Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Avant J.C.

rendre à la Chine. Ils y furent bien reçus. Les Deux TanHou-han- jou, firent la même chofe l'année fuivante. Hou-han-fie vint de rechefà la Chine, où on ne lui fit pas moins d'honneur que la premiere fois.

fie.

L'an so.

L'an 49.

Ili-mo.

Cependant le Tanjou Tchi -tchi qui n'avoit pas quitté les armes, marcha vers les Provinces Occidentales de l'Empire où un frere cadet du feu Tanjou Tou-yen s'étoit retiré. Ce Prince avoit d'abord fuivi le parti du Houhan-fie; mais enfuite ayant raffemblé un grand nombre de Sujets qui étoient les reftes de ceux qui avoient suivi le parti de fes freres, il s'étoit fait déclarer Tanjou, & Han chu. avoit prit le tître d'I-li-mo. Tchi-tchi le battit, le tua, & foumit fes Sujets qui pouvoient monter au nombre de cinquante mille hommes. Malgré cet avantage, informé alors que les Chinois avoient envoyé des troupes & des vivres à Hou-han-fie, il prit le parti de refter dans l'Occident, ne jugeant pas fes forces fuffifantes pour foumettre toute la Nation. Dans la fuite il s'éloigna toujours de plus en plus du côté de l'Occident, & s'approcha des Ou-fiun dans le deffein de réunir fes forces aux leurs, & de venir attaquer les Huns. Il envoya des Ambaffadeurs vers Ou-tcieou-tou qui regnoit fur une partie de ces Ou-fiun.

Ven-bientum-kao.

Depuis quelques années il s'étoit élevé des troubles dans ce pays. Ou-tcieou-tou fils du Roi Ung-kuei-mi, avoit abandonné la capitale nommée Tche-ko-tching, fituée vers l'endroit où eft aujourd'hui Harcas, & s'étoit retiré dans les montagnes qui font au Nord, où, à la faveur d'un bruit qu'il avoit répandu que les Huns alloient venir à son secours, il s'étoit fait un Parti confidérable, & avoit été proclamé Roi. Ainfi l'Empire des Ou - fiun fe trouva partagé entre deux Princes, dont l'un portoit le titre de grand Kuen-mi, & l'autre celui de petit Kuenmi. Ce dernier, c'est-à-dire Ou-tcieou-tou, ne voulut point contracter une alliance auffi dangereufe que celle que lui propofoit Tchi-tchi. Il confidera que Hou-han-sie étoit fous la protection des Chinois, que Tchi-tchi ne paroiffoit être qu'un rebelle qui fuyoit de tous côtés, &

[ocr errors]

Avant J. C.

qui cherchoit des troupes chez les étrangers pour être en état de se maintenir; qu'il y avoit lieu de craindre que Avant 1. fa ruine, qui paroiffoit inévitable, ne causât celle de fes fie. Alliés. En conféquence Ou-tcieou-tou, & pour gagner en même tems la bienveillance des Chinois, fit couper la tête à l'Ambaffadeur de Tchi-tchi, & l'envoya au Gouverneur Chinois qui réfidoit à l'Orient d'Acfou dans la petite Bukharie: enfuite pour foutenir cette action hardie, il leva huit mille chevaux avec lefquels il alla attaquer Tchi-tchi: mais il fut vaincu ; & tous fes Sujets furent foumis à Tchi-tchi.

Ce Tanjou après avoir traversé le pays des Ou-fiun, s'avança plus au Nord vers les Contrées fituées à l'Occident de l'Irtifch. Les Chinois appellent ce pays Ou-kie. Tchi-tchi réduifit tout ces Peuples fous fon obéissance, & avec les troupes qu'il y leva il alla du côté de l'Occident attaquer les Kien-kuen, & enfuite au Nord les Tim-lim. Les premiers peuvent être fitués vers les fources du Jaick & dans le pays des Tartares d'Oufa à l'Orient de Kazan, & les feconds dans la Province de Tobolsk en Siberie. Nos Hiftoriens ont donné à tous ces pays le nom de Baschkirs ou de grande Hongrie, à cause que les Huns avant que de paffer en Europe y étoient Hift. des établis. Jufqu'alors ces Peuples n'avoient point encore pénétré fi avant du côté de l'Occident. Le Tanjou Tchitchi fixa fa principale demeure dans le pays de Kien-kuen, c'eft-à-dire vers les fources du Jaïck.

Bergeron.

Tartares.

Siuen-ti Empereur de la Chine vint à mourir alors & Kam-me. laiffa l'Empire à Yuen-ti : c'eft à lui que Hou-han-fie s'a- Han-chou. dreffa pour lui dépeindre les malheurs de fes Sujets, & lui demander des vivres dont ils avoient befoin. Les Chinois firent paffer dans la Tartarie de quoi fournir à la fubfiftance des Huns. Le Tanjou Tchi-tchi en fut mécontent, & ne tarda pas à faire éclater la haine qu'il conçut à cette occafion contre les Chinois. Il avoit demandé, par fes Ambaffadeurs, la permiffion d'envoyer L'an 44. fon fils à la Cour de la Chine. On lui avoit accordé Han-chu. cette grace, En renvoyant ce Prince en Tartarie, l'Em

Kam me.

Avant J. C.

fie.

pereur Yuen-ti l'avoit fait accompagner par un Officier Chinois nommé Kié, qui le remit entre les mains de Hou-han Tchi-tchi. Mais on n'entendit plus parler de Kié, & l'on apprit dans la fuite par Han-tchang & Tchang-mem, qui avoient été chargés de reconduire en Tartarie le fils du Tanjou Hou-han-fie & de faire un Traité avec lui, que l'Ambaffadeur Chinois avoit été tué par Tchi-tchi.

Han chu.

Han-tchang & Tchang-mem avoient éxaminé pendant leur voyage la fituation des Huns : ils les avoient trouvés dans un état floriffant : les Peuples leur avoient paru nombreux, le pays abondant en gibier, & le Tanjou fembloit n'avoir plus rien à craindre de Tchi-tchi. Tous fes Sujets l'engageoient à repaffer dans le Nord: mais les Chinois appréhendoient qu'une fois éloigné de la Chine il ne rompît les Traités. En conféquence les deux Officiers propoferent de les renouveller en jurant de part & d'autre de fe défendre réciproquement contre leurs ennemis communs. Il fe fit à cette occasion un très-grand feftin auprès d'une certaine montagne du Turkeftan, fituée à l'Orient du Fleuve No-choui ou No-tchin - choui. Le Tanjou fit le ferment en bûvant du fang dans un vafe fait du crâne de la tête du Roi des Yue-chi, que le Tanjou nommé Lao-chang avoit tué autrefois dans un combat. Après la conclufion de ce Traité, Hou-han-fie fe retira dans fon ancienne Cour Septentrionale : quantité de fes Sujets s'y rendirent en même-tems & il devint très-puissant.

[ocr errors]

Le retour & le rétablissement de Hou-han-fie en Tartarie allarma Tchi-tchi, qui d'ailleurs appréhendoit que les Chinois , pour vanger la mort de leur Ambaffadeur ne vinffent l'attaquer. Il prit donc le parti de s'éloigner encore d'avantage & de profiter des offres que lui faifoit le Roi de Kam-kiu: c'eft ainfi que les Chinois appellent un grand pays fitué à l'Occident des Ou-fiun fur le bord Septentrionale de la Mer Cafpienne, & que nous avons connu depuis fous le nom de Kaptchaq & de Royaume d'Aftrakhan.

Dans ces tems anciens, le Kam-kiu étoit partagé entre cinq petits Rois qui avoient chacun leur capitale; mais

fic.

la principale de tout le pays se nommoit Pi-tien-tching. Ces Peuples pouvoient mettre fur pied une armée de cent Avant J. C. vingt mille hommes, & on y comptoit fix cens mille Hou-han Sujets.. Un des Rois du Kam- kiu avoit fouvent fait la guerre aux Ou-fiun, & fon deffein étoit de fe rendre maître de leur pays. Mais ne le pouvant faire feul, il enyoya des Ambaffadeurs vers Tchi-tchi qui faifoit fa réfidence aux fources du Jaick dans le pays de Kien-kuen. Celui-ci qui ne cherchoit que l'occafion de nuire à Houhan-fie, auquel les Ou-fiun étoient foumis, n'hésita pas de fe lier avec le Roi Kaptchaq. Il fit marcher fes troupes pour aller réjoindre les Kaptchaq; mais elles furent surprifes par un grand froid qui en fit périr une partie dans la route; il n'en arriva qu'environ trois mille dans ces plaines qui font à l'Orient du Volga. Le Gouverneur Chinois qui réfidoit à l'Eft d'Akfou dans la petite Bukharie, informé de la réunion de ces deux Princes, fe mit auffitôt en état de s'oppofer à leurs entreprises. Avec quelques autres Généraux il entra dans le Kaptchaqà la tête de quarante mille hommes. Il campa proche la ville où Tchi-tchi s'étoit retiré. Ce Tanjou fit demander aux Chi- Kam-me nois le fujet qui les ammenoit. On lui dit qu'il falloit Ven bienfe foumettre & venir à la Chine, où il obtiendroit fa grace. Des propofitions de cette efpéce ne furent point écoutées, & l'on commença les hoftilités. Les Chinois inveftirent la ville & mirent le feu de tous côtés. Il fe donna un fanglant combat dans lequel le Tanjou fut bleffé & pris. Les Chinois lui firent auffi-tôt trancher la tête, & par-là rétablirent la tranquilité dans la Tarta

rie.

[ocr errors]

tum kao.

Jufqu'alors Hou-han-fie avoit toujours apprehendé que L'an 36. Tchi-tchi ne fe réunît aux Ou-fiun pour venir l'attaquer, Han-chu. & cette jufte crainte l'avoit empêché de fe rendre auprès de l'Empereur pour lui faire fa cour. Délivré de ces inquiétudes, & voyant tout fon Empire dans une profonde paix, il vint à la Chine, où il reçut des préfens confidérables, & époufa une Princeffe Chinoife nommée Tchaokiun, qui eut le titre de Nim-hou-yu-chi. Il s'offrit en

L'an 3?

Hou-han

fie.

Ven-bien- que

fuite à l'Empereur pour garder les frontieres SeptentrioAvant J. C. nales de la Chine, depuis la Province de Pekim jufqu'à l'extrémité la plus Occidentale du Chenfy; afin, difoitil les Chinois jouiffent d'une tranquilité parfaite, tum-kao & que les Soldats licentiés puiffent retourner dans le sein de leurs familles. L'Empereur Yuen-ti ne crut pas devoir accepter ces propofitions, fans avoir auparavant confulté fes Miniftres. Plufieurs étoient d'avis qu'on accordât au Tanjou ce qu'il demandoit; d'autres s'y oppoferent fortement, représentant à l'Empereur que pendant le regne des Tcheou & des Tfin, les Huns, naturellement cruels & voleurs, avoient fait des courfes dans la Chine, que fous la puiffante Dynaftie des Han, l'Empire avoit été fouvent expofé à leurs brigandages, & que l'on n'avoit commencé à jouir de la paix fur les frontieres que depuis le regne de Hiao-vou-ti, qui avoit envoyé des armées pour s'emparer de la montagne In-chan, fituée au Nord du Leao-tong; qu'alors après avoir chaffé ces Barbares audelà du defert, on avoit établi par-tout fur les frontieres de fortes garnifons qui avoient fervi de barriere; que fi l'on venoit à les détruire, & fi l'on confioit la garde de ces pays aux Huns, tôt ou tard les Chinois auroient lieu de s'en repentir. En conféquence l'Empereur Yuen-ti ordonna que les troupes refteroient fur les frontieres, & pour fatisfaire le Tanjou, il le fit en même tems combler d'éloges & le remercia.

Avant que de retourner en Tartarie, Hou-han-sie voulut engager par toutes fortes de voyes fon Miniftre Tço-yche-tcheou à repaffer avec lui. On avoit accufé cet Officier, qui par fes confeils avoit maintenu fon Maître fur le Throne, & rétabli la paix dans fes Etats, d'avoir parlé trop librement & trop fouvent des fervices qu'il avoit rendus, & le Tanjou avoit ceffé de lui donner fa confiance. Tço-y-che-tcheou qui appréhendoit qu'on ne le fît mourir, avoit pris le parti de fe retirer à la Chine avec environ mille de fes gens, & il y avoit été reçu avec beaude diftinction. Il refufa conftamment de fuivre le Tancoup jou, fous prétexte que s'étant foumis aux Chinois il ne pouvoit

« AnteriorContinuar »