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Après J. C.

L'an 583. Cha-po-liokhan.

Kam-mo.

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miére fois êtes obligé de fuir, tous les foldats comblent de louanges Cha-po-lio, vous couvrent de honte, & rejettent fur vous tous les malheurs de cette entreprise. Le Grand Khan va vous déclarer la guerre, & vous enlevera ,, votre habitation du nord ; avez-vous affez de forces pour lui réfifter. Ta-teou-khan a fait la paix avec les Soui fans ,, que Cha-po-lio ait pû l'empêcher. Pourquoi A-po-khan ne faites-vous de même ?Par-là uni à Ta-teou vous de,, viendrez très-puiffant.A-po-khan donna dans ce piège que lui tendit Tchang-fun-tching, fuivit fes confeils & envoya des ambaffadeurs à l'Empereur Ven-ti.

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pas

Le Grand Khan n'eut pas plûtôt été informé de cette nouvelle qu'il fe mit en campagne, entra avec une armée dans les pays dépendans d'A-po-khan, & s'empara de son campement du nord. A-po-khan fut battu & obligé de prendre la fuite & d'aller chercher un afyle du côté de l'occident chez Ta-teou. Ce Khan irrité de la conduite de Cha-po-lio renvoya A-po-khan dans l'orient à la tête de cent mille hommes. Les deux Khans en vinrent plufieurs fois aux mains, Cha-po-lio fut vaincu, A-po-khan reprit fon ancien pays & devint un des plus puiffans Princes de la Tartarie.

Tan-han-khan qui s'étoit attaché à A-po-khan, avoit été également dépouillé de fes états & forcé de fe fauver vers Ta-teoù. En même - tems un neveu du Grand Khan avec toutes les Hordes avoit pris les armes & s'étoit déclaré en faveur d'A - po - khan. La mésintelligence qui regnoit parmi tous ces Khans occafionna des guerres civiles qui défolerent le Turkeftan. La plûpart de ces Princes Turcs envoyerent demander du fecours à l'Empereur des Soui; mais comme ces divifions étoient fomentées par les Chinois, ceux-ci étoient bien éloignés de les appaifer, & il étoit de leur intérêt de laisser les Turcs fe détruire eux-mêmes.

Le Grand Khan Cha-po-lio, hors d'état de résister aux L'an 584 efforts réunis de la plupart des petits Khans prit le parti de Lie-tai-ki fuivre l'exemple deTa-teou qui s'étoit foumis aux Chinois. Il fit demander la paix, fon époufe Tcien-kin, qui étoit de

fu.

Scui-chou.

la famille des Empereurs de Tcheou qui avoient été dédétruits, pour flatter d'avantage l'empereur des Soui, vou L'an 584. Après J. C. lut être adoptée dans fa famille. L'Empereur Ven-ti y con- Cha-po-lio fentit & lui donna le titre de Princeffe de Ta-y, avec le nom kan. d'Yam-chi qui étoit celui que la famille des Soui portoit. Dans les lettresque le Grand Khan écrivit à l'Empereur Venti, il prenoit le titre de fage & d'illuftre Cha-po-lio (a) engendré du Ciel, Empereur du puiffant empire des Turcs, fujet de l'empereur de la Chine. L'empereur des Soui lui envoya un sceau de l'Empire par Yu-kim-tçe & par Tchang-fun-tching. Lorfque ces ambassadeurs arriverent en Tartarie, le Grand Khan fit mettre toutes fes troupes en ordre de bataille & fit dire que fes infirmités l'empêchoient de refter de bout. Tchang - fun-tching répondit que le Grand Khan qui devenoit le gendre de l'Empereur devoit recevoir avec plus de refpe&t fes ordres. Cha-po-lio fut obligé de fe lever, de baiffer la tête, de recevoir à genoux le fceau Impérial & de le mettre fur fa tête, non fans verfer quelques larmes qui faifoient voir combien cette action lui paroiffoit humiliante. Les fiers Chinois n'étoient pas encore fatisfaits. Yu-kim-tce vouloit qu'il prit le titre de Tching. Le Grand Khan demanda ce qu'il fignifioit, on lui répondit que ce terme défignoit un fujet. La trifte fituation où ce Prince fe trouvoit, & le befoin qu'il avoit de la protection de la Chine, ne lụi permirent pas de reculer. Il ne s'étoit que trop engagé,

& il fallut obéir.

Ven-bien

Cependant la puiffance d'A-po-khan augmentoit de plus Lie-tai-kien plus dans la Tartarie; tous les Turcs lui étoient fou- fu. mis, & il avoit pris le titre de Grand Khan des Turcs Kam-mo. occidentaux. Cha-po-lio fatigué par Ta-teou, intimidé par tum-ka. les Khitans qui paroiffoient vouloir remuer, fe vit con- L'an $85. traint de fonger à abandonner le Turkeftan pour se jetter entiérement entre les bras des Chinois. Il fit fçavoir fa fituation à l'empereur des Soui, & lui demanda la permiffion de paffer avec ses Hordes au midi du grand

(4) Son titre entier eft Cha-po-lio-i-li-kiu-liu-che-chi-po-lo-mo-khan.

Après J. C.

L'an 585.

défert fur les frontieres de la Chine. Mais Ven-ti ayant envoyé des troupes à fon fecours, il fut en état d'aller Cha-po-lio attaquer A-po-khan, le défit, ravagea fon pays & enleva toute fa famille. C'eft en reconnoiffance de ce fervice qu'il écrivit la lettre fuivante à l'Empereur.

khan,

L'an 586. Kam-mo. Lie-tai-kiJu.

L'an 587.

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,, L'Empire des Turcs que le Ciel a établi, fubfifte depuis cinquante ans, fon étendue eft de dix mille li, fa cavalerie » eft de plufieurs centaines de mille hommes. Quoique tous » les barbares lui foient foumis : qu'il foit affez puiffant pour réfifter aux peuples policés de la Chine, & quil n'y ait rien » dans le nord qui lui foit comparable, comme votre vertu » votre juftice font parvenues jufqu'à moi, que la foumission, » le refpect & le devoir fon paffés de votre cour dans mes campagnes & parmi mes fujets, & que d'ailleurs, il n'y a dans le ciel qu'un foleil, il ne doit donc y avoir fur la » terre qu'un Empereur, je ne veux plus ufurper ce titre, je tourne mes vûes du côté de la fageffe, je me rends » à perpetuité votre tributaire & je vous envoye mon fils Kiu-che-tchin pour vous inftruire de mes fentimens. Depuis ce tems-là le Grand Khan ne ceffa de payer un

"

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tribut à la Chine.

Après qu'une partie des Turcs eut été ainfi foumife Ven-ti établit dans cette nation le Calendrier Chinois. Dans la fuite Cha - po- lio envoya fon fils avec les préfens ou le tribut ordinaire, & fit demander à l'Empereur des Soui la permiffion de venir faire une grande chaffe entre Heng-tcheou & Tai-tcheou dans le Chensi. L'Empereur la lui accorda, & lui fit des préfens qui confiftoient en vin & en vivres, que le Grand Khan reçut avec refpect, Mais il ne put faire la chaffe qu'il projettoit, ayant été prévenu par la mort.

Ce Prince laiffoit un fils nommé Yum-yu-liu, jeune & d'une complexion fi délicate que ne le croyant pas en état de gouverner les peuples il avoit nommé en fa place fon propre frere Tchou-lo-heou qui avoit la dignité de Che-hou. En conféquence Yum-yu-liu envoya vers fon oncle des officiers pour le reconnoître & le proclamer Grand Khan de Tartarie.Mais Tchou-lo-heou, quoique jufqu'alors ç'eut

L'an 587.

été une espéce de loi que les freres fuccédaffent à leurs freres, ne voulut point accepter l'Empire, & le déféra à Après J. C. Yum-yu-liu qu'il en trouvoit digne. Celui-ci perfifta: quoi, Mo-hodifoit-il, vous Tchou-lo-heou qui avez été fi long-tems khan. ennemi de mon pere, vous vous foumettez à fon fils encore enfant. Le thrône vous appartient suivant nos loix & fuivant les ordres de mon pere, qui vous a défigné pour lui fuccéder : vous devez obéir. Yum-yu-liu infista à plufieurs reprises & Tchou-lo-heou fut enfin obligé d'accepter l'Empire, conteftation finguliere, & dont l'Hiftoire des nations les plus policées fournit peu d'exemples. Tchou-lo-heou prit le titre de Mo-ho-khan, Yum-yu-liu eut la dignité de Che-hou.

&

L'Empereur des Soui envoya Tchang-fun-tching en Tartarie pour donner autentiquement à Tchou-to-heou le titre de Khan, l'étendart & le tambour avec de riches préfens. Mo-ho-khan étoit un Prince brave, capable de former de grands deffeins. Lorsqu'il se vit reconnu Grand Khan par les Chinois, il tourna fes armes du côté de l'occident porta la guerre dans les pays d'A-po-khan. La plupart des fujets de celui-ci voyant que les troupes Chinoises étoient venues au fecours du Grand Khan, fe foumirent; A-pokhan fut fait prifonnier, & Mo-ho-khan écrivit une lettre à l'Empereur des Soui , pour fçavoir ce qu'il en feroit. Ven-ti ne voulut rien décider fur ce fujet qu'il n'eut confulté Tchang-fun- tching. Cet officier fit voir à l'Empereur qu'il étoit plus à propos de laiffer ces Khans fe détruired'eux-mêmes,& c'est le parti que l'on prit. Le Grand L'an 588. Khan continua toujoursfes conquêtes dans la Tartarie du Lie-tai-kicôté de l'occident. On ignore quelles en furent les bor- Kam-mo. nes & le pays où il mourut d'un coup de fléche qu'il avoit Soui-chu.

reçu..

Su.

Les Grands de la nation déférerent alors l'Empire à Tou-lanYum-yu-liu, fils de Cha-po-lio, qui fut proclamé fous le khan titre de Kie-kia-chi-to-na-tou-lan-khan. De plusieurs Dynafties Impériales, qui depuis long-tems partageoient l'Empire de la Chine, il n'en reftoit plus que deux, les Tchin & les Soui, La premiere venoit d'être détruite, &

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que

Ven-ti alors maître de toute la Chine avoit envoyé en Tar-
tarie à la Princeffe Ta-y veuve de Cha - po- lio quelques
préfens & des meubles du dernier Empereur des Tchin.
Cette Princeffe n'avoit point encore oublié les malheurs qui
étoient arivés à la Dynaftie des Tcheou fa famille;elle y fon-
geoit fans ceffe, & la deftruction des Tchin ne fervoit qu'à
faire renaître fa douleur. Elle cherchoit à la diffiper en fai-
fant des vers, dans lefquels elle dépeignoit la ruine de fa
famille fous celle des Tchin. L'Empereur des Soui en fut
informé, & ne put voir fans jaloufie l'Impératrice de Tar-
tare gemir fur le fort de fa famille, un fujet aussi leger
devint le motif d'une guerre considérable. Il est vrai
cette Princeffe, qui haïffoit intérieurement les Soui, por-
toit continuellement Tou-lan-khan à venir ravager les fron-
tieres de la Chine. Ven-ti fit folliciter le Khan de la faire
mourir; mais on ne put obtenir une demande si déraison-
nable. Chin-khan demeuroit alors dans le nord, où il por-
toit le titre de Tou-li-khan. Il avoit envoyé des Ambaf-
fadeurs à la Chine pour demander en mariage une Prin-
ceffe de la famille Impériale. Ven-ti la lui promit à con-
dition qu'il feroit périr Ta-y. Tou-li employa la calom-
nie, s'efforça de la décrier auprès du Grand Khan, &
réuffit en excitant tellement la colere de Tou lan-khan
que la Princeffe fut mife à mort. Après cette action le
Grand Khan fongea à une feconde alliance avec les Chinois,
& fit la demande d'une Princeffe; mais Tchang-fun-tchim
représenta à l'Empereur que Tou-lan-khan trop inconftant,
pour qu'on pût fe fier à lui, étoit l'ennemi de Ta-teou-
khan; que s'il vouloit époufer une Princeffe Chinoise, ce
n'étoit que
dans le deffein d'obtenir des fecours fuffifans
pour détruire Ta-teou & Tou-li; mais qu'après les avoir
vaincus, il ne manqueroit pas de tomber fur la Chine elle-
même.Il propofa qu'il feroit plus avantageux de donner cette
Princeffe à Tou-li-khan qui l'avoit demandée le premier,de
le faire paffer enfuite dans le midi, où ayant peu de fujets il
feroit aifé de le contenir,& où il ferviroit de barriere contre
les entreprises du Grand Khan. L'Empereur de la Chine
approuva cet avis, & chargea ce Miniftre d'en porter la

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