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te le Khan des Turcs occidentaux lui enlevatous fes fujets, & il fut obligé de se sauver chez les Igours, où ne fe croyant pas en fureté à caufe des Turcs occidentaux, il prit enfin le parti de venir fe rendre aux Chinois. Parlà il ne refta plus dans le Turkeftan oriental aucun Prince en état de rétablir cet Empire: l'Empereur de la Chine lui donna quelques charges, le retint à Si-gan-fou & envoya fes fujets camper au nord de Ling-tcheou dans le Chenfy.

Après J. C.

Lie-sai

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Cependant le Khan des Sie-yen-to nommé Tchin-tchou- L'an 637khan devenoit très-puiffant & commençoit à fe rendre i-ai kiw redoutable du côté de la Chine; l'Empereur craignoit de Kam-mør le voir un jour entrer dans fes Etats comme les Turcs avoient fait. Ce Khan avoit deux fils qui gouvernoient l'un les Hordes du midi, & l'autre celles du nord. Taitçung crut devoir donner à chacun le titre de Khan avec le tambour & l'étendart, en apparence pour les honorer, mais dans le fond, pour mettre parmi eux la difcorde & divifer leurs forces.

L'an 639%

Ju.

La multitude de Turcs qui étoient répandus dans l'Empire où plufieurs occupoient de grandes charges, ne pou- Kam-mo. voit avoir que des fuites très-funeftes, à caufe du caractère Lie-tai-ki entreprenant de ce peuple qui étoit au défefpoirde fe voir Tam-chou. réduit dans l'esclavage après avoir fait trenibler la Chine & poffedé toute la Tartarie. Les Princes de la famille du Grand Khan devoient naturellement fonger à rétablir leur ancienne domination & tenter toutes les voyes qui pouvoient les y conduire. C'eft ce qu'entreprit Kie-chechoai frere de Tou-li-khan qui étoit alors Capitaine des gardes; il s'affocia fecretement quarante Turcs avec lef quels il forma le projet d'enlever Ho-lo-kou, fils de Tou pour le conduire en Tartarie. On ne pouvoit le faire qu'en forçant le lieu où l'Empereur étoit, & il falloit arrêter ce Prince ou le tuer dans le tems qu'il fortoit, comme il avoit coutume de faire pendant la nuit. Par hazard ce jour-là le mauvais tems empêcha Tai-tçung de fortir: les conjurés, dans la crainte que leur complot ne fit découvert, s'ils en remettoient l'exécution à un autre jour,

li

tomberent pendant la nuit fur la garde qui environnoit Après J C. L'an 639. l'appartement de l'Empereur. On fe défendit de part & d'autre avec beaucoup de courage; mais les Turcs furent repouffés & obligés de fe fauver : ils gagnerent les écuries où ils fe faifirent des chevaux & prirent la fuite; on les poursuivit, & Kie-che-choai ayant été arrêté, eut la tête coupée. L'Empereur fit grace à Ho-lo-kou & fe contenta de l'exiler dans les Provinces méridionales.

Se-li-pithan.

Cette révolte fut caufe que la plupart des Ministres représenterent à l'Empereur qu'il falloit éloigner au plûtôt tous les Turcs qui étoient da S le pays d'Ortous. En conféquence l'Empereur donna à Afena-fe-mo le titre de Y-mi-ni-chou-fe-li-pi-kan avec le tambour & le drapeau, & le renvoya avec toutes fes Hordes dans fon ancien pays de Tartarie. Pour l'attacher d'avantage aux Chinois il lui donna pour nom de famille celui de Li que portoient les Tam, c'étoit l'adopter & le regarder comme un Prince de fa famille. Mais les Turcs qui crainoient les Sie-yen-to maîtres alors de la Tartarie ne vouloient pas quitter la Chine. L'Empereur d'un autre côté qui ne cherchoit qu'à s'en défaire écrivit cette lettre auKhan des Sie-yen-to.» Les Chinois refpectent la juftice & ne détruisent point de propos délibéré les Empires; en puniffant Kie-li-khan & en me rendant maître de fes Etats, » ce n'eft point l'avarice qui m'a conduit, ni l'envie d'occuper la Tartarie qui y a fait aller mes armées. J'ai placé les Turcs dans mes Provinces, comme ils s'y font multipliés, & que leurs troupeaux font nombreux, j'ai pris la ré» folution de mettre un Khan à leur tête & de les renvoyer Den Tartarie, vous Sie-yen-to, vous habiterez dans le nord, pendant que les Turcs feront au midi, confervez vos >>Etats & ne vous faites point la guerre : quiconque n'exécu» tera point mes ordres fera puni. Se-li-pi-khan, après avoir été traité dans un grand feftin & avoir affuré de sa soumiffion l'Empereur, fe mit en marche avec fes fujets pour la Tartarie; il alla établir fon principal campement au Nord du fleuve Hoam, où il créa un Vice-roi d'orient & un Vice-roi d'occident. On compte dix ans depuis la destruction

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כן

de l'Empire Turc fous Kie-li-khan jusqu'à son rétablisse

ment.

Après J. C.
L'an 639-

Lie-tai-ki

Su.

Tchin - tchou Empereur des Sie - yen - to, apprenant se-li-pil'arrivée des Turcs, repaffa au nord du défert où il raffem- khan. bla fes troupes pour les attendre; mais lorsqu'il eut reçu les lettres de l'Empereur par lefquelles il étoit défendu aux deux nations de fe faire la guerre, il fe foumit à ces ordres ; il représenta feulement aux ambassadeurs Chinois que les Turcs n'étoient pas dignes de la protection que l'Empereur leur accordoit,que pour tous les Chinois qu'ils avoient tués autrefois ils méritoient de refter dans l'ef clavage, & qu'on ne pouvoit avoir confiance en eux; il demanda qu'il lui fût permis de les attaquer en cas qu'ils se revoltaffent, & de fournir des troupes à l'Empereur pour l'expédition que ce Prince alloit entreprendre contre les Igours ces peuples étoient venus ravager les frontié- L'an 640. res de la Chine.

Les grandes conquêtes que les Chinois avoient faites dans le Turkeftan, les avoient fait connoître jufques dans le fond de la Siberie, & les peuples qui avoient été foumis aux Turcs, après la deftruction de cet Empire avoient envoyé leur tribut à l'Empereur : on en vit venir cette année de plus loin; c'est-à-dire du fond du Kamchatka nommé Lieou-kuei. Ce pays eft environné de mers Ven-biende trois côtés, les peuples demeurent le long de la côte tum-ka. & dans des ifles voifines, dans des trous profonds qu'ils couvrent de bois. Ils font une efpece de toile avec du poil de chien. Pendant l'hyver ils s'habillent avec des peaux de cochons & de rennes, & pendant l'été avec celles de quelques poiffons. Les brouillards & les neiges qui font en abondance dans ce pays le rendent très-froid. Les habitans falent le poiffon pour le conferver; leurs armes font de grands arcs & des fléches armées d'os ou de pierre.

Lie-tai-ki

Se-mo, autrement Se-li-pi-khan, avoit fait paffer à fes L'an 647. Hordes le fleuve Hoam-ho; il avoit établi fa Cour dans Tam-chou. l'ancienne ville de Tim-fiam où il commandoit environ Su. à trente mille familles, & pouvoit mettre fur pied qua

Кат-то.

Après J. C.
L'an 641.

khan.

rante mille hommes. Le Khan des Sie-yen-to informé que les Chinois étoient allés faire une grande expédition dans Se-li-pi- la Corée, & que toutes les frontieres feptentrionales de la Chine étoient entierement abandonnées, saisit cette occafion pour venir attaquer ces Turcs, & envoyer dans leur pays fon fils Ta-tou-che à la tête de deux cens mille hommes. Se-li-pi-khan qui ne pouvoit tenir devant une armée fi nombreufe, repafla avec tous fes fujets la grande muraille de la Chine, & vint fe mettre à couvert fous Tço-tcheou, d'où il envoya un Exprès à l'Empereur pour lui apprendre l'irruption des Sie-yen-to, & le danger dont les provinces feptentrionales de la Chine étoient menacées. L'EmpereurTai-tçung nomma plufieurs Généraux pour aller par différentes routes au fecours des Turcs. Cette invafion avoit caufé tant d'allarme, que perfonne ne vouloit fe charger de conduire les troupes, & il fallut que l'Empereur réïterât fes ordres, donnât un détail de la marche des barba, res,&dit publiquement qu'il avoit enjoint à Se-li-pi-khan de brûler tous les vivres. Alors Li-chi-tche prit le commandement de l'armée, joignit les Sie-yen-to à la riviere No-tchin, leur tua trois mille hommes, & leur fit cinquante mille prifonniers. Ta-tou-che ne fe fauva qu'avec peine. Le refte périt dans les neiges qui étoient en grande quantité, ou par le froid qui étoit très violent. Après cette expédition le Général Chinois ramena fes troupes à Tim-fiang, & le Khan des Sie-yen-to envoya demander pardon à l'Empereur, lui offrant quelques chevaux, dans le deffein d'obtenir une Princeffe Chinoife. On la lui refufa; mais ce Khan ayant envoyé de nouveaux préfens, L'an 642, l'Empereur confidera qu'étant extrêment puiffant dans la Tartarie, on ne pouvoit garantir la Chine de fes incurfions qu'avec de nombreufes armées ou en faisant alliance avec lui. De l'avis de fes Miniftres, il préféra ce dernier parti, l'autre étant toujours incertain & nuifible aux peuples. En conféquence il promit de donner au Khan la Princeffe Sin-hing.

L'an 643.
Кат-то.

Cette alliance déplut à quelques chefs des Hordes des Lie-tai-ki Tie-le qui étoient dans la Chine, & ils chercherent à la

rompre.

khan.

Lie-tai-ki Su.

rompre. On follicita l'Empereur, qui quoiqu'attaché à sa Après J. C parole, confentit à tout, pourvû qu'il ne parut pas avoir L'an 643. manqué. On lui propofa d'inviter le Khan des Sie-yen-to Se-li-pide fe rendre à la Cour pour y célébrer fon mariage, Kam-mo. parce qu'on penfoit que ce Khan ne le feroit pas, & que fon refus deviendroit un fujet de rupture. Mais il arriva Ven-bienle contraire, Tchin-tchou-khan, malgré ses Miniftres, fe tum-kao. mit en marche avec tous fes préfens de nôces. En traverfant le defert il perdit la plus grande partie de tout ce qu'il a avoit amené ; on fe fervit alors, pour rompre avec lui, du prétexte que fes préfens n'étoient pas complets. Cette conduite qui ne répond point à tout ce que nous avons vû de Tai-tçung fut blâmée par quelques Miniftres comme elle méritoit de l'être; l'Empereur répondit que fi autrefois les Han avoient été obligés de donner en mariage des Princesses Chinoifes aux Huns, c'eft qu'ils étoient trop foibles; qu'aujourd'hui les Chinois ayant la fupériorité sur les peuples du nord, ils ne devoient pas fe deshonorer par cette complaifance; que le feul moyen de les contenir étoit de réfifter aux Sie-yen-to; que fi on leur donnoit une Princesse, c'étoit les rendre plus rédoutables dans la Tartarie, & les mettre en état de nuire aux Chinois. L'intérêt de l'état que l'on devoit prévoir d'abord fervit d'excuse comme on le voit, & le Khan fut dupe de fa bonne foi & de l'eftime qu'il avoit conçue pour l'Empereur. Dans la Tartarie il fut moins confidéré, plufieurs de fes Hordes fe révolterent, & les Sie-yen-to commencerent à perdre de leur puiffance. Ce Khan ne laiffa pas L'an 644. d'envoyer l'année fuivante des ambaffadeurs à l'Empe- Lie-tai ki reur pour lui demander la permiffion de conduire un ". corps de troupes dans la Corée où Tai-tçong fe préparoit à faire la guerre; mais fon véritable deffein étoit de pénétrer les intentions de ce Prince. On en fut instruit & on répondit avec beaucoup de hauteur que toutes les armées Chinoises entreroient en Tartarie; fi pendant l'expédition de Corée, il ofoit entrerdans la Chine. Cette réponse l'intimida tellement qu'il envoya un fecond ambafTome I.

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