Imágenes de páginas
PDF
EPUB

tifier le traité fait avec le duc de la Ferrare; il exiAN. 1528.geoit des Venitiens de retirer leurs troupes de Ravenne; & ceux-ci, qui avoient des grandes prétentions fur cette place differoient tou-1 jours de fatisfaire fa fainteté; enforte que Lautrec, pour la conquête qu'il méditoit, ne pouvoit gueres compter que fur fon armée. Il ne lailla point de traverfer l'état ecclefiaftiquet avec huit mille lanfquenets commandez par le comte de Vaudemont, trois mille Suiffes fous les ordres du comte de Tende, trois mille hommes de pied françois fous le fieur de Burie, quatre mille Gafcons fous Pierre de Navarre, & dix mille Italiens, ce qui faifoit une armée de plus de vingt-huit mille: hommes.

[ocr errors]

de Melfi.

Conquêtes Sur la fin de Février Lautrec arriva dans de Lautrec l'Abruze, & toutes les villes, Afcoli, Aquila' dansla Poüii & autres lui ouvrirent leurs portes & le reçu-~ le, & prife rent comme leur liberateur. L'armée imperiale avoit pris les devants, parce qu'elle n'aMem. du voit point d'artillerie. Le general François fit Bellay.ibid. trainer la fienne le long de la côte; ce qui lui ujiprà. facilitoit l'entrée dans la Capitanate, où il reçut les quatre-vingt mille écus de traite foraine qui fe payoient au mois de Mars dans cette province. Il en profita en entrant dans la Pouille. La ville de Sulmone fe rendit à lui fans attendre d'être fommée & il auroit aifément conquis tout ce pais, fi Philibert de Châlons, prince d'Orange, réfolu de gar-" der le chemin par où les vivres venoient aux imperiaux du côté de Bari & de Siponto, ne fe fût campé fur une éminen e défendue par le canon de la ville de Troja. Lautrec cependant l'en chaffa, & la nuit fuivante toute Farmée imperiale délogea fans bruit, & fe retira & Naples dans un défordre qui auroit

rendu fa défaite infaillible, fi elle eut été poursuivie; mais Pierre de Navarre fut d'un AN. 15 286avis contraire; & Lautrec le préferant à cehui des autres, s'amufa à battre la ville de Melfi, dans laquelle étoit Jean Carracioli avec trois mille hommes de garnifon, qui fe défendirent avec beaucoup de valeur; mais dans le fecond affaut ils furent emportez & tous pafferent au fil de l'épée avec prés de quatre mille habitans. Le prince de Melfi fut fait prifonnier de guerre: fa femme & fes enfans s'étant retirez dans le château fe rendirent fans resistance. Ce prince fur le refus de T'empereur, qui ne voulut pas paier fa rançon, eut recours au roi François I. qui lui procura fa délivrance, & en fut fervi fidelement jufqu'à la mort.

XIX.
Prefque

neral.

Paul. Jove

La prife de Melfi étonna fi fort tout le roiaume de Naples, que Barlette, Trani, Venose tout le roi& d'autres villes des environs, fe foumirent aume de Naauffi-tôt à Lautrec, parce que les imperiaux ples fe fouen avoient retiré les garnifons: Capoue fir la mer même chofe, Nole, Acerra, Averfa; enforte qu'il n'y eut que les villes de Naples, Manfre- Guice.1.18. donia & Gayette qui demeurerent fideles aux in hiftor. imperiaux. Le duc de Ferrare voiant qu'il ne reftoit que ces villes à l'empereur dans le roïaume de Naples, crut les affaires d'Espagne fi ruinées, qu'il acheva le mariage de fon fils, avec la belle-fœur du roi de France, qu'il avoit differé jusqu'alors fous diverfes prétextes. Et Lautrec homme ambitieux, flatté par tous ces grands fuccès, ne confidera pas, qu'à un enne-mi qui s'étoit retiré avec fes forces entieres, il fuffifoit qu'il fût maître de la capitale aquelle feule pouvoit donner la loi à tout le refte du roiaume. S'il l'eût vivement pour-fuivi, il le pouvoit défaire avant qu'il y en

trât, à cause de la jaloufie qui regnoit entrer AN. 15.28. le prince d'Orange general de Farmée, & le nouveau viceroi de Naples, qui dès le commencement fit difficulté d'admettre l'autre dans la ville. Mais les délais de Lautrec don→ nèrent aux deux enneinis le temps de fe reconcilier; enforte qu'ils refolurent de demeurer dans Naples, avec douze mille hommes de vielles troupes, & envoierent le refte de leurs forces en garnifon dans les places les plus importantes, ce qui fut caufe de la perte de l'armée Françoise.

X X. Lautrec pa

Guicciard

Lautrec prévoïant que Manfredonia, où roit devant les imperiaux avoient jetté deux mille home Naples.& y mes, l'occuperoit trop long-tems, lailla met le fiege deux cens cinquante chevaux, & quinze cens Mem. du fantaffins pour la bloquer, & s'avança avec les Bellay 1. 3. refte de fon armée devant Naples, où il arriin lib. 18. va le premier jour de May, & s'y retrancha fic bien qu'il paroiffoit impoffible de le déloger La fituation avantageufe de fon camp kn fit mettre en déliberation, s'il attaqueroit la ville, ou s'il fe contenteroit de la réduire par famine les avis furent partagez; mais la nombreufe garnifon qui avoit le viceroi Moncade à fa téte Pobligea de prendre le dernier parti, tant parce qu'il n'avoit d'argent que pour la folde ordinaire de fes troupes, que parce que le grand nombre des affiegez lui fit efperer qu'ils feroient bien-tôt affamez, le peuple feul montant à plus de deux cens cinquante mille perfonnés. Il fit donc fermer les deux principales avenues de la place par deux forts, l'un fur le marais de la Magdelaine, & Pautre vis-à-vis du Mont faint Martin. Les Espagnols attaquerent le premier, & furent repouffez avec une vigeur, qui leur donna des François une meilleure opinion'qu'ils n'a»›

[merged small][ocr errors]

voient euë à la bataille de Pavie, huit jours après ils tenterent de fe rendre maîtres du fe- AN. 1528. cond avec auffi peu d'avantage. Moncade qui, comme on a dit, avoit fuccedé à Lanoy dans la dignité de viceroi de Naples, voulut éprouver fi la fortune lui feroit plus favorable fur mer, & prenant fix galeres, deux gallions, quatre barques armées, & beaucoup de bâtimens de pêcheurs, avec mille foldats Espagnols, & deux cens Allemans; il monta lui-même fur la meilleure des galeres : & le marquis du Guât, le connétable Colonne, le comte de Roux & d'autres officiers imperiaux voulurent être de la partie, enforte qu'il n'y eut que le prince d'Orange qui demeura dans Naples.

,

Lau

X X I.

Comba

Pilippin Doria, neveu d'André Doria, huit naval où étoit alors au golfe de Salerne avec gaDoria oft Jeres de France, & le viceroi informé que victorieux lui & les fiens, à fon exemple, quittoient & le vicefouvent leurs vaiffeaux & venoient jufqu'à roi de Nal'armée de terre, forma le deffein de furpren- Ples tué. dre les huit galeres françoises, avec fix des fiennes, qu'il ama à cet effet, & garnit de fes meilleurs foldats. Doria inftruit par trec de l'entreprise du viceroi, renforça fes galeres de quatre cens arquebufiers qui lui furent envoyez par le general François fous la conduite du capitaine Ducroq: il étoit à Capodorfo, lorfqu'il apperçut deux galeres du viceroi, qui faifoient femblant de fuir pour attirer l'ennemi en haute mer; il détacha trois de fes huit galeres pour gagner le deffus du vent, & pour revenir charger les imperiaux par les côtez; il s'avança avec les cinq autres, & du premier coup de canon qu'il tira, il emporta quarante foldats de la galere du viceroi. La fuite du combat fut

très fanglante, & dura fix heures entieres

[ocr errors]

AN, Ij28. Moncade fut renverfé mort de deux coups -, . dont l'un lui rompit le bras, & l'autre lui fracaffa l'épine du dos. Sa galere coula à fonds avec une autre commandée par Feramufca: & le refte fut pris, à la referve de deux bâtimens que le vent pouffa dans le port de Naples fi maltraité par l'artillerie françoife, qu'on eut peine à les décharger avant qu'ils periffent. Le marquis de Guât, Afcagne & Camille Colonne, le prince de Salerne, les feigneurs de Vaudré, de Ris, de fainte Croix furent faits prifonniers de guerre avec beaucoup d'autres feigneurs & capitaines. Néanmoins cette victoire fut funefte aux François par la résistance des ennemis, enforte que des quatre cens arquebufiers envoiez par Lautrec, il n'en refta pas plus de foixante.

XXII. Le prince Le prince d'Orange ayant appris la perte Orange - de la bataille, fit fortir de Naples les boucrit à l'em- ches inutiles & diftribua par mesures les pereur ladé vivres aux foldats : & comme il craignoit que

Taite de l'araće.

la mort du viceroi, celle d'un fi grand nombre de vaillans hommes, & la perte de tant de vaiffeaux, n'avançât la prife de la ville capitale, plufieurs places qui tenoient encore pour les imperiaux ayant arboré les armes de France; il dépêcha vers l'empereur un brigantin, pour lui mander que les plus vaillans foldats avoient été tuez dans le dernier combat naval, & que les autres étoient prelque incapables de fervir; qu'il n'y avoit dans Naples que pour fix femaines de bled; que les Allemans commençoient à murmurer, & qu'il étoit à craindre qu'ils ne fe revoltaffent, fi fa majefté imperiale n'envoïoit bientôt de l'argent pour paier l'armée, & des troupes pour le défendre des François, avec lefquels

« AnteriorContinuar »