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No-kan

Ces détails fervent à nous faire connoître combien les Après JC. Turcs étoient puiffans, qu'ils avoient déja paffé le Volga & qu'ils étoient devenus les voifins des Romains, & des Perfes; ils nous donnent auffi une plus jufte idée de l'étendue de leur Empire.

khan.

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Pendant que le Grand Khan avoit été occupé des affaires d'Occident, il étoit furvenu aux monts Altai des tonneres accompagnés de grands vents qui durerent pendant dix jours & firent un fi grand dégât, que ce Prince dans la crainte que ce ne für une punition du Ciel, de ce qu'il retenoit depuis plufieurs années les ambaffadeurs des Tcheou, les remit en liberté, fit alliance avec l'Empereur Vou-ti & lui envoya la Princeffe Afena fa fille. L'année suivante il fit préfent à ce Prince de quelques chevaux, & vêcut avec lui en fort bonne intelligence jufqu'à fa mort : il avoit regné vingt ans. En mourant, il éloigna de la Couronne fon fils Ta-lo-pien, & lui fubftitua fon propre frere cadet To-po-khan.

Ce nouveau Khan divifa l'Empire des Turcs en deux parties, gouvernées chacune par un Khan qui rélevoit de lui. Che-tou fils d'Y-ki-fie-khan eut l'Orient, avec le titre de Ulhi-fou-khan. Le fils de Jo-tan-khan eut l'Occident, & le gouverna fous le titre de Pou - li- khan. To-po-khan qui avoit la fupériorité fur eux fe fit craindre des Chinois. Vou-ti Empereur des Tcheou, qui appréhendoit qu'il n'entrât dans la Chine avec fes armées innombrables rechercha fon alliance, & lui fit tous les ans des préfens confidérables, & donna des habits & des vivres aux Turcs qui étoient à Si-gan-fou. L'Empereur des Tey fuivit cet exemple & furpaffa les Tcheou par fes libéralités; ce qui les rendit l'un & l'autre fi méprifables aux yeux du grand Khan, qu'il ne parloit de ces Princes à fes fujets que comme de deux enfants qui lui étoient entiérement foumis.

C'est fous le regne de ce Prince que la Religion des Samanéens fut établie dans le Turkeftan. Un Samanéen qui avoit été pris par les Turcs, dit au Grand Khan que Jes Tey n'étoient devenus fi puiffants dans la Chine que

parce

To-po

parce qu'ils avoient embraffé la Religion de Fo. Nous avons fait connoître ailleurs quels étoient les principes Après J. C. de cette Religion de l'Inde en tant que Religion Indienne; khan. mais on a dû remarquer que les Chinois la confondent fouvent avec celle de Jefus-Chrift qu'ils ont appellé Fo. Ainsi la nouvelle Religion que le grand Khan introduit dans ses Etats peut être celle des Chrétiens, dont il eft impoffible que l'on n'eut pas de connoiffance alors, foit par les liaisons qui étoient entre les pays où elle étoit établie & la Chine, foit par le voisinage de l'Empire Turc avec l'Empire Romain. Nous trouvons en effet peu de tems après des traces du Chriftianifme dans la Tartarie. Hormoz ou Hormifdas Theophil. Roi de Perfe,ayant défaitvers l'an 591 Bahram qui s'étoit ré- Simoc. Thoph lo volté contre lui, envoya à l'Empereur Maurice des Turcs Confeffeur. faits prifonniers dans le combat, qui portoient fur le front une croix: ils apprirent àl'Empereur, qu'autrefois & dans le tems que la pefte ravageoit leur pays, pays, des Chrétiens avoient engagé les femmes Turques de mettre fur le front de leurs enfants le figne de la croix pour les préferver, de cette maladie ce qui prouve que fi le Chriftianifme n'a pas pénétré plûtôt dans la Tartarie, il a dû, au moins, y être connu dans le tems dont il s'agit. Quoi qu'il en foit, après que To-po-khan eut embraffé la Religion de Fo, il l'autorifa dans fes Etats, & fit bâtir plufieurs Temples.

L'an 574

Pour être plus étroitement lié avec l'Empereur des Tcy› L'an 5,2. le Grand Khan lui fit demander en mariage une Princeffe Lie-tai-kide fa famille. Il ne négligea cependant pas l'amitié des . Su. Tcheou, auxquels il envoya des chevaux, dans le mêmetems que les peuples de Khoten apportoient auffi leurs préfens. Mais la Dynaftie des Tçy approchoit de fa ruine. Il y avoit dans cet Empire des troubles que le Khan fomentoit. Un des rebelles nommé Kao-chao-y s'étoit re- L'an 577: tiré auprès de lui, & foutenu des armées Turques, il avoit pris le titre d'Empereur.

Lie-tai-ki Ju.

Kam-mo.

tum kao. L'an 578. Kam mo.

Après l'extination de la Dynaftie des Tçy, la Chine en bienétoit encore partagée en différens Empires, qui portoient le nom de Tchin, de Tcheou & de Heou-leam. Le Grand Khan fe déclara contre les Tcheou, & vint faire une Lie-tai-kiTome I. Ddd Su

Après J. C. To-pokhan.

incurfion dans la province d'Yeou-tcheou ou de Pe-kim, d'où il remporta un butin confidérable. L'Empereur Vou-ti fe mit à la tête de fes armées pour venir au fecours de fes provinces, mais il tomba malade presque auffi-tôt, & on fut obligé de le ramener à Si-gan-fou. Il y mourut âgé de trente-fix ans, laiffant un fils en bas âge qu'il recommanda à un Miniftre de confiance, dont à la derniere extrémité, il ne ceffoit de baifer les mains pour l'engager à prendre la défenfe de ce jeune Prince & de l'Empire. Le rebelle Kao-chao-y regardant cet événement comme une marque de la protection du ciel en fa faveur, entra dans la Chine, & fe faifit de quelques places avec le fecours des troupes que le Khan lui avoit données. Mais bien-tôt il fut contraint de s'en retourner chez les Turcs, qui pendant l'hiver vinrent faire une incurfion du côté du Chenfi. Cette guerre fembloit devoir fe terminer à cette courfe L'an 579. puifque l'année fuivante le Grand Khan obtint de Siuen-ti Lie-tai-ki- alors Empereur des Tcheou, une Princeffe fille du Roi de Tchao, à laquelle on donna le titre de Princeffe de Tcien-kin. La fuite naturelle de cette alliance étoit de remettre aux Chinois le rebelle Kao-chao-y: l'Empereur le redemandoit; mais le Grand Khan ne voulut point y confentir; les hoftilités recommencerent, & les Turcs firent de nouvelles incurfions dans les pays des Tcheou. Comme la Princeffe Tcien-kin n'étoit pas encore partie pour fe rendre en Tartarie, le mariage fut rompu, & n'eut lieu que l'année fuivante, que le Grand Khan fit redemanL'an 580. der la Princeffe. Siuen-ti l'envoya mais il exigea en mêmetems qu'on lui remit le rebelle. To-po-khan, qui, en cherchant à obliger l'Empereur, ne vouloit point, manquer à fes engagemens, fit une grande chaffe vers le midi avec Koachao-y, & le laiffa prendre par quelques Chinois qui avoient été envoyés.

fu. Кат-то

Kam-mo. Lie-tai-ki

Ju.

Ven-bien

tum-kao.

L'an 581. Kam-me. Lie tai-kiSM.

Peu de tems après le Grand Khan fut atteint d'une maladie dont il mourut; il avoit regné dix ans. Lorfqu'il fe vit à l'extrémité, il fit venir fon fils Gan-lou, & lui dit ce peu de paroles, Mon frere ainé n'a pas voulu que fon fils lui fuccedat, & m'a choifi pour monter fur le thrône; il eft

jufte de le rendre en mourant à fon fils Ta-lo-pien.

L'an 581.

Кат-то.

Soui-chon.

Tam-chou.

Quoi que le Khan eut fait connoître publiquement fes Après J. C. dernieres volontés, les Grands de la nation ne voulurent Cha-po-liopoint s'y conformer, fous prétexte que la mere de Ta-lo- khan. pien n'étoit pas d'une famille auffi illuftre que celle de Lie tai-kiGan-lou, & ce dernier füt proclamé Khan; mais ne pou- fu. vant foutenir les guerres que Ta-lo-pien ne ceffoit de lui ven bienfaire à caufe qu'il lui avoit enlevé l'Empire, il s'en dépouilla tum-kao. en faveur de Che-tou, qui prit le titre de Cha-po-lio-khan. Ce Prince fixa fa demeure à la montagne Tou-kin, qui eft une des branches des monts Altai. Gan-lou fe contenta du titre de fecond Khan, & alla habiter auprès de la riviere Toula, qui avec l'Orkhon va fe rendre dans le Selinga. Ta-lo-pien eut le titre d'A-po-khan avec un certain nombre de fujets à conduire. Un oncle de Cha-po-lio, nommé Tien - kioue, fut envoyé du côté de l'occident avec le titre de Ta-teou-khan. Ces deux derniers ont été connus des Hiftoriens Grecs fous le nom de Bo-khan & de Tardou-khan.

Tous ces Khans fe difperferent chacun dans la contrée qui leur fut affignée; mais Cha-po-lio avoit le titre de Grand Khan, il étoit regardé comme le Souverain de toute la Tartarie, un grand nombre de nations feptentrionales lui étoient foumifes.

ad Perf.

Ces Princes étoient encore occupés des funérailles du Juft. legat. dernier Grand Khan, lorsqu'il arriva en Tartarie des ambaffadeurs de la part de Tibere II; ils étoient partis de Conftantinople vers la feconde année du regne de ce Prince c'est-à-dire vers l'an 580. Leur chef nommé Valentin, étoit accompagné de cent fix Turcs qui avoient été envoyés en différens tems dans cette ville par la nation. Il fe rendit dans la Cherfonèfe Taurique, dont il parcourut les frontieres méridionales & après avoir traverfé un pays marecageux, il arriva dans celui d'Accagas; c'eft le nom d'une femme qui commandoit aux Scythes, & qui avoit reçu ce Royaume d'Anancaïus Roi des Ouittigours. Après un long & pénible voyage, il vint dans un lieu où un chef des Turcs, nommé Tourxanth, retiroit tout le butin qu'il

khan.

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Après J.C. enlevoit aux ennemis. Tourxanth étoit le premier des Cha-po-lio- Princes Turcs que l'on rencontroit en allant en Tartarie. Valentin lui dit qu'il venoit lui annoncer que Tibere étoit monté fur le thrône, que ce Prince fouhaitoit vivre avec lui en auffi bonne intelligence que Difaboul & Juftin avoient vêcu enfemble. Il voulut enfuite l'engager à faire la guerre aux Perfes à la premiere occafion favorable. II y a beaucoup d'apparence que ce Tourxanth n'eft autre qu'un Tarkhan ou Tourkhan, qui eft le titre que portent plufieurs grands Officiers de l'Empire Turc. Tourxanth n'eut pas plûtôt entendu le difcours de Valentin, qu'il dit, n'êtes-vous pas ces Romains qui ne parlez dix langues différentes que pour mieux en impofer; » enfuite mettant fes dix doigts dans fa bouche, il ajouta, de même que je mets & que je retire de ma bouche mes doigts; c'eft avec la même facilité ô Romains que vous vous fervez de dix langues pour nous tromper. Par vos rufes vous cherchez à féduire » toutes les nations, vous les conduifez au bord du précipice » où vous les abandonnez, pour vous rendre maîtres de leurs biens & retirer de leur perte tous les avantages qui en réful» tent. Vous & celui qui vous envoye, n'avez d'autre deffein que de nous en impofer. Je ne vous le diffimule pas, car ce n'eft pas le caractere des Turcs de mentir, je fçaurai tirer vengeance de votre Prince. Dans le même-tems qu'il me parle de paix, il eft lié avec les Ouar-khanites qui ont quitté mes efclaves leurs maitres; mais apprenez que lorfque je voudrai envoyer contre eux ma cavalerie, le feul bruit des fouets fera capable de les diffiper, & s'ils ofent faire quelque refiftance, ils feront tués & foulés com» me des fourmis fous les pieds de mes chevaux. En vain » vous me dites qu'il n'y a pas d'autre chemin que le Cau» cafe, vous cherchez à me détourner de porter chez vous guerre; mais je n'ignore pas le cours du Danapre, de l'Ifter & de l'Ebre, je connois le chemin que mes efclaves les Ouar-khanites ont tenu pour pénétrer dans l'Empire » Romain, & je fuis inftruit de vos forces. Toute la terre, depuis les extrêmités de l'orient jufqu'à celle de l'occident m'eft foumife. Les nations des Alains & des Ou

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la

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