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pouvoit partager fon cœur, & que la reconnoiffance & le devoir l'obligeoient à refter auprès de ceux qui l'avoient comblé de bienfaits.

vam,

,

Avant J. C.

Hou-hanfie.

L'an 31.

Kam-mo.

Quelques tems après, Hou-han-fie mourut : il avoit regné vingt-huit ans & laiffoit de la Princeffe Chinoife Han-chu. Tchao-Kiun un Prince nommé Y-tou-tchi-ya-su, auquel on avoit donné le titre de Ge-foui-vam d'Occident. Ce Tanjou avoit auffi époufé les deux filles de Hou- yenfrere aîné de Tço-y-che-tfeou. La premiere nommée Tchuen-kiu, lui avoit donné deux enfans ; l'aîné appellé Tcie-mo-tché, le cadet Nang-tchi-ya-fu. Ta-yuchi, fa feconde femme, avoit eu quatre enfans, dont les deux premiers Tiao-tao-mo-kao & Tcie-mi-siu, étoient plus âgés que Tcie-mo-tché, & les deux autres plus jeunes que Nang-tchi-ya-fu. Hou-han-fie avoit eu encore une quatrième femme nommée To-yu-chi, dont il avoit eu dix enfans.

La premiere & la plus noble de toutes ces femmes étoit Tchuen-kiu, & fon fils Tcie-mo-tché étoit adoré du peuple. C'est lui que le Tanjou, avant que de mourir voulut mettre fur le Thrône; mais la mere du jeune Prince plus touchée du bien général de la Nation, lui représenta que l'Empire des Huns depuis dix ans fe trouvant déchiré par les guerres civiles, que , que les peuples fe reffentant encore des bleffures qu'ils avoient reçues dans les combats la trop grande jeuneffe de Tciemo-tché plongeroit indubitablement les Huns dans de nouveaux malheurs; que pour les prévenir il falloit choifir un Prince en état de maintenir la paix dont on ne commençoit qu'à jouir; que ce Prince ne pouvoit être que Tiao-tao-mo-kao, fils de fa foeur. L'Hiftoire ne fournit que peu d'exemples d'un femblable défintéreffement. Celle des Huns nous en offre un fecond. La mere de Tiao-tao-mo-kao répondit au Tanjou, qu'on ne pouvoit donner fans injuftice la Couronne à fon fils; que fi Tciemo-tché étoit trop jeune, les Grands de la Nation prendroient foin du Gouvernement; qu'en faisant choix de fon fils, c'étoit préférer le plus vil au plus noble, & parTome I.

N

Feou-tchu

Avant J. C. là donner naiffance à de nouveaux troubles. Elle ne fut pas écoutée. Le bien de l'Etat demandoit Tiao-tao-mokao. Il fut élû, à condition qu'après lui l'Empire passeroit à fon frere.

loui-jo-ti. Han chu.

L'an 28.

Han-chou.

Кат-то.

Tiao-tao-mo-kao étant monté fur le Thrône, prit le titre de Feou-tchu-loui-jo-ti-tanjou; il envoya fon fils à la Cour de la Chine, & donna à fon frere la dignité de Vice-Roi d'Orient; à Tcie-mo-tché, celle de Tço-ko-livam, & à Nang-tchi-ya-fu, celle de Vice - Roi d'Occident. Il époufa la Princeffe Chinoise Tchao-kiun veuve de fon pere, & il en eut deux filles.

L'Hiftoire ne nous a rien confervé de ce Prince. Il eft Lie-tai-ki- feulement fait mention d'un événement qui occafionna Su. dans le Confeil de la Chine quelques difputes capables de faire naître la guerre entre les deux Nations, qui cependant n'eurent aucunes fuites. Ce Tanjou avoit envoyé plufieurs de ses Officiers à la Chine pour offrir des préfens à l'Empereur. Lorsqu'il fallut retourner en Tartarie, l'un d'eux fe foumit aux Chinois, & paroiffoit même vouloir fe donner la mort, fi on ne lui accordoit pas la permission de refter à la Chine. L'Empereur fit quelques difficultés de le recevoir, & les Miniftres étoient partagés à ce fujet dans le Confeil; quelques-uns foutenoient que l'on pouvoit donner un afile à ce transfuge, comme on l'avoit donné autrefois à tous ceux des Huns qui fe retiroient à la Chine. On le pouvoit faire, répondirent les au» tres, dans le tems que les deux Nations étoient en guer»re; mais aujourd'hui qne le Tanjou fe regarde comme Sujet de la Chine, qu'il y envoye des Ambaffadeurs, que la Dinaftie des Han eft en paix avec les Huns, & qu'elle en reçoit des préfens; fi elle donne azile à un » Officier du Tanjou, c'eft vouloir prendre le bien d'autrui c'eft manquer de foi, c'eft protéger le crime, » imiter les tyrans, & ne plus connoître la Juftice. Cette affaire n'alla pas plus loin: l'Officier, fous prétexte de maladie, refta dans la Chine, & le Tanjou n'en témoigna aucun mécontentement. Il écrivit même l'année

L'an 27.

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Frou-tchu

fuivante à l'Empereur Tchim-ti qui regnoit alors, pour Avant J. C. lui faire fçavoir qu'il avoit deffein d'aller à sa Cour, ce loui-jo-ti. qu'il éxécuta quelques années après.

L'an 25.

jo-ti.

Su.

Ce Prince regna dix ans, & laiffa le Thrône à fon Scou-hiaifrere Tcie-mi-fiu, qui prit le titre de Seou-hiai-jo-ti-tan- ran zo. jou. Tout ce que les Annales Chinoifes nous apprennent Lie tai-kidu regne de ce Prince, c'eft qu'en montant fur le Thrô- u. ne il envoya fon fils à la Chine, qu'il donna à fon frere Han-chu. Tcie-mo-tché la Vice-Royauté d'Orient, qu'enfuite vou- L'an 12. lant venir lui-même à la Cour de la Chine, il mourut en chemin après un regne de huit ans.

Kam-mo.

Il eut pour fucceffeur fon frere Tcie-mo-tché qui porta Tche-yale titre de Tche-ya-jo-ti-tanjou. Ce Prince envoya fon jo-ti. fils à la Chine, déclara Vice-Roi d'Orient fon frere Nangtchi-ya-fu, & mourut au bout de quatre ans. Son frere L'an 8. Nang-tchi-ya-fu lui fuccéda.

licou-jo-ti.

Ce nouveau Tanjou connu fous le titre de Ou-tchoulieou-joti-tanjou, commença fon regne par envoyer fon fils Outchouà la Cour de l'Empereur de la Chine: mais en même-tems Han-chou. les Chinois firent partir, pour un motif bien différent, deux Kam-mo. Ambaffadeurs: ils avoient ordre de demander au Tanjou le pays de Tchang-ye & des environs (a). Le Tanjou ne voulut point rendre un pays qui fourniffoit à fes Sujets tout ce qui leur étoit le plus néceffaire pour faire d'excellentes flèches. Cela n'empêcha pas cependant qu'il ne vécût en bonne intelligence avec la Chine, & qu'il n'envoyât L'an 7. vers l'Empereur un de fes enfans pour prendre la place de celui qui venoit d'y mourir, & que les Chinois avoient fait reconduire en Tartarie.

Lie-tai-ki

Ce Prince eut enfuite quelques démêlés avec les Ou- L'an s fiun. Un Chef de cette Nation nommé Pi-yuen-tchi, étoit Han-chou. entré fur les frontieres Occidentales du pays des Huns, f Su. où il avoit tué beaucoup de monde, & enlevé un grand nombre de beftiaux. Le Tanjou y envoya fon fils à la tête de cinq mille chevaux. Les Ou-fiun fe retirerent avec perte, & Pi-yuen-tchi fut obligé de donner fon fils en

(4) C'est ce que nous appellons aujourd'hui Kan-tcheou.

pour

ôtage aux Huns. Il eut dans la fuite affez d'adreffe le faire redemander par les Chinois les Chinois, & le Tanjou qui Ou tchou- ne vouloit pas fe faire d'ennemis du côté du Midi, le renlicou-jo-ti. dit auffi-tôt.

Avant J. C.

L'an 3.

Kam-mo.

tome 2.

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C'est ainfi que la Cour de la Chine commandoit à prefque toute la Tartarie: les ôtages qu'on y avoit envoyés répondoient de la fidélité des Peuples voifins, & les Rois s'empreffoient fouvent d'obtenir la permission de pouvoir s'y rendre en perfonne. Depuis plufieurs années le Tanjou l'avoit fait demander, & on ne paroiffoit pas trop porté à la lui accorder. Gnai-ti Empereur de la Chine étoit malade. Ce Prince regardoit les Huns de mauvais œil, & il étoit perfuadé que toutes les fois que les Tanjou étoient venus à la Cour, outre les dépenfes que cela avoit occafionnées, il étoit toujours arrivé quelque malheur à la Nation. Cela fut caufe qu'il éludoit continuellement les demandes du Tanjou. Un Miniftre Chinois nommé Han-chu. Yang-yong, ne put s'empêcher de blâmer la conduite de Du Halde l'Empereur, & & lui dit : Les principes du Gouvernement établis dans les Livres qui contiennent les Loix fondamentales de notre Empire, confiftent à éviter les troubles, & ils nous apprennent que les plus grandes victoires font celles que l'on remporte fans combat. Ces » deux chofes font la bafe d'un bon Gouvernement. On ne fçauroit trop y refléchir; le Tanjou demande aujourd'hui la permiffion de venir à la Cour, & on ne » veut pas la lui accorder. Ce refus caufera certainement des divifions entre les deux Peuples. On n'ignore pas cependant les maux que les Huns ont faits de tout tems » aux Chinois. On fçait que dans les fiécles les plus re» culés ils n'ont pû être foumis, que toute la puiffance de l'Empereur Chi-hoam-ti n'a pû garantir de leurs » courses les Provinces Chinoises, que tout le courage de l'Empereur Kao - tçu a échoué à Pim-tchim. Sous les Regnes fuivans, ils ont fait des incurfions jufques dans » le centre de l'Empire, avec des dépenfes & des fatigues incroyables on a fortifié les frontieres, les Huns ont » commencé à appréhender; ils ont demandé la paix aux

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» Chinois; mais ils ne fe font pas déclarés leurs Sujets :

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que

Ou-tchou

» ce n'eft que Hou-han-fie, qui le premier, s'eft dit vaf- Avant J. C. fale de l'Empire. Refufer aujourd'hui ce que le Tanjou licou-jo-ti. » demande, c'est perdre en un jour le travail d'un fiécle.« L'Empereur Gnai-ti se laissa perfuader par ce difcours, & l'on fit fçavoir au Tanjou qu'il pouvoit fe rendre à la Chine; mais ce Prince étant tombé malade, il ne put y venir l'année fuivante. Il fit la même chofe au Prin- L'an 2; tems d'après. Il y vit une quantité d'autres Princes de la L'an 1. Tartarie & de la petite Bukharie, qui comme lui venoient rendre leurs hommages à l'Empereur. Ce fut dans cette occafion qu'étant à un feftin avec l'Empereur, il de- Kam-ma manda pourquoi l'on traitoit avec beaucoup de diftiction un jeune Officier auquel on donnoit le pas fur plufieurs autres qui étoient plus âgés: on lui répondit que le mérite extraordinaire de cet Officier étoit la caufe des égards que l'on avoit pour lui. Le Tanjou fe leva auffi-tôt & felicita l'Empereur & les Chinois de pofféder un si grand honime, action qui ne fait pas moins d'honneur à ce Prince qu'à l'Empereur.

De retour en Tartarie, le Tanjou envoya une de fes filles pour faluer l'Impératrice de la Chine & lui rendre Après J. C. hommage au moins c'étoit le prétexte dont il fe L'an 2. fervit pour tirer des Chinois de nouveaux préfens. La plupart du tems les fréquentes Ambaffades que nous avons vûes n'avoient pas d'autres motifs. La paix & l'amitié n'y avoient aucune part. Si dans le même tems l'intérêt des Huns les portoit à faire quelques hoftilités, on les voyoit auffi-tôt prendre les armes malgré les traités qu'ils avoient avec la Chine. C'eft ce qui arriva cette même année au fujet des Igours.

Ces Peuples dont nous avons eu fouvent occafion de parler font très-anciens & fort célébres dans la Tartarie. İls habitent à l'Occident de Kamoul ou Hami, au Nord du grand desert, & au Midi des fources de l'Irtisch. On Hift généal. trouve dans cette contrée deux chaînes de montagnes fort hautes qui s'étendent d'Orient en Occident; l'une eft appellée Tugra-tubusluk, & l'autre Uskunluk-tugra.

des Tatars.

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