Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Après J. C.

Ki-min

khan.

reur qui menoit avec lui cinq cens mille hommes, fe L'an 607. propofoit de parcourir le Turkeftan; mais dans la crainte que fa marche ne répandit l'allarme parmi les Turcs, il fit partir le Chinois Tchang-fun-tching, pour en donner avis à Ki-min-khan.Ce Khan fit auffi-tôt affembler toutes fes Hordes, & les chefs des peuples qui lui étoient foumis, c'està-dire les Ki, les Sie, & les Che-goei. Ces derniers demeuroient le long du lac Paikal, de la Lena, & s'étendoient bien-avant dans la Siberie, nous les appellons aujourd'hui Tungoufes. Toutes ces différentes nations vinrent au-devant de l'Empereur qui logea dans la tente du Khan, & l'Impératrice dans celle de la Princesse Ytching. Il y eut de grandes réjouiffances à cette occafion, & le Khan reçut de la part de Yam-ti de riches préfens. Ce voyage de l'Empereur fervit à donner aux Turcs une haute idée de la puiffance des Chinois, & à faire respecter l'Empereur dans tous les pays occidentaux.

[merged small][ocr errors]

Par l'extinction de plufieurs petits Princes qui avoient été moins les Rois que les tyrans des peuples, Yam-ti devint maître abfolu de tout l'Empire,& les nations d'occident commencerent à être plus en liaison avec la Chine qu'elles ne Pavoient été pendant les troubles précédens. On offrit à ce Monarque une carte qui contenoit une defcription de prefque tout l'Empire Turc, depuis le Chenfi jufqu'à la mer Cafpienne; on y avoit tracé avec foin les trois différentes routes qui conduifent dans l'occident, l'une par Hami, que l'on appelloit la route du nord, une feconde par Turphan, qui étoit celle du milieu, & une troifiéme dans le midi à travers le defert, par laquelle on se rendoit à Khoten. Tous ces peuples vinrent commercer fur les frontieres du Chenfi où l'Empereur établit un Officier nommé Poei-kiu, qu'il chargea de veiller à la fûreté de ce commerce. Les Tie-lé qui étoient dispersés aux environs de Hami, & qui s'étoient révoltés contre les Turcs, voulurent le troubler & venir ravager les frontieres de la Chine, on avoit envoyé contre eux des troupes qui n'avoient remporté aucun avantage; mais Poei-kiu fçut les maintenir dans le devoir, & les éloigner de la Chine.

tance,

L'an 608.
Ki-min-

Il ne fuffifoit pour la tranquillité des Chinois d'avoir réduit fous leur puiffance la plupart des peuples du Après J.C. Turkeftan, le plus difficile étoit de les conferver dans cet état d'afferviffement, il falloit changer leurs coutumes & khan. les policer; c'étoit là le feul moyen de fixer leur inconf- Lie-tai-ki Sus & c'etoit celui que l'Empereur s'efforçoit d'em- Kam me. ployer, en faisant conftruire des maifons pour loger K min-kan; mais ce Khan, ainsi que fes fujets, accoutume à vivre fous des tentes, ne pouvoit fouffrir de fe voir ainfi renfermé, ni fe faire à toutes les coutumes des Chinois Ces changemens que l'on vouloit faire l'indifpofoit, & furent la caufe qu'il ne voulut pas accompagner les troupes Chinoifes qui alloient porter la guerre dans le dans le pays de Hami. Les Chinois, ne laifferent pas de traverser le défert, obligerent le peuples de Hami de fe rendre & après avoir réparé les murailles, s'établirent dans cette place. Tout ce pays appartenoit anciennement aux Turcs; mais depuis que Ki-min étoit devenu vaffal des Chinois, ces peuples avoient recouvré leur liberté. Hami avoit fon Roi particulier qui fe nommoit Tou-tun-che. Turphan avoit lefien appellé Kio pe-ya ; l'un & l'autre vin◄ rent rendre leurs hommages à l'Empereur de la Chine, qui faifoit alors la vifite de fes provinces occidentalesa Ainfi une grande partie du Turkeftan oriental, quoique gouverné par un Grand Khan, ne laiffoit pas de reconnoître l'Empereur de la Chine. Ce Prince avoit rétabli la paix dans tout ce vafte Empire dont l'étendue étoit alors de neuf mille trois cens li d'orient en occident, & de quatorze mille huit cens quinze li du nord au fud. Kimin-khan fe rendit auffi à la Chine pour faluer l'Empereur & y mourut.

L'an 609.

Cet événement affligea véritablement Yam- ti qui fut pendant trois jours fans donner audience; enfuite il désigna Tou-ki fils de Ki-min, Grand Khan fous le titre de Chi-pikhan, & lui donna une Princeffe Chinoife. Sous le regne de ce Prince les affaires changerent entiérement de face. Les troubles dont la Chine commençoit à être agitée han

Chi-piz

1

Après J. C.

L'an 615.
Chi-pi-
khan.

[ocr errors]

à l'occafion de la mauvaise conduite de l'Empereur Yamti fournirent au nouveau Khan l'occafion de recouvrer toute la puiffance, dont fes ancêtres avoient joui. En peu de tems il fe vit maître non - feulement de toute la Tartarie Méridionale, mais encore du pays d'Igours, de celui des Tou-ko-hoen, fitué à l'occident de Chenfy & qui s'étendoit jufqu'au Tibet, de celui des Kitans au midi du Kerlon, & de celui des Che-goei au nord de l'Amour vers la Lena. Avec ces vaftes Etats qui compofoient toute la Tartarie orientale, depuis l'Irtisch jufqu'à la mer du Japon, il avoit fur pied un million de foldats. Sa puiffance allarma les Chinois, qui en voulant la diminuer attirerent fur eux toutes les armées de ce Prince., & penferent caufer la ruine de l'Empire. L'officier Chinois nommé Poei-kiu, qui voyoit à combien de malheurs la Chine alloit être expofée fi l'on n'évitoit pas la guerre dans le Turkeftan, voulut établir un Khan dans le midi & par-là mettre la divifion parmi les Turcs. Mais ce projet échoua, les Chinois ne trouverent point dans les Princes Turcs de traîtres pour feconder leurs deffeins. Le frere de Chi-pi-khan fur lequel on avoit jetté les yeux, ne Kam-mo. voulut point recevoir d'eux le titre de Khan, & cette démarche ne fervit qu'à indifpofer le Grand Khan; l'impru'dence de Poei-kiu acheva de l'irriter. Un officier du Khan vouloit faire quelques courses dans la Chine; Poei-kiu sous prétexte de commerce lui tendit un piège, fe faifit de lui, & fit fçavoir au Grand Khan que cet officier n'ayant d'autre deffein que de fe révolter contre lui, il lui avoit fait couper la tête. Cette action fut pour le Khan une déclaration de guerre, il rompit entiérement avec les Chinois & forma le projet de faire prifonnier l'Empereur qui parcouroit alors les Provinces du nord à la tête de cent mille hommes: il s'avança vers l'endroit où l'Empereur étoit, & l'eût arrêté, fi la Princeffe Y-tching qui confervoit toujours beaucoup d'attachement pour la Chine, n'eût informé de fa marche Yam-ti. Ce Prince fe fauva auffi-tôt à Yen-muen, & plaça des troupes pour en défendre les approches. Mais tout plia devant les Turcs,

Lie-tai ki

fu.

[ocr errors]

per

L'an 615.

& rien ne put empêcher qu'après avoir pris toutes les places de cette Province, ils ne vinffent faire le fiège de Après J. C. cette ville, aujourd'hui Tai-yuen proche Tai - yuen- fou Chi-pidans le Chanfi. Il y avoit alors cent-cinquante mille khan. fonnes en comptant les troupes & les habitans; mais tous les magazins étoient fans provifions: l'Empereur verfoit des larmes fur fon fort & fur celui de l'Empire, & embraf foit fes principaux officiers pour les encourager à faire un dernier effort. Quelques-uns vouloient que ce Prince,avec ce qu'il avoit de meilleures troupes, fe frayât un che→ min au milieu des ennemis ; mais c'étoit peut-être trop rifquer, & de tous les partis que l'on propofa aucun ne fut accepté. L'Empereur étoit fans reffource & alloit tomber entre les mains des Turcs. Dans cette extrêmi té il eut recours à la Princeffe Y-tching femme du Grand Khan, qui lui avoit déja donné avis de fon arrivée & avoit empêché qu'il ne fût pris. Cette Princeffe fit dire aufsi-tôt au Grand Khan que toutes les provinces feptentrionales de fes Etats étoient fous les armes. Cette nouvelle obligea Chi-pi-khan à lever promptement le fiége; l'armée chinoife le pourfuivit & enleva environ deux mille hommes tous vieillards ou malades. Mais le Grand Khan ne tarda pas à revenir fur les frontiéres. Li-yuen gouver- L'an 616, neur de Ta-yuen-fou, qui dans la fuite fonda la Dynaftie des Tam, & le gouverneur de Ma-ye avec cinq mille hommes fe mirent en marche du côté de Ma-ye, & malgré leur petit nombre obligerent les Turcs à fe re

tirer.

Lie-tai-ki

La Chine commençoit alors à être remplie de guerres L'an 617 civiles, toutes les Provinces devenoient la proye de ceux Kam-mo. qui pouvoient s'en rendre les maîtres, & l'on ne voyoit fu. de tous côtés que des rebelles. Lieou-you-tchou & Leamfu-tou, l'un & l'autre mécontens du gouvernement, avoient pris les armes & s'étoient retirés dans le nord du côté de Ma-ye, fous la protection du Grand Khan. Lieouvou tchou qui s'étoit emparé de la Province de Leou-fan s'avança jufqu'à Fuen - yam, pilla quelques Palais de l'Empereur & envoya aux Turcs tout le butin qu'il prit,

L'an 617.

Chi-pikhan,

ce qui lui valut beaucoup de chevaux. Le Khan donna à Après J. C. Lieou-you-tcheou le titre de Tim-yang-khan avec un étendart à tête de loup. Alors Lieou-you-tcheou fe fit proclamer Empereur. Su-tou maître de quelques Provinces, reçut auffi un étendart & le titre de Ta-tou-pi-kia-khan, & vint avec les Turcs qui demeuroient dans le pays d'Ortous faire des incurfions dans la Chine. Quelques autres rebelles furent pareillement foutenus par les Turcs. Un officier nommé Lieou-ven-tcing confeilla à Li-yuen de s'allier auffi avec eux & de leur demander des fecours. Le Grand Khan y confentit, mais à des conditions qui ne tendoient qu'à la ruine des Soui: perfuadé que fi l'Empereur pouvoit une fois rétablir la tranquillité dans fes Etats, il tomberoit fur Li-yuen, & enfuite fur les Turcs: il voulut que Li-yuen fe déclarât Empereur: & que s'il entroit dans Sigan-fou, tout le butin appartint aux Turcs, Après que ces conditions eurent été acceptées, les armées Turques fe rendirent auprès de Li yuen & l'aiderent à prendre un grand nombre de plaçes. Dans la fuite, il fe rendit maître de Si-gan-fou, & en même-tems de l'Empire. Alors la Dynastie des Soui fut éteinte, & celle des Tam dont L'an 618, Li-yuen fut le fondateur, montą fur le thrône de la Chine, Li-yuen n'eut pas plutôt pris poffeffion de l'Empire fous le titre de Kao-tlou qu'il reçut des ambaffades de la Tam-chou part du Grand Khan: ces Turcs en conféquence des fervices qu'ils lui avoient rendus étoient devenus infolens & fi infupportables à l'Empereur qu'on ne pût leur accorder tout ce qu'ils prétendoient exiger, ce qui fut l'oc cafion d'une nouvelle guerre. Chi-pi-khan à la tête d'une Lie-tai-ki grande armée passa le Hoam-ho dans le pays d'Ortous, & vint à Hia-tcheou ou Ning-hia. Il y fut joint par plufieurs rebelles avec leurs troupes ; mais dans le tems qu'il fe difpofoit à marcher vers Ta-yuen-fou, la mort le furprit; alors les Turcs occupés du foin de nommer un nouveau Khan, ne fongerent plus à continuer l'expédi tion de la Chine, Che-po-pi, fils de Chi-pi-khan étoit trop jeune, l'Empire fut déféré à fon frere Ki-li-fo-che, qui prit le titre de Tchou-lo-khan, Ce Prince donna à

Kam-mo.

Lie tai-kifu.

L'an 619.
Kam-mo.

Tam-chu.

[ocr errors]

fon

« AnteriorContinuar »