Imágenes de páginas
PDF
EPUB

moins favorables décidoient de la paix ou de la guerre, Après J. C. & les engagemens avec les Turcs étoient rompus, parce Tchou-loqu'on regardoit ces peuples comme des barbares, vis-à-vis khan. defquels on ne devoit point avoir d'égards pour les ferments. Une nouvelle armée fut donc chargée d'aller vers Hami qui appartenoit alors, fuivant les apparences, aux Tie-le. Ki-min Grand Khan des Turcs orientaux devoit fe joindre aux Chinois, mais quoiqu'il ne fût pas venu au rendez-vous, l'armée ne laiffa pas de traverfer le défert & les habitans de Hami qui en furent informés, ne jugeant pas à propos de fe deffendre, fe rendirent. Les Chinois bâtirent dans ce pays une place où ils laifferent un officier avec quelques troupes.

il

Su.

L'Empereur de la Chine faifoit alors la vifite des Pro- L'an bog vinces occidentales de fes Etats; comme ce Monarque Lie-tai-ki❤ étoit respecté dans tous les pays qui font à l'Occident de Kam-mo. fon Empire,lorfqu'il fut arrivé à la montagne Yen-tchi-chan Ven-bieny reçut les hommages du petit Roi de Hami, nommé tum-kas; Tou-tun-che, de celui d'Igour appellé Kio-pe - ya & de 27 autres Princes qui regnoient dans les environs. Tous apporterent des préfens confidérables. Tchou- lo - khan avoit été invité de s'y rendre & l'Empereur l'attendoit dans la vallée, appellée Ta-teou-po fur les frontiéres du Chenfy: le Khan ne parut point, & l'Empereur irrité ne L'an 611. fongea plus qu'à s'en vanger. L'occasion fe préfenta d'elle-même. Dans ce même tems un chef de Horde nommé Che-kuei fit demander en mariage une Princeffe Chinoife. Poei-kiu plus inftruit que tout autre des affaires de Tartarie & de l'intérêt des Princes qui y regnoient, représenta à l'Empereur la néceffité de confentir à cette alliance, pour punir le Khan. » Tchou-lo, dit-il, qui met » toute fa confiance dans fes foldats, n'a pas daigné venir » rendre hommage à Votre Majefté, aujourd'hui un de fes fujets le fait & demande votre alliance; il la lui faut accorder; c'eft un moyen de mettre la divi fion parmi les Turcs occidentaux, de ruiner leurs forces » & de parvenir dans la fuite à pouvoir les dompter plus facilement. Che-kuei fils de Tou-lo & petit-fils de Ta

D

.I

Après J. C. Tchou-lokhan.

L'an 612.

Lie-tai-ki

[ocr errors]

1

[ocr errors]

>>teou-khan eft foible & foumis à Tchou-lo-khan. En » l'honorant du titre de Grand Khan, Tchou - lo lui déclarera la guerre, & tout le Turkeftan fera en armes. » Ce difcours fit impreffion fur l'efprit de l'Empereur qui accorda à Che-kuei ce qu'il demandoit; mais à condition qu'il fe déclareroit contre Tchou-lo-khan, & qu'il le dépouilleroit de fes Etats. Bientôt on vit ces deux Khans les armes à la main: Tchou-lo fut défait & avec environ mille Cavaliers, il fut obligé de fe fauver en Orient vers le pays d'Igour: : il y trouva fa mere avec Poei-kiu que l'Empereur y avoit envoyée pour l'engager à venir á la Chine. Le Khan qui étoit fans fecours, & chaffsé de fon Kam-mo. Royaume, s'y rendit quelque tems après, & y fut bien reçu. L'Empereur Yam-ti diftribua les Turcs occidentaux qui étoient venus à la Chine, entre trois chefs. Le frere de Tchou-lo-khan nommé Kioue-ta-tou-che avec dix mille hommes, reçut ordre d'aller camper à Hoei-ning dans le territoire de Kong-tchang-fou dans le Chenfi, où il prit le titre de Kioue-khan. Ta-na-i avec d'autres Turcs fe cantonna à Leou-fan: Tchou-lo à la tête de cinq cens Cavaliers accompagna toujours l'Empereur qui lui avoit Hum-kien- donné le titre d'Ho-fu-na-khan. Il suivit l'armée Chinoise dans l'expédition que ce Monarque fit en Corée ; mais Tam-chou. dant les troubles qui agiterent l'Empire, à la deftruction des Soui, il abandonna le fervice de cette famille pour s'attacher au fondateur de la Dynaftie des Tam. C'eft ce Prince qui pour gagner l'amitié du nouvel Empereur Kaotfou, voulut lui offrir une très-belle pierre précieuse. Kaotfou la refufa en lui faifant fentir qu'un Monarque doit être plus jaloux du cœur de fes fujets que de leurs thréfors. Il obtint à cette occafion le titre de Kuei-y-vam. Un L'an 618. frère de Tchou-lo reçut auffi celui de Tou-ou-kouo-pakiue-khan & fervit dans les armées Chinoifes. Mais Tchou-lo-khan qui étoit demeuré à Si - gan - fou y fut facrifié par les Chinois qui eurent la lâcheté de l'abandonner, & de le livrer aux Turcs Orientaux, qui le firent mourir l'an fix cens dix-neuf.

lou.

Kam-mo.

pen

Ceux des anciens fujets de Tchou-lo qui étoient reftés

Lie-tai-ki

dans le Turkeftan, en apprenant que ce Prince s'étoit Après J. C. retiré à la Chine, procédérent à l'élection d'un nouveau Kie-cheKhan, & déférerent l'Empire à Che-kuei, appellé autre- kuei-khan. ment Kie-che-kuei-khan; mais celui-ci ne fut pas plutôt monté fur le Thrône qu'il fut abandonné par les peuples d'Iles Chinois les débaucherent, en donnant en mariage gour, au Roi de ce pays une Princeffe Chinoife; de forte qu'il paroît que ces Igours ne furent plus foumis aux Turcs fu. occidentaux. Cet Empire cependant ne laiffoit pas encore d'être d'une grande étendue : il étoit borné à l'O- Hum-kienrient par les monts Altai, & par les Turcs orientaux, & à l'Occident par la mer Cafpienne. La Capitale où le principal campement du Khan étoit dans un détroit de la montagne San-mi, appellé Yo-muen, fitué au nord d'Akfou.

lon.

Quoique ce Khan eût fous fa domination un grand nombre de peuples occidentaux, il ne put éviter de payer un tribut aux Perfans, dont la puiffance faifoit de ce côté trembler les Turcs comme les Chinois le faifoient du côté de l'Orient. Le fameux Khoofrou Anouf- D'Herbelot. chirouan Roi de Perfe, & que nous appellons le Grand Chofroës mort l'an 579 de J. C. avoit pouffé fes conquêtes jufques dans le Maouarennahar & dans les Provinces voifines qui étoient poffédées alors par les Turcs. Il avoit obligé pendant fon regne le Grand Khan , apparemment A-po-khan ou Tateou-khan, de lui demander la paix & de lui donner fa fille en mariage. Sous le regne d'Hormodz fon fucceffeur mort vers l'an 590, les Turcs. avoient encore été vaincus par Bahram-tchoubin, général des armées Perfannes, & ils avoient été contraints de payer un tribut aux Perfans. Nous n'avons pas d'affez grandes connoiffances de l'hiftoire de Perfe, pour donner un détail exact de tous ces événemens, ni pour en fixer les époques; mais quelques foient les Khans Turcs qui ont été foumis les premiers par les Rois de Perfe, il est certain tribut jul- L'an 619. Kie-che-kuei-khan leur que qu'à fa mort. Après lui l'Empire des Turcs occidentaux paffa à fon fils ou felon d'autres à fon frere Tum-che

[ocr errors]

paya

Après J. C.
Tum che-

Kam-mo.

Ven-bientum-kao.

Hung-kien

hou-khan, qui releva la puiffance de fa nation dans l'Afie z & pouffa fes conquêtes plus loin que fes Prédéceffeurs ne hou-khan l'avoient fait. Avec une armée de cent mille hommes, Lie-tai-ki- il foumit les Hordes des Tie-le qui étoient campées dans Su. la Siberie le long de l'Irtifch, fe rendit maître de tout le pays des Ou-fiun & de celui de Samarcande, pénétra jufques dans la Perfe, dont il réduifit une partie Tam-chou. fous fa domination. Il établit partout_des Officiers qui portoient les titres de Kie-li-fa & de Tou-tun pour gouverner les Provinces de fon Empire dont il avoit confidérablement étendu les bornes du côté de l'Occident. Je ferois porté à croire qu'il eft le même que le Schaoufchah, Khan des Turcs qui fit, au rapport des Hiftoriens Perfans, une irruption dans la Perfe (a); les époques qui paroiffent ne pas s'accorder exactement ne m'arrêtent point, parce que ces Ecrivains ne font pas affez inftruits de l'ancienne Hiftoire Perfanne.

lou.

Pherdoufi.

L'an 620.

Su.

Lie-tai-ki

Ju.
Kam-mo.

Le nouveau Khan des Turcs envoya faire des préfens Lie-tai-ki- à l'Empereur de la Chine. Ses conquêtes qui avoient répandu la terreur dans l'Occident, obligerent les peuples occidentaux de rechercher avec empreffement la protection des Chinois. Ceux de Samarcande furent des preL'an 613. miers à faire partir pour la Chine des ambaffadeurs qui étoient chargés de préfens que les Miniftres de l'Empereur qualifierent de tribut. Ven-tai qui venoit de fuccéder à Kio-pe-ya dans le Royaume d'Igour fuivit cet exemple, & voulut recevoir des Chinois l'inveftiture de fon petit état. Pendant ce tems-là le Grand Khan avoit tourné fes armes du côté de l'Orient, où il étoit occupé à faire la guerre aux Turcs Oriciaux qui étoient alors L'an 625 vernés par Kie-li-khan. Tum-che-hou l'obligea de demander la paix. Il envoya enfuite des ambaffadeurs à l'Empereur de la Chine, dans le deffein d'obtenir une Princeffe Chinoife : l'Empereur Kao-tfou la lui promit.

Lie-tai-ki

fu.

(a) M. l'Abbé Fourmont a donné une hiftoire fuccinte de cette revolution dans les Mémoires de l'Académie tome 7. hiftoire 325. Il appelle le Prince Tartare ou

gou

Turc Schaveh Schah, qui repond à Chehou-khan ou Sche-hou-fchah: Khan & Schach ont la même fignification, c'cftà-dire, celle de l'Empereur,

Ce Prince étoit entraîné par les follicitations des fes Miniftres qui lui repréfentoient que cette alliance, capa- Tum-cheAprès J. C. ble de faire armer les Turcs occidentaux contre ceux hou-khan. de l'Orient, & d'occafionner la ruine de ces derniers pouvoit devenir très-avantageufe aux Chinois; car malgré la puiffance de l'Empire de la Chine, il étoit important d'entretenir la divifion parmi les Turcs. C'eft dans L'an 626. cette vûe que l'on y reçut auffi les préfens envoyés par les Kang-li qui demeuroient le long du Sihon vers Schafch & Otrar, & qui étoient foumis aux Turcs. C'étoit de part & d'autre ces Turcs que l'on redoutoit. Les plus foibles cherchoient un appui dans les Chinois, & la politique de ceux-ci étoit de paroître avoir toujours un grand nombre d'alliés dans la Tartarie, Par-là les Turcs, jaloux les uns des autres, toujours dans la défiance à l'égard de leurs voisins étoient obligés de ménager les Chinois. L'Empereur de la Chine choisit Tao-lie qui avoit le titre L'an 627. de Roi de Kao-pim pour conduire la Princeffe Chinoise au Grand Khan. Celui-ci de fon côté fit partir un de fes Sfe-kin nommé Tchin-tchou-tong avec des riches préfens pour aller la recevoir; mais Kie-li-khan Empereur Tam chou. des Turcs Orientaux, qui avoit tout à craindre de cette Lie-tai-kialliance envoya de tous côtés des partis pour enlever la Hum-kienPrinceffe, & celle-ci n'ofant s'expofer dans la route, de- low, meura dans la Chine.

Dans le même-tems I-nan chef de Tie-le, de la Horde des Sie-yen-to avec foixante-dix mille familles, fe révolta contre Tum-che-hou-khan, & alla fe foumettre à Kie-li-khan. Les Perfans d'un autre côté avoient lieu d'être mécontens du gouvernement defpotique des Turcs. Ceux-ci venoient de faire mourir Khofrou Perwiz qui eut pour fucceffeur Sirouïeh que les Chinois appellent Che-li(a). Tum-che-hou-khan qui étoit maître alors des Provinces orientales de cet Empire, & qui prétendoit y exercer un pouvoir abfolu, y envoya un Officier pour avoir foin des affaires ; mais Sirouïeh ne voulut pas fe recon

(a) On le nomme encore Cobad.

Su.

« AnteriorContinuar »