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fon neveu Che-po-pi le titre de Ni-pou-che & l'envoya Après J. Cdemeurer du côté de l'Orient.

L'an 619.
Tchou-lo-

Peu de tems avant la mort de Chi-pi-khan, l'Empereur Thou des Tam avoit envoyé un de fes officiers en Tartarie avec des préfens confidérables vers le Grand Khan. Cet officier informé de ce qui venoit d'arriver, n'avoit pas jugé à propos d'aller plus loin cela penfa rallumer la guerre. Le nouveau Khan menaça de venir ravager les frontiéres fi on ne lui envoyoit ces préfens, & il fallut exécuter fes ordres. L'Empereur lui fit faire en même-tems des complimens de condoléance fur la mort de fon prédéceffeur; mais ce qui intéreffoit d'avantage les Turcs c'est qu'il y joignit de grands préfens.

Malgré tous les efforts que les Chinois faifoient pour fe conferver en paix avec ces peuples, malgré tous les préfens que le Grand Khan avoit reçus de Kao-tfou, ce Prince ne laiffa pas de s'allier avec les ennemis de la Dynaftie des Tam. En époufant la Princeffe Y-tching de la famille des Soui, il devint l'ennemi de ceux qui avoient détruit cette famille; il donna des fecours au rebelle Lieou-vou-tcheou qui ruina plusieurs places de la Chine. Un autre rebelle nommé Leam-fu-tou reçut auffi de lui des troupes, & l'Empereur de la Chine loin de pouvoir fe déclarer contre les Turcs, étoit obligé, à caufe de la fituation de ses affaires, de fuivre en quelque façon les volontés du Grand Khan, & de fermer les yeux fur les fecours qu'il fournissoit à fes ennemis. Les Chinois autrefois fi fiers, & qui forçoient les Khans de Tartarie à s'humilier devant leurs ambaffadeurs, voyoient alors leur Empereur contraint de fe prêter à tous les caprices du Khan, & d'exécuter fes ordres. Il y avoit alors à la Cour Kam-mo; de la Chine un Khan des Turcs occidentaux nommé Ho-fu-na, qui étoit venu pendant le regne de l'Empereur Yam-ti, & qui y avoit été retenu prifonnier.Le Grand Khan qui prétendoit avoir des fujets de plainte contre ce Khan, demanda à l'Empereur qu'on le fit mourir. D'abord Kaotfou ne voulut point fe deshonorer par une action si lâche; mais fes Miniftres qui redoutoient la trop grande Tome I.

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Tchou-lo

khan.

puiffance de Tchou-lo-khan, lui représenterent que pour Après J. C. conferver un feul homme, il ne falloit pas expofer tout l'Empire à être ravagé par les Turcs. D'un autre côté le roi de Tcin fils de l'Empereur, difoit qu'il étoit in-jufte de faire périr les malheureux qui venoient chercher un afyle auprès de l'Empereur. Quoiqu'il en foit la crain te l'emporta fur la juftice: Ho-fu-na fut remis aux ambaf fadeurs Turcs qui le firent mourir fur le champ.

L'an 620.
Kam-mo.

Tam-chou.

Le Grand Khan ne tint aucune compte de cette lâ che complaisance des Chinois, & bientot on le vit don ner retraite à l'impératrice des Soui nommée Siao, & à Tching-tao prince de la même famille, déclarer celui-ci roi de Soui, & l'inftaller en cette qualité à Tim - fiam, près de Ta-tum-fou dans le Chanfy. Le rebelle Lieou-you-tcheou étoit cantonné dans cette Province; il comp toit auffi fur les fecours des Turcs, & il en avoit d'au-tant plus befoin qu'il étoit alors attaqué par les Chinois, & que malgré la vigoureuse réfiftance de fes géné-raux il avoit été obligé d'abandonner Pim-tcheou. I ne balança pas à fe retirer chez les Turcs qui étoient dans le pays d'Ortous, & il y fut fuivi peu de tems après par fon Général Song - kin - kang; mais le Khan qui ne vouloit point fe déclarer fi ouvertement, & qui d'ailleurs n'avoit aucune liaison avec ces rebelles comme avec les Soui, les fit mourir l'un & l'autre. En effet, ce Prince méditoit de prendre la ville de Ping - tcheou pour y Lie-tai-ki- rétablir cette famille, à laquelle fes ancêtres avoient fth. de grandes obligations; mais dans le tems qu'il fe dispofoit à fe mettre en marche, il fut empoisonné par Princeffe Y-tching fon épouse. On n'apperçoit point ce qui a pû la porter à commettre cette action. Seroit-ce que l'amour de la patrie l'auroit emporté chez elle fur Finterêt de la famille des Soui dont elle defcendoit ? Tou-pi frere du Khan, qui avoit la dignité de Mo-ho-touKic-li-khan che lui fucceda, prit le titre de Kie-li-khan, & donna à Yue-che-che fon neveu celui de Tou-li - khan, il campa Ou-yuen, d'où il faifoit des courses dans la Chine.

Tam-chu.

Kam-mo.

la

Dans le tems que ce Khan n'étoit que fimple chef de Hor

Kie-li-khan

de, il demeuroit au nord de Ou-yuen, où un rebelle Chinois nommé Sie-kiu s'étoit établi, Lorfqu'il fut parvenu à la Après J. C dignité de Grand Khan, il fit alliance avec ce rebelle, Tam-chou. dans le deffein de venir attaquer avec lui la Chine ; & ce projet eût été exécuté, fi l'Empereur qui en fut informé, n'eût envoyé un ambaffadeur vers le Grand Khan pour l'engager à rompre avec Sie-kiu. C'est par des ménagemens femblables que l'Empereur fit rentrer encore fous fon obéiffance quelques gouverneurs qui s'étoient foumis aux Turcs. Auffi quoique l'on ne fût point en guerre, on ne laiffoit pas de chercher réciproquement tous les moyens de s'affoiblir, & comme la paix étoit incertaine, les Chinois prirent le parti de placer fur leurs frontiéres plufieurs corps de troupes, chargées d'observer toutes les démarches du Khan.

Kam-mo.

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Ce Prince avoit époufé Y-tching, fille d'Yam-kiai & L'an 621 veuve des deux Khans précédens. Elle avoit auprès d'elle Tam-chou. fon frere Chen- kim qui avoit embraffé le parti des Lie-tai-kiTurcs. Dans le même-tems un fameux rebelle nommé Vang-chi-tchong qui tenoit encore dans Lo- yang contre les Tam, venoit d'envoyer des ambaffadeurs vers le Grand Khan pour lui demander du fecours. Chen-kim, Prince de la famille des Soui fe joignit à eux, & preffa le Khan de fe déclarer contre la nouvelle famille impériale. Il lui rappella tout ce que les Soui avoient fait anciennement pour les Turcs; il lui repréfenta qu'autrefois Kimin-khan s'étant fauvé chez les Soui, il en avoit reçu les fecours, avec lefquels il étoit parvenu à recouvrer le trône de Tartarie, & que fi fes defcendans en jouiffoient ils n'en devoient être redevables qu'aux Empereurs de cette famille qu'en conféquence & pour reconnoître les fervices des Soui, les Turcs devoient remettre fur le trône de la Chine Tching-tao Prince de cette famille, & en chaffer l'ufurpateur. Le Grand Khan ayant écouté ce confeil, parut disposé à le suivre.

La Chine encore remplie de troubles s'efforçoit de l'arrêter en le comblant de préfens; mais plus on lui en faifoit, moins il paroiffoit fatisfait il ne ceffoit de deman

Kie-li-khan

L'an 6:2.
Kam-mo.

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der avec beaucoup de hauteur, & laiffoit fes fujets faire Après J. C. des courfes dans l'Empire. Cependant les Khitans peuples qui lui étoient foumis, redouterent moins que les autres fa puiffance, & envoyerent des ambaffadeurs à la Cour de la Chine. Le Khan qui ne s'étoit pas encore déclaré ouvertement y en envoya de fon côté fous prétexte de paix, quoiqu'intérieurement il ne fongeât qu'à chercher l'occafion Tam chou. de nuire aux Chinois. Il retenoit auprès de lui plufieurs Lie-tai-ki- ambaffadeurs qu'ils lui avoient envoyé, l'un parce qu'il le foupçonnoit d'avoir empoifonné Tchou-lo-khan dans le tems que ce Khan étoit venu ravager les environs de Pim-tcheou; l'autre parce qu'il n'avoit pas voulu faire à Kie-li-khan les foumiffions qu'il exigeoit de lui. L'Empereur de la Chine fe crut en droit de traiter de la même façon les ambaffadeurs Turcs, & les fit arrêter prifonniers. Alors le Grand Khan vint ravager les environs de Taitcheou; il y eut quelques combats, après lefquels l'Empereur lui envoya de nouveaux préfens, & confentit à faire alliance avec lui: on renvoya de part & d'autre lesambaffadeurs. Tout fembloit annoncer une paix solide entre les deux nations, lorfqu'un rebelle Chinois nommé Lieou-he-ta établi à Kouan-ping-fou dans le Pet-che-li, & qui venoit d'être battu par Chi-min général des armées Chinoises, fe fauva chez les Turcs & amena ces peuples, toujours avides de butin, dans le Chan-tong où ils pillerent les environs de Tim-tcheou: ils étoient au nom, bre de dix mille hommes; il eft vrai que les Chinois avoient occafionné en partie cette infraction aux traités. Ta-gneng un des ambassadeurs Chinois retenus_ autrefois en Tartarie, repréfenta à l'Empereur que les Turcs accablés par une longue difette ne pouvoient réfifter lontems aux nombreuses armées des Chinois, & qu'il feroit facile de leur enlever Ma-ye. On le chargea avec un of-ficier de la conduite de cette entreprise; mais Ta-gneng n'ayant pas été joint affez à tems par toutes les troupes Chinoifes, n'ofa trop s'avancer & fut obligé de camper à Sin-tching où il fe vit bien - tôt affiégé par le Grand Khan & Lieou-he-ta. Les Chinois perdirent beaucoup de

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L'an. 622.

monde pendant que les Turcs fe répandirent en plufieurs endroits, & furtout dans le Chantong avec une armée Après J. C. de cent cinquante mille hommes. Le Grand Khan entra Kic-li-khan enfuite dans le Chanfy, & vint piller les environs de Pingtcheou, de Fuen-tcheou, de Yuen- tcheou & de Limtcheou. Le Prince héritier nommé Kien-tching & Chimin roi de Tcin, reçurent ordre d'aller à fa rencontre. On ne fçavoit quel parti prendre à ce fujet dans le confeil de la Chine. La paix avec les Turcs n'étoit pas plus avantageufe que la guerre, & elle n'étoit ordinairement qu'une fuite de la foibleffe de ces peuples, auffi ne subsistoitelle que pendant le tems qui leur étoit néceffaire pour reparer leurs forces, fans aucun égard pour les traités. Ces refléxions firent refoudre les Chinois de faire un dernier effort pour les battre. Leurs armées s'avancerent contre ces Turcs & leur tuerent cinq mille hommes, pendant que plufieurs autres Généraux, fortis par différens endroits, les avoient battus par détachemens. C'eft à quoi fe réduifit toute cette grande expédition, & on eut recours aux négociations où Les Chinois montroient toujours plus de fermeté & de courage que dans les combats. L'Ambaffadeur que l'Empereur envoya au Khan, lui reprocha fa perfidie & fon inconftance, & lui fit envifager que quand même il fe rendroit maître de la Chine, il ne pourroit y habiter, que tous les brigandages que fes fujets y exerçoient ne lui produifoient rien, & qu'il lui feroit toujours plus avantageux de demeurer dans fon. pays', où s'appliquant à la pratique de la vertu, il recevroit des préfens confidérables de la part de l'Empereur. Le Grand Khan reprit alors le chemin de Les Etats. Mais malgré tous ces difcours qui fembloient n'être dictés que par la vertu, la perfidie & l'inconftance ne regnoient pas moins à la Chine que dans la Tar

tarie..

.

L'an 623.

Kam-mu.
Tam-chou.

Il y avoit alors beaucoup de mécontens dans la ville de Ma-ye qui appartenoit aux Turcs. L'Empereur de la Chine qui avoit grande envie de fe rendre maître de cet te place importante, ferma les yeux fur les traités, & fit su. propofer à Kiun-tchang de la lui remettre ; celui-ci le

Lie tai bi

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