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fon maître, fa majefté imperiale ayant un anballadeur en France, à qui elle en pouvoit donner l'ordre. François I. pour fe justifier de ces reproches, fit venir l'ambaffadeur de l'empereur, fe plaignit hautement des difcours de fon maître; & lui prefenta un billet, qu'il le chargea de lire & de rendre à l'empereur; & fur ce que l'ambaffadeur refufa l'un & l'autre le roi lui en fit faire la lecture. Cet ambafladeur étoit Nicolas Perrennot de Granvelle, d'une famille peu confiderable de Franchecomté, mais homme de tête. &. d'une grande étendue d'efprit.

AN. 1528

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L'écrit du roi contenoit en peu de mots fa François I. juftification fur le reproche que l'empereur lui défie l'emfaifoit d'avoir manqué à fa parole, & de n'être pereur à un point homme d'honneur; c'étoit un cartel de combat finedéfi, par lequel'il appelloit Charles V. en dueľ‍galier. pour avoir réparation l'épée à la main, de l'in- Ant de Ve ra ib.p. 153. jure qu'il avoit reçûe; & fur le refus que fit Mem. dis Granvelle de s'en charger, parce que fon am- Bellay 13. baffade étant finie, il n'avoit plus de caractere, Guice.1.18. il envoya l'écrit par un heraut d'armes, qui le Bouch. part.remit à l'empereur à Valladolid.

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X11

XIII.
Cartel de

défi qu'il lui
envoye par

un héraur. Dupleix hift.deFran

Nous François par la grace de Dieu, roi« de France, feigneur de Genes, &c. A vous Charles par la grace de Dieu, auffi élû roi des Romains & roi d'Efpagne. Nous vous faifons fçavoir qu'étant averti qu'en toutes les « réponfes que vous avez faites aux ambaffadeurs & herauts envoyez de notre part verse to. 3. vie vous pour le bien commun de la paix, vous « de François I. p. 372. aviez pris pretexte de refus fans fondement « Dans la vie ni raifon, en m'accufant injuftement d'être dech. res v un cavalier perfide, d'avoir manqué à la foi « par Gregor.. & à la promeffe que je vous avois faite, & « Leti t. 1. p. de m'être échappé furtivement de vos mains s'eft ce qui nous oblige, pour la réparation«

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» de notre honneur de vous envoyer ce cartel V. 1528. de défi (quoique nous fçachions qu'un homme, à qui on fait faire par force unepromeffe, n'eft pas obligé de la tenir) nous avons pourtant voulu l'envoyer pour la dé» fenfe de notre honneur , que nous avons >>toujours confervé avec grand foin, & que "nous garderons cherement, s'il plait à "Dieu, jufqu'au dernier de nos foupirs. Pour » cet effet vous faifons entendre que fi vous » nous avez voulu ou voulez charger de per» fidie

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non-feulement en ce qui regarde la promeffe que nous vous en avons faite, ou »notre liberté, mais que vous nous accufiez» même d'avoir jamais fait la moindre chofe » qui ne fe doive faire par un gentilhomme » d'honneur & de probité, nous difons que vous en avez menti par la gorge, & qu'autant de fois que vous le direz autant de fois vous en aurez menti, étant réfolu de » défendre notre honneur jufqu'au dernier bout de notre vie. Pourquoi, puifque contre verité vous nous avez voulu charger, deformais ne nous écrivez aucune chofe, » mais marquez-nous le champ où nous puiffions nous trouver feuls vous & moi, οτι chacun avec un fecond, & nous vous por»terons les armes, proteftant que, fi après» cette déclaration, vous écrivez ou parlez contre notre honneur, la honte d'avoir refufé ou differé le combat tombera tout fur vous, puifque par ce feul moyen nous pou»vons mettre fin à toutes écritures & paroles. Fait en notre bonne ville & cité de Paris » aujourd'hui vingt-huitième de Mars l'an 1527. avint Paques. (c'eft-à-dire, en l'an 1528. comme on compte aujourd'hui. ) Si»gné, François.

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un

au roi Fran

I.

Charles V. aïant reçu ce cartel l'accepta, &fans trop penfer à ce qu'il étoit convenaAN. 1528. ble de faire, il crut que fon honneur l'enga- XIV. geoit non-feulement d'accepter le défi, mais Charles V. encore d'envoier un cartel de fa part au roieavoïe de France. Il choifit pour le porter un nom- autre cartel mé de Bourgogne, homme également habile çois 1. dans les armes & dans la négociation. Ce car- Antonio de tel contenoit un recit du traité de Madrid & vera hift.de les réponses qu'il avoit faites au premier pre- Charles V. fident de Bourdeaux. Il y difoit, que François p. 154. I. en avoit fort mal agi à son égard, jufqu'à le traiter de pedant, parce qu'il avoit cité les Loix pour décider une affaire d'honneur; il marqua pour le lieu du combat une petite isle que forme la riviere qui paffe à Fontarabie. Bourgogne porteur de ce cartel de défi, étant Daniel hift.“ arrivé auprès de François I. ce prince lui don- 5. in na audience fur un échaffaut dreffé dans la vie de Fran grande falle du palais, vêtu de fes habits çois I. pag. roiaux , accompagné de fes princes, & en 198: prefence de tous les ambaffadeurs qui étoient à fa cour.

de France to,

quari

X V.

ne au he

Auffi-tôt que Bourgogne parut à l'audience, le roi l'arrêtant tout court, lui dit, qu'il Audience" lui donnât feulement la sûreté du champ de que Fran bataille, & non autre chofe. Le heraut repli- çóis 1. don qua qu'il la portoit, & qu'il lui diroit conjoin- raut de tement ce que l'empereur lui avoit commandé l'empereur. de'dire, mais le roi repartit qu'il ne vouloit que Anton, də la sûreté & l'affignation du lieu fans autre rai- vera bift de fonnement : & auffi-tôt il se retira dans une Charlas V. autre chambre. Bourgogne en le suivant « P. 155-lui dit que fi fa majefté ne le vouloit «< point entendre, il pourroit difficilement lui « donner un cartel, & lui défigner un lieu; qu'il affuroit d'avoir un écrit qui l'en infor meroit; qu'il eut donc agréable de le re- «

ca

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»cevoir, que c'étoit par ces paroles qu'il le tur AN. 1528.» devoit apprendre : qu'à fon avis il ne pouvoit feparer ce qui étoit fuperflu d'avec ce qui » étoit néceffaire qu'avec la même liberté que >>fon heraut avoit eue en Espagne, il lui fut permis de faire fa charge, ou qu'on lui don » nât un acte qui fit connoître comme les chofes s'étoient paffées. Ce dernier article lui fut accordé : on lui donna fon congé & un fauf→ conduit pour s'en retourner; mais Bourgo~~ gne pour mieux juftifier fon vorage & l'honneur de Charles V. fon maître, follicita durant trois ou quatre jours un des favoris du roipour lui faire avoir audience, proteftant de nouveau que fonécrit marquoit le lieu du com

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, que le roi le devoit recevoir, ou lui accorder la permiffion de publier, que file combatn'étoit point executé, c'étoit par la faute de fa majefté. Le favori lui répondit que la commis→ fion étoit faite, qu'il pouvoit s'en retourner que le roi ne vouloit plus l'écouter, & que s'ik paffoit outre, il le feroit pendre: Et en même temps il fit élever ane potence pour intimider les heraut, & l'obliger à s'en retourner au plutôt, Mexerar a Tel fut le fuccès de ces défis matuels, que bregé crhon. 1.4. hift. de ne furent, dit Mezeray, que de belles pieces de Français I, théatre qui ne fe terminerent qu'à des rodo~~ montades de part & d'autre.

P. 346%

Henri

XVI. La difpofition dans laquelle fe trouvoient Le roi de ceux deux princes, ne pouvoient que produire France prefune guerre affez vive, non feulement en ItaVIII de fai lie, mais encore du côté des Pais-bas, de re la guerre là Bourgogne, des Pyrenées, fur l'océan, & en Flandre. fur la mediterranée. François I. prella Hen ri VIII. d'entrer avec lui dans la Flandre qui étoit alors, dégarnie de gens de guerre, que les villes qui feroient prifes, de→ meureroient à fa majefté Angloife, jufqu'à cee

offrant

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par

qu'elle eût été remboursée de tout ce que AN. 1528. Efpagne lui devoit, & qu'enfuite on les tageroit. Mais comme le roi d'Angleterre eut beaucoup plus perdu que gagné dans une rupture avec les Pais-bas, fon principal revenu confiftant dans le commerce de fes lujets avec les Flamands, qu'il ne pouvoit rompre fans s'attirer la guerre civile it demanda quarante jours pour donner le loifir à fes marchands de retirer les effets qu'ils avoient dans les Païs-bas, il propofa enfuite une fufpenfion d'armes pour huit mois entre la France & les Pais-bas; & comme il fçavoit que l'argent étoit l'unique moyen de la faire accep ter par le roi, il offrit cependant de lui faire. compter en attendant trente mille écus pour la guerre d'Italie, qui furent auffi-tôt acceptez. Tous les efforts de l'armée de France tournerent donc du côté du roiaume de Naples.

XVII.

Lautrec

côté de Na

ples.

Mem. du

Lautrec avoit déja reconquis la plus grande partie du Milanez, & eut pû aifément fe quite la rendre maître de Milan, s'il n'eut reçû des Romagne & ordres exprès de rendre toutes ces places à s'avance du François Sforce, & d'aller à Rome délivrer le pape. Comme il entroit dans la Romagne, il apprit que le faint pere s'étoit fauvé, & que Beilagel. 30 les imperiaux au bruit de fa marche avoient quitté Rome, pour aller défendre le roïaume de Naples. La pefte avoit diminué leur armée de plus des deux tiers & l'on remarqua que l'année achevée, il n'en refta pas deux cens exempts des effets de la vengeance divine; ce qui faifoit que les generaux ne pouvoient prendre aucunes mefures certaines, pour s'oppofer aux efforts de la ligue. Le pape n'étoit pas encore engagé dans la confederation, & il ne fçavoit quel parti prendre; il ne vouloit point ra

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