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tôt en état d'inftruire les autres. 11 J.CORAS fir des leçons publiques à un âge où l'on eft à peine en état d'apprendre. Animé par des progrez fi rapides, il fe crut affez de force pour foûttenir dans les plus fameufes Univerfitez la réputation qu'il avoit acquife à Toulouse. Il ne faifoit qu'entrer dans fa dix-huitiéme année, lorsqu'il alla à Angers, où il fut generalement applaudi pendant une année qu'il y demeura.

Avide de gloire, il fe rendit enfuite à Orleans, où il recueillit de nouveaux lauriers. Il ne fe fit pas moins connoître à Paris, où il profeffa les Inftituts de Juftinien, & interpréta le Droit Canonique. Il y merita l'eftime du grand Magistrat Michel de l'Hopital.

Il dit lui-même qu'enflé par tant de fuccez, il trouva le Theatre de la France trop refferré pour lui. C'est pourquoi il paffa en Italie, où il fit preuve de fon fçavoir. Sur tout il fe fit admirer à Padoue, en répondant fur cent questions avec un concours & une approbation generale. Il n'avoit alors que 21. ans,

J.CORAS. Comme on l'a déja remarqué; chofe furprenante & prefqu'incroyable, qu'à cet âge il fût fe déja rendu illuftre dans les plus celebres Univerfitez de l'Europe.

Après avoir donné des leçons à Padoue pendant trois ans & quelques mois, il retourna à Toulouse, où il attendoit la vacance d'une chaire de Profeffeur, pour la dif, puter, lorfque Jacques de Tournon, Evêque de Valence, voulant rétablir l'Univerfité de cette Ville l'appella en 1544. pour y profeffer.

Il y refta pendant quelques années cependant les amis qu'il avoit en Italie l'y attirerent une feconde fois. On lui donna une chaire de Profeffeur à Ferrare, & il ne la quitta que lorfque l'Univerfité de Touloufe, qui le regardoit comme fon nourriffon, lui offrit une pareille place. Il l'accepta d'autant plus volontiers, que c'étoit un moyen de revenir avec honneur dans fa Patrie.

On eft étonné de trouver dans la yie de Cujas, que huit cens écoliers

prenoient ordinairement fes leçons; J.CORAS. c'étoit bien autre chofe de Coras, s'il en faut croire M. Maynard, l'un des plus fçavans Magiftrats de fon fiecle, qui rapporte au Livre 4. ch. 12. de fes Arrêts notables, que lorfqu'il étudioit fous Coras, le nombre de fes écoliers alloit jufqu'à environ quatre mille pour le moins. Ce font fes

termes.

La Reine de Navarre éleva Coras. à la dignité de fon Chancelier, & le Roi Henri II. l'honora d'une Charge de Confeiller au Parlement de Toulouse.

Il femble que cette Charge donnée à fon merite, fa qualité de Profeffeur, fes Ouvrages qu'on avoit fi fort applaudi, fa réputation éten-> duë jufqu'au point, qu'un celebre Ultramontain (a) le regarde comme le plus fçavant de fon fiecle ; enfin l'opinion publique, qui l'annonçoit comme l'un des premiers qui avoient tiré la fcience du Droit Civil de la groffiereté où elle étoit auparavant. Il femble, dis-je, que par tant d'avantages il devoit avoir

( a ) Oldendorpius. Tract, de Formulis &

J. CORAS. acquis la difpenfe de l'examen. Cependant le Parlement de Toulouse, craignant les conféquences, voulut l'examiner.

Qui le croiroit? Coras, qui avoit foûtenu tant de difputes, Coras fi familiarifé avec les Loix, s'étant prefenté aux Chambres affemblées, pour répondre à quelque leger argument, fe trouva fi trouble, qu'il perdit la parole, deforte que fi on ne l'avoit connu, on l'auroit declaré incapable. Ayant obtenu quelques momens pour fe remettre reprit fes efprits, & fatisfit l'Affemblét, comme il devoit & étoit tenu toutefois fi hautement & dignement. qu'on efperoit & attendoit de Lut. C'eft ainfi que s'exprime M. Mazmard, liv. 1. ch. 75.

it

non

Coras fut un des premiers qui embrafferent la prétenduë Reforme, pour laquelle il fe montra très-zelé. On fçait qu'après que le Prince de Condé fe fut rendu maître d'Orteans, & qu'il eut commencé la guerre par la prise de cette Ville, les Huguenots fe faifirent de plufieurs autres.

Les Calviniftes des bords de la J. CORASI Garonne comploterent d'en faire autant de Toulouse. On prétend que Coras fut un des principaux Auteurs de cette conjuration. Ce qu'il y a de certain, eft qu'après que l'entreprise eut échouée par la déroute des Conjurez, qui donnerent & foûtinrent de rudes affauts, Coras faillit à être enveloppé dans les fanglantes executions de Juftice que le Parlement fit faire. Le Baron de Fourquevaux, fon bon ami, eut beaucoup de peine à le fauver de la fureur du peuple, qui demandoit fa mort.

Cependant le Parlement par une Mercuriale fans exemple, interdit tous les Officiers fufpects de la prétenduë Reforme, & Coras fut de leur nombre. Mais le Roi touché des plaintes de ces Officiers, lesrétablit dans leurs Charges par des Lettres Patentes, qui ne furent néanmoins enregistréesqu'après trois Arrêts du Confeil.

A peine Coras eut-il repris fes fonctions, qu'il fe chargea d'une Commiffion contre la ville de Tou

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