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Après J. C.

khan.

trigours, toutes braves qu'elles foient, n'ont pû réfifter aux » armées invincibles des Turcs. Valentin ne s'attacha qu'à L'an 81. chercher les moyens d'appaifer le Turc, lui repréfenta le Cha-po-liodroit des gens que l'on doit toujours refpecter dans la perfonne d'un Ambaffadeur, & protefta qu'il ne venoit que pour renouveller les anciens traités & maintenir la paix entre les deux nations. Tourxanth devenu plus tranquile apprit aux Romains qu'ils le trouvoient dans le deuil à caufe de la mort de fon pere, & que pour fe conformer aux coutumes des Turcs dans ces occafions, ils devoient rafer leur barbe. Valentin & tous les Romains obéirent & affifterent aux funérailles. Ils virent égorger dans le tombeau quatre prifonniers Huns, & les chevaux dont le Prince Turc s'étoit fervi pendant qu'il vivoit,coutume encore usitée mi les Tartares. Après cette cérémonie, Tourxanth envoya Valentin yers Tardou ou Ta-teou, qui demeuroit aux monts Altai ou d'Or, & menaça de venir affiéger dans peu la ville de Bofphore. En effet il avoit envoyé Bo-khan ou A-po-khan avec une armée nombreufe pour prendre cette place, & Anancaïus étoit déja campé dans les environs avec les Turcs.

par

Nous ignorons quels étoient les motifs qui avoient si fort indifpofé les Turcs contre les Romains; nous apprenons feulement par ce recit jufqu'où ces barbares s'étoient avancés du côté de l'occident, & nous entrevoyons une foule d'événemens qui nous échappent faute d'Hiftoriens.

Su.

Les affaires n'étoient pas moins brouillées dans l'orient; la Dynaftie des Tcheou venoit d'être éteinte par celle des Soui qui lui avoit fuccédé dans une partie de la Chine. La princeffe, Tcien-kin femme du grand Khan qui étoit Lie-tai-kide la famille des Tcheou, affligée de la ruine de fa fa- fu mille, ne ceffoit de folliciter ce Prince à prendre les ar- Kam-mo, mes. Ce Khan repréfenta aux Grands de fa nation affemblés les Soui avoient enlevé le thrône aux Tcheou fes alliés, qu'étant marié à une Princeffe de cette famille, il étoit de fon devoir de ne point laiffer subfifter plus long-tems les ufurpateurs. En conféquence il unit fes forces à celles de Kao pao-ning, qui ancien

que

Après J. C.

nement avoit été attaché aux Toy & ils entrerent enfemble fur les terres des Soui. Ven-ti alors Empereur de Cha-po-lio- cette Dynaftie apprit avec chagrin cette nouvelle invafion, fit reparer à la hâte toutes les places & y mit de bonnes garnifons.

L'an 581.

khan.

Il y avoit alors en Tartarie un officier Chinois nommé Tchang-fun-tching, qui,après avoir conduit au Grand Khan la princeffe Tcien-kin, étoit refté dans le pays où par fon adreffe à tirer de l'arc il avoit gagné les bonnes graces de ce Prince. Tous les Grands de la nation Turque le frequentoient par ordre du Khan, & alloient fouvent enfemble à ces grandes chaffes que font les Tartares. Uniquement occupé du foin de délivrer fa patrie des allarmes continuelles que lui caufoient les Turcs, Tchang - funtching s'entretenoit avec eux des forces de toutes les Hordes & examinoit avec beaucoup d'attention la fituation du pays. Lorfqu'il fe crut affez bien inftruit de tout, il fit fçavoir à l'Empereur Ven-ti, que quoique l'on eût été en paix jufqu'alors avec les Turcs, ces peuples ne cherchoient que l'occafion favorable d'entrer dans la Chine, qu'on ne pouvoit point efperer de les détruire tout à la fois; mais que pour y parvenir il falloit user d'artifice & mettre la divifion parmi eux; que quoique Ta-teou-khan & Cha-po-lio-khan euffent de braves foldats & paruffent fort unis, ils étoient intérieurement ennemis, & n'attendoient que le premier coup de tambour pour fe mettre en campagne & en venir aux prifes enfemble ; que Tchou-lo-heou étoit foible, haï fecrettement de fes fujets qui ne lui reftoient fidéles que parcequ'ils craignoient Cha-po-lio: qu'A-po-khan étoit toujours irréfolu,& rédoutoit Cha-po-lio dont il exécutoit aveuglement les volontés ; qu'il étoit donc important de jetter la divifion parmi tous ces Turcs & de les porter à la guerre les contre les autres; que pour réuffir dans ce projet il falloit envoyer des ambaffadeurs vers Ta-teou-khan, pour l'engager à fe réunir avec A-po-khan; qu'alors Chapo-lio-khan feroit contraint de prendre les armes; mais qu'il fe trouveroit encore plus embarraffé fi l'on parve,

1

L'an 581.

noit à faire entrer Tchou-lo-heou dans cette ligue; que les guerres qui s'éléveroient alors aux deux extrêmités des Après J. C. Etats de Cha-po-lio, l'obligeroient à divifer fes forces, & Cha-po-lioqu'en moins de dix ans les Turcs feroient tellement affoiblis, khan. qu'avec peu de troupes les Chinois pourroient facilement les détruire. En conféquence & conformément à cet avis, l'Empereur de la Chine envoya un officier par-delà Hami, vers Ta-teou-khan & lui fit préfent d'un étendart à tête de loup. Ce Khan envoya des ambaffadeurs à la Chine qui eurent le pas fur ceux de Cha-po-lio. Tchang-fun-tching de fon côté fut député vers les Tartares orientaux, les Kitans, les Kiou-Hi & les Sie & fe rendit auprès de Tchou-loheou avec des préfens. Tous ces Tartares qui avoient été foumis aux Turcs, demeuroient dans les pays fitués au nord du Leao-tong jufqu'à la riviere d'Amour. Les Sie étoient des Hordes de Huns difperfés dans ces endroits. Les Ki autrement nommés Kou-mo-ki tiroient leur origine des Tartares orientaux de même que les Kitans. L'an 582. La plus grande partie de cet orage que les Chinois avoient Lie-tai-kiexcité, retomba fur eux, & toute leur prudence ne put em- fu. pêcher que le Grand Khan Cha-po-lio, fuivi du fecond Ven--hienKhan, d'A-po-khan, de Ta-teou-khan & de Tan-han-khan tum-kao. à la tête de quatre cens mille hommes ne franchit la grande muraille du côté d'Yum-pim-fou & ne vint ravager les Provinces voifines.

Ce Prince avoit deffein de pénétrer plus avant vers le midi, mais Ta-teou ayant refufé de le fuivre, il n'ofa pénétrer plus avant. Du côté des Chinois une partie de l'armée commandée par le Prince héritier étoit campée à Hien-yam, une autre à Hum-hoa. Un Général nommé Tcham-jou qui étoit à la tête de deux mille hommes fe trouva furpris a Tcheou-puon par Cha-po-lio-khan qui avoit cent mille foldats. Les Chinois furent faifis de frayeur à la vûe du grand nombre d'ennemis. Mais Tcham-jou par fon courage & fa prudence les raffura. Il ne ceffa de harceler les Turcs, leur livra pendant trois jours environ quatorze petits combats, dans lefquels toutes les armes furent épuifées, & les foldats contraints de fe battre à coups

Kam-mo

Soui-chu.

Lan 582.

Cha-po-lio

khan.

de poing. Les Turcs qui perdoient beaucoup de monde Après J. C. furent obligés de reculer;mais les autres Généraux Chinois, moins heureux,ne purent répouffer ces barbares qui ne cefferent de ravager les Provinces. Tchang-fun-tching, cet officier Chinois dont nous avons parlé, voyant que les armées Chinoises étoient battues de toutes parts, voulut employer l'artifice & donna une fauffe nouvelle à Chin- kan, fils du Grand Khan. Il lui fit fçavoir que les Tie-le, peuples qui demeuroient au nord des Igours & en d'autres endroits venoient de fe révolter dans le deffein de fe rendre maîtres du principal campement de Cha-po-lio. Le Grand Khan ajoûta foi à cet avis & décampa auffi-tôt pour courir au fecours de fes propres Etats; mais comme ce n'étoit qu'un faux bruit, on ne tarda pas à le voir reparoître.

L'an 583.

fu.

Ces ravages continuels que les Turcs faifoient dans la ChiLieti-ki ne défoloient l'Empereur Ven-ti.Il étoit irréfolu fur le parti Kam-ma. qu'il avoit à prendre. Anciennement, difoit-il à fes ofliciers, les empereurs des Tcheou & des Tey vivoient dans une parfaite intelligence avec les Turcs, & fçavoient garder avec eux une jufte balance, parce que la tranquillité de la Chine dépend de la maniere dont on les traite. Cependant je les comble de préfens fans pouvoir exciter leur reconnoiffance. Ils ne répondent à tous les bons traitemens que je leur fais que par des vols & des rapines. Il faut y mettre ordre. En conféquence, le Prince nomma plufieurs Généraux qui marcherent contre les Turcs par différentes routes. L'armée Chinoife les rencontra dans un endroit appellé Pe-tao, d'où l'on détacha cinq mille hommes de cavalerie, qui tomberent fi fubitement fur les Turcs que le Grand Khan fut obligé de prendre la fuite, Ces peuples étoient fouvent vaincus à caufe de la trop grande confiance qu'ils avoient dans leur cavalerie, qui étoit nombreufe & légére, & à caufe du mépris qu'ils faifoient de celle des Chincis, mais la foiblesse de celle-ci étoit réparée par l'ordre & la difcipline qui y regnoient & qui lui donnoient la fupériorité. Après cette déroute les Turcs manquerent de vivres & fevirent dans la néceffité de broyer des os de mort qu'ils mangeoient. La pef

to

khan.

te furvint qui en fit mourir un très-grand nombre. D'un autre côté Kao-pao-nim, officier Chinois qui s'étoit reti- L'an 583. Après J. C. ré chez eux, & qui les avoit amenés à la Chine où il Cha-po-licétoit à la tête d'une troupe, fut également battu, ne put fecourir le Grand Khan, & fut tué par ceux qu'il commandoit. Alors la ville de Ho-long dans le nord du Petcheli, où il s'étoit renfermé, rentra fous la domination des Chinois.

Kam-mo.

Dans le même-tems le Général Yum-tim qui étoit forti du côté de Leam-tcheou avec trente mille hommes , battit en plusieurs rencontres A-po-khan. C'est dans cette Lie-tai-kioccafion qu'un officier Chinois dit à ce Général, qu'il étoit su. injufte de faire périr tant de foldats qui n'étoient coupables d'aucun crime; & que de part & d'autre il falloit envoyer un brave pour décider du fort de la victoire; on fit fçavoir ce défi à A-po-khan qui l'accepta. Deux braves fe battirent en préfence des armées; le Turc ayant été vaincu, le Khan demanda à faire la paix, & fe retira.

Les Turcs étoient encore entrés dans la Chine du côté d'Yeou-tchcou ou de Pe-kim. Li-tçung qui comman❤ doit dans cette Province, & qui étoit allé à leur rencontre avec trois mille hommes, fe battit avec eux pendant dix jours; mais malgré tout le courage qu'il fit paroître en cette occafion, il fut obligé de fe renfermer dans la ville de Kou-tching où les Turcs le vinrent affiéger. Il n'y avoit aucunes provisions dans la place, elle manquoit de tout, elle ne pouvoit fe défendre long-tems, & les troupes périffoient de mifére. Li-tçong qui ne vouloit point fe rendre, harangua fes foldats, & leur repréTenta qu'en abandonnant la ville il fe rendoit digne de mort, qu'il étoit réfolu à perdre la vie pour le fervice de fon Prince. Après ces paroles il tira fon épée & se donna la mort.

Su.

Kam-mo.

Pendant qu'A-po-khan étoit occupé de cette expédition de Lie-tai-kila Chine, Tchang - funtching qui ne cherchoit que l'occafion de divifer les Turcs, fit représenter à ce Khan que tou- Ven-bientes les fois que Cha-po-lio étoit entré dans la Chine, il en tum-kao: étoit forti victorieux: vous Prince, ajoûtoit-il, dès la Eee

Tome I.

pre

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