AN, 1547 été prise dans l'église principale. IV. Que pour le bapa . gnes d'être proposés ; & puisqu'ils contenoient des abus réels, ils méritoient aussi qu'on y fîc une attention férieuse. Mais les questions de dogme occupoient encore trop alors, & il étoit juste de leur donner la préférence. On assembla donc les peres députés, pour former le déOndreffe das faz cret touchant ces questions. Ils examinerent les avis des nonsfurla matiére théologiens , & les conclusions dont on étoit convenu : l'on en omit les articles auxquels il ne falloit pas toucher; l'on distingua ceux qui n'étoient pas clairs ; & enfin l'on forma quatorze canons sur les sacremens en général, dix sur le baptême, & trois sur la confirmation: ensorte que l'on ne condamnoit que les opinions des hérétiques, sans toucher à celles qui partageoient les théologiens. Ce qui fit que chacun fut content. Mais il n'en fut pas de même lorsqu'il s'agit de dresser les chapitres de la doctrine; il ne fut pas aisé de suivre la méthode qu'on avoit observée dans la session précédente sur la justification, parce qu'il n'étoit pas pollible d'user des termes de l'une des II. des lacremens. opinions, sans porter quelque atteinte à l'autre opposée, A., 1547. que de convaincre les hérériques, en condamnant leurs Ce dernier avis auroit été suivi , & dans le moment on auroit travaillé à composer les chapitres, sans l’opposition qu'y forma Jean-Baptiste Cicala , évêque d'Albengue & auditeur de Rote , qui dit qu'on ne trouveroit point dans les histoires qu'aucun eût quitté lon opinion propre, quoique condamnée, sans y avoir été contraint; qu’encore que tous les catholiques disent qu'ils s'en remetcoient au jugement de l'église Romaine , fi néanmoins leur sentiment vient à être rejetté, c'est alors qu'ils s'obstinent davantage à le soutenir; ce qui forme cnsuite des sectes & des hérésies. Que pour empêcher ce mal, il n'y avoit point de meilleur moyen que de tolérer toutes les opinions, & de maintenir la paix dans les écoles. Que quelque grande que fût la contrariété de ces opinions , il n'en arriveroit rien de fâcheux, tant que l'on demeureroit dans ces bornes ; au lieu que sans cela, la différence d'un mot, même d'une lettre, seroit capable de diviser tout le monde. Que certaines opinions des Novateurs modernes auroient pu être tolérées, s'ils les eussent défendues avec modération, sans condamner l'église Romaine ni la doctrine des écoles. Que Léon X n'avoit fait que relancer contre Luther les traits que ce religieux avoit auparavant portés contre le siége apostolique. Cue toutes ces belles protestations que les docteurs failoient de se soumettre au jugement de l'église , n'étoient que des termes de civilité & de bienséance, auxquels il falloitiépon. . / و III. canons, AN, 1547. dre par une déférence réciproque, en se conservant neus tre au milieu des contrariétés. Que tel est le style de la Les sentimens étant ainsi partagés, les légats ne vouLe pape mande lurent rien déterminer d'eux-mêmes, & crurent qu'ils deaux légats de pe voient consulter le pape sur la maniére dont ils devoient ne se conduire dans la prochaine sesion : ils lui écrivirent confirmation. la réformation, jusqu'au vingr-quatre de Février , auquel Pollav. ubi fup.lib. on proposa dans une congregation générale les décrets g. cap. 2. n. 1 & 5. concernant cette matiére, qui avoient été formés par un certain nombre de peres choisis ; & il y eut encore quel- IV. formation. . is L AN. 1547 an, V: Pallav. ubi fup. appaisa la dispute, exhortant les peres à se conduire comme des évêques chrétiens, & à ne chercher que l'union & la paix. Dans la congrégation du lendemain, vingt-cinq de Février , il dit qu'il vouloit leur faire le&ture d'une lettre écrite par le cardinal Farnèse, qui leur apprendroit que le pape , dans un consistoire tenu le dix-huit, avoit fait un décret par lequel il déclaroit que les cardinaux étoient obligés à la résidence, & ordonnoit à ceux qui avoient plusieurs évêchés de n'en conserver qu'un seul , & de se défaire des autres dans six mois, s'ils dépendoient de la collation du souverain pontife , & dans un s'ils étoient de la nomination d'un autre. Il ne fit ce décret que sur les remontrances du cardinal Cervin , & il fut reçu avec joie de tous les peres. On examina cinq choses couchant la réformation. On réduit ces ar: 1°. Qu'afin de pourvoir à l'avenir , & opposer une forte ticles à cinq chefs. digue aux abus qui s'étoient introduits, on défendroit l'u• lib. 9.6. 9. n. 14 nion de plusieurs bénéfices qui demandent résidence, à moins qu'il n'y eût de grandes nécessités. 2o. Qu'on ne pourroit posséder qu'une seule église cathédrale , sous quelque prétexte qu'on en eût obtenu plusieurs;ce qui s'étendroit aussi aux cardinaux. 3o. Que les évêques auroient le pouvoir d'examiner les raisons qu'on avoit de jouir de plusieurs cures ou autres bénéfices inférieurs ; & que s'il y avoit des dif. & . penses très-légitimes, ils auroient soin d'établir, dans le bénéfice que le titulaire ne pourroit pas desservir, des vicaires capables, en leur assignant un revenu honnête.4o. Que si ces unions de bénéfices étoient perpétuelles, & non pas à vie, les évêques examineroient toutes ces unions faites depuis quarante ans, & les casseroient, fi elles étoient obtenues sur un faux exposé, ou si elles n'étoient pas bien fondées. 5o. Que ne voulant point préjudicier à l'autorité du pape, d'autant plus qu'il se pouvoir faire que ces con• cessions fussent légitimes, & faites avec les conditions requises, elles seroient toutefois examinées devant l'ordinaire, tant celles qui étoient faites depuis quarante ans, que cel les qui se feroient dans la suite, en appellant les person. nes intéressées : & en cas qu'il n'y eût aucune raison valable, les évêques les casseroient comme obtenues par fraude. Mais chacun fit ses réflexions sur tous ces articles, & plu. AN. 1547 VI. ces. Lib. 9. C. 10. sieurs insistérent fort sur les dispenses, qui, pour la plupart, éroient cause de tous les abus. Quelques prélats opinérent qu'il fût défendu de posséder prélats fur la plu- plus de trois bénéfices ensemble ; & d'autres ajoutérent falité des benéfi- certe clause, en cas que deux ne montassent pas à la somme Pallav, ubi fuprà , de deux cens ducats d'or de revenu , pour assujettir chacun à la règle de n'avoir qu'un bénéfice, quand il seroit de cette valeur, ou deux, quand un ne monteroit pas à cette somme ; mais jamais plus de trois, quand même ils ne vaudroient pas tant. Sur quoi Louis Lippoman, évêque de Vérone, demanda que ce décret obligeât ceux qui en possédoient alors plus de trois ; de sorte que , sans aucun égard à leur qualité, ils fussent contraints de renoncer au surplus dans lix mois, s'ils étoient en Italie , & dans neuf, s'ils étoient ailleurs; faute de quoi ils seroient privés de ces bénéfices quels qu'ils fuffent, unis ou en commende, sans qu'il fût besoin d'une autre déclaration. Mais l'évêque de Feltre modéra cet avis, en distinguant les dispenses, les unions & les commendes, les unes faites pour le service des églises , & les autres en faveur des bénéficiers : voulant que les premiéres étant bonnes, fussent conservées, & les autres réformées. L'évêque de Lanciano rejetta cette distinction : disant que, pour faire une. loi durable, il faut en exclure les exceptions, parce que la malice des hommes est assez ingénieuse à trouver des prétextes pour se faire excepter & se délivrer de la règle. L'évêque d'Albengue représenta que les bonnes loix ne regardent que l'avenir , & jamais le passé ; que ceux qui, (ortant des bornes légitimes, veulent réformer le passé, excitent toujours du trouble; & au lieu de raccommoder les affaires, les brouillent souvent davantage. Qu'il est trèsdifficile dôrer aux gens ce qu'ils possèdent depuis longtems, & que c'est folie de croire qu'on les rendra con-, tens. Il ajouta qu'en faisant un tel décret , il prévoyoit , ou qu'on ne le recevroit point ; ou que s'il passoit, il en naîtroit des résignations simulées, simoniaques, & d'autres maux plus grands dans l'église que la pluralité des bénéfices. Que cette ordonnance lui paroissoiç même superfue pour l'avenir , parce qu'il suffisoit qu'on ne donnât plus de dispenses pour jouir de plụsieurs bénéfices. Cet avis plus fort aux légats, tant à cause de l'honneur qu'on |