gogues & les Sarrafins leurs mosquées & les confervent au milieu des Chrétiens. Dans ces AN. 1340. lieux les Juifs blafphêment contre JESUSCHRIST, & les Sarrafins donnent publiquement des loüanges à Mahomet, contre la défense du concile de Vienne. Pendant que les Chrétiens font le fervice divin dans les églifes, près defquelles font en quelques lieux des fynagogues ou des mosquées ou quand on porte les facremens aux malades, les infideles font des éclats de rire ou d'autres dérifions. Nous vous avons prié inftamment de faire ceffer tous ces défordres, & vous nous l'avez promis agréablement, c'eft pourquoi nous vous en prions encore, & afin que l'effet s'enfuive plus promptement, nous en écrivons aux archevêques de Tarragone & de Sarragoce & à leurs fuffragans pour vous en folliciter. La lettre eft du huitiéme de Janvier 1340. Je nevoi point que l'on s'appliquât à la converfion de ces Musulmans foûmis à la domination des, Chrétiens: tandis que l'on préparoit la croisade contre ceux d'Afie & d'Afrique,& que l'on envoïoit fi loin des miffionnaires prêcher la foi aux Tartares & aux Indiens. Deux mois après le pape fit publier la croifade en Espagne contre les Mores d'Afrique, qui l'année précedente étoient entrez en Espagne à cette occafion. Mahomet roi de Grenade de la race des Alhamares fe fentant preffé par les armes des Chrétiens, & trop foible pour leur réfifter, paffa en Afrique, & alla implorer le fecours d'Albohacem roi de Maroc, de la race des Merins ou Benimerin. Ce prince envoïa quel ques troupes en Espagne fous la conduite de fon fils Aboumelie, qui paffa le détroit de Gibraltar vers la fin de l'an 1332.. Après avoir remporté pendant fept ans quelques avantages fur les. Chrétiens, il fut tué en une déroute. l'an V. Defcente des Mores en Espagne.. Mariana lib. xvi.. 1338. Son pere Albohacem plus animé par cetAN. 1340. te perte, envoïa par toute l'Afrique des hommes eftimez les plus devots & les plus zelez entre les Mufulmans, exciter les peuples à prendre les armes pour la défense & l'accroiffement de la religion de leurs ancêtres. C'étoit à peu près comme chez les Chrétiens prêcher la croifade. Ainfi Albohacem afsembla foixante & dix mille chevaux, & quatre cens mille hommes d'infanterie, avec une flotte de douze cens cinquante vaiffeaux, & foixante & dix galeres. Les trois rois d'Espagne, c'eft-à-dire de Caftille, d'Arragon & de Portugal, s'étoient réünis pour s'oppofer aux infideles; & le roi de Caftille Alphonfe, dont les états étoient les plusRain.1340. expofez, envoïa au pape deux chevaliers, pour ข.40. n. 42. lui demander du fecours. Le pape de l'avis des cardinaux, lui accorda une croisade pour les roïaumes de Castille, d'Arragon, de Navarre& de Majorque, tant contre le roi de Benimerin, c'est-à-dire Albohacem, que contre le roi de Grenade. La croifade étoit accordée pour trois ans,avec une levée de decimes fur les biens ecclefiaftiques; & le pape l'accorda à ces conditions. Dans les terres que vous aurez conquifes fur les Arabes, nous voulons que l'on bâtisse des églifes cathedrales felon que nous l'ordonnerons, eu égard à la qualité & la commodité des lieux, avec un clergé convenable, qui foit feculier. Les collegiales & les autres moindres églifes pourront Etre fondées par l'ordre des prélats & des autres. qui en auront le droit. Dans les lieux conquis fur les Mores, où ils font mêlez avec les Chrétiens, on ne leur permettra point d'aller à la Meque en pelerinage, ni de prononcer à haute voix le nom de Mahomet. J'entens ceci de la proclamation pour appeller à la priere. La bulle continue:: Nous voulons auffi que dans le roïaume de Grenade & les autres lieux conquis fur les Mores, AN. 1340. vous faffiez païer les dîmes & les prémices pour la fubfiftance des ecclefiaftiques. La bulle est du feptiéme de Mars 1340. La grande armée d'Albohacem emploïa cinq mois à paffer en Espagne, & se raffembla près d'Algezire joignant le Détroit. Ce fut la faute de Mar. Gilbert amirald'Arragon qui commandoit toute l'armée navale des Chrétiens. Ne pouvant fouffrir les reproches qu'on lui faifoit d'avoir laiffé paffer les infideles,il les attaqua imprudemment; enforte que fa flotte fut défaite, & lui-même tué. Le pape écrivit fur ce fujet une lettre au Rain. n.43iroi de Castille, où après l'avoir confolé & exhorté à prendre confiance en Dieu, il ajoute': Nous vous prions de confiderer combien il importe à un prince allant à la guerre d'avoir la paix chez lui, c'est-à-dire dans fa confcience. Voïez donc fi vous ne fentez point de combat en vous-même au fujet de cette concubine, à laquelle vous avez été fi long-temps attaché au: préjudice de votre falut & de votre réputation ;. & fi vous n'avez point de remors touchant ce maître de l'ordre d'Alcantara que vous avez fait mourir, quoique religieux, & au mépris des cenfures ecclefiaftiques. Celui dont parle ici le pape, étoit Gonfalve Martinés, qui en 1338. remporta une grande: victoire fur les Mores en l'occafion où Abomelie fut tué. Mais il fut enfuite accufé de trahison Mar. c. 7% auprès du roi de Caftille, qui nonobftant la re. montrance du pape, le fit décapiter & brûler. La lettre continue en exhortant le roi à éloigner Rain 1339. fa concubine, & faire pénitence pour attirer la n. 77. benediction de Dieu fur fes armes. La datte eft du vingtiéme de Juin 1340. Le lundi trentiéme d'Octobre fe donna la bataille près de Tarif que les deux rois de Maroc & de Grenade tenoientAN. 1340. affiegée. L'armée Chrétienne étoit commandée par les deux rois de Caftille & de Portugal prefens en perfonne; qui dès la pointe du jour fe: confefferent & communierent, & leur exemple: fut fuivi de toute l'armée. Près du roi de Caftille étoit Gilles d'Albornos, archevêque de Tolede, qui ne le quitta point dans le combat, & d'autres évêques, un chevalier François por-toit le guidon de la croifade par ordre du pape.. J. Vill. x1. En cette journée les Mores furent entierement défaits plus de vingt mille demeurerent morts. ou pris avec leurs bagages, on y trouva des richeffes immenfes : & Albohacem repaffa auffitôt en Afrique. C. 19. Mar..c. 8. VI. à l'obéif pape. XCIV. n. 37. 22. 29. La ville de Bologne aïant chaffé le légat BerRéduction trand de Poïet en 1334. le pape Jean XXII. fit de Bologne informer de cette violence: mais étant mort la même année il ne put continuer la pourfuite de fance du cette affaire. Benoît XII. lui aïant fuccedé, réfolut de la traiter plus doucement, & envoïa à Bologne Bertrand de Deuce, archevêque Rain. 1337. d'Embrun en qualité d'internonce, pour exhorter les citoïens à rentrer dans leur devoir. Mais l'archevêque ne put les y ramener ; & le pape les aïant citez dans les formes, publia une bulle par laquelle il révoqua tous les privileges de l'uniJ. Vill. 1. verfité de Bologne ; & ordonna aux profeffeurs & aux étudians de s'en retirer fous peine d'ex communication. Il cita les magiftrats & les principaux citoïens, entre autres Thadée Pepoli, comparoître dans trois mois. La bulle eft du fecond Janvier 1337. 1. 30. Rain. 1338. L'année fuivante la ville de Bologne envoïa au pape des ambaffadeurs qui furent oüis en confiftoire public; & après avoir imploré la clemence du pape, reconnurent que leur ville & fon territoire appartenoit entierement même pour le tem porel au pape & à l'églife Romaine: promettant de n'y recevoir Louis de Baviere,ni aucun empe- AN.1340, reur, fans la permiffion du faint fiege: avec quelques autres conditions. L'acte eft datté d'Avignon le 1 2. d'Octobre 1338. & le même jour le pape donna commiffion à Guigue de faint Germain fon internonce, d'aller à Bologne en prendre poffeffion au nom du faint fiege, lever l'interdit, rétablir l'univerfité, & donner l'abfolution. Mais il furvint de nouvelles difficultez qui empêcherent l'execution du traité. Enfin dix-huit mois après, fçavoir le quatrié- Id. 1340. me d'Avril 1340. la ville de Bologne envoïa ". 19. au pape deux ambaffadeurs avec plein-pouvoir de déclarer une foûmillion entiere à fa jurifdiction, le priant de leur accorder pour adminif trateur des droits du faint fiege, Thadée Pepoli qui avoit déja la principale autorité dans la ville, & promettant de païer au pape un cens de huit mille florins d'or par an. Le pape accep- n. 60 ta les conditions, & envoïa à Bologne Beltrarmin évêque de Côme en qualité de nonce, avec charge d'établir Thadée Pepoli gouverneur de Bologne pour trois ans. La commission eft du feizième de Mai, Beltrarmin Paravicin natif du diocefe de Mi- Ughell. 10. lan, étoit très-fçavant pour le temps, & fort ai- s. p. 308. mé d'Azon Visconti: qui par fon credit le fit paffer de l'évêché de Thiete à celui de Côme le vingt-quatriéme Novembre 1339. Il ne gouverna qu'un an cette églife, & le pape Benoît le transfers à celle de Bologne le cinquième de Septembre 1340. mais il n'en prit poffeffion que le premier d'Août 1344. Le pape lui donna cet Id. to. 2. pl évêché pour recompenfe de fes bons fervices 29. Rain. dans la réduction de la ville à l'obéissance du 1340..60. faint fiege. C'étoit le quatrième évêque que Bologne Vgh.p. 128. |