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ces places qui répondoient l'une à l'autre par des fignaux, Me-tcho- & on y mit de fortes garnisons.

Après J. C:

khan.

L'an 711.
Kam-mo.

Su.

Tam-chou.

Le Grand Khan de retour de fon expédition d'occident demanda en mariage une Princeffe de la Chine. L'EmpeLie-tai-ki- reur la lui promit, & on donna à cette Princeffe le titre de Princeffe de Kin-chan ou des Monts Altai. L'Ambaffadeur Chinois chargé de faire le traité vanta beaucoup cette alliance au Grand Khan, & l'affura que les Tchu-mi & les Kienkuen peuple de la Syberie qui demeuroit à l'ouest de la province d'Yrkutskoi vers l'Obi, ne feroient pas plûtôt informés de cette alliance qu'ils viendroient fe foumettre à fon Empire. Sur de fi belles promeffes le Khan se déclara vaffal de l'Empereur de la Chine, & envoya fon fils Yam-gno-tchi à Si-gan-fou. Mais cette paix eut le même fort que toutes celles qui avoient été faites précédemment, c'eft à-dire qu'elle fut rompue à la premiere occafion.

L'an 712:

Kam-mo.

Lie-tai-ki

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Les Tartares Hi ou Ki voisins des Kitans, mais du côté Lie tai ki de l'occident, venoient de fe révolter, ils avoient battu les fu. armées Chinoifes, & avoient fait prifonniers les Généraux qu'ils envoyerent aux Turcs. Le Grand Khan fans aucun fujet légitime les fit mourir, & la Chine trop ocL'an 711 cupée d'ailleurs ne put alors en tirer vangeance. On fe contenta de ne point donner à ce Prince, la Princeffe qu'on lui avoit promife, malgré les inftances réïtérées qu'il fit. L'Empire Chinois paffa dans ces circonftances à Hiuentçung, & Yang-ngo-tchi fils du Khan étoit revenu à la Chine pour folliciter ce mariage: l'Empereur voulut bien y confentir; mais il choifit une autre Princeffe qui fut apL'an 714 pellée la Princeffe de Nan-ho-hien. Apparemment que Lie-taki peu fatisfait de tous ces délais, le Grand Khan voulut obliger l'Empereur à lui accorder ce qu'il demandoit depuis long-tems, en envoyant fon fils Tum - gno & Cheho-che-pi affiéger la fortereffe de Pe-ting au nord de Turphan; mais l'armée Turque fut défaité, le fils du Grand Khan fut tué par ordre du Général Chinois, Che-ho-chepi fe rendit, & on lui donna quelques titres fuivant l'ufage. A l'égard du Grand khan, il envoya de nouveau

Kam-mo

Su.

L'an 716.

demander la Princeffe en mariage. Il prit dans les lettres qu'il écrivit à cette occafion le titre de Ko-to lou-khan, L'an715. Après J. C. illuftre Souverain des Turcs, pacificateur du monde, gendre Ne-tchode l'Empereur, &c. Hiuen - tçung promit d'envoyer la khan. Princeffe l'année suivante; mais on ne lui tint pas parole. Ce Prince étoit âgé, & ne s'étoit point fait aimer de fes fujets à caufe de fa cruauté. Plus de dix mille tentes de Turcs étoient venues fe rendre aux Chinois qui les avoient placées dans le pays d'Ortous, & qui en avoient formé, à caufe de leur nombre qui augmentoit tous les jours, un corps d'armée prêt à attaquer le Grand Khan en cas qu'il voulut entrer dans la Chine. Pendant que les chofes fe paffoient ainfi du côté du midi, le Grand Khan étoit occupé dans le nord, près du fleuve Toula, à faire la guerre aux Pa-ye-kou qui étoient une Horde des Hoei-ke. Il avoit remporté de grandes victoires fur ces peuples, & les avoit entierement foumis. Enflé de ces fuccès, il ne prit aucune précaution dans fon retour. Quelques reftes des Pa-ye-kou l'attaquerent dans une forêt par laquelle il paffoit, & le tuerent. Il y avoit alors dans le Turkeftan un Ambaffadeur Chinois. Ils lui envoyerent la tête de ce Prince, & l'Ambaffadeur la fit auffi-tôt partir pour la Chine.Alors les Pa-ye-kou, les Hoeike, les Tum-lo, les Sie, les Pou-kou, qui étoient foumis aux Turcs, & qui demeuroient vers les rivieres de Toula & de Selinga, fe rendirent aux Chinois.

Le Turcs mirent fur le thrône Me-ki-lien qui prit le Pi-kiatitre de Pi-kia-khan. Il donna le Gouvernement d'orient khan. à Kiue-te-le, avec le commandement des troupes. Les Tou-ki-chi, Horde de Turcs, fituée du côté de l'occident, & qui avoit été foumife par le feu Grand Khan, n'eurent pas plutôt appris fa mort qu'ils donnerent le titre de Khan à un de leurs chefs nommé So-lou. La plupart des Turcs fe retirerent en foule auprès de lui; mais la prudence de Pi-kia-khan qui ne fe conduifoit plus que par les confeils d'un officier de fa Cour, nommé Tun-yo-ko, âgé de foixante-dix ans " fort experimenté, & qui avoit la confiance de tous les peuples, arrêta en partie ce défordre

Après J. C. Pi-kiakhan.

Tam-chou.

& lui gagna de nouveaux fujets. Les Turcs qui habitoient dans le d'Ortous où ils avoient été mis par les Chipays nois, informés que Tun-yo-ko avoit l'administration des affaires fe révolterent tous, & vinrent fe rendre à Pi-kiakhan. Ce Prince voulut profiter de cette circonftance pour attaquer les Chinois, mais Tun-yo-ko l'en détourna en lui repréfentant que l'Empereur de la Chine étoit un Prince brave, que les Chinois jouiffoient depuis longtems Kam-mo d'une paix profonde, & que l'abondance regnoit parmi eux; que les Turcs au contraire fatigués par de longues guerres, avoient befoin de repos, que d'ailleurs leurs armées n'étoient compofées que de foldats nouvellement ramaffés. Il détourna auffi le Khan de conftruire une ville & des temples de Fo, dont la Religion étoit très florif fante en Tartarie: les Turcs, lui dit-il, bien moins nombreux que les Chinois, ne leur refiftent que parce qu'ils vivent dans les plaines, occupés de leurs troupeaux ou de la chaffe ou des armes. Lorfqu'ils font les plus forts, ils avancent toujours, lorfqu'ils trouvent de la réfiftance, ils prennent le parti de fe retirer. Si l'on changeoit leurs anciennes coutumes, & fi l'on vouloit conftruire des villes, ils feroient entierement détruits après le premier combat qu'ils auroient perdu. A l'égard des Religion de Che-kią & de Lao-tfe, comme elles n'enseignent aux hommes que la charité & l'humilité, elles font plus propres à amolir le courage des peuples qu'à les rendre braves. Le Khan pénétré de ces raifons qui avoient de tout tems fait la base de la politique des peuples Tartares, & dont ils n'avoient jamais voulu fe départir, fe contenta de faire bâtir près de la riviere Orghon une ville que l'on appella dans la fuite Ho-lin, à préfent Erdeni-tchao, Pendant ce temslà les Ki & les Kitans anciens fujets des Turcs fe foumirent aux Chinois.

L'an 718.

Le Grand Khan toujours conduit par les confeils du Lie-tai-ki- fage Tun-yo-ko, envoya des Ambaffadeurs à la Chine pour demander à faire la paix. Mais fuivant les apparences ce n'étoit pas dans le deffein de la garder, puifque quelque tems après, fes armées entrerent du côté de Leam-tcheou

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L'an 720.

dont

Après J. C.

khan.

dans le Chenfi. D'ailleurs ces fortes de paix n'aboutisfoient qu'à tirer des préfens, & par-là devenoient pour L'an 7:0 ainfi dire, auffi onéreufes aux Chinois que la guerre même. Pi-kiaCe qui avoit engagé les Turcs à faire cette irruption, c'est que plufieurs familles des Tartàres Pou-kou qui demeuroient à Cheou-kiang-tching vers le pays d'Ortous paroiffoient avoir quelque deffein de fe révolter contre les Chinois, de paffer dans le nord & de fe rendre aux Turcs. De plus le Khan avoit fujet d'être mécontent des Chinois qui venoient d'engager les Pa-fi-mi, peuples qui habitoient à Pe-ting, au nord de Turphan, à fe joindre aux Kitans & aux Ki pour leur faire la guerre; les Pa-fi-mi s'étoient déja mis en marche. Le Grand Khan appréhenda beaucoup de la réunion de toutes ces troupes. Tun-yoko le raffura en lui faifant voir que les Pa-fi-mi qui demeuroient au nord de Turphan, ne pourroient jamais réunir leurs forces à celles des Ki & des Kitans ils étoient trop éloignés ; que dailleurs les Pa-fi-mi ne cherchoient que leur propre avantage. Les chofes arriverent comme Tun-yo-ko l'avoit dit; les Pa fi-mi, n'apprenant aucune nouvelle des Kitans ni des autres Tartares, s'en retounerent fur leurs pas. Le Grand Khan vouloit les attaquer, mais Tun-yo-ko lui repréfenta que cela devenoit inutile, parce que ces peuples étant trèséloignés de leur pays, la plus grande partie périroit en chemin, qu'alors n'étant plus en état de fe défendre, on en viendroit plus facilement à bout. Le Khan fuivit ce confeil, & par des chemins détournés alla affiéger Peting au nord d'Igour, de maniere que lorfque les Pa-fimi arriverent, ils trouverent au centre de leur pays l'ennemi qui les battit. De-là Pi-kia-khan fit marcher fes armées vers la Chine, & y entra par Leam-tcheou pour fe vanger des Chinois qui étoient les auteurs de cette guerre & défit leurs armées. Ces conquêtes & la maniere dont elles avoient été conduites firent eftimer Pi-kia-khan de fes fujets & un grand nombre d'autres Turcs qui avoient été les fujets du Khan Me-tcho se soumirent à lui.

Ces fortes d'incurfions n'empêcherent pas que le Grand Khan n'envoyât de nouveaux Ambaffadeurs à la Chine pour

Après J. C.

L'an 721. Pi-kiakhan.

Lie-tai-ki

fu.
Kam-mo.
Tam-chou.

L'an 72 4.

fu.

L'an 725.

que

réïtérer la demande de la Princeffe Chinoife; mais on la lui refufa fous prétexte qu'il fuivoit les traces du feu Khan Me-tcho, qui, malgré les traités faits avec la Chine, n'avoit jamais ceffé de venir ravager fes frontiéres & avoit irrité les Dieux par fa mauvaise foi ; que comme lui, après avoir porté la guerre dans le Chanfi, if demandoit la paix. L'Empereur promit de ne plus fonger à ce qui s'étoit paffé, pourvû le Khan ceffât les hoftilités. Mais on ne donna point la Princeffe, & le Khan perfifta toujours à la faire demander; fes Ambassadeurs étoient fort mal reçus, & on n'avoit plus pour eux les mêmes égards qu'auparavant. Lie-tai-ki- On fe défioit toujours des Turcs, & l'on étoit fur fes Kam-mo. gardes dans le pays d'Ortous où l'on venoit d'envoyer de nouvelles troupes depuis quelque tems. L'Empereur de la Chine fongeoit même à déclarer la guerre à cette Nation. Mais le Miniftre de la guerre l'en détourna en lui représentant que les facrifices qu'il alloit faire à fes ancêtres, fembloient annoncer la paix, & que tous les barbares devoient en jouir. Un autre Miniftre qui étoit d'un avis contraire, rapporta la mauvaise foi des Turcs, leur attachement pour le Khan qui avoit alors des généraux fort expérimentés & des Miniftres encore plus fages ; qu'en conféquence il y avoit à craindre que pendant que l'Empereur feroit occupé à faire la vifite des Provinces orien tales, ces peuples ne profitaffent de ce moment pour venir ravager la Chine. A cela le Miniftre de la pliqua qu'il étoit beaucoup plus avantageux, puifque les Turcs demandoient la paix, de la leur accorder & même de leur envoyer des ambaffadeurs, afin d'engager les chefs de la Nation à affifter aux facrifices que l'Empereur alloit faire. En conféquence l'Empereur envoya une célé bre ambaffade en Tartarie. Le Grand Khan dans un feftin qu'il donna aux Chinois, fe plaignit de ce que l'Empereur avoit accordé des Princeffes au Roi des Tibetans, peuples qu'il difoit être de race de Chiens, aux Hi & aux Kitans qui étoient les Efclaves des Turcs; pendant qu'on avoit refufé la même chofe aux Khans‍ ses prédéceffeurs & à lui-même, L'ambaffadeur Chinois ré

guerre re

pondit

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