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Le fecond de cette promotion fut Nicolas de

Beffe neveu du pape, fils de fa foeur Delfine Ro- AN. 1344. ger, & de Jacques de Beffe. Le pape prit soin del. 874. Ton éducation, & le fit étudier à Paris : ensuite il étudia à Orleans, & il y étoit profeffeur quand le pape le fit venir à fa cour. Il l'avoit fait évêque de Limoges dès l'année précedente 1343. mais il ne fut jamais facré ; & ce fut à la priere unanime de tous les cardinaux que fon oncle le fit cardinal diacre, lui donnant le titre de fainte Marie in viâ latâ.

XX.

tion avec

Le roi Philippe de Valois aïant obtenu du pape qu'il fursît aux pourfuites contre Louis de Négocia Baviere ce prince envoïa au pape & au roi, 'Louis de pour fçavoir ce qui empêchoit fa reconciliation, Baviere. puifqu'il étoit prêt à faire tout ce qui lui feroit Alb. Arenjoint par le pape. Le roi Philippe lui répon- gent. p.133dit: Le pape dit que vous ne demandez pas grace de la maniére dont vous le devriez. Les envoyez de Loüis demanderent un modele de procuration dont le pape fut content, & on leur en donna un fi honteux & fi dur, qu'ils ne croïoient pas que Louis dût s'en fervir, quand même il eut été prifonnier. Car il donnoit pouvoir à fon oncle, Humbert dauphin de Viennois, aux prevôts des églifes d'Ausbourg & de Bamberg, & au docteur Ulric d'Ausbourg, d'avouer toutes les erreurs & les herefies qui lui étoient attribuées, de renoncer à l'empire, & ne le reprendre que, par grace du pape ; & fe mettre lui, fes enfans, fes biens & fon état à la difpofition du pape.

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Louis de Baviere ne fcella pas feulement cette procuration, mais encore il jura en presence d'un notaire envoyé par le pape, qu'il l'obferveroit,& ne la révoqueroit point; de quoi le pape & les Rain. İ3408 cardinaux s'étonnoient, jugeant qu'il étoit fort n. 62. embaraffé. Les quatre ambaffadeurs fe préfenterent devant le pape en confiftoire public le

feizième de Janvier 1344. & firent le ferment AN. 1344. conformément à la procuration, puis ils prefferent le pape de leur donner les articles de la pénitence qu'il enjoignoit à Louis: mais le pape leur donna des articles qui touchoient l'état de p. 134. l'empire, & non la perfonne du prince. Loüis les ayant reçus, en envoïa copie à tous les princes d'Allemagne, particulierement aux électeurs & aux grandes villes: les convoquant à Francfort pour tenir une diete fur ce fujet. Leurs députez s'y affemblerent au mois de Septembre 1344. & le docteur Viguer protonotaire de l'archevêque de Tréves parla ainfi par l'ordre de Louis Seigneur, les électeurs & les autres vaffaux de l'empire ci-devant affembez à Cologne aïant examiné les articles que le pape demande pour votre réconciliation, ont jugé tout d'une voix qu'ils tendent à la deftruction de l'empire, & que ni vous ni eux, après le ferment que vous avez fait à l'empire, ne pouvez les accepter. Ils ont réfolu d'envoyer au pape le prier de s'en défifter: s'il ne veut pas, ils ont pris terme pour s'affembler avec vous à Rens fur le Rhin, & déliberer comment on doit réfifter à de telles entreprises.

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L'archevêque de Mayence qui étoit prefent & les députez des autres princes confirmerent le rapport du protonotaire; & les députez des villes ayant déliberé entr'eux ; celui de Mayence dit à Louis au nom de tous: Seigneur, les villes ne peuvent fubfifter fans l'empire; & file pape vouloit perfifter dans ce deffein, nous ferons toujours prêts à obéir & maintenir les droits, l'honneur & la confervation de l'empire par toutes les voies qu'ont trouvé les princes. L'empereur Louis les remercia, & dit: Dans huit jours nous nous affemblerons à Rens les princes & moi avec mon oncle Charles marquis

de Moravic, & nous vous ferons fçavoir notre

réfolution. Ils s'affemblerent en effet à Rens, & AN. 1344. confererent fur ce qu'ils devoient écrire au pape; Rebdorf.an. mais Louis De put s'accorder avec Jean roi de 1344Boheme & Charles fon fils fur les differends qu'ils avoient enfemble, car Louis les avoit cruellement offentez : ainfi ils se séparerent ennemis. Cependant les envoiez des princes de l'empire porterent au pape les objections contre les articles de fes demandes; mais comme ils n'avoient aucun pouvoir de traiter, le pape crut qu'on le mocquoit de lui, & en fut plus indigné contre Louis de Baviere. Pour le pouffer il prit des mefures avec les princes de la maison de Luxembourg, Jean roi de Boheme, Charles duc de Moravie fon fils, & leur oncle Baudoin archevêque de Tréves, & on en vit l'effet deux ans après.

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Bal. vits

p. 252.

Mais cette même année 1344. le pape à l'inf tante priere du roi Jean & du duc Charles éri- Prague gea en métropole la ville de Prague, auparavant métropole. Evêché fuffragant de Mayence, & pour donner des futtragans au nouvel archevêque, il érigea en évêche l'abbaïe de Lutomafle ou Litomiffels de l'ordre de Prémontré, & du diocefe de Prague, & démembra de la province de Magdebourg Olmuts en Moravie, & Meiffen en Saxe. Outre le defir du roi de Boheme, le pape avoit une raifon particuliere de diminuer l'autorité de l'archevêque de Mayence, parce que Henri Bufman qui rempliffoit alors ce fiege, tenoit le parti de Louis de Baviere. C'eft pourquoi Sup. liv. trois ans auparavant le pape Benoit XII. dé- xc1x. n.46, clara l'évêque de Prague exempt de fa jurisdic

tion par bulle du vingt-troifiéme de Juillet Rain, an 1341. & enfuite le roi Jean voulant faire cou- 1340. ronner fon fils Charles, pour lui affurer la fuc- 8, 16, 17, con du roïaume de Boheme: le pape en donna

Rain. 1 343. 2 62.

la commiffion à l'évêque de Prague, quoique "AN. 1344. cette fonction par une ancienne coutume appar tint à l'archevêque de Mayence. Mais ce prélat étoit fufpens en vertu des procedures faites contre lui par le pape; la commiffion est du quinzié'me d'Octobre de la même année. Clement VI. continua les procedures contre l'archevêque Henri, & le dix-septiéme d'Octobre 1343. il le cita à comparoître devant lui dans quatre mois. Dlugos p. Prague fut érigée en métropole le dernier jour d'Avril 1344. & fon premier archevêque fut Erneft de Pardubits qui en étoit évêque, & à qui le pape envoïa le pallium le vingt-cinRain. 1344. quiéme d'Acût. Dans le même confiftoire du trentiéme d'Avril le pape érigea en cité & en Id. n. 5. évêché la ville d'Algezive en Andaloufie, qu'Alfoufe roi de Caftille venoit de conquerir fur les Mores de Grenade.

1073.

n. 64.

Baluz. not.

p. 871.

XXII.

Edouard III. roi d'Angleterre envoïa au pape Réferves Clement, André d'Oxfort fon clerc avec une rejetées en lettre où il difoit en fubftance. J'ai été fort Angleterre, embarraffé fur la provifion de l'évêché de Norvic

que vous avez donnée à Guillaume Barcman, en vertu de la réserve que vous en aviez faite, parce que cette provifion ne s'accorde pas avec la convention faite autrefois en mon parlement pour la confervation des droits de ma couronné: qui vous a été notifiée par mes lettres & celles des nobles, & du peuple d'Angleterre. D'un côté je voulois vous complaire, & favorifer cet évêque d'ailleurs, je craignois le péril dont j'étois menacé, parce que prefque tous les prélats & les feigneurs me diffuadoient de recevoir cet évêque. Enfin tant par refect pour vous, qu'en confideration du mérite perfonnel de ce prélat, & fans tirer à conféquence, je lui ai donné mainlevée du temporel de fon évêché. Mais je vous fupplie de vouloir bien furfoir aux réserves & aux

provifions des évêchez de mon roïaume, & de laiffer aux chapitres la liberté des élections que AN. 1344. nos ancêtres leur ont accordées, & qui ont été confirmées par le faint fiege.

que

Le pape répondit: Vous femblez faire entendre qu'il eft permis à vos parlemens d'ordonner quelchole touchant les referves & les provifions des églifes; & que celles que fait le faint fiege, dépendent de votre volonté, & que vous pouvez à votre gré restraindre fa puiffance. Il eft vrai que nous ne prétendons ufer de ces réserves & de ces provifions que pour l'utilité des églifes en qualité de pafteur univerfel: mais nous ne croïons pas que vous ignoriez ce qui s'eft paffé fur ce fujet du temps des papes nos prédéceffeurs, & que jamais on ne s'eft oppofé à leurs provifions des benefices d'Angleterre. Vous n'avez pas oublié non plus que vous nous avez quelquefois fait demander des referves: & vos confeillers n'ignorent pas les peines canoniques portées contre ceux qui font des reglemens préjudiciables à la liberté ecclefiaftique.

Nous avons appris nous & nos freres les cardinaux qu'on a envoyé à differens quartiers de votre roïaume des édits & des lettres qui dérogent à cette liberté, à la primauté de l'église Romaine & à l'autorité du faint fiege: pour ne rien dire des emprifonnemens de plufieurs ecclefiaftiques & de l'audace avec laquelle on empêche l'execution de nos graces, qui eft telle qu'à peine quelqu'un ofe t'il en Angleterre préfenter nos lettres. Et enfuite. Confiderez que ce

font pas les apôtres, mais le Seigneur lui-même qui a donné à l'églite Romaine la primauté fur toutes les églifes du monde. C'est elle qui a inftitué toutes les églises patriarcales, métropolitaines, cathédrales & toutes les dignitez qui s'y trouvent; c'eft au pape qu'appartient la plei

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