L'an 597. nouvelle à Tou-li-khan, qui fe rendit auffi-tôt à la Chine, où il fût reçu avec diftinction par l'Empereur, époufa la Après J. C. Princeffe Gan - y & fut inftruit dans toutes les coutumes Tou- lanChinoifes: on l'envoya demeurer avec ses sujets fur les fron khan. tiéres. Lie tai-ki su. Kam-mo. L'an $99. Tou-lan-khan irrité de la préférence qu'on venoit d'accorder à un petit Khan, ceffa de payer le tribut à la Chine & vint ravager les Provinces du nord; mais il ne pouvoit faire aucune démarche que Tou-li, qui examinoit tous fes mouvemens, n'en donnât avis à la Cour. Ce fut lui qui informa l'Empereur Ven-ti que le Khan s'avançoit à la tête d'une nombreuse armée pour affiéger la ville de Ta-tum-tching. L'Empereur envoya contre les Turcs Leam roi de Han, qui avoit fous lui trois autres Généraux. Le premier nommé Kao-keng, fortit par le pays de Tço-tcheou. Le fecond appellé Yam-fu, marcha du côté de Lim-tcheou dans le Chenfi, & Yen-yum le troifiéme se mit en route par Yeou-tcheou ou Pe-kim. Toulan-khan n'eut pas plutôt été inftruit que les Chinois fe difpofoient à venir l'attaquer, qu'il fit la paix avec Tateou-khan & joignit fes troupes aux fiennes. Ils furprirent Tou-li-khan, le défirent, & entrerent dans Goeitcheou ou Ta-tum-fou. Toutes les Hordes de Touli furent difperfées:ce Khan & l'officier Chinois nommé Tchangfun-tching, ne se sauverent qu'avec peine pendant la nuit avec cinq cavaliers, & gagnerent le midi en toute diligence. En paffant à la Chine Tou-li-khan alloit se rendre efclave & fe fabriquer des chaînes que peut être il ne pourroit plus rompre : occupé de cette idée il chercha les moyens d'éviter ce malheur. Il raffembla quelques Cavaliers, à la tête defquels il forma le projet de fe fauver vers Ta-teou-khan; mais Tchang-fun-tching qui en fut informé à tems fit mettre quelques troupes en embuscade pour l'obferver, & leur ordonna d'éléver des feux auffi-tôt qu'elles le découvriroient. On exécuta ces ordres de point en point & Tou-li étonné de voir tout-à-coup quatre feux, demanda ce que cela fignifioit. L'officier Chinois lui fit accroire qu'il étoit d'ufage à la Chine que lorfqu'on apperce Après J. C. L'an 599. Tou-lan khan. Lie-tai-ki Su. Kam-mo. voit une petite bande de voleurs on élévoit deux fignaux, que fi la troupe étoit plus confidérable on en élévoit trois; & enfin que quand le danger étoit preffant on en faifoit paroître quatre. Le Khan n'ofant aller plus loin, rentra dans la ville, & Tchang-fun-tching après avoir fait arrêter un de Tarkhans avec fes fujets le conduifit à Si-gan-fou. Cependant les troupes Chinoifes s'avançoient toujours contre les Turcs,& bientôt le Général Kao-keng vit fon avant-garde,qui étoit compofée de trois mille hommes,aux prises avec les Turcs. Les Chinois remporterent d'abord l'avantage, mais les Turcs s'étant raffemblés & remis en ordre, ils revinrent à la charge avec tant d'acharnement, que l'Officier Chinois qui commandoit ce détachement fut obligé de former un bataillon quarré & de faire face de tous côtés: on fe battit ainfi pendant cinq jours & jufqu'à ce que le Général Kao-keng fût arrivé. Alors toutes les troupes étant réunies, les Chinois fondirent fur les Turcs, les mirent en déroute & les pourfuivirent pendant l'espace de fept cens li. D'un autre côté le Général Yam-fu venoit de défaire l'armée de Ta-teou-khan. Si ces Khans étoient vaincus au moins ils avoient confervé leur liberté ; il n'en étoit pas de même de Tou-li, qui malgré les titres dont on le décoroit à la Chine, ne pouvoit rien faire fans l'agrément de l'Empereur. Il étoit à la Chine avec environ dix mille fujets. Ven-ti lui avoit conféré le titre de Ki-minkhan, lui avoit donné en mariage la princeffe Y-tching, parceque Gan-y étoit morte, & avoit chargé Tchang-funtching d'aller l'inftaller dans la ville de Ta-li-tching près de Ta-tum-fou; mais comme tout le bien que l'on faifoit à ce Khan étoit moins pour lui que pour les Chinois, cet officier crut qu'il étoit plus à propos de le placer à Ou-yuen pour garder les environs du Hoam-ho, ce qui fut exécuté en mêmetems qu'on y envoya un corps de vingt mille hommes; chargé de défendre Tou-li-khan contre les entreprises de Ta-teou & de veiller fur fa conduite. Les Généraux Chinois ne laiffoient pas de s'avancer par différents chemins contre le Grand Khan; mais dans le tems que ces troupes khan. troupes alloient fortir des frontiéres de l'Empire, on Après J. C. apprit que ce Khan avoit été tué par fes fujets, que Ta- L'an 599. teou-khan s'étoit emparé de l'empire de Tartarie, & qu'il Pou-kiale gouvernoit fous le titre de Pou-kia-khan. Cette nouvelle loin de ralentir l'ardeur des Chinois, fut pour eux un nouveau motif de continuer la guerre. Toutes leurs armées étoient en marche il y avoit de grands troubles dans le Turkeftan, & on ne pouvoit trouver une occafion plus favorable de foumettre ces peuples ; c'étoit ce que Tchang-fun-tching ne ceffoit de représenter à l'Empereur. Mais comme on vouloit ménager les Chinois, & que la politique de cette Cour étoit de détruire les Turcs par les Turcs, on envoya plufieurs Hordes de cette nation qui étoient foumises à la Chine, pour débaucher un grand nombre de peuples que l'on vit arriver en foule fur les frontiéres & reconnoître la domination Chinoife. Le nouveau Grand Khan Ta-teou mécòntent, & de ces défertions & de ce que l'Empereur avoit donné retraite & accordé fa protection à Tou-li, ne fe vit pas plutôt en état d'entreprendre une expédition, qu'il vint ravager les Provinces feptentrionales de la Chine, Auffi-tôt Kuam & Yam-fu fortirent du côté de Lim-vou, pendant que Leam & Li-van-foui s'avançoient par Ma-ye. Tching ou Tchang-fun-tching avec les Turcs qui étoient foumis aux Chinois prit une autre route & vainquit les barbares,non les armes à la main, mais par un ftratagême fouvent employé par les Chinois, & que cette grandeur d'ame dont ils fe piquent auroit dû leur défendre. Tching empoifonna les eaux les Turcs bûvoient & où ils venoient abbreuver leurs chevaux & leurs beftiaux. Il en fit périr par là un très-grand nombre, & le refte épouvanté, croyant que le ciel s'étoit déclaré en faveur des Chinois, prit la fuite. Il tomba enfuite fur eux & en tua environ mille. Li-van-foui livra un grand combat à Ta-teou-khan à la montagne Ta-kinchan, & pénétra fort avant dans le grand defert de fa que ble. Malgré tant de fuccès de la part des Chinois, Ta-teou ne fut pas vaincu, il ofa envoyer fon neveu Ki-li-fa conTome I. Fff L'an 600. Après J. C. L'an 600. Pou-kiakhan. L'an 601. Lie-tai-kifu. Kam mo. دو tre Ki-min-khan; mais fes troupes furent obligées de plier & de fe retirer dans le defert. Ki-min qui avoit été fecouru par les Chinois, fit remercier l'Empereur en ces termes. Grand & illuftre Khan de la Chine, la pitié que ,, vous avez pour tous les hommes vous engage à leur procurer tous leurs befoins; vous êtes l'image de ce ciel qui nous couvre tous & de cette terre qui nous porte tous. ,,Pour moi, jadis fans afyle & fans autorité, aujourd'hui com,, blé de vos bienfaits & foutenu par vos armées invincibles, , je reffemble à un arbre qui étoit prefque mort, auquel commence à revenir des feuilles, ou à un os defféché ,, que de nouvelles chairs recouvrent. Après cette expédition l'Empereur Ven-ti fit réparer les villes de Kin-ho & de Tim-fiam pour y loger le Khan Ki-min. il وو on Les défertions continuoient dans la Tartarie vit arriver quatre-vingt-dix mille Turcs qui fe foumirent aux Chinois; mais ces pertes n'empêcherent pas pas Ta-teou de faire une nouvelle irruption fur les frontiéres. Il battit les troupes Chinoises, & ne fe retira dans le nord que lorfqu'il vit fondre fur lui de nouvelles armées qui lui firent effuyer quelque échec. Ses courfes recommencerent L'an 6oz. l'année fuivante. Un Sfe-kin nommé Su-lie, avec d'autres Généraux Turcs s'avança du côté du midi, traversa le grand fleuve Hoam-ho, enleva fix mille perfonnes à Kimin, & difperfa une grande partie de fes troupeaux ; il fut défait à fon tour par Yam - fu qui le pourfuivit pendant foixante li. Les Turcs gagnoient toujours le nord, mais le Général Chinois les fuivit de fi près qu'il les furprit pendant la nuit, les battit une feconde fois, & leur reprit tout ce qu'ils avoient enlevé. Depuis cette expédition les Turcs n'oferent plus venir faire le dégât dans le midi. D'ailleurs ils fe trouvoient fort occupés dans l'intérieur de leur propre pays où les troubles étoient fi grands, que dix Hordes des Tie-lé qui s'étoient révoltées contre Ta-teou, l'obligerent de fe fauver chez les Tou ko-hoen. La plus grande partie de fes fujets difperfés fe foumirent à Ki-min, qui devint très - puiffant. L'Empereur de la Chine plaça ce Khan à l'entrée du defert. Ses troupes L'an 603. Ki-minkhan, khan. 605. étoient employées dans les armées Chinoifes, & elles euAprès J. C. rent occafion peu de tems après de signaler leur zèle contre Lanos. les Tartares Khitans ou Kitans qui avoient fait une irruption Ki-mindu côté d'Yng-tcheou. Ces Tartares orientaux furent re-i-kipouffés avec perte. Ki-min-khan avoit fourni pour cette expédition vingt mille hommes dont le Général Chinois Kam mo. avoit formé vingt camps, éloignés l'un de l'autre d'un li, & fi bien difpofés que l'on entendoit partout les différens fignaux; celui du tambour qui annonçoit la marche, & celui de la trompette qui défignoit qu'il falloit s'arrêter. C'étoit-là l'ordonnance des armées Chinoifes, & l'on coupoit la tête à ceux qui n'obéiffoient pas. Malgré le puiffant fecours que les Turcs avoient envoyé aux Chinois, la fierté naturelle de ceux-ci, & le mépris qu'ils avoient pour les Turcs, auxquels ils fembloient faire entendre que c'étoit une grace qu'on leur accordoit de recevoir leur fecours, ils vouloient que les officiers Turcs qui alloient chez le Général, ne s'y préfentaffent qu'à genou. & fans ofer lever les yeux. Ce fut cependant aux Turcs que les Chinois furent redevables de la déroute des Khitans. Ces Tartares étoient depuis long-tems fujets du Khan, & jufqu'alors rien n'avoit pû faire naître aucuns foupçons entre les deux peuples. Par l'ordre du Général Chinois, les Turcs leur en impoferent, & leur firent faire un mouvement, fous prétexte d'être plus à portée de fe réunir aux Coréens. Les Khitans se féparerent, & les Chinois, faififfant ce moment, les attaquerent fi brufquement qu'ils leur enleverent tous les bagages avec les femmes & les enfants qu'ils diftribuerent aux Turcs. Ki-min-khan vint enfuite à la Cour de la Chine pour L'an 6073 rendre hommage à l'Empereur ; étonné de la magnificence qu'il y vit regner, il demanda qu'on lui accordat la ceinture & le bonnet. Yam-ti qui regnoit alors ne voulut point y confentir, & fe contenta de lui faire de grands préfents. Il fongeoit alors à faire la vifite des provinces feptentrionales de fon Empire. Ki-min le fit accompagner par fon fils & fon neveu, & il avoit deffein de fe rendre en perfonne fur les frontieres de la Chine. D'un autre côté, l'Empe |
