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de la contrée appellée Auxacitis ou Akfou. Ammien fait auffi mention des deux fleuves qui traversent cette contrée Oechardes & Bautifus qu'il nomme Banthifis.

Les peuples qu'il place dans la Serique font vers le nord, les Alitrophages & les Carambufi au lieu defquels Ptolemée nomme les Antropophages & les Annibi; enfuite les Sizyges ou Igours & les Chardi les mêmes que les Oechardi. A l'Orient font les Rabannæ, les Afmiræ ou ceux de Hami, les Effedons qui ont à l'Orient les Athæres ou Throani de Ptolemée & les Afparatæ ou Afpacare; au midi font les Beta. Les villes font Afmira, Effedon, Afparata & Pheræ, à la place de laquelle je crois qu'il faut lire Sera.

Je reviens un moment fur Iffedon qui étoit une Nation considérable, omnium fplendidiffimi dit Ammien,magna gens dit Ptolemée, qui s'étendoit jufqu'aux monts de Kafchgar: j'ai d'abord cru que ces Iffedons étoient quelques Nations Hunniques ; mais je penferois plus volontiers qu'il s'agit ici des Chinois de So-tcheou dans le Chenfi qui étoient repandus en divers endroits de toute cette Tartarie, par Colonies jufqu'a Kafchgar, & dans ce cas l'Iffedon Serica feroit la derniere ville de la Chine, So-tcheou: l'Iffedon Scythica feroit la ville Chinoife fituée vers Akfou, où le Gouverneur Chinois faifoit ordinairement fa résidence. Au refte ceci n'eft qu'une conjecture.

CHAPITRE II.

SCYTHIE

Au-delà de l'Imaüs:

L ne faut pas efpérer que les Chinois nous donnent des

I connoiffances auffi détaillées pour la Tartarie orientale,

que pour celle que nous venons de parcourir, leurs conquêtes fe font toujours plus étendues vers le Nord-oueft qu'à l'Orient & même au nord. Il eft vrai que je ne traite ici que des Tartares occidentaux ; ainfi je pourrois me difpenfer de parler de ceux de l'Orient; mais j'ai cru que ce feroit laiffer un vuide confidérable dans cette Defcription de la Tartarie, fi je ne rapportois pas également ce qui regarde l'Orient. Il peut y avoir quelques détails utiles à la Géographie; d'ailleurs les Huns y ont fait plusieurs expéditions. Tous ces motifs m'obligent à employer ici quelques pages fur les pays fitués dans la partie orientale de la Tartarie.

J

ARTICLE I.

Pays des Niu-tche ou Tartares Man-tcheous:

E ne crois pas devoir parler ici des différens Royaumes contenus dans le pays que nous appellons aujourd'hui la Corée; les habitans ne font point partie des Tartares,& ce n'eft précisément qu'au Nord de ce pays que com

mence la Tartarie, dont la partie la plus orientale porte le nom de Niu-tchin ou Niu-tche. Anciennement elle étoit Tin-chou appellée Siao - tchin; fous les fecond Han, on nommoit les habitans Ye-leou. Du côté de l'Orient le pays confinoit à la mer du Jeso. Au midi à la montagne Tcham-pechan où le fleuve Ya-lo-kiang prend fa fource. A l'occident au fleuve Kuen-tum-kiang & au nord aux Tartares Che-goei. Sous les Goei on appelloit ces peuples Vo-kie, fous les Soui & les Tam, Mo-ko. La Géographie des Tfin met au midi des Siao-tchin la montagne Po-hien-chan. Peutêtre eft-elle la même que celle de Tchang-pe-chan, au nord le fleuve Jo-choui & àl'orient le Royaume de Kuen-mo-han. Elle donne plufieurs milliers de li d'étendue à ce pays, & dit que ces peuples demeurent dans des cavernes & dans des vallées profondes où les chevaux & les chariots ne peuvent pénétrer. Ces trous font leur demeure pendant l'hyver. Dans l'été ils font comme les oifeaux perchés fur les arbres; le pere eft le Roi de fa famille, ils ne connoiffent point l'écriture, leurs paroles valent des traités : ils ne montent point fur les chevaux. Cet animal ne leur fert de richeffes. Ils n'ont ni bœufs ni moutons ; mais que ils nourriffent une grande quantité de cochons dont ils mangent la chair, & la peau leur fert d'habits.

Te-tum-chi.

La Géographie des Mim donne pour frontiéres à ce pays la mer à l'orient, le Ouo-leang-ho à l'occident, la Corée au midi, la mer du Niu-ulh-han ou le fleuve Amour au nord; & elle compte depuis le fleuve Kuen-tum jufqu'à Peking 3500 li, & jufqu'à Nan-king 4600 li. Ma-tuon-lin met ce pays à 5000 li de Lo-yam, apparemment fous les Tfin. Il rapporte la route fuivante. A 200 li au nord de Ho-lung Ven-bien on trouve la montagne Chen-yo-chan, de-là au nord en 30 jours de marche on vient à la montagne Ki-li-chan. En 7 jours encore au nord, au fleuve Lo-hoan-choui qui a plufieurs li de largeur. De-là au nord en 15 jours au fleuve Tai-kio-lou-choui, & enfuite vers le nord-eft en 18 jours on fe trouve dans le pays. On y voit un grand fleuve lar ge de 3 li nommé So-mo-choui. Il y a 7 Hordes principa

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Thin-chu.

il

les chez ces Mo-ko. La premiére eft appellée la Horde de So-mo, parce qu'elle habite auprès de ce fleuve vers fes fources au nord de la Corée. Elle peut mettre fur pied plufieurs milliers de foldats qui font très-braves, & vont faire des courfes dans la Corée. La feconde eft nommée la Horde de Pe-tou, elle est située au nord de celle de So-mo; y a 7000 foldats. La troifiéme eft Gan-tche-ko au nordeft de celle de Pe-tou. La quatriéme eft Fo-nie à l'Est de Pe-tou. La cinquiéme eft Hao-che à l'Eft de Fo-nie. La fixiéme eft He-choui au nord-oueft de Gan-tche-ko,& le long. du fleuve Amour nommé He-choui ou le fleuve noir. La feptiéme Pe-chan au fud eft de So-mo : toutes ces dernieres n'ont pas plus de 3000 foldats. Depuis le Fo- nie jufqu'à la mer, tous fe fervent de pierre pour armer leurs fléches.

La Géographie des Thin nomme plufieurs autres pays ou royaumes dont elle ne fait qu'indiquer les distances. 1°. Le Royaume de Pi-li fitué au nord-oueft des Siao-tchin ou Niu-tche a 200 jours de marche à cheval;il y avoit vingt mille familles. 2°. Le Royaume de Yam-yun éloigné de 50 jours de marche à cheval de celui de Pi-li. Il y avoit auffi vingt mille familles. 3°. Le Royaume de Kuen-mo-han éloigné de 100 jours de marche de celui de Yam-yun ; il y avoit 50 mille familles. 4°. Le Royaume de Ye-y-kiun éloigné de Kuen-mo-han de 150 jours de marche, & de Niutche de so mille li. Ma-tuon-lin indique les noms de pluFen bien fieurs autres Royaumes. 1°. Ta-mo-liu, 2°. Feou-tchung, m-kap. 3. Mo-to-hoei,.4°. Kou-leou, 5°. So-ho, 6°. Kiu-fo-fou, 7°. Poei-li, 8°. Pa-ta-ho, 9°. Tou-yu-ling, 10°. Kou-foutchin, 11°. Lou-leou, 12°. Yu-tchin-heou. On peut juger par-là de l'étendue de ces pays & des connoiffances que les Chinois en avoient; mais il n'eft pas poffible d'en fixer la fituation: ainfi je reviens à la Defcription du pays de Niu-tche,

Les montagnes les plus célébres que l'on y trouve font, 1°. Tchang-pe-chan, elle porte fur nos cartes le nom d'Amba-chan-yen-alin. Elle cft fituée au midi de l'ancienne

ville de Hoei-nim-fou. Elle a mille li d'étendue & 200 li Te-tum-cbi. de hauteur. Sur fon' fommet il y a un amas d'eau qui a 80 li de circuit, & qui s'écoule par différens endroits, & forme différens fleuves : du côté du midi le Ya-lo-kiang, du côté du nord le Kuen-tung-kiang, & du côté de l'Eft le Ho-ye-kou-ho.

La montagne Nieu-fin-chan eft au nord-est de Kai-yuen re-tum-chi. dans le Leao-tong à 250 li, au nord du fleuve Gnai-ho & à l'eft du fleuve Cham-ho. La montagne O-ulh-yu-chan au fud-est de Kai-yuen, à 350 li. La montagne Ma-gan-chan a 400 li au fud-eft de Kai-yuen, à l'eft de Kien-tcheougoei. La montagne Mum-ki-chan à 740 li à l'eft de Kaiyuen fur la rive orientale du Song-hoa-kiang ou fleuve Songari. La montagne Kl-li-chan fituée au midi de l'ancien Royaume des Vo-kie. La montagne Tai-chan fituée au midi du même Royaume. Elle eft très-respectée des geurs : il y a des bêtes féroces qui ne font aucun mal, & les habitans ne cherchent pas de leur côté à les inquiéter. La montagne Tien-muen-ling fituée fur les frontiéres de l'ancien Royaume des Mo-ko. La montagne Maki-ling fur les frontieres de la ville de Hoei-nim-fou.

voya

Les rivieres font, Ho-la-ven-kiang, elle eft a 900 li au nord re-tum-hi, de Kai-yuen; elle prend fa fource dans les montagnes du nord, coule vers le midi, & fe jette dans le fleuve Songari. C'eft le Nonni-oula.

Song-hoa-kiang, ou le fleuve Songari, à mille li au nordeft de Kai-yuen. Il prend fa fource dans la montagne Tchang-pe-chan, coule vers le nord, paffe dans l'ancienne cour méridionale des Kin; il se joint au Hoei-pa-kiang, que je crois l'Hoei-fan. Il reçoit le Kuen-tum-kiang & entre dans la mer orientale. Les Chinois confondent affez fouvent les différens cours des fleuves, & ne leur donnent pas toujours les mêmes noms que nous, l'Amour paroît perdre ici le fien. Hou-li - kai - kiang, c'eft le Hourha - pira. Il prend fa fource à l'orient de Kientcheou-goei, au pied des montagnes méridionales. Il va fe cacher vers le nord-eft, & forme le lac King-pe, aujour

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