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pour fonger à faire rentrer dans le devoir les Ou-huon qui venoient de fe révolter.

Avant J.C.

Ces Peuples, comme je l'ai rapporté plus haut, après Hou-yen ti avoir été vaincus par Me-té-tanjou, s'étoient retirés dans les montagnes qui font au Nord - oueft de la Corée où, de même que les Sienpi, ils étoient reftés foumis aux Huns jufqu'à ce que l'Empereur de la Chine nomme Vou- Kam-me. ti, eût envoyé le Général Kiu-pim dans leur pays. Kiupim avoit battu les Huns & l'on avoit tranfporté les Ouhuon fur les frontieres Septentrionales du Leao-tong au Nord du pays de Yum-pim-fou, de Pao-gan-tcheou & des environs pour obferver les mouvemens des Huns, avec ordre de n'avoir aucun commerce avec ces Peuples. Infenfiblement ils s'étoient multipliés dans ces contrées & y étoient devenus affez puiffans pour se revolter, & contre les Chinois & contre les Huns. Ils fe reffouvenoient encore de leur défaite par le Tanjou Me-té, & pour s'en venger ils venoient de violer les tombeaux des Tanjou. C'eft ce qui obligea les Huns à les attaquer avec vingt mille hommes de Cavalerie: les Chinois de leur côté avoient envie de profiter de cette circonftance pour faire en même-tems la guerre aux Ou-houn; mais on prit le parti d'attendre qu'ils euffent été affoiblis par les Huns ce qui réuffit comme on l'efpéroit. En effet, après que les Huns fe furent retirés, les Chinois attaquerent les Ou-houn & les battirent.

L'an 74.

De ces extrêmités Orientales de l'Afie, où les Huns avoient toujours à combattre les armées nombreuses & aguerries des Chinois, le Tanjou fit marcher fes troupes vers les rivieres d'Irtifch & d'Ili, dans le pays des Oufiun, & pour être plus en état de faire des courses il établit fon camp dans le pays des Igours. Ung-kuei-mi Han-chou. qui portoit le titre de Fi-vam regnoit alors fur les Ou- Lie-tai-kifiun & il venoit d'époufer une Princeffe Chinoise. La Reine des Ou-fiun fe plaignit à l'Empereur de la Chine appellé Chao-ti de toutes les hoftilités que les Huns commettoient dans fon pays, & lui demanda du fecours. L'Empereur Chao-ti étoit près de faire partir plufieurs

Su.

corps de troupes lorsqu'il mourut. Siuenti lui fuccéda; AvantJ.C. le Roi & la Reine des Ou-fiun lui adrefferent leurs plainHou-yen ti tes contre les Huns & lui firent repréfenter, par leurs Ambaffadeurs, que ces Peuples étoient entrés de nouveau dans leur pays, & qu'ils s'étoient rendu maîtres de quelques-unes de leurs Provinces ; ils offrirent d'armer cinquante mille hommes de Cavalerie pour les attaquer, à condition que les Chinois armeroient de leur côté. Les Chinois mécontens des Huns profiterent de cette occafion & firent de grands préparatifs pour cette guerre. Siuenti mit fur pied cent foixante mille hommes que l'on partagea entre cinq Généraux pour entrer tout à la fois en Tartarie par différens endroits.

L'an 72.

Han-chou.

Tien-kuam-mim qui avoit le titre de Général de l'armée deftinée pour les monts Ki-lien, entra dans le pays des Huns par l'Occident du fleuve Hoam, s'avança jufqu'à feize cens li hors des frontieres de la Chine & vint jufques à la montagne Ki-tchi-chan avec quarante mille hommes. Il fit quelques prifonniers, enleva des bœufs des chevaux & des moutons ; mais ayant appris en cet endroit, de quelques Chinois qui revenoient de Tartarie, qu'il y avoit une troupe de Barbares à l'Occident de la montagne Ki-tchi-chan; il fongea à s'en retourner promptement, malgré les représentations de ses Officiers qui lui confeilloient d'aller les attaquer.

Le Général Fan-mim-yeou qui commandoit trente mille hommes fortit par le pays de Kan-tcheou, fit douze cens li fur les terres de Tartarie & s'avança jufqu'au fleuve Pou-li-heou, où après avoir fait quelque butin il reprit le chemin de la Chine. Le Général Han-tcem avec trente mille hommes prit fa route à travers le pays de Yen-gan-fou, pénétra jufqu'au fleuve Sie-ou-choui, tua ou fit prifonnier dix-neuf mille hommes & emmena soixante & dix mille tant chevaux, boeufs que moutons. A l'égard des Ou-fiun qui avoient quitté trop précipitament le lac de Lop, ils étoient entrés avec un Officier Chinois appellé Tchang-hoei dans le pays des Huns: ils avoient fait trente-neuf mille prifonniers & pris fept cens mille

que

Hou-yen ti

L'an 71.
Han-chou.

Kam-mo.

Lie-tai-kiSu.

bêtes. Tous les troupeaux qui faifoient la principale richeffe des Huns étoient difperfés, quantité des Huns Avant J.C. étoient malades des bleffures qu'ils avoient reçues, & le Tanjou n'étoit plus en état, après cet échec, de s'oppofer aux Ou-fiun; il fit cependant un nouvel effort, il arma environ dix mille hommes de Cavalerie, entra dans leur pays; mais il ne enlever put les vieillards & les malades, & lorfque ce Prince voulut reprendre la route defes Etats il tomba une fi grande quantité de neiges, que prefque tout fon monde & fes troupeaux périrent de froid & de faim. En même-tems les Tim-lim Peuples qui étoient fitués au Nord des Ou - fiun dans la Siberie, profitant de la foibleffe des Huns les vinrent attaquer du côté du Nord pendant que les Ouhuon à l'Orient & les Ou-fiun à l'Occident faifoient la même chose, n'épargnant ni âge ni fexe. Les Huns perdirent en cette occafion quantité de troupeaux & de beftiaux après tant de malheurs il furvint une famine qui enleva beaucoup de monde.

Han chou.

tum-kao.

L'Empire des Huns fe trouva considérablement affoibli: tous les Royaumes voifins, qui avoient jufques alors été leurs tributaires, fecouerent le joug fans que le Tanjou pût les empêcher. Les Igours qui leur étoient foumis depuis quatorze ans fe tournerent du côté des Chinois, Han chou. & l'Empereur peu de tems après envoya trois mille che- Ven-bienvaux qui après avoir fait quelques courfes en Tartarie & avoir enlevé un millier de prifonniers s'en retournerent. Les Huns abbattus par tant de pertes ne fongerent L'an 8. plus qu'à la paix; mais elle ne put fe faire pendant le Kam-mo. regne du Tanjou Hou-yen-ti qui mourut après un regne de Han chu. dix-fept ans, laiffant pour lui fuccéder fon frere Hiuliu-kiuen-kiu-tanjou.

Ven-bientum-kao.

kiuen-kiu.

Ce Prince monté fur le thrône dépofa auffi-tôt l'Impératrice femme de l'ancien Tanjou, & donna fes titres Hiu-liu. à une autre Princeffe. Le pere de la premiére qui avoit une charge considérable dans l'Empire (a) ne fouffrit cet

(a) Celle de Ta tçie kiu de l'Orient.

Avant J C.
Hiu-liu

Ven-bien

tum-kao.

affront que par ce qu'il ne put alors en tirer vengean ce; mais il n'attendoit qu'une occafion favorable. Sans avoir fait aucun traité avec les Chinois, les Huns vikiuen-kiu. voient en paix avec eux, ils ne faifoient plus de courses fur les frontieres de la Chine, & les Chinois venoient de licentier toutes leurs troupes dans le deffein de laiffer les Peuples jouir tranquillement de la paix. Il fe tint à cette occafion une grande affemblée dans laquelle le Tanjou dit publiquement qu'il vouloit conclure la paix avec la Chine. Le pere de l'Impératrice dépofée fe retira auffitôt chez les Chinois, & attribuant à l'Affemblée des Huns des motifs tout différens de ceux qu'elle avoit,il répandit le bruit que ces Peuples fe difpofoient à faire des courfes dans la Chine. Cette nouvelle, toute fauffe qu'elle étoit, ne laiffa pas d'allarmer l'Empereur, qui, pour prévenir les Huns, fit armer fur le champ cinq mille Cavaliers qui Han-chou. allerent porter le ravage dans la Tartarie : il arriva enfuite une grande famine qui acheva de ruiner les Huns. Lie tai-ki- Negligeant alors toute expédition étrangere ils ne fongerent qu'à deffendre leur propre pays des courses des Chinois. Ils formerent deux Camps, chacun de dix mille hommes de Cavalerie : quelques partis en vinrent aux mains, mais toujours au défavantage des Huns. L'an 67. A tant de difgraces fucceda la revolte entiére des haHan-chou. bitans du pays appellé par les Chinois Si-yu. Ces Peuples obligerent les Huns d'abandonner le pays d'Ygour Kam-mo. & s'en rendirent les maîtres. Quelques années auparavant, ces Igours s'étoient ligués avec les Chinois; mais les Huns qui fentoient combien il leur étoit important de conferver fous leur domination un pays qui leur fervoit de barriere du côté du midi, avoient exigé que le Prince héritier d'Igour, nommé Kiun-fo fe rendît à la Cour du Tanjou pour y fervir d'ôtage. Kiun-fo qui n'avoit pas voulu obéir, s'étoit retiré dans le pays de Yen - chi, fitué vers Harafchar & les fources de la riviere d'Ili dont il étoit originaire. Le Roi des Igours avoit donné alors le titre de Prince Héritier à Ou-kuei; celui-ci parvenu à la Couronne avoit fait alliance avec les Huns, dont il avoit

Su.

Ven-bien

tum-kao.

Lie-tai-ki

Su.

épousé

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Hiu liu

épousé une Princeffe. Il avoit inquiété les Chinois dans
l'expédition qu'ils venoient de faire avec les Ou - fiun Avant J. C.
contre les Huns. Pour punir les Ygours, l'Empereur de kiuen kiu.
la Chine avoit envoyé deux de ses Généaux nommés Kie
& Hi à la tête d'un corps de troupes formés de criminels
auxquels on avoit accordé la grace. Ces Chinois étoient
venus fe camper dans les campagnes de Kiu-li à l'Occi-
dent d'Harafchar & du côté d'Akfou. Après y être refté
pendant le tems néceffaire pour faire la récolte, les deux
Généraux avec quinze cens Chinois & dix mille hom-
mes de troupes étrangeres, étoient entrés dans le
pays d'Igour, & s'étoient avancés vers la ville de Kiao-
ho-tchim ou Turphan dont ils s'étoient emparés. Le Roi
d'Igour avoit été obligé de fe retirer plus au Nord dans
la ville de Che-tching. En même-tems les Chinois, après
avoir confommé leurs vivres, étoient retournés dans le
pays de Kiu-li, où ils firent une nouvelle récolte & ren-
trerent en campagne. Le Roi d'Igour obligé d'abandon-
ner la ville de Che-tching alla demander du fecours au
Tanjou: n'ayant pû en obtenir il reprit le chemin de fes
Etats, où réfolu de fe rendre aux Chinois, il ne fut arrêté
que par la feule crainte que ceux-ci fe défiaffent de lui.
Pour gagner leur confiance, un de fes Officiers nommé Heou han
So-yeou lui confeilla d'aller ravager le pays de Pou-loui chou.
qui étoit de la dépendance de l'Empire des Huns. Ce pays

étoit fitué dans les montagnes au Nord d'Igour, fes habitans
logeoient fous des tentes & cherchoient les pâturages; ils fça-
voient cultiver la terre, & s'appliquoient à fabriquer des arcs
& des fléches. C'étoit anciennement un Royaume affez
puiffant; mais dans les guerres des Huns avec les Peu-
ples du Si-yu, ou de la petite Bukharie, le Roi de Pou-
loui, qui s'étoit rendu coupable envers le Tanjou, avoit
été transporté, avec quantité de fes fujets, dans le pays
d'O-go fitué à quatre-vingt-dix jours de marche à cheval
au Nord d'Igour, pendant que les autres étoient restés
dans leur ancien pays de Pou-loui. Le Roi d'Igour fit des
courfes dans ce dernier pays, y enleva des prifonniers,
& alla fe rendre enfuite aux Chinois. Ceux-ci en
Tome I.
L

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