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Y-chi-fic.

fieurs autres Généraux vint attaquer de rechef les Huns; Avant J. C. il pénétra fort avant dans la Tartarie, paffa la ville de de Kiu-yen vers le Lac Sopou-nor & parcourut le pays des petits Yue-chi & la montagne Ki-lien, où il fit trente mille Te-tum-chi. prifonniers. Cette Montagne eft fituée aux environs de Kan-tcheou à l'extrêmité occidentale de la Province de Chenfy & il ne faut pas la confondre avec une autre Montagne du même nom qui eft au Nord de Hami, & qui forme une longue chaîne jufqu'à Kaschgar.

Sfu-ki.

L'an 121.

Sfu-ki.

fu.

D'un autre côté les Huns entrerent dans le pays de Ta-yuen-fou, où ils enleverent des prifonniers. L'Empereur de la Chine fit partir Tcham-kiao & Li-kouam,deux fameux Généraux dont on a eu plus d'une fois occafion de parler; ils prirent leur route du côté de Yum-pim-fou dans le Petcheli & battirent l'armée des Huns commandée par le Vice-Roi d'Orient; mais enfuite le Général des Huns ayant trouvé une occafion favorable de furprendre l'armée de Li-kouam qui étoit de quatre mille hommes, il en tua une partie & fit le refte prifonniers. Celle de Tcham-kiao fut auffi difperfée. Les deux Généraux Chinois qui échapperent furent dégradés de leur dignités, ce qu'ils n'obtinrent qu'à prix d'argent; car ils méritoient la mort fuivant les loix de la Chine.

Pendant que l'on faifoit le procès dans cet Empire à des Généraux qu'on ne pouvoit accufer de lâcheté & qui avoient été forcés de prendre la fuite, le Tanjou cherchoit les moyens de faire périr également deux petits Rois, Lie-tai-ki- Hoen-fie-vam & Hieou-tou-vam, auxquels il avoit confié le Gouvernement de la partie Occidentale de fes Etats. Le fujet de fa haine venoit de ce qu'ils avoient laissé entrer chez eux les Chinois qui avoient fait beaucoup de ravage. Ces deux Officiers informés du deffein du Tanjou prirent le parti de fe fauver à la Chine. Mais la divifion s'étant mife entre eux avant qu'ils euffent éxécuté ce projet, Hoen-fie-vam tua Hieou-tou-vam & fe rendit maître de tous fes Sujets, qui avec les fiens pouvoient former une troupe de quarante mille hommes. Il prit la routede la Chine, où l'Empereur, malgré les représentations de quel

ques-uns de fes Miniftres,ordonna auffi-tôt que l'on envoyât Avant J.C. au-devant de lui des chariots. On blâma ce Prince d'intro- Y chi-fie. duire ainfi ces Barbares dans l'Empire, & furtout de ce qu'il leur fournissoit des vivres dans un tems où fes propres Sujets en manquoient. Mais ayant toujours perfifté dans fa réfolution, il fit on affigner des terres à Hoen-fie-vam aux environs de Kua-tcheou. Cet établissement caufa un grand dommage aux Huns qui perdirent en cette occafion quelques contrées vers le Chenfy, & les Chinois fe virent Maîtres des Territoires de Lin-tao-fou, de King-yam-fou, & de tout ce qui eft à l'Occident du Fleuve Hoam jufqu'au Lac Yen-tçe ou de Lop dans le grand Defert.

Pour reparer ces pertes,les Huns revinrent dans le pays de L'an 120. Yum-pim-fou avec dix mille hommes où ils firent leravage. Cependant le Tanjou par le confeil de Sin Général Chinois qui avoit embraffé fon parti s'étoit retiré au Nord du grand Kam mo Defert, perfuadé que les armées Chinoifes ne pourroient Su-ki. pénétrer fi avant dans la Tartarie. L'Empereur de la Chine qui avoit alors fur pied un grand nombre de troupes, ma le deffein de l'y attaquer. Goei-tcing & Kiu-ping furent chargés de cette expédition ; ils avoient chacun cinquante mille hommes. Le premier prit fa route par Yumpim-fou & traversa le grand Desert de fable.

for- L'an 119.

Ce vafte défert que les Chinois nomment Han-hai, ou Cha-mo & les Tartares Gabi, occupe une grande étendue de pays où l'on n'apperçoit qu'un fable mouvant qui coule comme une riviere au gré des vents. La nature y a seulement ménagé trois principaux endroits qui fervent de paffage pour fe rendre à la Chine. Partout ailleurs les Voyageurs font continuellement expofés à être enveloppés fous ces fables; le premier de ces paffages & au quarante deuxième degré de latitude à l'Ouest Nord-ouest de Pekim; un autre vers le trente-deuxième, à l'Eft de Hami fur les frontiéres du Tibet ; & le troifiéme à l'Ouest de la Province de Chenfy & de So-tchcou. Ces trois paffages formés par autant de chaînes de montagnes qui viennent de la grande Tartarie fe joindre à celles dont la Chine eft bornée au Nord, ont

Hift. généalog. des Kam-mo.

Tatars.

partout des vallons fertiles qui produifent abondamment Avant J. C. tout ce qui eft néceffaire aux caravannes : c'est

Y-chi-fie.

Kam-mo.
Sfu-ki.
Lie-tai-ki-

Su..

par

le

premier de ces paffages que le Général Goei-tcing fe rendit en Tartarie. Le Tanjou informé de fa marche, laiffa en arriére tous fes bagages & marcha au - devant des Chinois avec fes meilleures troupes ; les deux armées en vinrent aux mains; on fe battit courageufement de part & d'autre pendant un jour entier. Mais après le foleil couché, un grand vent qui portoit la pouffiere fur les Huns s'étant élévé, l'armée Chinoife profita de cet avantage pour les envelopper de toutes parts. Le Tanjou, après des efforts incroyables, paffa au milieu des Ennemis & fe fauva vers le Nord-oueft, fuivi de quelques Cavaliers. Les Chinois le poursuivirent pendant toute la nuit fans pouvoir le joindre la perte des Huns monta en cette occafion à dix-neuf mille hommes. Les Chinois marchant toujours vers le Nord, s'avancerent jufqu'à une ville que le rebelle Sin avoit fait bâtir proche la montagne Tien-yen. En même tems l'armée Chinoife commandée par Kiu-pim, qui étoit entrée en Tartarie par Ta-tum-fou, s'avança jufques à la montagne Lang-kiu - fiu-chan - alin au Nord-oueft du pays d'Örtous. Du haut de ces montagnes les Chinois virent le grand défert on battit le Vice-Roi d'Orient qui perdit foixante dix mille hommes, tués ou faits Prifonniers ; mais il en couta beaucoup de chevaux aux Chinois.

Après cette grande déroute, le Tanjou avoit été longtems fans ofer reparoître, & les Principaux de fes Sujets le croiant mort avoient élû en fa place le Yeou-ko-livam; c'est le titre que l'on donne à un des premiers Officiers de la Cour des Huns cette Election cependant ne produifit aucun des effets que l'on voit ordinairement, lorfque deux Princes ont quelques prétentions à un Thrône, le Tanjou revint à fa Cour, fut reconnu de fes Sujets & de Yeou-ko-li-vam, reprit tranquilement fon ancienne dignité.

La Nation en général reçut un très-grand échec en cette occasion: le Tanjou, hors d'état de résister aux

Avant J. C.

Chinois, fut obligé d'abandonner le midi du défert & de se retirer fort avant dans le Nord, pendant que l'Empe- Y-chi-fie. reur de la Chine difperfoit dans fes nouvelles conquêtes, environ cinquante ou foixante mille hommes pour arrêter les courfes des Huns. Il ne reftoit à ces derniers d'autre parti que celui de faire la paix. Le Général Sin, qui avoit fuivi le Tanjou, étoit de cet avis, & confeilla à ce Prince d'envoyer des Ambaffadeurs à la Chine. On ne les y reçut pas favorablement; on vouloit exiger des Huns que, puifqu'ils avoient été si maltraités dans la derniere guerre, ils fe foumiffent aux Chinois, & l'on envoya en conféquence en Tartarie un Officier. Le Tanjou informé du fujet de fa commiffion le fit arrêter : l'Empereur de la Chine en fit partir un fecond, qui à fon arrivée eut la tête tranchée par ordre du Tanjou. Alors les Chinois leverent une armée; mais le Général Kiu-pim qui avoit long-tems fait la guerre aux Huns & auquel on vouloit donner le Commandement des troupes; étant venu à mourir dans ce même tems, les Chi- L'an 117. nois ne fongerent plus à fuivre cette expédition, & l'on prit des mefures différentes. On rechercha l'alliance des Peuples qui étoient fitués à l'Occident des Huns; ils étoient mécontens du Tanjou, & cherchoient à fecouer L'an 115 le joug: quelques-uns l'avoient déja fait,à la faveur des su-ki. troubles caufés par la révolte de Hoen-fie-vam, qui avoit paffé à la Chine. Le Roi des Ou-fiun étoit de ce nombre. fon pays, comme je l'ai dit ailleurs, eft fitué à l'Occident l'Irtifch, & la réfidence du Prince étoit fur le bord de la riviere d'Ili, vers Harcas; il pouvoit mettre fur pied près de deux cens mille hommes. Ses Sujets avoient les Ven-hienmêmes mœurs que les Huns; c'eft-à-dire, qu'ils étoient Nomades, & que leurs principales richeffes confiftoient en troupeaux & en chevaux dont ils tiroient leur nourriture. La culture de la terre leur étoit inconnue, ils étoient braves, mais cruels, fans foi, & nés pour le brigandage. Leur Prince portoit le titre de Grand Kuen-mi & avoit fous lui plufieurs grands Officiers qui l'aidcient à gouverner fes Etats, & qui commandoient fes armées.

tum-kao.

Han-chou.

Avant J. C.

Ces Ou-fiun s'étendoient du côté du Nord-oueft, & de Y-chi-fic. l'Oueft jufqu'au Kaptchaq & à la ville de Seiram; au Midi ils avoient pour bornes la grande chaîne de montagnes qui fépare la petite Boukharie dela Tartarie.

Kam-mo. Ven-bientum kao. Lie-tai-ki

fu.

Autrefois les Yue-chi, ayant quitté les environs de Kan-tcheou dans le Chenfy, étoient venus s'établir dans ce pays, d'où ils avoient chaffé la Nation des Su qui fe retira fur le bord du Jaxartes. Dans la fuite les OuHan-chou. fiun partirent auffi des environs de la Chine, fe rendirent près de l'Ili, & obligerent la plus grande partie des Yue-chi de paffer dans le Khorafan, où ils remporterent de grandes victoires fur les Parthes. Les Huns qui étoient devenus très-puiffans avoient attaqué les Oufun & avoient tué leur Prince. Une fable rapporte que fon fils fut confervé miraculeufement dans les déferts par une Louve qui venoit l'allaiter, & par un oiseau qui lui apportoit de quoi vivre le Tanjou informé de ce prodige avoit regardé cet enfant comme une Divinité, l'avoit recueilli & pris foin de fon éducation; dans la fuite il lui avoit donné le Commandement de fes troupes, & en avoit reçu de grands fervices; pour les reconnoître il lui avoit rendu les Sujets de fon pere avec le titre de Kuèn-mi, & l'avoit fait gouverneur d'Occident. Ce nouveau Prince des Ou-fiun avoit raffemblé tous ceux de fa Nation qu'il avoit pu rencontrer, avoit attaqué plufieurs petites villes & étoit devenu maître d'un affez bon nombre de Sujets. Après la mort du Tanjou Kiun-tchin, car tous ces événemens fe pafferent fous le regne précédent, le Kuen-mi, qui s'étoit retiré fort au loin, avoit refufé de venir à la Cour des Huns, ce qui avoit obligé le Tanjou d'envoyer contre lui des armées qui n'avoient remporté aucun avantage. Les Oufiun étoient devenus une Nation redoutable dans la Tartarie; c'eft avec eux principalement que Tchamkiao, qui avoit pénétré jufques dans la Bactriane, & qui avoit une grande connoiffance de tous ces pays, vou loit que les Chinois fiffent alliance. Il représenta à l'Empereur que les Huns avoient perdu beaucoup de leur puiffance

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