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long eut pour fucceffeur fon fils Dibbacoui - Khan : le Thrône paffa enfuite à Kayouк-Khan (a), fils de Dibbacoui; & de Kaïouk à fon fils Alinge-Khan.

Jufques alors, fi l'on peut ajouter foi à ces traditions les Turcs avoient perféveré dans la connoiffance du vrai Dieu, & dans la pratique de la véritable Religion. Sous le regne d'Alingé la paix & l'abondance leur firent oublier les maximes de leurs ancêtres. Uniquement occu→ pés des objets qui leur étoient les plus chers, on vit un fils fe faire un Dieu de l'image de fon pere, un mari de celle de fa femme, un pere facrifier à fon fils, & une femme à fon mari. Le culte que l'on rendoit à ces figures, d'abord tenu caché, ne tarda pas à devenir public.

Alingé-Khan (b) eut deux fils jumaux, l'un appellé Tatar,
& le fecond Mogul ou Mung'l,entre lefquels il partagea fes
Etats. C'eft du premier de ces Princes que la Tribu des
Tartares prétend être defcendue, de même que celle des
Mogols rapporte fon origine au fecond. Voici le nom des
Princes qui regnerent fur la Tribu des Tartares. (c)
Tatar-Khan.

(d) Bukha Khan, fils de Tatar.
(e) Yalenzé Khan, fils de Buкha.
(f) Ettelé-Khan, fils de Yalenzé.

(g) Attaifir-Khan, fils d'Ettelé. Celui-ci eut de longues & fanglantes guerres à foutenir. Ordou-Khan, fils d'Attaifir.

(h) Baidou-Khan, fils d'Ordou. Ce Prince fit la guerre à

Etats. Ces Loix réduites en Corps font appellées Jaffa.

(a) D'Herbelot le nomme Gaïouk : il dit d'après Mir-khond, qu'il étoit fort libéral & qu'il aimoit la bonne chere; que fes injuftices & fes violences firent regretter le regne de fon pere.

(b) On le nomme encore Jlingé. Mirkhond dans d'Herbelot eft confortae à Hiftorien Tartare.

(c) Cette Tribu eft une des plus anciennes & des plus fameufes de toute la Tartarie: elle étoit compofée de plus de foixante-dix mille familles, & n'avoit qu'un

feul Khan; elle fe partagea enfuite en
plufieurs branches, dont la principale alla
habiter fur les frontieres du Khataï dans
le pays de Biurnaver: elle fut reduite fous
l'obéissance du Khatai avec lequel elle a
eu fouvent des guerres. Une autre bran-
che habita le long de la riviere Ikran-
Mouren ou Jenifea

(d) On le nomme encore Youka,
(e) Ou Bilingé-Khan.
(f) Ou Jffali-Khan.
(g) Ou Akfour-Khan-

(h) D'Herbelot obmet ce Prince.

la nation des Mogols, & mourut avant que d'en avoir vů la fin.

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Siuntz-Khan, fils de Baidou. Il fut obligé de foutenir la guerre que fon pere avoit commencée: mais il en fortit victorieux, comme j'aurai occafion de le dire dans la fuite.

Mogol-Khan & fa poftérité formerent un puiffant Empire, qui fubfifta en même tems que celui des Tartares. Le nom de Mogull eft une corruption de celui de Mung'l qui fignifie Trifle, parce que ce Prince étoit naturellement trifte Mung dans la Langue Chinoife eft pris encore aujourd'hui dans la même acception. Le fucceffeur de Mogull-Khan (a) eft Cara-Khan (b) fon fils, Prince fort puiffant, qui pendant l'été faifoit fa réfidence aux environs des montagnes Ouloug-tag & Kioutchoux - tag, & pendant l'hiver fur les bords de la riviere de Sirr ou Jaxartes, au pied des montagnes qui font au Nord. Sous fon regne il ne refta plus de traces de l'ancienne & vraie Religion. L'idolatrie regnoit par-tout.

(*) Mogolkhan laiffa quatre enfans. . Curakhan, 2. Auwas-khan. 3. Cau- waskhan, 4. Carvarkhan. D'Herbelot les nomme Karakhan, Azarkhan, Ghezkhan & Orkhan. De l'aîné defcend Genghizkhan fuivant la tradition de ces Peuples.

(b) D'Herbelot dit que fa Capitale fe nommoit Cara-coum, ville fituée dans une grande plaine de fable noir, ce qui lui a fait donner le nom qu'elle porte Cara noir, coum fable. Il dit qu'elle est dans la partie de la Scythie la plus avancée vers l'Orient, qui eft bornée par deux grandes chaînes de montagnes que l'on appelle Ar-tag & Gher- tag. L'une étoit fon campement d'hiver, l'autre celui. d'été. C'est ce que les Turks appellent Jailak & Kischlak. Son fils Ogouz fut, à ce que la tradition rapporte, pendant trois jours fans fe vouloir laiffer allaiter par fa mere. Pendant la nuit la Princeffe eut des

fonges effrayans, & crut entendre dire à fon fils, qu'il ne tetteroit point qu'elle n'eût quitté l'idolatrie: ce qu'elle fit fecrettement. A la fin de la premiére an

Ogouz-Khan

née, comme toute fa famille étoit assem blée pour lui donner un nom, on vit cet enfant fe lever deflus fon berceau & dire hautement que fon nom étoit Ogouz. En âge d'être marié, Carakhan lui donna la fille de Ghazkhan fon frere; mais quoi qu'elle fut très-belle comme elle étoit Idolatre, Ogouz ne la voulut point voir. La fille d'Azer-khan fon autre frere ne fut pas plus heureufe pour la même raison, & celle d'Or-khan troifiéme frere de Cara-khan auroit éprouvé le même fort fi Ogouz ne l'eût rencontrée étant à la chaffe & ne l'eût engagée à abandonner le culte des Idoles. Dans l'abfence d'Ogouz, Carakhan assembla fes premiéres femmes & leur demanda le fujet de l'averfion du jeune Prince à leur égard. Elles lui apprirent que la Religion en étoit la caufe, & qu'elles n'avoient pas voulu avoir la complaifance d'abandonner celle du Roi. Cette réponse mit la divifion entre le Pere & le Fils, & fit naître des guerres dans lefquelles Cara-khan perdit la

vic.

(c) Ogouz-khan, fon fils & fon fucceffeur eft un Prince au fujet duquel on a rapporté un grand nombre de fables. Sa naiffance fut merveilleufe, & dès le berceau il ne fembloit occupé que du foin de ramener les hommes à l'ancienne Religion. Il eut plufieurs femmes, mais il ne voulut avoir de commerce qu'avec celle qui étoit attachée au culte d'un feul Dieu. Cela fut caufe que fon pere Cara-khan entreprit de le faire périr. Ogouz informé de ce deffein par fa femme, raffembla tous fes amis qui fe trouverent en petit nombre. Parmi eux étoient les neveux de Cara-khan: Ogouz leur donna le nom d'Ouïgour (b), c'est-à-dire, qui vient au fecours. De -là defcend la nation des Ouigours, fort célébre dans la Tartarie.

Cara-khan, quoiqu'avec une armée fupérieure à celle de fon fils Ogouz, fut battu & atteint d'une fléche dans fa déroute. Il mourut peu de tems après de cette blesfure laiffant le Thrône à Ogouz.

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Ogouz-khan, dans une de fes guerres, fit un fi grand buttin qu'il fe trouva fort embarafé pour le faire emporter; un homme de fon armée inventa à cette occafion les chariots, & comme ils faifoient beaucoup de bruit on les appella Kunneck, & l'Inventeur Kankli. Sa postérité a confervé ce nom d'Herbelot les appelle Cankeli ou Cangheli. Un de fes Officiers qui fut tué dans un combat laif foit fa femme enceinte, pendant la marche ne fçachant en quel lieu accoucher, elle fe retira dans un tronc d'arbre. En vieux langage Turk Kipzak fignifie un arbre vuide. Ogouz - khan informé de fon avanture, donna à l'enfant le furnom de Kipzak qui a été tranfmis à toute fa poftérité. On les appelle encore Cabgiack ou Kaptchaq.

Tome I.

Un autre Officier du même Prince s'étant arrêté pour donner du fecours à fa femme qui venoit d'accoucher pendant la route, fe trouva manquer de tout: fa femme fut fi extenuée qu'elle refta fans lait. Pour nourrir la mere & l'enfant l'Officier alla à la chaffe ; on l'amena enfuite en préfence d'Ogouz-khan mais s'étant excufé fur la cause de fon retardement, Ogouz-Khan le renvoya lui donnant le furnom de Kall-atz, Kall, fignific refte, & Atz qui a faim: d'Herbelot l'appelle Khaladje pour Cal-adje. Le méme Prince ayant trouvé dans fon armée quelques Soldats qui étoient arrivés long-tems après les autres parce qu'ils avoient été arrêtés par les neiges, leur impofa le nom de Karlik qui fignifie la neige. Ils font les ancêtres des Karliks, d'autres Ecrivains les appellent Cazlak ou Khaflak, cette différence vient de la fituation des points diftinctifs des lettres mal placés dans les manufcrits que les Ecrivains ont eu devant les yeux.

(b) On écrit encor Jgour & Aigour.

B

Ce Prince, ennemi déclaré de l'Idolatrie, n'accorda point de grace à ceux de fes fujets, qui, malgré fes ordres, voulurent y perfifter; mais cette perfécution, qu'il avoit commencée par fon propre pere, occafionna de fréquentes défertions; plufieurs fe retirerent chez les peuples voifins. Ogouz-khan ne tarda pas de les y pourfuivre, il les foumit, de même que ceux qui leur avoient donné retraite. Cette efpéce de guerre de Religion dura, dit-on, douze ans. On prétend qu'il conquit enfuite l'Empire du Khatay ou de la Chine, le Royaume de Tangout, le Carakhatay dont le Khan étoit appellé Itburak.

Ce fut dans cette occafion que la femme d'un de fes principaux Officiers qui avoit été tué dans un combat, s'arrêta dans le tronc d'un arbre pour accoucher d'un fils auquel on donna le nom de Kiptchaq, c'est-à-dire, Arbre creux. Cet enfant eft le fondateur de la Horde des Kiptchaq. Dans la fuite Ogouz le mit à la tête d'une armée confidérable, & l'envoya foumettre les Ourous, les Wlaks,les Madgiares ou Hongrois,& les Baschkirs qui habiTin c'eft- toient fur les bords des rivieres de Tin,* d'Atel & de Jaik.

à-dire le Tanais.

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Itburak-khan qui regnoit dans le Cara-khatay, c'est-àdire dans le pays de Kafchgar & d'Aкfou, attira une seconde fois fur lui la colere d'Ogouz, dix - fept ans après la premiere expédition. Il perdit la vie dans cette guerre, & Ogouz refta maître de fes Etats. Ce Prince marcha enfuite vers Taraz, Seiram, Taschкond, Samarkande & la grande Bukharie; il s'empara de Seiram & de Taschkond, pendant que fon fils prenoit les villes de Turkeftan & d'Andifchan. Ogouz conquit ainfi toute la Bukharie, Balkh, Khor, Kaboul, Ghazna & le Kafchmir où il y avoit un Prince fort puiffant nommé Iagma. La réfiftance des habitans de ce pays fut caufe qu'Ŏgouz les paffa tous au fil de l'épée. Après cette grande expédition il retourna

dans fes Etats héréditaires.

Dans la fuite, il réfolut de porter la guerre dans les pays que les Orientaux appellent Iran, c'est-à-dire dans la Perfe, & les autres lieux voisins. Après avoir paffé le fleuve Amou ou Oxus, il entra dans le Khorafan, foumit cette Province,

enfuite l'Iraque, l'Adherbidgiane, l'Armenie & s'avança jufqu'à Scham ou la Syrie, où il fit un affez long féjour. De-là il revint dans fon pays, & il y mourut après un regne de cent feize ans. On compte depuis ce Prince jufqu'à Genghizkhan environ quatre mille ans ; ainfi, Ogouz auroit vécu vers l'an deux mille huit cens avant Jefus-Chrift. (a) Mais une époque auffi reculée,accompagnée de tant de détails qui ne font rapportés que par des Hiftoriens modernes, femble être une preuve du peu de fond que l'on doit faire fur ces traditions, & fi elles ont quelque certitude, il faut les placer dans un tems moins ancien.

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bati, 4. Karedi, 5. Sultanli, 6. Okli, 7. Kukli, 8. Sultzli, 9. Harasanli, 10. Jurazi, 11. Zamzi 12. Turunco, 13. Kumi, 14. Surki ou Surchi, 15. Kortzik, 16. Suerzik, 17. Carafih, 18. Kafquet, 19. Kergis, 20. Takan, 21. Za, 22. Zama, 13. Murda, 24. Schui.

(b) Ogous-khan (c) laissa six enfans (d) qui avoient cha(a) Les grandes Conquêtes d'Ogouzkhan dans la Perfe furent faites, à ce que prétendent quelques Ecrivains orientaux, fous le regne de Giamschid troifiéme Roi de Perfe. Ali-jezdi, dans d'Herbelot, les place depuis la mort de Caioumarrath premier Roi de Perfe jufqu'au regne d'Houfchenk qui lui fuccéda. C'eft un intervalle de deux cens ans, pendant lequel il n'eft fait mention d'aucun événement; mais le regne de ces Rois de Perfe eft encore plus incertain que les traditions Tartares & ne peut nous indiquer l'époque d'Ogouz. Je n'en parle que pour en faire connoître la faufseté.

(b) Les fix enfans d'Ogouz-khan font Kiun-khan, Ay-khan, Jouldouz-khan, Kuk-khan, Tag-khan & Zingis-khan que d'Herbelot appelle Tenghin. Ils curent chacun quatre fils legitimes & quatre fils naturels, Kiun fignifie le Soleil, Ay, la Lune, Jouldouz, l'Etoile, Kuk, le Ciel, Tag,montagne & Zingiz, la mer.Ces mots fe trouvent encore dans la langue des Turcs de Conftantinople. Les fils de Kiun - khan font Kagi, Baïat, Alkaaduli, Carajuli; ceux d'Aykhan sont Jazir, Japhir, Dodurga, Dugar. Ceux de Jouldouz font Ufchar, Kafik, Begdali, Karkin. Ceux de Kuk- khan font Bagender, Bazina, Ziuldor, Zabni. Ceux de Tagkhan font Salur, Imar, Alajunti, Ufgar. Ceux de Zingiz-khan font Igder, Baydus, Auwa, Kannek.

Les fils naturels des fix fils d'Ogouzkhan font 1. Kana, 2. Luna, 3. Tur

(c) Mirkhond rapporte que des 24 Peuples qui tirent leur origine des fix enfans d'Ogouzkhan, une partie alla prendre des quartiers dans le Berangar & les autres dans le Givangar, c'eft-à-dire que les uns allerent à droite & les autres à gauche; les trois aînés furnommés Buzuk ou Bujuk, c'eft-à-dire, Grands, eu. rent le commandement de la droite ou du Berangar, les trois autres nommés Ugiuk ou Kugiuk commanderent la gauche ou le Givangar.

(d) On prétend que ces fix enfans d'Ogouzkan étant un jour à la chaffe trouverent un arc & trois fléches d'or qu'ils apporterent à leur pere. Ogouz donna l'arc aux trois aînés & les fléches aux trois autres; les premiers furent appellés Bouzouk, les feconds Ougiouk, ou Outchouk. Bouzouk fignifie rompu · parce qu'ils partagerent l'arc entre eux Ougiouk ou Outz - ock fignifie trois fléches. Ock encore dans la langue des Turcs de Conftantinople défigne une fléche. Relativement à cette tradition, les Annales Chinoifes rapportent plufieurs divifions des Turcs par fléches; c'est àdire, qu'une fléche répondoit alors au

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