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Hou-lo

kou.

Han-chou.

,

:

& fe fauverent encore plus avant dans le Nord de for Avant J.C. te que l'armée Chinoise pénétra jufqu'au-delà du fleuve Tchi-kiu-choui. Li-kuam-li envoya vingt mille hommes qui rencontrent à une journée de diftance de ce fleuve le Grand Général de l'Orient à la tête d'un pareil nombre de Cavaliers. On fe battit pendant un jour entier les Huns perdirent beaucoup de monde & un de leurs Principaux Officiers. Les Chinois revinrent à la montagne. Yen-jen-chan (a) dans le pays de Soufie-ou. Cette montagne doit être fituée au Nord du défert de Sable & faire partie de celles qui vont rejoindre les Monts-Altai aux fources de la riviere Irtifsch. Après une marche auffi longue & auffi fatiguante qu'a dû être celle des Chinois à travers le grand défert & jufqu'aux rivieres de Selinga & d'Orgon, où ils paroiffent s'être avancés dans cette grande expédition, le Tanjou crut qu'il étoit tems de fondre fur cette armée avec cinquante mille hommes il s'approcha des Chinois, fit creufer pendant la nuit un très-grand foffé qui les environnoit de toutes parts, enfuite les attaqua brufquement & les mit en déroute. Les Chinois fe fauverent comme ils purent, & le Général Li-kuam-li fut obligé de se rendre à difcretion.

Telle fut la fin d'une guerre qui couta beaucoup de monde aux Chinois. Aufli ne fongea-t-on plus à la Chine à mettre fur pied de nouvelles armées. Le Tanjou de fon côté qui désiroit la paix envoya des Ambassadeurs à la Chine: mais à leur retour ce Prince eut quelques conférences avec les Officiers Chinois qui accompagnoient les Huns & qui étoient chargés des ordres des l'Empereur. Ces conférences trop remplies d'invectives ne fervirent qu'à aigrir les efprits; le Tanjou paroiffoit être furpris de ce que dans un Royaume comme celui de la Chine où regnoient, difoit-il, la juftice, la vertu & la politeffe, le Prince héritier fe fût revolté. Les Chinois ne pou voient

(4) Cette montagne eft dans le pays que l'on appelle Ta-ta, éloignée des frontić res de la Chine de trois mille li.

Hou lo

voient en difconvenir, mais ils lui repréfentoient, que ce Prince n'avoit été mis à mort que parce qu'il étoit Avant J. C. coupable; qu'en cela l'Empereur étoit un pere qui kou avoit puni fon fils. Ils ajoutoient que cette conduite étoit bien différente de celle de Me-té-tanjou, qui après avoir tué fon pere, avoit épousé sa belle-mere ; action plus digne d'une bête que d'un homme. Ces conférences ou plutôt ces reproches, inutiles dans les circonstances préfentes, indifpoferent le Tanjou qui fit arrêter les Ambaffadeurs Chinois & les retint prifonniers pendant

trois ans.

Su.

Cependant le Général Chinois Li-kuam-li jouissoit d'u- Lie-tai-kine fi grande faveur auprès de ce Prince, que plufieurs Han-chou Officiers Huns & même Goei-liu en devinrent jaloux & chercherent les moyens de le perdre. La mere du Tanjou étoit dangereufement malade; on confulta les Devins fur le rétablissement de fa fanté: ceux-ci répondirent que les mânes des anciens Tanjou étoient irrités de ce que, contre les ufages, on ne facrifioit plus les Prifonniers. Ce difcours, dicté par les ennemis de Li-kuamli & prononcé par les Prêtres du pays, ébranla les Huns. On fit arrêter ce Général & on le facrifia; mais quelque tems après il tomba une fi grande quantité de neiges pendant plusieurs mois, que la plupart des beftiaux périrent, que les grains ne purent germer, & qu'il mourut beaucoup d'hommes. Le Tanjou qui appréhendoit que le facrifice que l'on avoit fait de Li-kuam-li n'en fût la L'an 85. cause, rechercha la paix des Chinois; mais la mort le prévint.

Hou-lo-kou avoit un fils en bas-âge, que, pour l'avantage de fes Sujets, il avoit cru devoir exclure du Thrône des Huns pour y mettre fon propre frere (a) oncle du jeune Prince; mais les Grands de la Nation, à la tête defquels étoit Goei-liu, attachés à ce fils & foutenus par l'Impératrice fa- mere, qui avoit envoyé des af faffins pour faire périr le frere du Tanjou, fe réunirent tous. On cacha pendant un tems la mort du Tanjou, (a) Il étoit fils de Tcie-ti-heou & occupoit alors la charge de Ko-li- vam 'Occident.

Tome I.

K

Han-chou.
Kam-mo.

afin de former un parti, qui devenu de plus en plus Avant J. C. confidérable, fut affez puiffant pour empêcher qu'on exéHou-yen-ti cutât fes dernieres volontés. Tous ces Chefs s'engagerent par ferment, dans un feftin, à proclamer le fils du Tanjou, & lui donnerent le titre de Hou-yen-ti - tanjou. Ceux des Grands qui n'approuverent pas cette conduite, avoient deffein d'abord de fe retirer avec tous leurs fujets dans la Chine;mais la crainte de ne pouvoir fe rendre affez promptement & fans danger, dans ce pays éloigné, les obligea de fonger à chercher une retraite chez les Oufun qui étoient à l'Occident de l'Empire des Huns; ils fe difpoferent à paffer dans ce pays pour déclarer enfuite la guerre au nouveau Tanjou. Un Chef de Horde les trahit & en inftruifir ce Prince qui pour toute réponse lui ordonna de s'oppofer à leur fuite, le rendant refponfable de tout ce qui en réfulteroit. Cette conduite, loin d'appaifer la revolte, ne fervit qu'au augmenter le nombre des mécontens. Ce Chef de Horde & tous fes fujets conçurent dès-lors une haine implacable contre le Tanjou, & l'Empire des Huns commença à perdre beaucoup de fon ancienne fplendeur : toutes ces divifions le conduifirent infenfiblement vers fa ruine.

Kam-mo.
Han chou.

L'an 83.

Dès le commencement de fon Regne le Tanjou avoit parlé de faire la paix avec les Chinois; mais peu après ayant abandonné ce projet, il avoit envoyé des troupes vers la Province de Ta-tum-fou où il avoit remporté quelques avantages. Cette inconftance étoit une fuite de la jeuneffe du Prince & de la foibleffe du Gouvernement. Sa mere revêtue de toute l'autorité, n'avoit pû fe faire refpecter des Grands, l'Empire étoit rempli de troubles à la faveur defquels les Chinois pouvoient l'attaquer avec fuccès; c'est ce que l'on craignoit & ce qui obligea Goei-liu de confeiller au Tanjou de faire creufer des puits & bâtir une Ville pour y mettre les provifions néceffaires en cas d'attaque. On devoit en donner la garde aux Tfin. Ceux-ci étoient des Chinois qui avoient paffé anciennement en Tartarie où leur poftérité s'étoit confervée. On creufa en conféquence plufieurs centaines

de puits; on coupa dans les forêts une grande quantité de bois, mais tout ce travail n'étoit pas encore fini qu'on Avant J. C. changea de fentiment. On quitta l'ouvrage dans l'idée Hou-yen ti que fi les Chinois s'emparoient de ces Magafins, c'étoit leur fournir des vivres & les mettre par ce moyen en état de faire beaucoup de mal aux Huns, en reftant plus long-tems dans leur pays. On fongea donc à la paix, & pour l'obtenir plus facilement, le Tanjou fit renvoyer à la Chine les Officiers Chinois qui avoient été faits prifonniers en plufieurs rencontres. De ce nombre étoit le fameux So-vou dont j'ai déja parlé. Il avoit foutenu avec un courage héroïque les tourmens les plus cruels & la mifere la plus affreufe. Envoyé en éxil fur les frontiéres de la Siberie, il s'y étoit nourri des fouris qu'il chaffoit & des fruits qu'il rencontroit. Envain quelques Officiers Chinois qui étoient au fervice des Huns avoient tenté de le confoler, il penfoit toujours à fon Prince & à fa Pa- Kam‐mo. trie, foutenant qu'un Miniftre devoit fervir fon Roi comme un fils devoit fervir fon pere. Lorsqu'il apprit la mort de l'Empereur Vou-ti, on le vit fe tourner du côté du Midi & fondre en larmes. Il refta dix-neuf ans dans fa captivité.

Ven-bien

Kam-mo.

Quoi que les Huns, en remettant en liberté ces Prifon- L'an 80. niers, cherchaffent à faire la paix avec les Chinois, ils ne tum-ka. laifferent pas d'envoyer une armée de vingt mille Cavaliers Han-chou. qu'ils diviferent en quatre corps, pour faire des courfes fur Lie-tai-kiles frontieres de la Chine; mais comme cette expédition ne fu. fut fuivie d'aucun fuccès, & qu'au contraire un de leurs Officiers qui commandoit une Place fur les frontiéres de leur pays fut fait prifonnier, ils prirent le parti de fe retirer fort avant vers le Nord-oueft, dans la crainte que cet Officier ne fervît de guide aux Chinois. Alors ils n'oferent plus venir habiter dans les plaines qui étoient au Midi. Les Chinois de leur côté établirent une garnifon dans le pofte que cet Officier Hun occupoit. L'année fuivante ils en envoyerent une autre, compofée de L'an 79. neuf mille hommes à Cheou - kiam - tchim au Nord du Hoam, & firent bâtir un pont fur le Fleuve Sie-ou-choui

qui en étoit peu éloigné, pour faciliter la retraite des déAvant J.C. ferteurs Huns. Hou yen-ti

,

Ce fut pendant ce tems - là que le Chinois Goei-liu qui demeuroit chez les Huns, vint à mourir ; il avoit touHan chou. jours entretenu pendant fa vie ces Peuples des avantages qu'ils pouvoient retirer de la paix avec les Chinois, & on ne l'avoit point écouté. Toutes les armées étoient alors en mauvais état & l'Empire fouffroit beaucoup de la difette. Le frere du Tanjou, dans le deffein d'y remédier, s'étoit rappellé plus d'une fois dans la mémoire les paroles de Goei-liu & les réfléxions qu'elles lui avoient donné occafion de faire, le portoient à rechercher la paix; mais appréhendant que les Chinois n'acceptaffent pas fes propofitions, il ne voulut pas faire connoitre le premier fes deffeins; il envoya fecrettement des gens ches les Ambaffadeurs de la Chine pour les entretenir de tous les brigandages qui fe commettoient, & les amener infenfiblement à demander eux-même la paix qu'il désiroit. Mais après fa mort qui arriva peu de tems après, on fuivit des maximes toutes différentes.

L'an 78.

:

&

Le Tanjou envoya un de fes Officiers nommé Li-hanvam pour éxaminer l'état où se trouvoient alors les frontiéres de la Chine. Il fçut par - là que les Garnifons des pays de So-tcheou & de Kan-tcheou étoient foibles on lui affura qu'avec une armée il lui feroit facile de fe rendre maître de ce pays. Quelques Chinois qui vivoient parmi les Huns en ayant auffi-tôt donné avis à l'Empereur de la Chine, on fe tint fur fes gardes. Ces précautions ne furent pas inutiles le Vice-Roi d'Occident avec Li-han-vam à la tête de quatre mille Huns entrerent dans la Province de Kan-tcheou, où ils trouverent plus de réfiftance qu'ils n'avoient crû; après avoir été battus, ils furent obligés de fe retirer avec perte ; Lihan-vam perdit la vie en cette occafion, & depuis ce tems les Huns n'oferent plus fe montrer dans cette Province. Ils allerent alors du côté du pays d'Yen-gan-fou Han-chou dans le Nord du Chenfy, où ils tuerent plufieurs milliers de perfonnes; mais ils cefferent bien-tôt ces hostilités

Ven-bien

tum-kao.

L'an 77.

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