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Avant J. C.

joindre. Vam-kuei auteur de toute cette grande expédition attaqua fans beaucoup de fuccès les bagages: on Kiun-tchin. lui fit fon procès, & il fut condamné à perdre la tête ; mais il prévint fon fupplice en fe donnant la mort.

Lie-tai-ki

Ces Hoftilités devoient néceffairement rompre la paix. L'an 129. 'Auffi-tôt, les Huns recommencerent à faire le ravage dans le territoire de Pao-gan-tcheou dans le Petcheli : l'Empereur Vou-ti envoya Goei-tcing & plufieurs autres Généraux pour les repouffer. L'armée de Li-kouam dont on a déja parlé fut battue par les Huns. Dans l'action ce Kam-mo: brave Officier, qui étoit tombé entre leur mains, n'échap- Su-ki. pa qu'avec peine, après avoir contrefait le mort & s'être fu. enfuite faifi d'un cheval avec lequel il rejoignit fes troupes. Suivant les loix de la Chine il méritoit la mort; il fe racheta en donnant une fomme d'argent, & on fe contenta de le dégrader de toutes fes charges & de toutes fes dignités. Goei-tcing enleva quelques Prisonniers, & c'est tout le fruit que l'on tira de cette expé'dition. Comme les Huns ne ceffoient de faire des courses, l'Empereur fit camper le Général Han-gan-koué à Yu-yang dans la Province de Peking avec ordre de refter dans ce pays; mais cette armée ne put empêcher que ces peuples ne continuaffent leurs ravages, & L'an 128, pour en garantir le territoire de Yun-pim-fou, l'Empereur de la Chine fut obligé de pardonner à Li-kouam & de lui confier la garde de cette contrée. Les Huns qui le redoutoient & lui donnoient le nom de Général volant , n'oferent le venir attaquer. Ils tournerent d'abord leurs forces du côté du Leao-tong où ils envoyerent vingt Kam-mo. mille hommes qui y firent deux mille Prifonniers; enfuite marchant dans le Pet-cheli ils vinrent attaquer Yu-yam où ils prirent mille hommes. Ils voulurent affieger le Général Han-gan-koue; mais ils furent repouffés. De-là ils pafferent dans le Chanfy vers Ta-yuenfou & y firent des Prifonniers. Ils effuyerent cependant quelque échec de la part des Goei-tcing & de quelques autres Généraux qui commandoient des troupes dans cette Province, ce qui les obligea d'en fortir.

Sfu-ki.

Kiun-tchin

L'an 127.

Sfu-ki.
Lie-tai-ki.

L'année suivante les Chinois, ayant à leur tête GoeiAvant JC. tcing, fe remirent en campagne; ils battirent les Chefs des Hordes qui commandoient à Nim-hia & dans tout le pays d'Ortous; ils y firent un butin confidérable & les Huns perdirent cette contrée qu'ils poffedoient depuis long-tems; elle fut réduite en Province. Les Chi nois y batirent des Villes pour deffendre les bords du fleuve Hoam-ho, & envoyerent environ cent mille perfonnes pour l'habiter; cette perte fut fuivie de la mort du Tanjou.

Su.

Kam-mo.

L'an 126.

Sfu-ki.

Lie-tai-ki

- Su.

C'eft pendant le regne de ce Prince que les parties occidentales de l'Afie furent plus connues qu'elles ne l'avoient encore été des Huns & des Chinois. Vers l'an cent trente-huit ou cent trente-fept avant J. C. l'Empereur de la Chine avoit appris, par des Prifonniers Huns qui étoient répandus dans fes états, que la Nation des Yue-chi, après avoir été détruite par le Tanjou Lao-cham, avoit fixé fes habitations bien loin de fon ancien pays; que devenue l'ennemie déclarée des Huns, elle étoit alors trèspuiffante dans le Maouarennahar dans la Bactriane & dans le Kaptchaq; que tout nouvellement elle avoit foumis le Ta-hia ou Khorafan & qu'elle s'y étoit établie malgré les efforts des Parthes. Le Monarque Chinois crut qu'en faisant alliance avec cette Nation, elle se réuniroit à lui pour faire la guerre aux Huns; mais le Tanjou qui avoit pénétré fon deffein chercha tous les moyens de le faire échouer. Tcham-kiao que Vou-ti avoit chargé de paffer dans la Bactriane étoit parti accompagné d'environ cent perfonnes, & avoit pris fa route à travers le pays des Huns; il n'y fut pas plutôt entré qu'il fut fait Prifonnier & conduit au Tanjou, qui fe plaignit amerement de ce que les Chinois vouloient faire des Traités avec des Peuples fitués au-delà de fon Empire, & qui étoient fes ennemis. Tcham-kiao refta pendant dix ans chez les Huns: ayant trouvé enfuite le moyen de s'échapper, il gagna en peu de jours le pays de Taouan, fitué au Sud-oueft de celui des Huns vers le Royaume de Fergana, Les habitans de cette contrée lui donne

,

rent

Avant J. C.

rent des guides pour le conduire chez les Yue-chi. Il pénétra avec ceux-ci jufques dans le Khorafan, & refta Kiun-tchin dans les pays occidentaux pendant plufieurs années. Lorfqu'il voulut retourner à la Chine, pour éviter la rencontre des Huns, il prit fa route par le Tibet. Sa précaution fut inutile, il eut encore le malheur de tomber entre leurs mains, il fut conduit au Tanjou & ne put fe rendre dans fon pays qu'après la mort de ce Prince, & à la faveur des troubles qui furvinrent à l'occafion de la fucceffion au Thrône. En effet, après que Kiun-tchin fut mort, fon fils Yu-tan voulut s'emparer de l'Empire; mais le frere du Tanjou le battit & l'obligea de fe fauver à la Cour de la Chine, où l'Empereur lui donna des titres que la mort lui enleva quelque tems après. Alors le fre- Kam-mo. re du Tanjou, qui se vit fans concurrent, prit le titre de Suki. Y-chi-fie-tanjou.

L'an 126.

Y-chi-fie.

Ski.

L'an 125.

Le Tanjou Ychi-fie ne fut pas plutôt affermi fur le Thrône qu'il entra dans la Chine du côté de Ta-tum-fou, tua Kam-mo. l'Officier qui y commandoit, & enleva plufieurs milliers de Prifonniers; il alla faire la même chofe du côté de Ta-yuen-fou dans l'automne de la même année. L'année fuivante fes troupes revinrent à Ta-tum-fou, de-là elles pafferent vers Yen-gan-fou au nombre de trente mille hommes. Le Vice-Roi d'Occident,qui haiffoit les Chinois,étoit entré auffi plusieurs fois dans le pays d'Ortous où il avoit L'an 124 fait de grands ravages, paffant au fil de l'épée tout ce qui fe rencontroit. Pour empêcher que ces Huns ne pénétraffent plus avant, l'Empereur de la Chine mit fur pied une armée de cent mille hommes qu'il partagea entre plufieurs Généraux, dont le principal étoit Goei-tcing. Les troupes Chinoises entrerent dans le pays d'Ortous par différens endroits, s'avancerent à fix ou fept cent li hors des frontieres, furprirent pendant la nuit le Vice-Roi d'Occident qu'ils obligerent de fuir promptement avec ses meilleurs cavaliers. Les Chinois s'emparerent de toute fa famille, & firent quinze mille prifonniers, parmi lesquels il y avoit plufieurs principaux Officiers de la Nation. Les Su-ki. Huns tenterent de fe dédommager de cette perte en enTome I.

G

Avant J.C. voyant dans la même année environ dix mille cavaliers Y-chi-fic. vers Ta-tum-fou qui y firent quelques prifonniers. L'Empereur de la Chine de fon côté fit marcher Goei-tcing

Kam-mo.

å la tête de cent mille hommes ; ce Général fortit par L'an 123 Tim-fiam, c'eft-à-dire, Ta-yuen-fou, rencontra les Huns qu'il battit & leur enleva dix-neuf mille hommes; mais dans une feconde expédition qu'il entreprit quelques mois après avec d'autres Généraux, les Huns eurent leur revanche. Deux Généraux Chinois nommés Kien & Sin venoient de joindre leurs troupes à celles de Goei-tcing; ayant rencontré l'armée du Tanjou, ils en vinrent aux mains, & le combat dura un jour entier. Les Soldats Chinois étoient entierement épuifés ; Sin avec fes troupes fe rendit au Tanjou, & Kien se sauva, laissant ses foldats à la merci des Huns. Ce qu'il y eut de plus fâcheux pour les Chinois, c'est que le Général Sin fe foumit au Tanjou & inftruifit ce Prince de tout ce qui pouvoit feconder les deffeins qu'il avoit contre la Chine. L'année suivante plufieurs Partis des Huns firent des courfes dans le pays de Pao-gan-tcheou, mais après avoir enlevé quelques prifonniers ils fe retirerent.

L'an 1227

Kam-mo. Sfu-ki.

Dans le même tems, les Chinois commencerent à devenir très-puissants au- dehors, & leur puiffance allarma les Huns. Le voyage que Tcham-kiao avoit fait autrefois chez les Yue - chi en étoit la caufe. Cet Officier s'étoit informé de l'état & de la fituation de tous les pays Occidentaux, il avoit éxactement obfervé les moeurs des Peuples, les productions du pays, & il en avoit fait un détail circonftancié à l'Empereur de la Chine. Il avoit parcouru le pays de Ta-ouan, fitué au Sud-oueft de celui des Huns, & à l'Ouest de la Chine, dont il eft éloigné d'environ dix mille li. Il y avoit trouvé du vin de vigne, inconnu alors aux Chinois, mais fur-tout d'excellens chevaux, dont la fueur,fi nous devons en croire les Hiftoriens,étoit de fang,& que par cette raifon l'on regardoit comme des chevaux venus du Ciel;au Nord-eft il avoit vu le pays des Ou-fiun fitué fur les bords de l'Ili ; à l'Orient le Royaume de Yu-tien ou Khoten, d'où plufieurs fleuves fortent pour aller se dé

Avant J.C.

charger,les uns dans la Mer Cafpienne, & les autres dans le Lac Yen-tce ou de Lop, éloigné de Si-gan-fou d'environ Y-chi-fic. cinq mille li;il avoit eu auffi connoiffance des Indes (a) & des Royaumes du Nord. Sur le récit qu'il en fit, l'Empereur de la Chine forma le deffein de foumettre ces pays & d'enlever aux Huns ceux dont ils s'étoient rendus les Maîtres ; c'eft ce que nous verrons dans la fuite de cette Hiftoire.

L'an 121.

Sfu-ki.

Les Chinois,qui jufqu'alors avoient été obligés de défendre leurs frontieres,commencerent à attaquer les Huns dans Kam mo. le centre de la Tartarie même. Le Général Kiu-pim que l'Empereur Vouti avoit envoyé contre eux à la tête de dix mille hommes fortit par le Chenfy, il fe battit avec les Huns pendant fix jours; ayant enfuite traverfé la montagne Yen-chi fituée vers le Midi de Kan-tcheou, il coupa la tête à un grand nombre de prifonnniers & se saisit d'un petit Roi. On remarque que ce Roi avoit coutume de faire des facrifices devant une Statue d'or que quelques-uns ont regardé comme une Statue de Fo, Divinité originaire de l'Inde. Dans l'Eté de la même année Kiu-pim, suivi de plu

(a) Dans la defcription qu'il fit des pays où il avoit pénétré, ou dont il avoit entendu parler; il est fait mention entre autresi°. de celui de Kam-kiu, dont les habitans qui pouvoient mettre fur pied quatre-vingt ou quatre vingt-dix mille Archers, avoient les mêmes mœurs que les Yue-chi; ils demeuroient dans ces vaftes pays du Kaptchaq au Nord - eft de la mer Cafpienne2°. du Yen-tçai fitué au Nord-oucft du Kaptchaq vers le Volga & l'Empire Romain; il y avoit environ dix mille Archers dans ce pays. 3°. Des Gan-fie Nation célébre & policée, fituée au couchant des Yue-chi & proche le Gihon. Dans ce pays on trouvoit d'excellens grains, du vin de vigne, plus de cent villes tant grandes que petites : les Peuples y étoient fort addonnés au commerce & alloient trafiquer chez leurs voifins avec des chariots & des vaiffeaux.Leur monnoye étoit d'argent, elle portoit d'un côté la figure du Roi de Gan-fie. A sa mort ony mettoit celle de fon Succeffeur. Ils écrivoient fur de la peau & d'une maniere

horifontale. Ce pays où l'on reconnoit
les ufages des Grecs eft le Royaume des
Parthes. 4. A l'Occident de Gan-fie, on
trouvoit le Royaume de Tiao-tchi dont la
fituation répond à la Perfe. On dit que ce
pays eft voifin de la mer d'Occident; c'est
fans doute le Golphe Perfique. On y
trouve des grains en abondance & un oi-
feau dont les œufs font três gros. An-
ciennement ces Peuples étoient gouver-
nés
par leurs Princes, mais dans la fuite
les Gan-fié les ont foumis & ont réduit ce
Royaume en Province; c'eft ce que les
Parthes ont fait de la Perfe. 5°. Il est auf-
fi fait mention du Ta hia fitué au midi du
Gihon, & où il y a de grandes Villes
murées Les habitans de ce pays plus
Marchands que Soldats ont été foumis par
les Yue-chi: le Général Chinois y vit des
toiles de l'Inde & autres marchandifes.11 y
apprit que les Indiens qu'il appelle hinto
ou Sind fe fervoient d'Eléphans dans les
combats, & que ce pays eft voifin d'un
grand fleuve, c'eft-à-dire de l'Indus.

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