J.CORAS.loufe. Les Capitouls ayant mis en déliberation dans un Confeil, fi on le recuferoit ou non? On convint non-feulernent de le recufer, mais encore de fe pourvoir contre lui. au nom du Syndic de la Ville en réparation des injures qu'il avoit laiffé gliffer dans un de fes Livres (a) contre les Capitouls & les autres Officiers de l'Hôtel-de-Ville.

Il faut convenir que Coras étoit dans le tort, d'avoir gratuitement & fans raifon maltraité les Magiftrats Municipaux d'une des plus grande Villes du Royaume, dans laquelle il fe faifoit gloire d'avoir reçû la naiffance; cependant il ne paroît pas que l'Inftance en réparation d'inju res ait été pourfuivie. La vénéra– rion qu'on avoit pour Coras fit ap-, paremment oublier les termes facheux qu'il avoit laiffé échapper. Coras étoit grand Jufticier, mais fier & farouche; ce qui lui attira bien des affaires. Il en eut une avec. le Cardinal Stroffi, Evêque d'Albi de laquelle il fe tira pourtant avec honneur, comme il paroît par un -(a) Mifcell, Juris. Lib. 3. c. 6.

Arrêt de l'an 1565. qui eft dans les J.Coras.
Regitres du Parlement.

Au commencement de l'année 1568. les nouvelles étant arrivées que les Chefs des Huguenots, la Reine de Navarre & le Roi fon fils s'étoient retirez à la Rochelle, & que la paix étoit rompuë, la guerre fe ralluma dans le Royaume, & les Religionaires fe retirerent dans les Villes de leur parti. Plufieurs Confeillers du Parlement de Touloufe en uferent ainsi, entr'autres Coras, qui fe refugia à Realmont.

L'Histoire manufcrite, qui rapporte ce fait, ajoûte que les Confeillers fugitifs, qui étoient la fleur du Parlement, obtinrent commiffion du Prince de Condé, pour dreffer une Chambre Souveraine." Commiffion qu'on leur fit dans la fuite un crime d'avoir recherchée, & ce fut une des principales caufes de la mort de Coras, qui arriva

ainfi.

Le dernier jour d'Août de l'année 1572. on apprit à Toulouse les premieres nouvelles de ce qui s'étoit paffé à Paris au maffacré de la

J. CORAS. S. Barthelemi. Le lendemain premier Septembre, les Catholiques s'affemblerent, & il fut réfolu entre eux de fe faifir de ceux de la Religion. Le 4. du même mois Coras fut emprifonné avec plufieurs autres. Loin de fe troubler, il confola les compagnons de fon malheur. II fut interrogé & fommé de faire l'aveu de certaines écritures privées, & il fe défendit avec beaucoup de force & de prefence d'efprit. Il ne paroît pas que le Parlement, qui lu faifoit le procès, Chambres affemblées, l'ait condamné.

qui

Le quatre Octobre fuivant étoit un famedi avant le foleil levé, quelques écoliers, batteurs de pavés conduits par un nommé la Tour, entrerent dans la Conciergerie, on ne fçait par quel ordre. Ils étoient armez de haches & de coutelas, & faifant defcendre les prifonniers les uns après les autres, ils les maffacrerent aux pieds des degrez, fans leur donner le tems de fe plaindre. Coras y périt avec deux de fes Confreres. Après les avoir ainfi maffacrez, on les pendit avec les Robbes

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longues, dont ils fe trouverent vê- J. Cotus, à l'Orme de la cour du Pa-RAS. lais.

Ceras avoit fait fon teftament. Il ne laiffa qu'une fille appellée Jeanne. Il mourut âgé de 59. ans.

Catalogue de fes Ouvrages.

Les differens Ouvrages de Coras concernans l'interprétation du Droit Civil ont été ramaffez en deux volumes in-fol.

Le premier imprimé à Lyon chez Vincent Defportes en 1556. renferme les Ouvrages fuivans.

1. Scholia in duodeviginti titulos ex prioribus Pandectarum. Ce Traité eft rempli de curieufes recherches. Mais comme elles roulent princi palement fur les devoirs des Magif trats, on ne s'empreffe gueres de les lire.

2. Ad leg. Filium, Cod. Famil. Commentarii. Ces Commentaires, que Coras donna au Public la même année que l'Ouvrage précedent, lui firent beaucoup d'honneur. La matiere de la Legitime, & des Quartes Falcidie & Trebellianique, y eft traitée avec beaucoup d'ordre.

BAS.

J. Co- 3. Ad leg. cum virum, Cod. de Fideicom. Commentarii. Coras y par court les questions qui regardent la reftitution des fideicommis, mais affez legerement.

4. In titulum Cod. de Impuberum & aliis fubftitutionibus Commentarii.

Coras mit la derniere main à cet

Ouvrage, ayant à peine atteint fa vingt-feptiéme année; car il parut en 1540. pour la premiere fois. Le fçavant Arnoul Ferrier en fit l'éloge.

5. In S. Nihil commune leg. Naturaliter ff. de Acquir. Poff. paraphrafis. Cette paraphrafe embraffe co qu'on appelle au Palais le Poffeffoire & le Petitoire. Il faut avouer qu'il y a d'excellentés chofes.

6. Mifcellaneorum Juris Civilis Libri tres. C'eft de tous les Ouvrages de Coras le plus recherché.

7. Centum Quæftiones ex Jurifconfultorum Libris excepta. Ce font les cent queftions fur lefquelles Coras répondit à Padoue en 1535. n'étant âgé que de 21. ans, & qui lui attirerent l'eftime generale des Etrangers.