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Après J.C.

Kam-mo.

.I

ment d'une nouvelle armée qui étoit de trois cens mille hommes à Poei-hing-kien. Les Turcs enlevoient la plû- Ni-cho-fou part des convois, & l'armée Chinoife ne pouvoit fubfi- khan. fter pendant long-tems. Elle étoit alors dans le pays d'Ortous le général Poei-hing-kien fit mettre dans trois cens chariots de braves foldats qui étoient cachés de maniere que ces chariots ne paroiffoient être remplis que de muni tions. Les Turcs fe laifferent furprendre par ce ftratagême, on les battit, les Chinois reçurent les fecours dont ils avoient befoin & furent en état de les repouffer. Les Turcs furent entiérement vaincus à la montagne He-chan ou montagne noire, à quatre cens cinquante li au nordqueft de Ta-tum-fou. Le Khan fut tué par fes propres fujets qui apporterent fa tête aux Chinois & fe foumirent. Les Turcs ne laifferent pas de continuer à faire de courfes dans la Chine. Afena-fou-nien & Afete-vent-chuen avoient réuni pour cet effet leurs troupes. Poei-hing Lan 681 kien marcha de nouveau contre eux, il détacha du gros Lie-ni-k de l'armée un de fes officiers qui paffa la grande muraille S. & rencontra Fou-nien, mais il fut vaincu. Fou-nien avoit laiffé toute fa famille & fes bagages à la montagne Kin-ya-chan. Poei-hing-kien y envoya quelques troupes qui s'en faifirent, enfuite les deux chefs furent faits prifonniers on leur promit de ne les point faire mourir, mais ils ne furent pas plutôt arrivés à Si-gan-fou qu'on leur fit trancher la tête dans la place publique, exemple fevére, qui loin d'appaifer les troubles, ne fervit Lie-tai-kiqu'à ranimer les Turcs. Alena-kou-to-lo qui prit le titre de Khan defcendoit de Kie - li-khan; Afete-yuen-tchin & Kou-to-lolui raffemblerent les peuples difperfés & fe rendirent maî- khan. tres de la ville d'He-cha-tching, d'où ils vinrent faire le ravage dans le diftrict de Ping-tcheou: quoiqu'ils euffent été défaits par Sie-gin-kuei, ils rentrerent l'année fuivan- L'an 683. te du côté de Tim-tcheou, de Hoei-tcheou & d'autres f places du Chanfi. On envoya au fecours plufieurs géné- Kam-moraux qui ne remporterent aucun avantage. Les Turcs prirent le gouverneur de Kuei-hoa-tching ou Kou-kou-hotun, alors nommée Fung-cheou & ne cefferent de ravay

L'an 682.
Kam-me.

Tam-chou.

Lie-tai-ki

khan.

Après J. C. ger le nord de la Chine, fans craindre les armées ChiKou-to-lo- noifes que l'on envoyoit contre eux. L'Empereur vouloir que l'on détruifit la ville de Kuei-hoa-tching, & il l'eût fait fi on ne lui eût représenté que c'étoit mettre tout le pays des environs à découvert, & expofer les villes de LingL'an 684. tcheou, de Hia-tcheou & les autres à être prifes par les Turcs. Kou-to-lo n'abandonna point le nord de la Chine, au printems fuivant il y reparut & fe difperfa dans les environs de Hia-tcheou ou de Ning-hia qu'il ravagea, De-là il vint vers Tai-tcheou, où il fe battit avec le géL'an 685. néral Tchou-pim. Pendant plufieurs années, les Turcs ne cefferent de faire des courfes dans le pays d'Ortous & les autres pays du nord;mais ils furent prefque toujours repouffés, & dans une derniere déroute les Chinois accompaL'an 686. gnés des Tartares Mo-ko, les pourfuivirent l'efpace de quarante li, & les obligerent à repaffer au nord du défert. Malgré les avantages que les Chinois remportoient, L'an 687. ils avoient beaucoup à fouffrir de toutes ces incurfions que les Turcs recommençoient tous les ans, & il y avoit lieu d'appréhender que ces peuples ne redevinffent auffi puiffans qu'ils l'avoient été anciennement. L'Impératrice Vou-heou regente & maîtreffe abfolue de l'Empire crut qu'en envoyant le général Hoai-y à la tête de deux cens mille hommes on parviendroit à les réduire. Celui-ci étoit un Bonze favori de la Princeffe: ce choix ne plut point aux Chinois, & on ne voit point quelles en furent les fuites. Il paroit que les Turcs avoient fait également de grandes incurfions dans l'intérieur du Turkeftan & dans Les pays poffedés par les Turcs occidentaux qui s'en trouverent fi incommodés qu'ils demanderent aux Chinois d'être placés dans quelqu'une de leurs Provinces.

L'an 690.

L'an 693.
Lie-tai-ki-

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que

C'eft après avoir ainfi fatigué pendant fi long-tems la Chine Kou-to-lo Grand Khan des Turcs mourut, Kam-mo. laiffant fon Empire dans un état floriffant à fon frere Metchou qui vint auffitôt faire des courfes vers Ling-tcheou. Me-tchou- La puiffance que ce nouveau Khan acqueroit de plus en plus & les conquêtes qu'il faifoit en Tartarie furent caufe fans doute que les Che-goei ou Tongoufes au nord

khan.

de

Après J. C.
Me-tcho-

khan.

de l'Amour se revolterent contre les Chinois. Ennuyé cependant de faire la guerre dans le midi, où malgré fes fuccès il recevoit de tems en tems quelques échecs, il envoya des ambaffadeurs pour demander la paix, & fe foumettre à l'Empire. L'Impératrice Vou - heou y confentit & lui donna le titre de Khan; mais la revolte des Kitans qui arriva dans cet intervale, & qui donnoit de Poccupation aux Chinois, l'engagea à reprendrelles armes, dans l'efpérance que pendant ces troubles on ne pourroit envoyer contre lui des troupes. Il entra du côté de Leamtcheou dans le Chenfy, & fit prifonnier le Général Chinois: il redemanda enfuite toutes les familles Turques L'an 656) qui étoient difperfées dans l'Empire, offrant, fi on les lui remettoit de marcher contre les Kitans. Le traité fut conclu, & dès lors Me-tcho traverfa le grand défert de fable, tomba fur les Kitans, & enleva les familles de leurs principaux chefs. En reconnoiffance de ce fervice, l'Impératrice lui donna le titre de Kie-pi-li-chi-ta Tanjou, & y joignit celui de Khan. On lui avoit promis une L'an 697: Princeffe Chinoife en mariage, mais les ambaffadeurs Lie-tai-kiChinois qui avoient été envoyés en Tartarie auprès de lui, ne lui ayant pas donné toute la fatisfaction qu'il exigeoit, il pouffa plus loin fes prétentions: outre tous les Turcs difperfés dans le pays d'Ortous & les Provinces voifines, il exigea qu'on lui remît le pays de Kuei-hoatching avec quantité d'étoffes, des vivres des inftrumens de fer pour le labourage, & il retint les ambaffadeurs. Plufieurs Miniftres étoient d'avis à Si-gan-fou qu'on accordât fes demandes ; d'autres propofoient d'armer. Le parti de ceux qui étoient pour la paix l'emporta on envoya au Grand Khan tous les Turcs qui étoient dans la Chine, avec quarante mille mefures de grain, des vivres en abondance, trois mille iuftrumens pour le labourage & une grande quantité de fer. On lui promit de plus une Princeffe de la Chine, & ce n'eft qu'à ces conditions qu'il relâcha les ambaffadeurs. Devenu plus puiffant qu'il ne l'avoit encore été, & en conféquence du traité qui venoit d'être conclu, il tourna fes armes du côté des KiTome I. LII

Su.

khan.

tans. Ces peuples qui continuoient toujours de faire la Après J. C. Me-cho- guerre aux Chinois avoient laiffé vers Lieou - tching au nord de Pe-king tous leurs bagages avec les femmes & les enfants, pendant que les meilleures troupes marchoient vers Yen-tcheou. Il profita de leur éloignement, fe jetta fur le lieu de leur retraite, & le prit après un fiège de trois jours les Kitans furent auffi battus par les Chinois, & la plupart fe foumirent aux Turcs, d'autres fe rendirent à la Chine.

L'an 698.

Su.

Kam-mo.

:

Nous avons dit que l'Empire Chinois étoit alors entre Lie-tai-ki- les mains de l'Impératrice Vou-heou, qui après avoir dépofé l'Empereur Tchong-tçong fon fils & l'avoir envoyé en exile, s'étoit rendue maîtreffe du Gouvernement. Elle prétendoit faire paffer la Couronne fur la tête d'un Prince de fa propre famille, & en dépouiller celle des Tam; elle crut l'alliance & le fecours des Turcs néceffaires à fon projet. C'est dans cette vûe qu'elle envoya fon neveu Vou-yen-fieou, fur lequel elle avoit jetté les yeux, en Tartarie vers le Grand Khan avec de riches préfens de toute espéce. Elle avoit accordé au Khan tout ce qu'il avoit demandé, & elle espéroit qu'il la feconderoit dans cette importante affaire; mais elle ne fut pas longtems fans être défabufée. Vou-yen-fieou qui demandoit une fille du Khan en mariage fut auffi-tôt arrêté, & Metcho-khan, avec les termes les plus injurieux pour la famille de l'Impératrice, dit qu'il ne vouloit donner fa fille qu'au Prince de la Dynaftie des Tam, dont les Turcs avoient reçu tant de bienfaits; qu'il étoit inftruit que que l'Impératrice avoit détruit toute cette famille, à la reserve de deux Princes qui reftoient, & que la reconnoiffance l'obligoit à voler à leur fecours avec toutes fes troupes pour empêcher qu'on ne leur enlevât l'Empire. Cette réponse, accompagnée d'une lettre dans laquelle le Khan refusoit de donner fa fille à un autre qu'à un Prince de la famille des Tam, fut caufe que l'Impératrice fit revenir l'Empereur fon fils à la Cour. Ce changement de Vouheou en faveur de l'Empereur n'empêcha pas que le Khan n'exécutât les menaces qu'il avoit faites. Il entra avec

Me-tcho

fon armée dans la province de Peking, & ravagea les districts de Goei-tcheou & de Tan-tcheou, aujourd'hui Mi- Après J. C yun-hien. Toutes les villes fituées au nord du Hoam fu- khan. rent en allarmes ; il pilla Ting-tcheou, affiégea Tchaotcheou, fit environ dix mille prifonniers fans le butin & ne fe retira que quand il vit approcher les troupes Chinoifes, mais pour le faire avec plus de fûreté, il fit maffacrer tous les prifonniers.

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Lie-tai-ki

L'Empire des Turcs s'étoit tellement rétabli qu'il avoit alors environ dix mille li d'étendue; tous les barbares du nord-ouest lui étoient foumis, & le Khan pouvoit mettre L'an 699. fur pied quatre cens mille hommes ; ce qui le rendoit am- Lie-tai-kibitieux & plein de mépris pour les Chinois. Il donna le Kam-mo. Gouvernement d'orient à fon frère Tou- fie - fou, celui d'occident à Me-kiu fils de Ko-to-lo, l'un & l'autre avec chacun vingt mille hommes de troupes. Son fils Foukiu qui portoit le titre de petit Khan, commandoit aux deux précédens, & avoit fous lui quarante mille hommes. Fou-kiu étoit appellé To-fi-khan. Il ne ceffoit de ra- L'an 701. les frontieres de la Chine, & décampoit aux apvager proches des armées que l'Empereur envoyoit pour le repouffer. C'eft ainsi qu'il ravagea lui-même ou qu'il envoya L'an 702. fes Généraux ravager le pays d'Ortous & toutes les fron- Su. tieres du Chenfi & du Chanfi, d'où il remporta un butin Kam-mo. immense. Il fe jetta auffi fur les pays plus occidentaux, Tam-chou. & vint prendre la fortereffe de Mim-cha, fitué vers Kua- L'an 706. tcheou. Il y battit les troupes Chinoises, & de-là il vint ravager les villes d'Yuen-tcheou & de Goei-tcheou dans le Chenfi, où il enleva dix mille chevaux fans qu'on put à la Chine arrêter toutes ces incurfions. On crut cepen- L'an dant qu'en faifant reparer les trois fortereffes au nord du Kam-mo. pays d'Ortous appellées Cheou-kiang-tching, l'une fituée à l'eft; la feconde au milieu, vers la ville de Piljotai-hotun, si ce n'est elle-même, & la troifiéme à l'oueft, les Turcs oferoient moins s'approcher du midi. Le Grand Khan venoit de tourner les armes contre les Turcs Tou-ki-chi qui demeuroient dans l'occident. On profita de fon éloignement pour reprendre tout le pays d'Ortous, & faire reconftruire

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