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Pol le chemin pour aller à Naples, où il feroit arrivé avant la mort de Lautrec; mais il fe AN. 1528. perfuada qu'il y avoit plus de gloire pour lui à recouvrer le duché de Milan; il s'arrêta dans la Lombardie, où il fut joint par l'armée de Venife & par les troupes de Sforce, dans le deffein d'opprimer de Leve, qui n'avoit que huit mille hommes, & qui étoit fans argent; mais il fe fauva , parce que les confederez délibererent trop long-tems à l'attaquer, & voulurent auparavant recouvrer Vigevano & Pavie.

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Le tems qu'on perdit dans ces deux fieges XXXV. donna le loifir à André Doria de retourner André Do dans la riviere de Genes. Il n'avoit rien ou- tia rétablit Genes dans

Mem. di Bellay, 1.3.

blié pour menager les Genois; comme il avoit fa liberté. beaucoup de partifans & d'amis dans la ville, il les confirma dans le mécontentement de ceux qui gouvernoient, il perfuada au peuple que les François ne lui laiffoient que le nom de république, pendant qu'ils avoient toute l'autorité & reprefenta à la nobleffe l'avantage de l'ancien gouvernement qui avoit toujours été entre fes mains. Enfin fçachant que la garnifon Françoife, dont la pefte avoit emporté les trois quarts s'étoit logée dans le château, & que la ville étoit prefque déferte, il s'en approcha avec fes galeres, & fit feulement defcendre cinq à fix cens hommes, Barbefieux qui étoit dans le port, ne l'eut pas plûtôt apperçu qu'il fit force de rame pour fe retirer dans Savonne, craignant qu'il n'y eût une conjuration formée pour fe faifir des galeres. Doria charmée de cette retraite le laiffa paffer, mit pied à terre, rangea fes troupes en bataille, trouva les portes ouvertes par ceux de fon parti occupa les principaux quartiers, & fe rendit

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maître de Genes au nom de l'empereur, fans AN. 1528. avoir mis l'épée à la main. Theodore Trivulce qui en étoit gouverneur, fe retira dans le château, qu'il fut obligé de rendre honteusement fur la fin d'Octobre; & les François ne furent pas plûtôt chaffez de Genes, que Doria alfembla la nobleffe, lui remit le gouvernement qu'il établit de la maniere qui fubfifte encore aujourd'hui. La république admira fa pruden ce, lui érigea une ftatue, & lui donna les titres de pere de la patrie, & de reftaurateur de

énormes

d'Antoine

de Leve

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XXXVI. la liberté. Vexations Le comte de faint Pol ne laiffa pas de fe rendre maître de Pavie, mais il ne put fecourir Savonne gouvernée par le commandeur dans le Mi- de Morette, qui fe rendit lâchement aux GeLancz. nois. Ce qui obligea ce comte à poursuivre fes conquêtes d'un autre côté. Bigraffa, faint George, Monza & Côme dans le Milanez, d'où Antoine de Leve avoit tiré les garnifons pour fortifier Milan, fe foumirent à lui & ce géneral fe fentant plus preffé que jamais, portoit les chofes à un excès, dont on trouve peu d'exemples dans Thiftoire. L'extrêmité des bourgeois de Milan, & des autres villes au lieu d'attendrir de Leve lui fournit un pretexte nouveau pour les accabler. Il s'empara de tout le bled qui reftoit dans le pais, & de tout celui qu'on y apportoit; on le diftribua par fon ordre à des boulangers affidez qui en firent des pains, & les vendirent un écu d'or pièce. Il n'y eut ainfi que les riches en état d'en acheter, & les autres mouroient de faim: l'empereur informé de ces vexations outrées n'y apportoit aucun remede, parce qu'il n'avoit point d'argent, & une prudence toute charnelle étouffa les fentimens humains & compatiffaus que la

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pieté auroit pû lui infpirer: ainfi finirent dans cette année les guerres d'Italie entre l'empe- AN. 1523. reur & le roi de France, qui tous deux commençant à fe laffer, fe reconcilierent l'année fuivante par le traité de Cambrai.

XXXNII.

faire du di

vorce en

Angleterre.

Supra liv.

cxxxi. n. 59.

Les claufes que le pape avoit mifes dans la Continua. bulle au fujet du divorce d'Henri VIII. chagri- tion de l'atnoient ce prince, & il donna ordre à Gregoire Cafali fon ambaffadeur à Rome de deinander des bulles moins fujettes à conteftation. Cafali en parla fouvent au pape. M. Burnet dit que fa fainteté lui répondit que la con- Burnet.hift. clufion de l'affaire étoit en la puiffance « de la refor d'Henti, qu'il falloir ou qu'en vertu de la « mat d'Ancommiffion déja donnée, ou que par l'au- « gleterre in torité du légat Wolfey on procedât au juge- « ment de la crufe. Que fi ce prince trou- « voit fa confcience bleffée de fon mariage

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n'avoit qu'à faire rendre une fentence « avec un peu de bruit. Car, ajoûtoit le pape, il n'y a point de théologien qui puiffe mieux « réfoudre que le roi lui-même fi fon mariage eft légitime ou non. Auffi-tôt que la fen- « tence aura été prononcée, votre maitre n'a qu'à fe marier, & en même tems il « nous priera de lui envoyer un légat pour con- « firmer ce mariage. Nous aurons beaucoup moins de peine à ratifier toutes chofes après « qu'elles feront faites, qu'à terminer promp tement un procès intenté felon Fufage de « notre cour puifque Catherine protestera fans doute contre le lieu comme non libre, « & contre les juges comme fufpects; en ce « cas les loix de l'églife veulent que nous dé- « fendions au roi de contra&ter de nouveau, jufques à ce que le procès ait été jugé, &« nous ferions obligé d'évoquer la cause à « dous. By a outre cela plufieurs formali.«

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4. nom. 1.

P. 78.

AN. 1528.

XXXVIII

Si le pape a

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» tez inévitables dans un procès en cour de
Rome, & dont on voit à peine la fin. Mais fi
» la fentence eft donnée en Angleterre, & que
» le roi fe remarie auffi-tôt, nous ne manque-
» rons point de raisons pour juftifier notre con-
duite, quand nous voudrons confirmer des
» chofes fi avancées, & alors nous envoirons
» à Londres tel cardinal que le roi d'Angleterre
voudra choifir.

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C'eft ainfi que Mr. Burnet fait parler le pa confeillé au pe à Cafali, mais ce difcours ne paroit pas fon roid'Angle- dé: car pourquoi Henri VIII. n'a-t'il point. terre de fe profité de cet avis, fe trouvant tout difpofé à remarie r fuivre un conseil fi favorable

ayant même par provi- fait confulter en France s'il devoit faire cette

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ouverture, par l'évêque de Bath qui étoit fon
ambaffadeur auprès de François I. Quelques
auteurs difent qu'Henri regarda cet avis qui
lui fut mandé par Cafali comme un piége
que le pape lui tendoit, qu'il confidera qu'il
n'étoit point poffible de faire juger une telle
caufe fans bruit, puifqu'il falloit neceffaire-
ment que la reine fut ouie, fans quoi il y
auroit une nullité manifefte dans le juge-
ment. En fecond lieu s'il eût fait ce qui lui
étoit confeillé, il fe feroit entierement livré
entre les mains du pape, qui, felon l'avis des
canoniftes auroit pû refufer de confirmer la
fentence du légat, auffi-bien que le mariage
qui auroit été contracté en confequence. Mais
il nous faudroit d'autres preuves de ce pré-,
tendu confeil du pape à Cafali, qui ne me
paroît point vrai-femblable. On ne laiffoit pas
d'envoyer tous les jours couriers fur cou-
riers; on faifoit fans ceffe de nouveaux pro-
jets, à peine une réfolution étoit prife, qu'on
la changeoit auffi-tôt. On demande que Staphi-
ley doien des auditeurs de Rote, qui étoit en

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Angleterre, foit chargé de la commission pour juger le divorce, & en même temps on le fait AN. 1528. partir pour Orviette, où étoit le pape, & on le charge d'inftructions fecretes & d'ordres publics. Aufli-tôt après Cafali reçoit ordre de demander à fa fainteté qu'un autre légat füt joint au cardinal Wolfey, & qu'il fût fçavant, défintereffé & traitable.

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Gardiner &
Foxenvoïtz.

cette

Auffi-tôt que Staphiley, fut parti pour Or- XXXIX. viette, le roi le fit fuivre du docteur Etienne Staphiley Gardiner fecretaire de Wolfey & d'Edouard Fox grand aumônier, qui tous deux devoient à Rome fe joindre au premier, & ne donner aucun re- pour pos au pape, qu'il n'eût accordé ce qu'on fou- affaire. haitoit de lui. Ces trois agens étoient d'un caractere affez different. Staphiley avoit vieilli dans la cour de Rome, c'étoit un homme défiant, dur & peu traitable, favorablement prévenu pour Henri VIII. & haiffant beaucoup Charles V. Gardiner ne connoilloit pas fi bien la cour de Rome, mais en récompenfe il paffoit pour un des plus habiles canoniftes il avoit un efprit vif, fouple, infinuant, & propre à tous les emplois dont on le voudroit charger. Foix fuivoit affez les fentimens, de fon prince, & mourut évêque d'Hereford. Leurs inftructions portoient de demander pour le cardinal Wolfey une nouvelle commission qui l'établit juge de cette caufe, avec pouvoir de caffer le mariage du roi, s'il le trouvoit à propos, & néanmoins de déclarer légitime la fille qui en étoit née, de prefler, le pape de donner une promeffe par écrit de ne point. révoquer la commiffion du légat, de demander une bulle qui caffat le mariage du roi, & une difpenfe pour époufer une autre femme fans aucune restriction. Enfin les envoyez devoient reprefenter au pape que Woley n'a

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