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Après J. C.
L'an 623.

refufa; mais un Officier nommé Kao-muon-tching, qui étoit für du peuple, furprit pendant la nuit la garnifon Kieli-khan Turque la paffa au fil de l'épée, & remit la ville aux Chinois. Kiun-tchang, qui avoit eu le tems de se retirer dans le Turkeftan où il avoir raffemblé des troupes, vint faire des courfes dans les environs de cette place, il fe donna plufieurs combats entre les deux nations, les Turcs fe répandirent dans les territoires de Tim-tcheou de Kuam-tcheou, d'Yuen-tcheou & de Tço-tcheou. Les deux Généraux Chinois Kien -tching & Chi-min fe pofterent en différens endroits pour les arrêter. On envoya en même-tems Li-kao - tcien au secours de Ma - ye que les Turcs affiegeoient avec une nombreuse armée. Li-kaotcien n'eut pas le courage de s'en approcher; mais Kaomuon- tching faifoit des forties avec les troupes, & battoit prefque toujours les Turcs: on compte qu'il les défit dix fois dans une feule journée.

L'an 614.
Kam-mo.
Tam-chou.

Cependant le Grand Khan, malgré ces hoftilités avoit fait demander en mariage une Princeffe Chinoife, & l'Empereur lui avoit répondu qu'il fe décideroit quand il auroit abandonné Ma-ye. Kie-li-khan vouloit le faire ; mais la Princeffe Y-tching fon époufe le follicita fi vivement, qu'elle l'engagea à continuer le fiége On manquoit de tout dans cette ville, & il n'y avoit aucune apparence de fecours. Kao-muon-tching qui vouloit fe rendre, fut tué par un officier de la garnifon. Le Khan demanda une feconde fois à faire alliance avec l'Empereur, mais comme il ne pouvoit l'efpérer fans lever le fiége de Ma-ye, il décampa dans le tems qu'il étoit fur le point de s'en rendre le

maître.

Les hoftilités ne laifferent cependant pas de continuer, les Turcs firent une nouvelle irruption, & vinrent attaLie-tai ki quer Yuen-tcheou & Tço-tcheou; ils entrerent enfuite dans le pays de Tai, où ils ne remporterent aucun avantage; ils fe difperferent en plufieurs endroits, & tomberent particulierement fur Ping-tcheou au nord-oueft de Si-ganfou. Ce fut à cette occafion que l'on propofa à l'Empe reur de détruire cette capitale dont les richeffes étoient

ce qui engageoit le plus les Turcs à faire des incurfions Après J. C.. de ce côté; on fuppofoit, que quand elle n'exifteroit plus, L'an 624. ils cefferoient de défoler l'Empire, & l'Empereur étoit prêt Kic-li-khan de fuivre un avis fi ridicule. Chi-min s'y oppofa, & offrit de marcher contre les Turcs. Ces peuples étoient alors dans les environs d'Yuen-tcheou, de Tço-tcheou & de quelques autres places où ils faifoient de grands ravages. Tou-li-khan venoit de joindre le Grand Khan avec toutes fes troupes, & ils s'avançoient de concert de plus en plus vers le midi. Du côté des Chinois, tous les détroits des montagnes qui étoient remplis d'eau à caufe des pluyes continuelles qui étoient furvenues, ne permettoient pas que l'on put tranfporter des vivres dont on manquoit à Farmée, ce qui caufoit de violentes inquiétudes à la Cour. Chi-min vint camper à Yeou-tcheou. Le Grand Khan qui étoit pofté dans les environs avec dix mille cavaliers fe détachoit continuellement avec quelques troupes legeres pour infulter les Chinois & les défier au combat. Le Général Yuen-ki qui accompagnoit Chi-min fon frere, n'ofoit faire aucune fortie; mais Chi-min que le nombre des ennemis n'effrayoit point, fe mit à la tête d'une centaine de cavaliers, s'approcha du Grand Khan & lui dit : à voix haute, » la famille Impériale ne doit rien aux » Turcs. Pourquoi venez- vous ainfi à main armée dans l'Empire. Je fuis le Roi de Tçin, je viens pour me battre feul avec vous & décider quel fera le vainqueur; » nous éviterons par-là de répandre tant de fang inno» cent. » Le Grand Khan ne répondit rien à ce défit. Chimin tournant enfuite fon cheval vers Tou-li-khan, lui dit: ,, autrefois nous avions juré entre nous une éternelle amitié, "nous devions nous défendre réciproquement; que devien » nent vos ferments, puifqu'aujourd'hui je vous vois en ar» mes dans l'Empire, voulez par un combat fingulier faire décider la victoire ? Les deux Khan n'oferent s'expofer vis-à-vis de Chi-min; mais la demande de ce Prince fervit à mettre la divifion entre l'un & l'autre. Le Grand Khan conçut quelque ombrage de la converfation que le Général Chinois venoit d'avoir avec Tou-li. Il craignit

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Après J.C. qu'il n'y 'eut été queftion d'autre chofe que du défit, & Kic-li khan que ce Khan ne méditât contre lui quelque revolte. Comme il avoit alors peu de troupes à lui; il fit dire à Chimin qu'il étoit réfolu de faire la paix & de retirer fes armées. On en étoit à ce point, lorsqu'il furvint de grandes pluyes que Chi-min crut propres à favorifer le deffein qu'il avoit d'attaquer les Turcs, dont les arcs devenus trop lâches par l'humidité ne pouvoient leur être utiles dans une action, il venoit d'ailleurs de gagner Tou-li-khan, de forte que quand l'armée Chinoife s'avança, celui - cí refufa de combattre, & le Grand Khan qui ne pouvoit l'obliger à marcher, fe vit forcé de capituler. On lui accorda la paix, & Tou-li fe lia plus étroitement qu'aupa ravant avec Chi-min.

L'an 625.

Les guerres continuelles dont les provinces feptentrionaLie-sa-ki- les de la Chine avoient toujours été le théâtre, les avoient Tam-chou rendues prefque defertes, le labourage y étoit entierement Kam-mo. négligé faute de bœufs; c'eft ce qui obligea l'Empereur à

fu.

gar,

écouter plus favorablement les propofitions que lui fai-
foient les Turcs au fujet du commerce avec les Chinois
il le leur accorda de même qu'aux Tou-ko -hoen autres
Tartares qui habitoient à l'occident du Chenfi & cela pro-
duifit dans les provinces du nord une grande quantité de
beftiaux fort utiles pour la culture des terres. Mais ce
commerce fut bien-tôt rompu de la part des Turcs. Les
fréquentes irruptions qu'ils faifoient avoient contraint
Empereur Kao-tfou de mettre fur les frontieres des
nífons, ce Prince en étoit fatigué; jufqu'alors les troubles
dont l'Empire avoit été agité intérieurement avoient obli-
gé Kao-tfou d'ufer de beaucoup de menagemens envers les
Turcs, & d'écrire au Grand Khan comme à fon égal, ce
qui n'étoit pas ordinaire aux Chinois. Irrité de ce qu'ils
recommençoient à ravager l'Empire, malgré tous les trai-
tés qu'ils avoient faits; il déclara à fes officiers que puif
les Turcs oublioient ainfi leurs fermens & toutes les
que
graces qu'ils avoient reçues de la Chine, à préfent que la
paix regnoit dans fon Empire, il étoit réfolu de marcher
en perfonne contre eux, qu'il ne vouloit plus écrire com-

me

Kie-li-khan

me autrefois au Grand Khan, mais lui parler en maître, & lui faire fçavoir fes ordres. En effet ces peuples étoient Après J. C. venus faire le dégât dans les environs de Ling-tcheou & de Tço-tcheou, où ils avoient défait les troupes Chinoifes & battu le Général nommé Tchang-kin qui ne s'étoit sauvé qu'avec peine. Ils avoient fait prifonnier un autre Général, & l'avoient rélégué en Tartarie pour n'avoir pas voulu rendre au Grand Khan un compte éxact de la fituation de la Chine. Ils continuoient de ravager non-feulement le Chenfi, mais ils étoient encore entrés dans le Chanfi & dans le Petcheli, où ils effuyerent quelques échecs de la part du Général Tao-tçong qui les obligea de fe retirer après avoir demandé la paix.

Lie-tai-ki

fu.

Comme elle n'avoit été faite de la part des Turcs que L'an 626; à la rompre par néceffité, le Grand Khan ne tarda pas à l'occafion des divifions qui furvinrent dans la famille Tam-chou impériale de la Chine. Les fervices que Chi-min fils de Kam-mo. l'Empereur avoit rendus à l'Empire, fes belles actions & les grandes victoires qu'il avoit remportées fur les Turcs & fur ceux qui s'étoient oppofés à l'établissement de fon pere Kao-tfu, avoient excité la jaloufie du Prince héritier, nommé Kien - tching, & de Yuen-kie autre fils de l'Empereur, dont nous avons déja parlé. L'Empereur luimême n'en avoit pas été exempt; mais le befoin qu'il avoit de Chi-min l'avoit empêché d'en venir aux voyes de fait. Les deux freres eurent moins de ménagemens, & leur haine ne put être plus long-tems cachée. Ils firent donner à Chi-min du poifon qui ne produifit point l'effet qu'ils en attendoient; ils eurent enfuite recours à d'autres moyens dont Chi-min fçut fe garantir. Ce Prince fit connoître fon innocence à l'Empereur fon pere, lui fit voir que Kien-tching & Yuen-kie avoient des intrigues avec les femmes de fon palais, & des liaisons avec les rebelles. L'Empereur voulut tout pacifier en faisant venir en fa préfence les trois Princes fes enfants. Chacun d'eux refolu de faire du palais impérial un champ de bataille fe tint fur fes gardes & fit armer fes partifans. Chi-min en entrant rencontra fon frere Kien-tching, & le tua d'une Tome I. Hhh

,

Après J. C.

L'an 616. Kie-likhan,

Tam-chou,

su.

Kam-mo.

féche, Yuen-kie eut le même fort, & l'on porta leur têtes aux pieds du pere qui ignoroit tout ce qui venoit de fe paffer. Après que ce Prince eut reconnu que fes deux fils s'étoient rendus coupables, il embraffa Chi-min, & peu de tems après il abdiqua l'Empire en sa faveur.

Le Grand Khan qui crut pouvoir tirer avantage de ces Lie-tai-ki- troubles, entra dans la Chine & ravagea les environs d'Yuen-tcheou, de Lim-tcheou & de Leam-tcheou dans le Chenfy. Le général Li-tcing battit à Lim-tcheou les Turcs qui fe retirerent,en pillant Si-hoei-tcheou & Outching; là après avoir été défaits une feconde fois, ils demanderent la paix; mais ce n'étoit que pour faire leur retraite avec plus de fureté, & raffembler de nouvelles troupes. En effet, on les vit bien-tôt reparoître au nombre de cent mille hommes. Un rebelle nommé Leam-futou, qui avoit été abandonné par ceux de fon parti, s'étoit retiré dans le Turkeftan & avoit engagé le Grand KhanKie-li & Tou-li-khan à faire cette irruption dans la Chine les deux Khans y entrerent par Kim-tcheou, & s'avancerent jufqu'aux portes du Si-gan-fou, au nord de la riviere Goei qui paffe au pied des murailles de cette Capitale. De-là ils envoyerent un officier vers l'Empereur Tai-tçong, c'eft ainsi que l'on appelloit Chi-min, avec le titre d'ambaffadeur; mais dans le fond pour examiner les forces de l'Empire. L'officier Turc vanta beaucoup celles des deux Khan, & dit à l'Empereur qu'ils étoient venus à la tête d'un million d'hommes. Tai-tçung irrité de ce difcours répondit au Turc,,, j'ai fait la paix avec les Khans tes maîtres, j'ai contracté avec eux des alliances, je les ai comblés de préfens, & aujourd'hui ils fe réuniffent pour venir ravager mes Etats. De quelle honte ne fe couvrent-ils pas? car enfin, quoique vous foyez des barbares, vous êtes des hommes qui devez avoir quelques sentimens de reconnoiffance. Pourquoi donc oublier tant de bienfaits? Toi qui viens me vanter la force de tes maî,, tres, tu mérites aujourd'hui de périr. Le Turc effrayé demanda la vie, & tous les Miniftres représenterent à l'Empereur qu'il falloit le renvoyer; mais Tai-tçong trop irri

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