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Avant J.C.
Ou goci.

Kam-mo.

Sfu-ki.

Ulh.

Sfu-ki.

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Dans la même année le Tanjou Ou-goei mourut après un regne de dix ans. Son fils Ou-fu-liu lui fucceda, & comme ce Prince étoit jeune, on lui donna le titre de Ulh-Tanjou; c'eft-à-dire, du Tanjou enfant. A fon avenement au thrône il renvoya l'Officier Chinois qui avoit été chargé de conduire le corps de cet Ambaffadeur des Huns dont j'ai parlé plus haut, & qui étoit retenu en Tartarie depuis trois ans ; il fixa fon habitation vers le Nord-oueft, & mit le Vice-Roi d'Orient à Yun-tchum dans le pays de Ta-tum - fou, & celui d'Occident vers Kantcheou & So-tchéou.

L'Empereur de la Chine informé du changement qui venoit d'arriver à la Cour des Huns, renvoya deux Ambaffadeurs en Tartarie pour faire des compliments de condoleance, l'un at nouveau Tanjou, & l'autre au Vice-Roi d'Occident. Il étoit contre l'ufage de s'adresser à ce dernier dans ces fortes de cérémonies; mais l'Empereur avoit deffein de faire naître des foupçons dans l'efprit du Tanjou contre cet Officier, & de mettre par ce moyen la divifion entre eux. En effet le Tanjou irrité de ce procédé, fit arrêter les Ambaffadeurs Chinois. L'Empereur de la Chine fit de même à l'égard de ceux Lie-tai-ki- des Huns qui étoient à fa Cour, & fes projets eurent

Sfu-ki.
Kam-mo.

Su.

Ulh. L'an 104.

tout le fuccès qu'il en attendoit. La Cour du Tanjou fe trouva remplie de troubles: ce jeune Prince avec des Avant J.C. inclinations guerrières & capables de le faire aimer de fes Sujets, tenoit une conduite qui produifit un grand nombre de mécontens que les Chinois entrenoient fecrettement. On ne fe propofoit rien moins que de le faire mourir; mais les Conjurés qui n'avoient pas des forces fuffifantes pour fe maintenir dans la Tartarie, manquoient d'un lieu où, après cette action, ils puffent être en fureté. La Chine leur paroiffoit trop éloignée pour leur donner du fecours affez à tems. Ils inftruifirent l'Empereur du motif qui les arrêtoit : ce qui fit prendre à ce Prince le parti de conftruire, au Nord du pays d'Ortous & du Hoam, une ville pour fervir d'azile à ceux des Huns qui voudroient fe foumettre aux Chinois. Elle fut appellé Cheou-kiang-tchim; c'eft-à-dire Ville où l'on reçoit ceux qui fe foumettent; mais comme cette place L'an 103. étoit encore trop éloignée de la Cour du Tanjou, il en- Kam-mevoya en Tartarie une armée de vingt mille hommes, Su-ki. commandée par Tchao-pou-nou: ce Général prit fa rou

te par le pays d'Ortous vers le Nord-oueft, & pénétra

environ à deux mille li en Tartarie jufqu'à la montagne Sun-ki-chan, que je crois faire partie de cette chaîne de montagnes qui vont fe terminer au Nord de Kamoul, au midi des fources de l'Irtisch, après avoir traverfé le grand défert. Malgré ces précautions de l'Empereur de la Chine, la confpiration n'eut aucunes fuites facheufes pour le Tanjou: ce Prince qui en avoit été informé, avoit eu le tems de prévenir les Conjurés ; il avoit fait mourir leur chef, & enfuite à la tête des troupes d'Occident, au nombre de quatre vingt mille hommes, il avoit marché contre les Chinois. Il les rencontra près de Cheou-kiam-tching au nord du fleuve Hoam Lie-tai-ki& les inveftit de tous côtés : le Général Chinois fut pris en voulant paffer une riviere pour fe fauver, & toute fon armée fut mife en déroute. Le Tanjou fe préfenta aux Portes de Cheou-kiam-tching; mais n'ayant pû fe rendre maître de cette Ville, il fe contenta de faire des

Su.

Ulh. L'an 102.

courfes fur les frontiéres de la Chine, & fe retira. II reAvant J.C. vint en faire le fiége l'année suivante. Une maladie dont il fut attaqué & qui l'emporta, fauva cette place importante. Ce Prince n'avoit regné que trois ans fon fils étant trop jeune pour foutenir le poids de la Couronne de Tartarie, dans un tems où il falloit un Prince en état de réfifter aux Chinois, les Huns mirent à fa place le Vice-Roi d'Occident, frere de l'ancien Tanjou Ougoei & oncle du dernier. On lui donna le titre de Kiuli-hou Tanjou.

Sfu-ki.
Kam-mo.

L'Empereur de la Chine, pour se garantir contre les enAvant J. C. treprises de ce nouveau Tanjou, fit élever au Nord-oueft Kiu-li-hou. de Yen-gan-fou un grand nombre de tours qui formoient une efpéce de chaîne jufqu'au lac Sopou-nor en Tartarie. Mais quoiqu'il y mît des troupes pour les défendre, elles ne purent empêcher que dans la même année les Huns ne rentraffent dans la Chine par Ta-tum-fou, n'y fiffent beaucoup de ravages, n'enlevaffent un grand nombre d'hommes & de femmes, & ne détruififfent ces tours. Un autre corps de Huns qui entra par Kan-tcheou n'eut pas le même fuccès; il fut repouffé par les troupes Chinoifes & obligé de s'en retourner avec perte, laiffant tout le butin qu'il avoit fait. Les Huns harcelerent encore une armée de Chinois commandée par Li-kuam-li, qui avoit été envoyé à la tête de cent mille hommes dans le pays de Ta-ouan entre Kaschgar & la Bactriane, c'est-à-dire aux environs de Seiram. J'ai déja rapporté que ce pays étoit renommé pour fes chevaux finguliers, qui, à ce qu'on prétend, avoient une fueur de fang, & auxquels en conféquence les Chinois donnoient le nom de Chevaux céHan-chou. leftes. L'Empereur Vou-ti avoit envoyé dans ce pays un Ambaffadeur avec des fommes confidérables pour en acheter (a); mais le Roi de Ta-ouan, trop éloigné des Chinois pour craindre qu'ils vinffent l'attaquer, avoit tué l'Ambaffadeur, & s'étoit emparé de tout ce qu'il avoit apporté. Dans ces dernieres années, Vou-ti, que la dif

L'an ior.

(4) Les Historiens difent mille piéces d'or & un cheval d'or.

tance

Avant J. C.

tance des lieux n'effraya pas, refolut d'en tirer vengeance & fit partir Li-kuam-li. Ce Général fit la guerre dans ce pays pendant quatre ans ; mais il n'eût peut-être point Kiu li-hou réuffi, fi les Peuples, ennuyés des malheurs auxquels ils fe trouvoient expofés par la faute de leur Roi, ne se fuffent revoltés contre lui, ne l'euffent tué, & donné aux Chinois trois mille paires de chevaux. Li - kuamli reyenoit à la Chine par le pays de Leou-lan, proche le lac de Lop, lorfque les Huns fe préfenterent pour Han-chou. l'arrêter dans fa marche. Ils incommoderent beaucoup les Chinois, & encore plus le Roi de Leou-lan. Ce Prince qui ne pouvoit s'oppofer par lui - même à l'entrée de ces armées étrangeres dans fon petit Royaume, ni garder la neutralité, ni jouir de la paix entre deux Empires fi puiffans, prit le parti de faire demander aux Chinois des terres dans leur pays pour aller y demeurer avec ses Sujets.

Dans le même tems le Tanjou marcha vers la ville de Ssuki. Cheou-kiam-tching pour en faire le fiége; mais il mourut auffi-tôt, après un regne d'un an. Il eut pour fucceffeur fon frere Tcie-ti-heou-tan-ju.

heou.

Lie-tai-ki

Le nouveau Monarque craignoit que les Chinois, qui depuis la conquête des pays de Seiram étoient devenus Avant J. C. formidables à tout les peuples de l'Afie Orientale, ne l'at- Tcie-titaquaffent. Qui fuis-je, difoit ce Prince, & comment oferois-je regarder un Empereur auffi puissant que celui de la Kam-mo. Chine? En conféquence, & pour gagner l'amitié des Chi- fu. nois, il fit des préfens à l'Empereur, & remit en liberté tous les Chinois qui étoient retenus prifonniers en Tartarie. De fon côté l'Empereur de la Chine, après avoir L'an 1007 donné beaucoup d'éloges au Tanjou, fit reconduire en Tartarie, par Sou-vou, les Ambaffadeurs Huns que tenoit à la Chine, & les fit accompagner de grands préfens pour le Tanjou. Mais celui-ci qui avoit paru defirer la paix, reçut ces préfens avec tant de fierté, & regarda avec un fi grand mépris les Chinois, que bien-tôt après, les hoftilités recommencerent. On prétend que les Am- Kam-mi baffadeurs Chinois en furent la principale caufe. Pendant Tome I.

l'on re

I

Tcic-ti

heou.

qu'ils étoient à la Cour du Tanjou, quelques gens proAvant J. C. jetterent de tuer Goei-liu, ancien Général Chinois qui s'étoit foumis autrefois aux Huns. Ils devoient enfuite enlever la mere du Tanjou & paffer à la Chine. Goei-liu avoit été fait Roi du pays de Tim-lim, fitué dans la Siberie au Nord du Kaptchaq & vers l'Irtifch, éloigné de fept mille li du Fleuve Gan-fie, que je crois être la JeVen-bien- nifea où le Tanjou tenoit alors fa Cour. Il avoit beaucoup sum-kao. de crédit auprès du Tanjou, & gouvernoit les peuples de Tim-lim,qui ne s'occuppoient que de la chaffe,des fouris, & des martes dont les peaux font très-eftimées : on rechercha quels étoient les auteurs de la confpiration,& l'on découvrît qu'un des Ambaffadeurs Chinois y avoit part. Le Tanjou vouloit les faire mourir. Un de fes Officiers fçut l'appaifer, & lui confeilla de les engager à fe foumettre. Vou-fou chef de l'Ambaffade, qui étoit au défefpoir, vouloit fe percer de fon épée. Il reprocha à Goei-liu d'avoir abandonné fon Prince pour fe foumettre à des Barbares, l'avertit que, fi-tôt que l'on feroit informé à la Chine qu'il n'avoit pas voulu reconnoître le Tanjou, on viendroit à fon secours, & que cette guerre cauferoit infailliblement la perte des Huns. Le courage & la fermeté de ce fidele Miniftre déplurent au Tanjou, qui le fit mettre dans une foffe, expofé aux injures de l'air, fans vivres, & réduit à manger la neige qu'il mêloit avec les immondices qu'il trouvoit. Il vécut ainfi pendant plusieurs jours, après lefquels le Tanjou, le regardant comme un homme extraordinaire & même comme une Divinité, le fit tranfporter dans un lieu defert au-delà de la Mer du Nord, c'est-à-dire au-delà du Lac Pai-kal, ou de quelque grand Fleuve auquel on a donné ce nom. On le condamna à refter dans ce pays pendant tout le refte de fa vie.

L'an 99,

De pareils traitemens, faits à un Ambaffadeur, entraînoient néceffairement la rupture de la paix entre les deux Nations. Les Chinois envoyerent le Général Li-kuam-li avec trente mille hommes : il entra en Tartarie par pays de Kua -tcheou, battit le Vice-Roi d'Occident proche la montagne Tien-chan, fituée au Midi de Kamoul

le

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