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L'an 6 6.

khan.

té, le fit mettre aux fers & enfuite avec quelques officiers généraux s'approchant du bord de la riviere qui fé- Apiès J. C. paroit les deux armées, il reprocha aux Turcs leur per- Kie-lifidie. Tous les principaux officiers Turcs faifis de refpect & d'épouvante à la vûe de l'Empereur, mirent pied à terre & le faluerent avec beaucoup de foumiffion. Les armées étoient alors rangées en bataille: l'Empereur ordonna qu'elles fe tinffent toujours en ordre un peu au loin, & pouffa fon cheval vers Kie-li-khan qui avoit fait reculer fes troupes. Un officier nommé Siao-yu l'arrêta, & fe jetta à fes pieds pour lui repréfenter le danger auquel il s'expofoit.,, J'ai refléchi fur la démarche que „, je fais, lui dit l'Empereur. Si les Turcs viennent rava,, ger mon Empire, c'eft qu'ils le croyent rempli de troubles, & qu'ils penfent que je fuis hors d'état de leur réfifter. En me renfermant dans Si-gan-fou, c'est leur faire connoître que je les rédoute, ils fe répandront alors dans ,, mes Provinces où ils commettront de grands défordres. Il est donc à propos que je forte feul, que je me préfente à ces peuples, afin qu'ils fachent que je les méprise, & ,, que s'ils veulent aller plus loin il faut qu'ils livrent bataille à une armée formidable rangée fous les murailles de cette ville. Ils ne s'attendoient certainement à pas une si forte résistance en entrant si avant dans mes États; il néceffaire de répandre parmi eux la terreur, afin s'ils en viennent aux mains ils foient vaincus. C'eft le feul moyen de rendre la paix plus durable & de les contenir. En effet, le jour même, le Grand Khan demanda la paix, & elle fut fignée le lendemain, après avoir facrifié un cheval blanc fur le pont. Alors les Turcs fe retirerent ils offrirent trois mille chevaux & dix mille moutons que l'Empereur ne voulut point accepter, il se contenta d'exiger qu'ils rendiffent tous les prifonniers qu'ils avoient faits, & il envoya des grands préfens aux Turcs.

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que

Siao-yu ne put s'empêcher de marquer fon étonnement fur toute cette conduite de l'Empereur. Il ne pouvoit comprendre pourquoi ce Prince n'avoit pas voulu atta

Après J. C.

L'an 626.

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quer les Turcs dans le tems que tous les généraux le lui confeilloient, ni comment ils s'étoient retirés fi prompKic-li-klan tement;,, c'eft, lui répondit l'Empereur, parceque les armées „Turques font nombreuses; mais fans ordre ni difcipline & ,, que leurs chefs ne fongent qu'au pillage. Dans le tems ,, que tous ces officiers m'ont falué avec tant de respect, m'étoit facile de les inviter à un feftin, de les y eny,, vrer & enfuite de les faire lier tous. D'ailleurs j'avois ,, ordonné à deux de mes généraux de fe mettre en embufcade afin de tomber fur eux pendant leur retraite ; mais ma famille eft à peine établie fur le trône : l'Empi,, re a befoin de la paix. En livrant bataille aux Turcs, ,, avant que de les vaincre, ils auroient tué beaucoup de monde. Si crainte ils avoient cultivé la vertu, j'aupar rois retrouvé en eux des ennemis plus rédoutables. Au,,jourd'hui fans faire ufage des armes, je les ai vaincus à ,, force de préfens ; cela ne fervira qu'à les rendre plus orgueilleux & plus fiers. Cet orgueil eft une marque affurée de leur ruine prochaine : j'ai fuivi la maxime qui ,, nous apprend que ce que l'on veut avoir, ille faut donner.

L'an 627.

Tam chou.

Lie-tai ki

fu.

Kam-mo.

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Tout ce que l'Empereur de la Chine avoit prévû ne manqua pas d'arriver, & quoique l'Empire Turc n'ait pas laiffé de fubfifter encore pendant plufieurs regnes, cependant il fut prefque détruit fous celui de Kie-li-khan. Ce Prince n'avoit pû gagner le cœur de fes fujets. Les Hordes appellées Sie-yen-to, Hoei-ké, Pa-ye-kou & autres s'étoient revoltées contre lui: les Sie-yen-to en particulier étoient une des plus puiffantes Hordes des TieThien le, nation defcendue des Huns. Anciennement & pendant que Mou-yum-tçiun regnoit fur les Tcien-yen petite Dynaftie qui s'étoit établie dans le nord de la Chine,un Tanjou des Huns nommé Ho-lai-teou vint avec 35000 fujets habiter dans un lieu appellé To. Ces Huns demeuroient avec les Hordes nommées Sie, de-là leur eft venu le nom de Sie-yento. Ils furent long tems foumis aux Geou-gen, enfuite ils pafferent fous la domination des Turcs ; ils étoient partagés en deux bandes principales, l'une qui habitoit à l'Orient de

tum-kao.

Après J. C.

la montagne You-tou-kiun-chan, étoit foumife aux Turcs orientaux; l'autre qui demeuroit à la montagne Tan-han- L'an 627. chan située au nord d'Igour, dépendoit des Turcs occiden- Kie-li-khan aux. Sous le regne de Tum-che-hou Grand Khan de ces Turcs, ils s'étoient révoltés, & leur chef nommé Y-nan, dont le nom de famille étoit Y-li-tou, avec foixante & dix mille familles, étoit venu fe foumettre à Kie - li - khan. Toutes les autres Hordes des Tie-le au nombre de quinze, dont les Hoei-ke étoient la principale, habitoient au nord du grand défert, & les Hoei-ke en particulier dont on parlera plus amplement dans la fuite, demeuroient vers le Selinga au nord des Sie-yen-to.

Le Grand Khan envoya Tou-li-khan à la tête d'une grande armée contre ces Hordes. Tou-li fut battu & comme fi la victoire eût dépendu de lui, le Grand Khan à fon retour le fit mettre dans les fers. Les troubles continuerent & plusieurs rébelles Chinois qui s'étoient retirés dans le Turkeftan, abandonnerent le parti des Turcs & firent leur paix avec l'Empereur de la Chine. Il y eut dans le même tems des neiges fi confidérables, que la plus grande partie des chevaux & des beftiaux moururent, la mifere faifoit périr les hommes, & le Grand Khan étoit dans des allarmes continuelles que les Chinois ne profitaffent de ces circonftances pour entrer dans le Turkeftan; c'est ce qui l'obligea de faire camper des troupes du côté de Tço-tcheou dans le pays d'Ortous, fous prétexte de faire une grande chaffe ; mais plûtôt pour obferver toutes les démarches des Chinois. Ilne connoiffoit. pas la générofité du Monarque qui gouvernoit cet Empire Tout le Confeil de la Chine étoit d'avis que l'Empereur envoyât de grandes armées dans le Turkeftan, où l'on garantiffoit en quelque façon la victoire. Tai - tçung répondit à ceux qui le portoient à entreprendre cette guerre, fi les particuliers ne doivent pas manquer à leur parole; combien à plus forte raifon les Princes doivent-ils être jaloux de la garder: aller contre les traités que l'on a faits, c'eft être parjure: tirer avantage du malheur d'au,,trui, c'eft être inhumain : & attaquer ceux qui ne font

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,,

Après J C.

Kie-likhan.

L'an 628.
Lie-tai-ki-

tum-pou. Kam-mo.

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point en état de fe défendre, c'eft manquer de courage. L'Empire Turc eft plein de guerres civiles, la famine se fait fentir parmi ces peuples, je ne dois point les atta,, quer: attendons qu'ils deviennent criminels à mon égard, ,, & qu'ils me manquent de foi, alors j'irai les combattre.

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Cependant Tou-li-khan étoit forti de prifon; mécontent d'un traitement fi injufte, il se révolta contre le Grand Su. Tam-chou. Khan. Il demeuroit au nord d'Yeou-tcheou ou de PeVan-fim- kim, & tous les Tartares de l'Orient lui étoient foumis. Il demanda la protection de l'Empereur auquel il étoit attaché depuis long-tems; mais Tai-tçong qui étoit également lié par des traités avec le Grand Khan ne voulut avoir aucune part dans cette guerre, & fe contenta d'envoyer quelques troupes fur les frontiéres pour observer les Turcs. Il ne voulut pas même faire réparer la grande muraille. Il répondit feulement à ceux qui le lui confeilloient,,, les glaces de l'hyver ont paru pendant cinq jours au milieu de l'été dans la Tartarie; on a vû en » même-tems trois lunes; une grande famine a défolé ce » pays. Les Turcs voyent ces malheurs fans fonger à cul» tiver la vertu, & fans redouter le Ciel. Le Grand Khan change continuellement de demeure; tous fes troupeaux périffent; il ne fuit plus les anciennes coutumes de fon pays; autrefois on y brûloit les morts, aujourd'hui on les y enterre & on éleve des tombeaux; le Grand Khan oublie les loix de fes ancêtres & il méprise » leurs mânes; il eft en guerre contre Tou-li-khan, & la difcorde regne dans fa famille; tout cela annonce la » ruine de fon Empire, dans ce cas eft-il befoin de tant » de monde pour s'en rendre maître ? Eft-il néceffaire de » fortifier les frontiéres ? Anciennement les mœurs des » Turcs étoient fimples, le Grand Khan a fuivi les confeils d'un Chinois, lui a donné toute fa confiance, & fe répofe fur lui du foin du gouvernement. Il a éloigné les Princes de fa famille pour donner toutes les charges aux étrangers qui fe rendent odieux par leur fourberie, leur cupidité & leur inconftance. Pendant » la famine il a doublé les impôts, il a fatigué ses trou

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pes par des guerres fréquentes: voilà l'origine de tou»tes les révoltes & la perte de cet Empire.

Après J. C.
L'an 628.

khan.

En effet, la plupart de toutes les familles Turques qui s'é- Kie litoient révoltées contre Kie-li-khan fe foumirent aux Sieyen-to, & donnerent à Y-nan le titre de Khan. L'Empereur de la Chine mécontent du Grand Khan le reconnut auffi & lui conféra le titre de Tchin-tchou-pi-kia - khan, en lui envoyant en même-tems un tambour & un drapeau de queuë de vache; c'étoit lui donner l'inveftiture de la Tartarie. Y-nan reçut le tout avec beaucoup de joye, & envoya fon tribut à l'Empereur. Il mit fa Cour à la montagne You-tou-kiun-chan proche la riviere d'Orgon, à fix mille li au nord de la Cour de la Chine. Du côté de l'Orient fes Etats s'étendoient le long de l'Amour jusque chez les Mo-ko ou le pays des Mantcheous, du côté de l'Occident jufqu'aux frontiéres des Turcs occidentaux au fud tout le long du défert, & au nord jufqu'à la riviere Kiu-lun. Les Tartares Hoei-ke, Pa-ye-kou, O-tie, Tum-lo, Pou-kou, Sie lui étoient foumis : alors les Kitans que Kie-li-khan avoit toujours empêché d'être en rélation avec la Chine y envoyerent des ambaffadeurs, les Mo-ko fitués vers l'Amour, & les Hoei-ke firent de même. L'Empereur de la Chine fit préfent au Khan des Sie-yen-to d'une épée & d'un fouet: la premiére pour punir ceux qui feroient coupables de quelque grand crime, & le fecond pour châtier des fautes plus legeres.

L'an 729.

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Kam-mo.

Ce Prince avoit mis fur pied une armée pour aller con- Lie-tai-kitre Kie - li - khan; il venoit de recevoir avec beaucoup fu. d'honneur l'Envoyé d'Y - nan qui demandoit une Prin- Tam-chou ceffe Chinoife, & vouloit être regardé comme tributaire de l'Empire; d'un autre côté, il avoit refufé de donner audiance à celui du Grand Khan, & Tou-li-khan étoit venu dans le même tems à Si-gan-fou lui rendre hommage; les troupes Chinoifes avoient porté la terreur bien avant dans la Tartarie. Le Général Li-tcing s'étoit approché de Ma-ye à la tête d'une nombreuse armée le Grand Khan avoit pris la fuite, neuf Sfe-kin ou chefs de Hordes: avec tous leurs fujets s'étoient rendus. Les Pa-ye-kou,

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