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Vo-yen

L'an 58.

s'étoient retirés. Les Ou-huon entrerent fur les terres des Huns & y firent le dégât : cette incurfion ne tarda Avant J.C. pas à devenir une guerre générale, Ou-chen- mo & les kiu-ti. Principaux chefs des Huns qui commandoient dans l'Orient joignirent aux Ou-huon, & mirent à leur tête Ki - hou- Kam-mo. chan fils du précédent Tanjou, auquel ils donnerent le ti- Han-chou. tre de Hou-han-fie-tanjou. Ce Prince leva dans le Gouvernement d'Orient quarante ou cinquante mille hommes, à la tête defquels il marcha du côté de l'Occident pour attaquer le Tanjou. Les deux armées en vin

rent aux mains au Nord du fleuve Kou-tcie-choui dans la Tartarie les troupes de Vou-yen-kiu-ti-tanjou furent battues & diffipées. Il ne reftoit plus d'autre efpérance à ce Tanjou que dans les troupes d'Occident: il fit aufsitôt fçavoir à fon frere qui en étoit le Vice-Roi, que tous les Huns s'étoient foulevés & qu'il avoit befoin de fecours; mais celui-ci qui prévoyoit fans doute, que fes troupes ne pourroient réfifter long-tems, ne voulut point les envoyer, & le Tanjou abandonné de tous fes Sujets fe tua de défefpoir après avoir regné trois ans. Alors tout fut foumis au nouveau Tanjou Hou-han-fie.

Avant J. C.

Lorfque ce Prince eut rétabli la tranquillité dans fes Etats, il licentia fes troupes & les renvoya dans leurs Hou-hanpays; il donna à fon frere Hou-tou-gou-feu le titre de fic. Ko-li-vam de l'Orient, & fit fçavoir en même-tems aux Principaux de la Nation le deffein qu'il avoit de faire mourir le Vice-Roi d'Occident, frere de l'ancien Tanjou, ce qui replongea fon Empire dans de plus grands troubles. En effet, celui-ci pour donner de l'occupation au Tanjou & fe défendre en même-tems, fe révolta avec Lie-tai-kiTou-lung-ki & fit nommer un autre Tanjou, auquel il su. donna le titre de Tou-yen-tanjou.

Han-chou

Kam-mo.

Le nom de ce Prince étoit Pou-fiu-tam, & il étoit Tou-yen. frere de l'ancien Tanjou & du Vice-Roi d'Occident. Avec un corps d'armée, les rebelles s'avancerent du côté de l'Orient contre Hou-han-fié qui eut le malheur d'être vaincu : fon armée fut difperfée, & lui, obligé d'abandonner fa résidence ordinaire.Le nouveau Tanjou Tou-yen en

Avant J. C. Hou-hanfie.

Hou-ki.
Tche-li.
Ou-tfie.

Kam-mo.

tum-kao.

prit auffi-tôt poffeffion, & donna à fes deux fils les premieres charges de l'Etat ; il envoya enfuite quarante mille hommes de Cavalerie fous la conduite de deux Généraux pour former un Camp dans l'Orient, afin d'obferver les mouvemens de Hou-han-fie; mais pendant que

le Tanjou n'étoit occupé que de cette guerre, deux au

tres de fes Officiers nommés Hou-ki-vam & Goei-li-tamhou ennemis fecrets du Vice - Roi d'Occident, lui firent entendre que ce Vice-Roi fon frere avoit dessein de fe révolter & de fe faire enfuite déclarer Tanjou. Ce Prince fur qui ces mauvais confeils firent quelque impreffion, fit arrêter & mettre à mort le Vice-Roi, & ne reconnut fon innocence que dans la fuite: il fit auffi-tôt mourir Goei-li-tam-hou, & Hou-ki-vam qui s'étoit échappé, dans la crainte de fubir un pareil châtiment, se mit à la tête d'un parti & osa se faire appeller Houki-tanjoų.

Dans le même temps deux autres principaux Officiers imiterent cet exemple. Le premier prit le titre de Tcheli-tanjou, le fecond celui d'Ou-tfie-tanjou. Ces cinq Tanjou troublerent tout l'Empire des Huns. Le Tanjou-touyen marcha en perfonne du côté de l'Orient contre le Ven-bien- Tanjou Tcheli, pendant que fon Général Tou-lum-ki s'avançoit contre le Tanjou Ou-tfie. Les deux nouveaux Tanjou furent battus & fe fauverent vers le Nord-ouest, où ils fe joignirent au Tanjou Hou-ki : ils fe dépouillerent du titre de Tanjou en faveur de Tche-li & leverent enfemble une armée de quarante mille hommes. Tou-yen inftruit de ces démarches envoya un pareil nombre de troupes qui camperent en differents endroits du côté de l'Orient où demeuroit Hou-han-fie; celui-ci à la tête de quarante mille hommes marcha vers l'Occident & défit le Tanjou Tcheli qui fut obligé de fe fauver dans le pays fitué vers le Nord-oueft. Tou-yen revint vers le Sudquest & abandonna le pays de Ki-tun.

Kam-mo.

A l'occafion de toutes ces guerres civiles on mit en délibération dans le Confeil de la Chine fi l'on n'attaqueroit pas les Huns. Plufieurs Miniftres étoient d'avis

que

Hou-han

fie.

que l'on prît ce parti. Mais quelques autres représenterent qu'il étoit plus grand & plus noble de foumettre les Avant J. C. hommes par des bienfaits que de profiter de leurs difgraces pour les accabler; que la guerre que l'on méditoit contre les Huns ne pouvoit pas être une guerre jufte; que le feul moyen de gagner l'eftime & l'amitié des étrangers, & de leur faire croire que les Chinois ne fe conduifent que par des principes de juftice & d'humanité, ce qui étoit le comble de la vertu, étoit d'envoyer aux Huns des Ambaffadeurs pour les confoler, les fecourir & mettre fin à leurs maux ; que ces Peuples alors ne manqueroient pas de fe foumettre. L'Empereur fuivit un confeil fi fage, & les Huns n'eurent rien à craindre du côté de la Chine.

Han-chu.

Des trois Tanjou qui reftoient, Tou-yen & Hou-hanfie étoient les plus puiffants : le dernier envoya fon frere L'an 5. pour repouffer les troupes de Tou - yen qui campoient dans l'Orient. Les deux armées fe livrerent un combat. dans lequel celle de Tou-yen perdit plus de dix mille hommes. Pour reparer cette perte & empêcher que Houhan-fie ne pénétrât davantage dans fes Etats, Tou-yen se mit à la tête de foixante mille hommes. Les deux Tanjou se rencontrerent dans le pays de No-kou, & quoique l'armée de Hou-han-fie ne montât qu'environ à quarante mille hommes, Tou-yen fut battu & fe tua. Le plus jeune de fes enfans nommé Kou-meou-leou-teou avec le Général Tou-lum-ki se retirerent à la Chine, & le Tanjou Tche-li se soumit à Hou-han-fie, qui fe trouva par cette victoire maître de tout l'Empire.

Il y avoit encore un très-grand nombre de mécontens, & les troubles n'étoient pas entierement appaifés: plufieurs Généraux de Hou-han-fie même pafferent avec plus de dix mille hommes chez les Chinois, & quelques autres Officiers fe firent encore proclamer Tanjou. De ce nombre étoit Hieou-fiun-vam frere du Tanjou Tou-yen. Après avoir remporté quelques avantages fur les troupes de Hou - han- fie, il alla camper fur les frontieres ОeTome I.

M

Avant J. C.

fie.

cidentales de l'Empire où il prit le titre de Iun-tchin-tanHou-han- jou. Il ne fut pas le feul qui afpirât à l'Empire de Tartarie. Hou-han - fie trouva dans la perfonne de fon propre Jun-tchin. frere nommé Hou-tou-gou-feu qui étoit Vice-Roi d'Orient, Han chu. un ennemi beaucoup plus redoutable que tous ceux qu'il avoit eu à combattre jufqu'alors. Ce Vice-Roi arma tous fes Tchi-tchi. Sujets: Tchi-tchi prit le titre de Tchi-tchi-ko-teou-heoutanjou, & établit fa demeure dans l'Orient. Dans cette extrémité, le Tanjou Hou-han-fie, réfolu d'implorer la protection de la Chine, envoya fon frere vers l'Empereur & fe déclara vassal de l'Empire.

Kam-mo.

L'an 54.

Han chu

L'an 53.
Han-chu.
Kam-mo.

Su.

Dans le même-tems le Tanjou Iun-tchin à la tête de fes Sujets marcha vers l'Orient contre le Tanjou Tchitchi, mais il fut vaincu & tué; toutes fes troupes fe foumirent au Vainqueur, qui, avec ce renfort, alla attaquer Hou-han-fie & remporta une très-grande victoire qui le rendit maître de la Cour du Tanjou. Un Miniftre de Houhan - fie nommé Tço-y-che-tfeou-vam propofa à ce dernier de se soumettre entierement aux Chinois qui vienLie-tai-ki- droient promptement à fon fecours, prendroient fa défense & rétabliroient la tranquilité dans fes Etats. Houhan-fie fit affembler les Chefs de la Nation; mais tous d'une voix unanime rejetterent cet avis, fous prétexte qu'il feroit honteux aux Huns qui étoient les peuples les plus courageux & les plus redoutables de toute la Tartarie, de fe foumettre aux Chinois. Ils repréfenterent que, quoique les Princes fe difputaffent l'Empire entre eux il ne fortoit point de la même famille, & que fi plufieurs d'entr'eux étoient morts, ils laiffoient des enfants en état de commander, & que les Chinois, malgré toute leur valeur n'avoient encore pû les foumettre; qu'en fe rendant ainsi, c'étoit aller contre les Loix fondamentales de l'Etat, c'étoit deshonorer les Huns & les expofer au mépris & aux infultes des Peuples voifins qui ne voudroient plus refter dans l'obéïffance. Tco-y-che-tfeou leur repréfenta que les Empires n'étoient pas toujours également puiffans; qu'ils étoient expofés à des révolutions, & qu'il

,

Hou-han

n'étoit pas rare de voir les plus fiers & les plus puiffans dans un tems, vaincus & humiliés dans un autre ; que dans le Avant J. C. tems où il parloit,l'Empire des Chinois étoit formidable;que fie. les Peuples les plus éloignés leur étoient foumis; que leur domination s'étendoit jufques chez les Ou-fiun; que depuis le regne de Tcie-ti-heou-tanjou, les Huns avoient perdu prefque toute leur puiffance; qu'ils la perdoient tous les jours, & que leurs efforts pour la recouvrer devenoient inutiles à caufe des guerres civiles; que le plus puissant se rendoit le maître pour être enfuite déposé par un fecond encore plus puiffant; que les Peuples en étoient la victime, mais que fi l'on fe foumettoit aux Chinois, la paix feroit rétablie : autrement que les guerres civiles cauferoient infailliblement la perte des Huns. Le Tanjou Hou-han-fie dans le deffein de fuivre ce confeil, s'approcha avec fes fujets des frontiéres de la Chine, pendant que fon fils fe rendoit à la Cour de l'Empereur Siuen-ti.

:

Hou-han-fie vint au Nord de Ta-tum-fou, ville du Han-chu. Chanfy de-là pénétrant plus avant dans la Chine, il fe L'an 52. mit en marche pour aller trouver l'Empereur qui étoit L'an 51. dans un de fes Palais proche Si-gan-fou. On avoit envoyé au-devant de lui des Gardes & un Officier pour l'efcorter. Siuen-ti le reçut avec beaucoup d'honneur & lui Han-chou. fit des préfens considérables, qui confiftoient en piéces Kam-mo. d'étoffes, en habits, en armes, en chevaux, & en autres chofes femblables. Le Tanjou demanda & obtint qu'il lui fût permis de demeurer fur les frontiéres Septentrionales du Chenfy. Enfuite l'Empereur le fit reconduire, & envoya en même tems feize mille hommes qui fe rendirent au Nord du pays d'Ortous, où ils refterent auprès du Tanjou, tant pour le défendre, que pour foumettre les Rebelles: ce qui rendit les Chinois redoutables à tous les Peuples de la Tartarie jufques chez les Parthes appellés Gan-fie.

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Dans le même tems le Tanjou Tchi - tchi qui avoit recherché l'alliance des Chinois & qui pour cet effet avoit envoyé quelques années auparavant fon fils auprès de l'Empereur, nomma auffi des Ambaffadeurs pour se

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