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AN. 1547.

II.

nonsfur la matiére des facremens.

été prife dans l'églife principale. IV. Que pour le bap tême & le faint crême, l'on ne prendroit qu'un feul parrain qui ne feroit ni infâme, ni excommunié, ni interdit, ni religieux, ni tel qu'il ne pût exécuter fes promeffes. Et que perfonne ne pourroit fervir de parrain dans le facrement de confirmation, qu'il n'eût auparavant été confirmé lui-même. V. Pour ôter l'abus qui s'eft introduit en divers endroits, de porter l'eau du baptême par les rues, ou d'y mener les enfans confirmés avec le bandeau fur le front, pour faire plufieurs compéres, foit en lavant les mains ensemble, ou en levant ce bandeau (par où il ne fe contracte point d'alliance fpirituelle ;) les prêtres ne souffriront point que l'eau du baptême foit emportée, mais la jetteront auffi-tôt dans le réservoir & fermeront les fonts. Etles évêques qui donneront la confirmation, tiendront à la porte de l'églife deux clercs qui ôteront le bandeau, & laveront le front des confirmés, fans en laiffer fortir un feul avec le bandeau. VI. Que les évêques ne donneront ce dernier facrement à aucun excommunié, ni à ceux qu'on fçaura être en péché mortel. Cependant il y a des hifto. riens du concile qui prétendent qu'il n'eft fait aucune mention de ces articles dans les actes.

Quoi qu'il en foit, ils n'étoient pas certainement indignes d'être propofés ; & puifqu'ils contenoient des abus réels, ils méritoient auffi qu'on y fît une attention férieufe. Mais les queftions de dogme occupoient encore trop alors, & il étoit jufte de leur donner la préférence.

On affembla donc les peres députés, pour former le dé1 dreffe les ca cret touchant ces queftions. Ils examinérent les avis des théologiens, & les conclufions dont on étoit convenu: l'on en omit les articles auxquels il ne falloit pas toucher; l'on diftingua ceux qui n'étoient pas clairs; & enfin l'on forma quatorze canons fur les facremens en général, dix fur le baptême, & trois fur la confirmation: enforte que l'on ne condamnoit que les opinions des hérétiques, fans toucher à celles qui partageoient les théologiens. Ce qui fit que chacun fut content. Mais il n'en fut pas de même lorfqu'il s'agit de dreffer les chapitres de la doctrine; il ne fut pas aifé de fuivre la méthode qu'on avoit observée dans la feffion précédente fur la juftification, parce qu'il n'étoit pas poffible d'ufer des termes de l'une des

opinions, fans porter quelque atteinte à l'autre oppofée, A. 1547. ce qui auroit caufé de la divifion ; & ce qui fut cause qu'on renvoya dans la congrégation fuivante qui feroit générale, la difcuffion du décret qui expliqueroit la maniére dont les facremens contenoient & produifoient la grace. Mais on n'y fut pas moins embarraffé, parce qu'une partie des peres vouloient qu'on omît tout-à-fait les chapitres de la doctrine, & qu'on ne publiât que les canons, comme on avoit fait fur le péché originel: l'autre prétendoit, au contraire, qu'il falloit pourfuivre comme on avoit commencé, mais le faire avec affez de prudence pour contenter tout le monde; qu'il n'y avoit aucune divifion à craindre, & qu'on ne devoit point fe proposer d'autre but que de convaincre les hérétiques, en condamnant leurs erreurs par de bonnes raifons.

Ce dernier avis auroit été fuivi, & dans le moment on auroit travaillé à compofer les chapitres, fans l'opposition qu'y forma Jean-Baptifte Cicala, évêque d'Albengue & auditeur de Rote, qui dit qu'on ne trouveroit point dans les hiftoires qu'aucun eût quitté fon opinion propre, quoique condamnée, fans y avoir été contraint; qu'encore que tous les catholiques difent qu'ils s'en remettoient au jugement de l'églife Romaine, fi néanmoins leur fentiment vient à être rejetté, c'est alors qu'ils s'obftinent davantage à le foutenir; ce qui forme enfuite des fectes & des héréfies. Que pour empêcher ce mal, il n'y avoit point de meilleur moyen que de tolérer toutes les opinions, & de maintenir la paix dans les écoles. Que quelque grande que fût la contrariété de ces opinions, il n'en arriveroit rien de fâcheux, tant que l'on demeureroit dans ces bornes; au lieu que fans cela, la différence d'un mot, même d'une lettre, feroit capable de divifer tout le monde. Que certaines opinions des Novateurs modernes auroient pu être tolérées, s'ils les euffent défendues avec modération, fans condamner l'églife Romaine ni la doctrine des écoles. Que Léon X n'avoit fait que relancer contre Luther les traits que ce religieux avoit auparavant portés contre le fiége apoftolique. Que toutes ces belles proteftations que les docteurs faifoient de fe foumettre au jugement de l'églife, n'étoient que des termes de civilité & de bienséance, auxquels il falloit répon

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HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE.

dre par une déférence réciproque, en le confervant neu

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tre au milieu des contrariétés. Que tel eft le ftyle de la fociété civile, que celui qui veut être refpecté, doit refpecter les autres: fans croire que celui qui promet de le foumettre, ait véritablement envie de le faire quand il le faudra. Témoin Luther, qui, tant qu'il n'eut affaire qu'aux quêteurs d'Allemagne, ou aux docteurs de Rome, dit toujours qu'il s'en tiendroit au jugement du pape ; mais qui, bien loin de tenir fa promeffe quand Léon X eut parlé, fe déchaîna contre le faint fiége même avec plus de fureur & de violence qu'il n'avoit fait contre les quêteurs.

Les fentimens étant ainfi partagés, les légats ne vou→ lurent rien déterminer d'eux-mêmes, & crurent qu'ils devoient confulter le pape fur la maniére dont ils devoient fe conduire dans la prochaine feffion: ils lui écrivirent donc, & lui envoyérent une copie des canons qu'on avoit dreffés, avec un détail des difficultés qui reftoient, soit dans les matiéres de foi, foit dans celles de la réformation: en lui mandant qu'en attendant fa réponse, on ne laifferoit pas de repaffer encore les mêmes matiéres, & d'examiner férieufement celle de la pluralité des bénéfices, qui avoit été déja proposée. Le pape répondit à fes légats dans le mois de Février, & leur marqua, que puisque les chapitres de la doctrine des facremens ne pouvoient s'expliquer fans danger de quelques divifions parmi les théologiens, il falloit les omettre, en ne s'attachant qu'à la publication des canons avec anathême; qu'on devoit auffi fupprimer le mémoire des canoniftes, touchant les abus qui fe gliffoient dans l'administration du baptême & de la confirmation.

Tous les jours, exceptés les dimanches, on tint des congrégations particuliéres pour examiner les articles de la réformation, jufqu'au vingt-quatre de Février, auquel on propofa dans une congrégation générale les décrets concernant cette matiére, qui avoient été formés par un certain nombre de peres choifis; & il y eut encore quelques conteftations excitées par l'évêque de Fiéfole, qui ne vouloit pas qu'on laiffât agir les évêques comme délégués du fiége apoftolique. Le cardinal Pacheco s'unit à lui, & beaucoup d'autres prélats Espagnols; mais le premier légat

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appaifa la difpute, exhortant les peres à fe conduire comme des évêques chrétiens, & à ne chercher que l'union & la paix. Dans la congrégation du lendemain, vingt-cinq de Février, il dit qu'il vouloit leur faire lecture d'une lettre écrite par le cardinal Farnèfe, qui leur apprendroit que le pape, dans un confiftoire tenu le dix-huit, avoit fait un décret par lequel il déclaroit que les cardinaux étoient obligés à la réfidence, & ordonnoit à ceux qui avoient plufieurs évêchés de n'en conferver qu'un feul, & de fe défaire des autres dans fix mois, s'ils dépendoient de la collation du fouverain pontife, & dans un an, s'ils étoient de la nomination d'un autre. Il ne fit ce décret que fur les remontrances du cardinal Cervin, & il fut reçu avec joie de tous les peres.

On examina cinq chofes touchant la réformation. 1o. Qu'afin de pourvoir à l'avenir, & oppofer une forte digue aux abus qui s'étoient introduits, on défendroit l'union de plufieurs bénéfices qui demandent résidence, à moins qu'il n'y eût de grandes néceffités. 2°. Qu'on ne pourroit pofféder qu'une feule églife cathédrale, fous quelque prétexte qu'on en eût obtenu plufieurs; ce qui s'étendroit auffi aux cardinaux. 3°. Que les évêques auroient le pouvoir d'examiner les raifons qu'on avoit de jouir de plufieurs cures ou autres bénéfices inférieurs ; & que s'il y avoit des dif penfes très-légitimes, ils auroient foin d'établir, dans le bénéfice que le titulaire ne pourroit pas deffervir, des vicaires capables, en leur affignant un revenu honnête. 4°. Que fi ces unions de bénéfices étoient perpétuelles, & non pas à vie, les évêques examineroient toutes ces unions faites depuis quarante ans, & les cafferoient, fi elles étoient obtenues fur un faux expofé, ou fi elles n'étoient pas bien fondées. 5°. Que ne voulant point préjudicier à l'autorité du pape, d'autant plus qu'il fe pouvoit faire que ces con ceffions fuffent légitimes, & faites avec les conditions requifes, elles feroient toutefois examinées devant l'ordinaire tant celles qui étoient faites depuis quarante ans, que cel les qui fe feroient dans la fuite, en appellant les perfon nes intéreffées : & en cas qu'il n'y eût aucune raison valable, les évêques les cafferoient comme obtenues par fraude. Mais chacun fit fes réflexions fur tous ces articles, & plu

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fieurs infiftérent fort fur les difpenfes, qui, pour la plupart, étoient caufe de tous les abus.

Quelques prélats opinérent qu'il fût défendu de pofféder plus de trois bénéfices enfemble; & d'autres ajoutérent cette claufe, en cas que deux ne montaffent pas à la fomme de deux cens ducats d'or de revenu pour affujettir chacun à la règle de n'avoir qu'un bénéfice, quand il feroit de cette valeur, ou deux, quand un ne monteroit pas à cette fomme; mais jamais plus de trois, quand même ils ne vaudroient pas tant. Sur quoi Louis Lippoman, évêque de Vérone, demanda que ce décret obligeât ceux qui en poffédoient alors plus de trois; de forte que, fans aucun égard à leur qualité, ils fuffent contraints de renoncer au furplus dans fix mois, s'ils étoient en Italie, & dans neuf, s'ils étoient ailleurs; faute de quoi ils feroient privés de ces bénéfices quels qu'ils fuffent, unis ou en com mende, fans qu'il fût befoin d'une autre déclaration. Mais l'évêque de Feltre modéra cet avis, en diftinguant les difpenfes, les unions & les commendes, les unes faites pour le fervice des églifes, & les autres en faveur des bénéficiers voulant que les premiéres étant bonnes, fuffent confervées, & les autres réformées. L'évêque de Lanciano rejetta cette diftinction: difant que, pour faire une. loi durable, il faut en exclure les exceptions, parce que, la malice des hommes eft affez ingénieuse à trouver des prétextes pour fe faire excepter & fe délivrer de la règle.

L'évêque d'Albengue repréfenta que les bonnes loix ne regardent que l'avenir, & jamais le paffé, que ceux qui, fortant des bornes légitimes, veulent réformer le paffé, excitent toujours du trouble; & au lieu de raccommoder les affaires, les brouillent fouvent davantage. Qu'il eft trèsdifficile d'ôter aux gens ce qu'ils poffèdent depuis longtems, & que c'eft folie de croire qu'on les rendra contens. Il ajouta qu'en faifant un tel décret, il prévoyoit, ou qu'on ne le recevroit point; ou que s'il paffoit, il en naîtroit des réfignations fimulées, fimoniaques, & d'autres maux plus grands dans l'églife que la pluralité des bénéfices. Que cette ordonnance lui paroiffoit même fuperfue pour l'avenir, parce qu'il fuffifoit qu'on ne donnât plus de difpenfes pour jouir de plufieurs bénéfices. Cet avis plut fort aux légats, tant à cause de l'honneur qu'on

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