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L'an 619.

les Tum-lo, les Sie, les Ki, & plufieurs autres Tartares Après J. C. orientaux s'étoient foumis. Li-tcing étoit parvenu jufqu'à Kje-li-khan Tim-fiang près de Tai-tong-fou dans le Chanfi; plusieurs autres Généraux l'avoient suivi par différentes routes, & formoient une armée qui montoit à plus de cent mille hommes, dont Lit-cing avoit le commandement général. Tao-tçong qui commandoit un détachement de dix mille hommes avoit rencontré les Turcs à Ling-tcheou, les avoit battus & leur avoit enlevé dix mille prifonniers. C'est à cette occasion que Tou-li-khan, & une autre Prince Turc étoient venus fe rendre à l'Empereur. Tai-tçong informé de tant de fuccès les regarda comme un effet de la protection du ciel, & en témoigna publiquement fa joie. En effet ces fuccès étoient d'autant plus avantageux aux Chinois que depuis le tems que la Dynastie des Tam avoit commencé à monter fur le thrône, les affaires avoient été tellement embrouillées, & les troubles fi confidérables que l'Empereur Kao-tfou fon pere avoit été obligé de payer un tribut aux Turcs, & de rendre fon Empire vaffal de celui du Grand Khan. Tao-tçong avoit fupporté avec peine cette efpéce de fervitude, & n'avoit ceffé de chercher l'occafion de secouer un joug auffi honteux. Les victoires que fes Généreux remporterent dans cette expédition l'en délivrerent.

L'an 630.
Lie-tai-ki-

Su.

Tam-chou.

Le Généraliffime Li-tcing qui s'avançoit toujours vers les Turcs, fe détacha de la grande armée, & alla furKam-mo. prendre pendant la nuit Kie-li-khan qui fe fauva fort en défordre. Kam-fou-mi & plufieurs autres Généraux Turcs vinrent fe rendre aux Chinois avec Siao-heou ancienne Impératrice des Soui, & fon fils Yam-tching-tao: ils s'étoient retirés depuis la deftruction des Soui dans le Turkestan. Le fort d'Yam-tching-tao qui portoit le titre d'Empereur des Soui, & qui avoit eu des liaisons fecrettes avec quelques Chinois devint fort incertain; un officier de l'Empereur vouloit qu'on lui fit fon procès, & qu'on punit fes complices; mais Tai-tçung répondit au placet qu'on lui préfenta à ce fujet, que lorfque fa famille étoit montée fur le thrône, les Soui le poffédant alors, il devoit fe trouver beaucoup d'officiers attachés à leur parti,

que

Après J. C.

que leurs inclinations étant fixées à cet égard, ils fuivoient aujourd'hui le parti qu'ils avoient embraffé ; L'an 6;0. qu'au lieu de les punir, il étoit plus à propos de ne pas Kie liapprofondir cette affaire. Cette modération fit rentrer fous khan. la domination des Tam tous les mécontens.

Tam-chou

A l'égard du Grand Khan, quoiqu'il eut été battu, il Lie-tai-kiavoit encore un très-grand nombre de foldats avec lef- u. quels il s'étoit retiré dans une montagne du nord, où n'ofant Kam-me. plus fe préfenter devant les troupes Chinoifes, il prit le parti d'envoyer un officier nommé Tchi-che-fie-lie à la Cour de l'Empereur, demandant à fe foumettre, & se déclarant vaffal de l'Empire. Mais comme on se défioit à la Chine de fa bonne-foi, le Général Li-tcing ne laissa pas de prendre toutes fes précautions pour l'attaquer une feconde fois. L'Empereur venoit d'envoyer en Tartarie un Officier pour confoler le Grand Khan de fes malheurs. Kie-li-khan ne fe tenoit point fur fes gardes; Li - tcing raffembla fes troupes, & tomba brufquement fur les Turcs dont il tua plus de dix mille, & fit cent mille prifonniers. Le Khan fe fauva à toute bride vers les Hordes de Chapo-lo dans le deffein de gagner de-là le pays des Touko-hoen vers le Tibet; mais les troupes Chinoises l'arretant chez Cha-po-lo, il fut conduit à Si-gan-fou. Chapo-lo lui-même avec tous fes fujets fut obligé de fe rendre; tout le pays au midi du defert fut abandonné le Sfe-kin-fie-kie fe foumit aux Chinois avec quarante mille hommes. Tou-li-khan vint à la Cour, fut fait Capitaine des Gardes de l'Empereur avec le titre de Roi de Pe-pim, & reçut des vivres pour lui & fes fujets. Un frere de Tou-li, qui s'étoit fauvé dans le pays d'Igour, vint auffi à la Chine. Cha-po-lo, autrement Afena-fou-ni-che qui avoit toujours accompagné le Grand Khan, & qui fut fait prifonnier avec lui, eut le titre de Hoai-te-vam avec une charge de Capitaine des Gardes, & Afena - fie - mo de la famille de Kie-li-khan, avec quelques titres, fut placé dans le pays d'Ortous. C'eft ainfi que l'on diftribua tous ces Turcs au nord de la grande muraille, depuis la province de Petcheli jufques à Ling - tcheou dans le Tome I.

Iii

L'an 630. Kie-likhan.

Chenfi. Le pays de Tou-li-khan fut divifé en quatre Après J.C. territoires; celui de Kie-li en fix; on y établit des officiers Chinois qui étoient chargés d'obferver les Turcs; on tranfporta environ dix mille familles de cette nation près de Si-gan-fou. Tous ces peuples donnerent à l'Empereur de la Chine le titre de Tien - khan, c'est - à - dire Khan célefte. Les autres Turcs qui ne fe foumirent pas aux Chinois fe retirerent, les uns chez les Sie-yen-to, les autres chez les Turcs occidentaux.

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Lorfque le Grand Khan fut arrivé à Si-gan-fou, l'Empereur Tai-tçong le conduifit au temple de fes ancêtres en préfence d'une foule de peuple, & après l'avoir offert il lui dit, » j'ai à reprocher aux Turcs ces crimes. » 1o. Vos ancêtres dépouillés de leurs Etats, font venus » chercher un afyle chez les Empereurs, de la Dynaftie » de Soui, & cette famille a été détruite dans la suite » fans que vous ayez pris fa défenfe. 2°. Malgré les traités que j'ai faits avec vous, vous n'avez jamais ceffé de » ravager les frontieres de mon Empire. 3°. Fier de votre puiffance, & trop rempli de confiance dans vos armées » nombreuses, vous n'avez point arrêté la difcorde qui se gliffoit parmi les Princes de votre famille, & vous vous » êtes fait hair de vos fujets. 4°. Vous avez ruiné les provinces feptentrionales de mon Empire. 5o. Vous m'avez » amufé en me propofant des alliances que vous n'aviez pas deffein d'accepter. Toutes ces chofes méritent la mort, » & je pourrois vous la donner, fi je n'avois encore égard » aux ferments que nous avons faits autrefois ensemble. Je vous pardonne & vous rends toute votre famille.Tai-tçong l'envoya enfuite dans un palais, où il lui fit donner tout ce qu'il pouvoit defirer. C'eft ainfi que l'Empire Turc fut en quelque façon détruit par les Chinois. Les peuples de Hami, qui avoient été foumis au Grand Khan, se rendirent à Tai-tçong; les Coréens le féliciterent fur fes conL'an 631. quêtes, & particulierement fur la deftruction des Turcs ; Lie-tai-ki- les Tungoufes ou Che - goei, qui demeuroient au nord de l'Amour, lui envoyerent auffi des préfens & fe foumirent. Ce Prince fit en même-tems revenir de la Tartarie

Su.

Tam-chou.

Kam mo.

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Après J. C.

environ quatre-vingt mille Chinois qui avoient été faits prifonniers dans les guerres précédentes & donna en Kie-liéchange des étoffes de foye & de l'argent.

khan.

Cependant le Grand Khan, accoutumé à vivre fous des L'an 632 tentes dans fes deferts, s'ennuyoit dans un palais; il faifoit dreffer ses pavillons dans une cour, & y demeuroit, plongé dans un chagrin inexprimable, déplorant fans cesse fes malheurs. L'Empereur touché de compaffion, voulut lui donner un pays montagneux & propre à la chaffe, le Khan le refufa. Alors Tai-tçong lui fit préfent de quelques autres terres avec des titres d'honneurs, mais bien humilians pour un Grand Khan de Tartarie. En effet ces titres fe réduifoient à être Généraliffime des Gardes Impériales; ils étoient en même-tems accompagnés de reproches continuels fur l'ingratitude des Turcs envers les Chinois; on lui rapelloit dans la mémoire que quoique Ki- min-khan eut été redevable de fon Empire à Ven-ti Empereur des Soui, cependant Yam-ti, fils & fucceffeur de Ven - ti, n'avoit pas laiffé d'être attaqué par Chi-pi-khan, fucceffeur de Ki-min, & on attribuoit la ruine de l'Empire des Turcs aux vices de fes Souverains.

Lie-tai ki

Depuis la défaite des Turcs, les Sie-yen-to s'étoient L'an 633. avancés du côté de l'orient, où ils s'étoient emparés de Ги. tous ces vaftes pays qui étoient reftés deferts, & ils s'étoient Ven hienétablis au nord du fleuve Toula à trois mille li de la tum-ka. capitale de la Chine. C'étoit là qu'étoit le principal campement de leur Khan Tchin-tchou & fa domination s'étendoit du côté de l'occident jufqu'aux monts Altai ou à la riviere d'Irstisch. Devenu puiffant dans ces pays, il rechercha la protection de la Chine, & y envoya des ambaffadeurs; il avoit remporté auparavant de grandes victoires fur les Turcs occidentaux.

Su.

Quelque tems après le Grand Khan Kie-li mourut à L'an 6340 Si-gan-fou l'Empereur l'honora du titre de Kuei-y-vam, Lie-tai-ki& ordonna à ses sujets d'observer à fes funérailles toutes Tam-chou. les cérémonies qui fe pratiquoient dans leur pays. On brûla fon corps, & fes cendres furent enterrées hors de Sigan-fou. Il laiffoit un fils nommé Tie-lo-tchi qui s'étoit

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Après J. C.
L'an 634.

L'an 6.6.

Ju.
Kam-me.

fait eftimer des Chinois par fes rares qualités. Dans le tems que Kie - li - khan arriva à Si-gan-fou, l'Empereur avoit fait diftribuer à toutes fes femmes, ce qui leur étoit néceffaire pour leur entretien & leur nourriture: la mere de Tie-lo-tchi qui ne s'y étoit rendue qu'après les autres, n'étoit pas comprise dans cette diftribution, & fon fils lui abandonnoit tout ce qui lui revenoit. L'Empereur ent fut informé, & dit: » le ciel en infpirant aux hommes la charité & la piété filiale, n'a pas diftingué le Chinois d'avec le barbare; touché de l'action de Tie-lo-tchi ; il lui fit de grands préfens, & eut foin de fa mere comme des autres femmes.

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A l'égard de Tou-li-khan il étoit mort l'an 630 dépouillé du titre de Khan, quoiqu'il eût été ami des Chinois; l'Empereur lui avoit donné en place, quelques vains titres d'honneur qui n'étoient accompagnés d'aucune autorité, , parce qu'on appréhendoit toujours qu'il ne fuivit l'exemple de fes ancêtres, qui avoient payé de la plus noire ingratitude tous les fervices qu'ils avoient reçus de la Chine. On l'avoit placé de maniere qu'il fervoit de barriere aux peuples du nord; mais on n'avoit aucun deffein de le rétablir, parce qu'on regardoit la deftruction de l'Empire Turc comme la fource du bonheur de la Chine. Ho-lo-kou, fils de Tou-li lui fucceda dans le gouvernement de fes fujets.

Il reftoit encore dans la Tartarie un fils de Tchou-loLie-tai-ki khan nommé Afena-che-ulh qui avoit fous lui un grand nombre de Turcs: il avoit éprouvé plufieurs revers en cherchant à s'établir dans quelque canton du Turkestan; autrefois avec le fils de Kie-li-khan nommé Jo-ko-che, il avoit gouverné pendant un tems les Hordes des Tiele. Enfuite,lorfque les Sie-yen-to fe revolterent, ces deux Princes avoient été battus. Afena-che-ulh avoit paffé du côté de l'occident, où, à la faveur des troubles qui regnoient parmi les Turcs, il s'étoit emparé d'une grande étendue du pays, & avoit pris le titre de Ta-pou-khan; après quoi il étoit venu attaquer de nouveau les Sie-yentho à la tête de cent mille hommes. Il fut battu, enfui

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