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noître vaffal des Turcs. Ce Prince ne regna qu'un an & Après J. C. Tum-che- quelque mois. Arzumidokht fille de Khosrou Perwiz fut hou khan. mife fur le thrône de Perfe. Les Turcs s'en défirent encore, & Jazdejerd lui fuccéda. Le Grand Khan qui ne ménageoit pas plus fes propres fujets que les étrangers, & qui, loin de rechercher leur amitié, ce qui eft le plus folide appui du thrône, avoit mis toute fa confiance dans ses armées nombreuses, vit en peu de tems fes Etats L'an 628. remplis de troubles. Il ne put réfifter aux rebelles. Son oncle Mo-ho-tou qui remporta fur lui l'avantage, le fit mourir, s'empara de l'Empire & prit le titre de Kiu-liki-pi-khan. Peu des Turcs fuivirent le parti du nouveau Khan, le plus grand nombre à la tête defquels étoit Nouche-pi déféra ce titre à Ni-cho-mo-ho-che qui le refusa & le fit donner à Tie-lie qui s'étoit fauvé dans le Maouarennahar ou Kam-kiu. Il fut inftallé par Ni-chou lui-même qui alla au-devant de lui : il prit le titre de Y-pi-polo-fu-che-hou-khan, & partagea fes Etats avec Ni-chow hou-khan. qui venoit de donner un exemple fi rare de défintereffement. Cette union cependant ne fut pas de longue durée : les deux Khans fe brouillerent ensemble, fe firent la guerre & envoyerent l'un & l'autre demander en mariage une Princeffe Chinoife, que l'Empereur leur refusa à caufe des troubles dont le Turkeftan étoit agité. Les Khans profiterent de cette occafion, que leurs Miniftres étoient à la Chine, pour y faire faire les funerailles d'Hofu-na-khan qui y avoit été tué.

Se-Che

Lie-tai-ki

fu.

Tam-chou

L'an 630.

Ju.

Tam-chou.

A l'égard de Ki-pi-khan qui avoit fait périr le dernier Lie-tai-ki- Khan, il fut abandonné de prefque tous fes fujets qui s'étoient déclarés pour Se-che-hou-khan: il fut défait par ce Prince & obligé de se sauver dans les monts Altai; il y fut tué par Ni-cho-che: une partie de fes Hordes fe foumit au Grand Khan Se-che-hou; les autres refterent difKem-me. perfées dans les environs de Hami, ce qui obligea l'Empereur de la Chine d'envoyer en cet endroit, un officier Chinois pour obferver leurs demarches & les gouverner. Alors Ven-tai Roi d'Igour vint rendre fes hommages à l'Empereur de la Chine: plufieurs petits Rois voisins de

manderent

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manderent la permiffion de faire la même chose. Les habitans d'Akfou y envoyerent des tributs; c'étoit autant Après J. C. Se-chede vaffaux qui fe détachoient de l'obéiffance qu'ils de- hou-khan. voient au Grand Khan. Le mécontentement étoit général, & les peuples les plus éloignés cherchoient à fe fouftraire à fa domination pour fe foumettre aux Chinois. Les peuples des environs de Samarcande & du Sihon en- L'an 61. voyerent également des ambaffadeurs à la Chine; ils fol- Lie-tai-kifu. liciterent vivement l'Empereur, non-feulement de les re- Kam-me. garder comme fes fujets; mais encore de les fecourir. L'Empereur fe contenta de recevoir leurs foumiffions mais il ne voulut point envoyer de troupes dans leur pays, tant à caufe de fon éloignement, que parce qu'il méprifoit la vaine réputation de faire des conquêtes fi couteufes à fon Empire & à ses sujets. On doit gouverner un Royaume, dit ce Prince à fes Miniftres, comme un Médécin traite un malade. Quoique la maladie paroiffe guérie, il doit encore apporter tous fes foins pour qu'elle ne revienne plus autrement tous les remédes font inutiles. Aujourd'hui l'Empire, après de violentes agi»tations eft tranquile, il jouit de la paix, tous les peu» ples voisins lui font foumis. Il eft dangereux de ralu» mer la guerre. Ce fage Prince reçut leurs préfens, qui leurs préfens, qui Lie-tai-kifurent renouvellés pendant plusieurs années de fuite. Il en reçut auffi de ceux de Khoten qui avoient un Roi L'an 632, particulier appellé Ouo-mi, fujet du Khan: ces peuples faifoient un grand trafic d'une efpéce de jafpe qui se trouve dans les rivieres du pays, & qui eft encore une des branches les plus confidérables de leur commerce avec la Chine. Il y avoit parmi eux deux religions, la premiére étoit celle de Fo, qui eft ou le Chriftianifme, ou ou la Religion des Indes: la feconde étoit celle d'Yao, Divinité étrangère dont le culte étoit établi dans le Turkeftan. Les peuples d'Harafchar foumis également aux Turcs, mais gouvernés par un Roi nommé Tou-ki-tchi eurent auffi recours aux Chinois, & demanderent à commercer avec eux par la route du défert, ce qui fit naître des inimitiés entre eux & les Igours, à travers le pays def Tome I. Ooo

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fu.

quels on avoit paffé jufqu'alors. Ainfi tout l'Empire des Après J. C. Se-che- Turcs occidentaux étoit divifé: les peuples mécontens, hou-khan abandonnoient leur Souverain. Les Tie-le & les Sie-yenlo s'étoient révoltés dans le nord: Se-che-hou-khan à la tête de ce qui lui reftoit de troupes entreprit de les réduire, mais il fut vaincu, & comme il s'étoit rendu odieux à fes fujets par fa cruauté & fa mauvaife conduite, laplupart prirent les armes.

Le Khan toujours aveugle, malgré tant de mouvemens féditieux, ne ceffa de perfécuter fes plus fidéles fujets & ceux qui avoient rendu service à l'Etat. D'abord il fit mourir un petit Khan nommé Y-li: enfuite oubliant tout ce qu'il devoit à Ni-cho qui l'avoit mis fur le Thrône, il jura fa perte; mais celui-ci trouva le moyen de fe fauver à Harafchar, ou il fut auffi-tôt proclamé Tarkhan. De-là avec les deux Hordes des Nou-che-pi il vint attaquer le Grand Khan, & l'obligea de fe retirer promptement dans le Kam-kiu vers le Sihon, où il mourut de chagrin. Les Turcs fe rendirent en foule auprès de Nichola Harafchar, & le mirent fur le thrône : on le nommoit Ni-cho-kia-na-che, & il prit le titre de Hi-li-pi-tou-lou-khan; il fut auffi connu fous celui de Ta-tou-han. Il avoit fervi fous le Khan Tum-che-hou, & dans un voyage qu'il avoit fait autrefois à la Chine il avoit fait un traité de Tam-chos, fraternité avec l'Empereur, dans le tems que celui-ci n'éHum-kien- toit encore que Roi de Tcin. Lorfqu'il fut proclamé Khan lou. -il fit demander à ce Prince la permiffion de venir fur les frontiéres pour y recevoir le titre de Khan qu'il ne vouloit pas porter que l'Empereur ne lui eût auparavant conféré. L'Empereur lui envoya auffi-tôt le tambour & le drapeau, ce qui étoit la marque de l'inveftiture qu'il lui don

Tou-loukhan.

Lie-tai-ki

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Lie-tai-kifu.

noit.

Nous avons parlé plus haut d'un nouvel Empire que les Tie-le avoient voulu établir l'an 605, au nord d'Igour fur les ruines de celui des Turcs. Ces peuples avoient choisi un Khan de la Horde des Ki-pi, nommé Ye-vou-tchin-mo-ho-khan. Les Ki-pi étoient campés au nord-oueft d'Harafchar & au fud de la Horde de To-lin

Après J. C.

ko. Leur Khan avoit un frere nommé Mo-ho tou; l'un & l'autre s'étoient diftingués par leur courage, fans cependant Tou-loupouvoir venir à bout de leurs deffeins ni renverser l'Em- khan. pire Turc. Après la mort de Mo-ho-tou, & apparemment auffi après celle de Mo-ho-khan le fils du premier nommé Ho-lie, prit le titre de Ta-kin-li-fa ; & avec tous fes fujets il vint fe foumettre aux Chinois qui le placerent entre Khan-tcheou & Leang-tcheou dans le Chenfi. L'an- L'an 6337 née suivante un grand nombre d'autres Turcs qui demeuroient dans le pays des Ou-fiun le long de la riviere d'I-li, conduits par un chef nommé Mi-ché déferterent pareillement le Turkeftan, pafferent du côté de la Chine & vinrent camper dans un défert appellé Cha-to, situé à P'Orient du Lac de Lop: là ces Turcs compofés d'une partie des Hordes de Tchou-yue, de Tchou-mi & d'autres formerent en quelque façon une nouvelle nation qui prit le nom de Cha-to, & qui dans la fuite poffeda l'Empire de la Chine. Ce qui avoit indifpofé ces peuples, & les avoit obligés de fuir ainfi de leur pays, étoit un parent du Grand Khan qui avoit eu deffein de dépouiller Mi-ché du gouvernement de ces Hordes. Mi-ché pour fe le conferver étoit venu chercher une retraite vers la Chine, & s'étoit foumis aux Chinois. Dans le même-tems le Grand Khan mourut, & fon frere nommé Tum-gno-che lui fuccéda fous le titre de Cha-po-lo-tie-li-che-khan.

khan.

Kam-mo.

Ce nouveau Monarque partagea fes Etats en dix Hor- Tie-li-chedes ou Gouvernemens, il mit à leur tête un chef, auquel 634. - 1'an il donna une fléche. Alors ces dix gouvernemens furent Lie-tai-kiappellés les dix fléches. Les cinq de l'Orient étoient les fu Hordes de Tou-lou qui demeuroient à l'Orient de la Tam-chou. ville de Soui-che, fituée à peu-près à une égale distance de Hum-kienTaras & du fleuve I-li : les cinq d'Occident étoient formées lou. des Hordes de Nu-che-pi campoient à l'Occident de la même ville du côté de Taras. Ces nouvelles difpofitions, n'empêcherent pas que les peuples de Khoten, de Kafchgar & Lie-tai-kiles Hordes Turques de Tchou-yue & de Tchou-mi n'en- su. voyaffent à la Chine leurs préfens comme une marque de foumiffion. Le Prince qui regnoit alors à Kafchgar portoit

L'an 635:

le titre d'Amo-tchi, il demeuroit dans la ville de KiaTie-li-che- tching & pouvoit mettre fur pied environ deux mille hom

Après J. C.

khan.

L'an 637.

L'an 638.

Ju.

Hum-kien

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mes.

les

Le Khan voyant que la plus grande partie des peuples d'Occident qui lui étoient foumis, & les Turcs eux-mêmes, étoient fort difpofés en faveur des Chinois qu'ils cherchoient à mettre dans leur parti, crut qu'il étoit de fon intérêt pour conferver fes fujets, de paroître l'ami & l'allié de l'Empereur de la Chine. C'eft dans ce deffein qu'il fit demander en mariage une Princeffe Chinoife. Ses ambassadeurs reçurent beaucoup de politeffes, & ce fut tout. Il étoit trop éloigné de la Chine pour qu'on le redoutât, & il n'y avoit que ce motif qui pût engager les orgueilleux Chinois à envoyer de leurs Princeffes dans pays étrangers : ils méprifoient trop les Princes voiLie-tai-ki- fins pour traiter avec eux d'égal à égal; le mépris cependant qu'ils avoient pour eux étoit toujours accompagné lou. de la crainte qu'ils ne dévinffent trop puiffans: tel eft le Tam-chou. caractère du Chinois d'être fier & timide, le Turc plus hardi & moins politique ne cédoit qu'à la force; il méprifoit les Chinois & ne rampoit fous eux que parcequ'il ne pouvoit les vaincre fon caractère vif & impétueux le portoit à la guerre. Toujours l'Empire Turc étoit en mouvement, les troubles étoient remplacés par de nouveaux troubles. Le Khan en fut la victime comme la plupart de fes prédéceffeurs: haï de fes fujets attaqué & battu par un de ces Tou-tun ou chef de Horde, il fut obligé avec fon frere Pou-li-che de fe fauver à Harafchar. Alors tous les Grands de la Nation s'affemblerent & mirent fur le thrône Yo-ko-che, & le proclamerent Grand Khan. Tieli-che-khan fut réduit à n'être plus qu'un petit Khan; mais la mort du chef de la révolte le remit fur le thrône, & en fit defcendre Yo-ko-che, ou au moins il le partagea avec Tie-li-che-khan. Les Hordes d'Occident fe déclarerent pour Yo-ko-che qui prit le titre d'Y-pi-tou-lou-khan. Les deux Khans continuerent à fe faire la guerre, ils en vinrent aux mains, & après avoir perdu beaucoup de monde dans une bataille, ils fe virent contraints de divifer

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