ils ont joué un fi grand rôle dans la Tartarie qu'il eft dif ficile de bien entendre tout ce que je dis des Huns & des Turcs leurs fucceffeurs, fans connoître ce nouveau peuple. J'ajouterai que plufieurs Hiftoriens croyent qu'ils font defcendus des Huns, incertitude qui femble m'impofer l'obligation d'en parler d'une maniere un peu plus détaillée; mais le paffage de ces peuples dans l'Europe où ils ont été connus fous le nom d'Awares (a), devient pour nous un motif encore plus intéreffant & nous fournit un événement fingulier, qu'il eft important d'éclaircir. Au refte quoique je m'étende fur l'hiftoire des Geou-gen, je n'entreprends pas d'entrer dans un auffi grand détail, que s'il étoit prouvé qu'ils tirent véritablement leur origine des Huns. Je me borne à ne dire ici que ce qui me paroît suffisant pour les faire connoître, & répandre assez de jour für les autres événemens qui font l'objet de cet ouvrage.

On prétend que ces Tartares font defcendus des Barbares de l'Orient, & qu'ils ont la même origine que les Tartares Sien-pi qui habitoient au nord du Leao-tong & de la Corée. Quelques Hiftoriens penfent qu'ils font venus des Huns; mais le premier fentiment eft le plus vraifemblable & le plus reçu. On leur a donné le nom de To-pa, c'est-à-dire Maîtres de la terre. Celui d'Yeou-kieou-liu eft devenu le nom particulier de la nouvelle nation des Geou-gen, & furtout de la Famille Royale. Vers l'an deux

(a) On trouve en Tartarie une tribu de Turcs appellés Ouirat ou Aouirat. Ils étoient connus fous les Mogols. M. d'Herbelot penfe qu'ils font les mêmes.

que ces Awares. Les Historiens Romains ont encore donné aux Awares le nom d'Aviri. On a dit auffi Abares, & on les a regardés quelquefois comme des Huns.

:

guerre

Après J. C.

cens foixante-un de J. C. fous le regne de Lie - vi, Empereur des Topa, un cavalier Tartare de cette nation avoit pris en guerre un Efclave auquel il avoit impofé le nom de Mo-ko-liu, c'est-à-dire Chauve, dans la langue des Topa; de-là eft venu par corruption celui d'Yeou-kieouliu, qui a été donné à toute fa poftérité. Cet efclave qui fe diftingua par fon courage parvint à fe faire tellement aimer de fon maître, qu'il en obtint la liberté. Il fervit dans les troupes d'O-liu alors Empereur des Topa. C'é- L'an 310, toit une loi parmi ces peuples que ceux qui dans la ne fe rendoient point affez à tems ou à leur troupe ou dans l'endroit indiqué, étoient punis de mort. Mo-ko-liu fe trouva criminel à cet égard pour éviter le fupplice qui l'attendoit, il fe retira dans le défert où il raffembla en peu de tems une centaine de fugitifs & fe mit à leur tête. Après la mort fon fils Tche-lou-hoei qui étoit brave & entreprenant fe fit un plus grand nombre de fujets & devint le chef de plufieurs Hordes Tartares auxquelles il donna le nom de Geou-gen (a); mais il refta toujours fous la dépendance de l'Empereur des Topa. Ceuxci avoient beaucoup de mépris pour cette nouvelle nation qu'ils comparoient à un tas d'infectes & de vermiffeaux, & à laquelle ils donnoient le nom de Yuen-yuen (b). Il ne fe paffa rien parmi ces Tartares qui foit digne d'être rapporté, jufqu'au regne de Tou-lun defcendant de Tchelou-hoei à la fixiéme génération.

fu.

Dans le tems qu'un Prince nommé Ti-fo-yuen, grand- Goei-chou. pere de Tou-lun étoit à la tête de la nation, ces Geou- Lie-tai-kigen fe diviferent en deux bandes : l'une fe retira du côté de l'orient & fut commandée par Pi-heou-po fils aîné de Ti-fo-yuen; l'autre paffa à l'occident fous la conduite de Yun-ke-ti autre fils du même Prince. Tao-vou-ti étoit alors Empereur des Tartares Goei ou Topa, & poffedoit une partie de la Chine. Yun-ke-ti s'étoit imprudemment dé

(a) Quelques Hiftoriens Chinois les ont confondus mal - à - propos avec les Joui joui. Ceux-ci étoient des bandes de Huns qui fubfiftoient dans la

Tartarie en même tems que les Geon-
gen.

(b) Ce mot défignoit les mouvemens
d'un tas de vermifleaux.

Après J. C.

claré contre ce Frince, dont les armées nombreufes

étoient plus que fuffifantes pour reduire toute la Tartarie. Les Tartares Geon-gen eurent à cette occafion à foutenir une guerre dont les fuites tournerent à leur défavantage. Les troupes des Goei entrerent dans la Tartarie, Yun-ke-ti fut vaincu & fes fujets reduits en efclavage. Pi-heou-po éprouva le même fort, & prefque tous les chefs de la nation avec les deux enfants d'Yun-ke-ti nommés Tou-lun & Ho-liu furent faits prifonniers. Les hordes des Tartares Kao-tche avoient été obligées dans L'an 191. le même-tems de reconnoître l'Empereur des Goei. Ainfi toute cette partie de la Tartarie lui étoit entiérement foumife, & il ne reftoit plus que quelques bandes de Goei-chou. Geou-gen qui fe foutenoient encore dans l'indépendance. Tao-vou-ti dans une feconde expédition acheva de les reduire & en emmena une grande partie qu'il plaça fur les frontiéres de la Chine.

Kam mo.
Lie-tai-ki-

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L'an 294.

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Telle étoit la fituation des peuples Tartares lorfque Toulun commença à fe faire connoître. Il eu le bonheur de s'échapper d'entre les mains des Goei, & paffant du côté de l'occident il s'étoit trouvé à la tête de fa nation dans la derniére déroute qu'elle venoit d'ef fuyer. Il avoit été obligé de fe fauver avec une troupe Lie-tai ki de cavaliers auprès de fon grand oncle Pi-heou-po, qui le logea dans les campagnes fituées dans la partie méridionale de fon pays, & le fit obferver par quatre de fes enfants. Tou-lun dont l'ambition ne fe bornoit pas à être fimple chef de hordes n'y refta pas long-tems fans former de nouveaux deffeins: il fe faifit des fils de Pi-heou-po & les emmena avec lui dans le pays des Tartares Kaotche, où quelque tems après il les remit en liberté. Il trouva dans ces vaftes déferts des gens qui voulurent fuivre fa fortune, & fe forma un affez bon nombre de fujets & de foldats; il fut bien-tót affez puiffant pour venir attaquer Pi-heou-po qu'il battit & le fit mourir avec prefque toute fa famille. Le refte fe fauva auprès des Goei. Cette victoire & plufieurs autres dont l'hiftoire ne fait aucune mention le rendirent redoutable à fes voifins; on ceffa de

le

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