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AN.

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ne difpofition de toutes les eglifes, les dignitez, 1344. les perfonnats, les offices & les benefices ecclefiaftiques. eft facile d'avancer une prétention fi vafte mais il en eût fallu donner des preuves; & c'eft ce que perfonne ne fera jamais. La lettre eft du onzième de Juillet 1344. Le quatorziéme . 19. de Septembre fuivant, le pape Clement envoya en Angleterre en qualité d'internonces, Nicolas archevêque de Ravenne, & Pierre évêque d'Aftorga avec pouvoir d'affembler en concile les prelats du pais, pour abolir ce que le pape prétendoit avoir été innové contre fon autorité. L'archevêque de Cantorberi Jean de Stretfort paffoit pour être l'auteur de cette résistance au pape.

XXIII.

Reims.

80. XI. conc.

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1899.

Jean de Vienne rempliffoit depuis dix ans le fiéConcile de ge de Reims où il avoit été transferé de celui de Terouane. Voulant tenir cette année un concile Marlot to. provincial à Nojon, il chargea l'évêque de Soif2. p. 620. fons, comme le premier de la province, d'en624.1 voïer à fes confreres la lettre de convocation fuivant laquelle fix évêques fe trouverent à Noïon, fçavoir Pierre de Soiffons, Hugues de Laon, Jean d'Amiens, Jean de Tournai, Raimond de Teroüane & Robert de Senlis. Le concile s'affembla le lundi vingt-fixieme de Juillet 1344. & on y publia dix-fept canons, dont le premier contient les plaintes fi frequentes en ce temps là contre ceux qui empêchoient le cours de la jurifdiction ecclefiaftique : c'est-à-dire qui s'efforçoient de mettre des bornes à l'extenfion exceffive que le clergé lui avoit donnée, & qui croiffoit tous les jours. Le concile de Noïon renvoye fur ce fujet à la conftitution du concile tenu à Senlis en 1318. fous l'archevêque Robert de Courtenai. Il eft défendu aux ecclefiaftiques de faire des défits en forme fuivant l'ufage de ce temps-là, & reciproquement défendu

Sup. liv.

$11.7.97.

même

même aux laïques de les défier. Défenfes aux jongleurs ou farceurs de faire marcher le peuple AN. 1344. en procellion avec des prétendus cierges benis, az. & aux prêtres de folemnifer dans leurs églifes de . 7. 12. prétendus miracles fans la permiffion de l'ordinaire. Ordonné aux religieux Mandians, & aux c. 91. autres prédicateurs d'exhorter le peuple à payer fidelement les dîmes, fous peine de perdre le pouvoir d'abfoudre des cas refervez à l'évêque. c. 16. 17. Le concile s'efforce de reprimer les véxations des promoteurs, dont on faifoit de grandes plaintes, auffi bien que de l'avarice des procureurs qui confumoient les parties en frais des caufes injuftes ou de neant. Or ces procureurs

étoient clercs.

pour

XXIV. Le pape donne les

Canaries à

39.

Baluz. vit. to. I. 299.

A la cour de France étoit alors un feigneur nommé Louis de la Cerda,& communémentLouis d'Espagne, qui defcendoit de Ferdinand fils aîné d'Alphonfe le Sage roi de Caftille, & de Blanche Louis d'Effille de faint Louis. Ce feigneur étant venu à pagne. Avignon comme ambassadeur du roi de France, Rain. 1 344. demanda au pape Clement la proprieté des ifles " nommées alors Fortunées, & à present Canaries, du nom de la principale d'entr'elles, expofant 915. qu'elles étoient habitées par des infidelles, fans Th.valfinge être foûmis à aucun prince Chrétien ; & qu'il f. 165. étoit prêt à expofer fes biens & fa vie pour y établir la religion. Le pape accorda à Louis d'Elpagne les fins de fa requête, & en confiftoire public le créa prince des ifles Fortunées, lui en donnant del'autorité apoftolique le domaine avec toute jurifdiction temporelle, & lui mit de ses mains fur la tête une couronne d'or en figne d'inveftiture: à la charge d'en païer tous les ans à l'églife Romaine un cens de quatre-cens florins d'or, & aux autres conditions portées par la bulle du quinziéme de Novembre 1344.

Cette donation fut fans effet, & Loüis de la
Tome XX.

C

3. P. 423.

LXIV. H. 8.

Cerda ne fit point la conquête des Canaries: AN. 1344. mais elle fert à montrer que les papes conferghell. to. voient la prétention fur toutes les ifles, marquée Sup. liv. par Urbain II. dans fa bulle de l'an 1091. où il donna l'ifle de Corfe à l'évêque de Pife. Et fur le même fondement Adrien IV. donna l'Irlande To. x. conc. à Henri II. roi d'Angleterre, comme on voit p.144; par fa bulle de l'an 1156. En quoi ce qui Sup. liv. me paroît le plus remarquable, n'eft pas la prétention des papes, mais la credulité des princes.

LXX. n. 16.

XXV.

Dès l'année 1343. le pape Clement avoit Croifade fait publier une croifade contre les Turcs, & .contre les avoit réuni pour cet effet le roi de Chipre HuTurcs. gues, le maître des Rodiens & le doge de VeRain. 1343. nife. Le pape fe mettoit lui même à la tête de

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XXVI.

diens,

cette ligue, & fournissoit un certain nombre de galeres aux dépens de la chambre apoftolique, L'entreprife étoit pour trois ans pour y fubvenir le pape accorda des decimes, & tout ce projet eft expliqué dans une bulle adreffée à l'archevêque de Milan & à fes fuffragans en datte du troifiéme de Septembre 1343. le pape en envoya de femblables aux archevêques du refte de l'Italie, de Dalmatie, de Hongrie, de France, d'Espagne & de toute la chrétienté; le rendez-vous des galeres étoit à Negrepont, & le terme à la Touffaint de la même année.

A l'occafion de cette entreprife le pape donna Avis au les avis fuivans à Helion de Villeneuve maître M. des Ro- des Rodiens: Nous avons appris de plufieurs perfonnes confiderables que vous & vos freres ne . 5. faites prefqu'aucun bon ufage des biens innombrables que vous poffedez tant delà que deçà la mer. Ceux qui en ont l'adminiftration montent de beaux & grands chevaux, font bonne chere, font fuperbement vêtus, fe fervent de vailfelle d'or & d'argent, nourriffent des chiens

& des oifeaux pour la chaffe, amaffent de grands tréfors, & font peu d'aumônes. Enfin AN. 1344ils ne paroiffent pas fe mettre en peine de la propagation de la foi & de la défense des Chrétiens principalement d'outremer, pour laquelle ces grands biens,leur ont été donnez. C'est pourquoi l'on a déliberé s'il feroit à propos que le faint fiege creât un nouvel ordre militaire, qui fereit dotté d'une partie des biens du votre, afin qu'il y eût de l'émulation entre ces deux ordres, comme autrefois entre vous & les Templiers. Le pape explique enfuite le projet de fon entreprise contre les Turcs, exhortant les Rodiens à y concourir, & ajoûte: Plufieurs fe plaignent qu'il y a de grandes inimitiez entre vous, & que vous ne paiez pas les penfions de vos freres fervans, & de vos prêtres. La lettre eft du huitième d'Août 1343.

XXVII.

Smirne

Le pape Clement fit fon légat pour conduire toute l'entreprise, Henri IV. patriarche Latin de C. P. & donna le commandement particulier prife par les Croisez, de fes quatre galeres à Martin Zacarie noble Ge- Rain. 1344. nois, capitaine experimenté, qu'il fit amiral de . 2. la flotte. Mais ce capitaine aiant été autrefois Rain. 1 3 37. maltaité par l'empereur Andronic, voulut n. 34. prendre fur les Grecs Pifle de Chio pour s'en rendre le maîrre. Ce que le pape aïant appris, & craignant que cette démarche ne détournât les Grecs de leur réunion à l'église Romaine : il manda au légat Henri de rompre cette entreprife, & de marcher droit contre les Turcs. La lettre eft du dix-huitiéme de Septembre I 344.

La flotte Chrétienne étant donc partie de Negrepont, alla devant Smirne en Natolie que tenoient les Turcs, l'affiegea & la prit le jour de S. Simon vingt-huitiéme d'Octobre. Les Chrés Id 1,44. tiens la prirent de force, & y firent un grand . 3.

€ 38.

n. I.

maffacre d'Arabes & de Turcs: paffant tout au AN. 1344. fil de l'épée hommes, femmes & enfans. EnJ.Vill.x. fuite le pape fit purifier les mofquées, & on y celebra le fervice divin; & il mit la ville en Rain, n. 5. état de défense, jugeant qu'elle feroit bien-tôt Id. 1345. attaquée. En effet le Turc Morbaffan qui commandoit dans le païs, vint affieger Smirne avee Hift, Cor- trente mille chevaux & une infanterie innombrable. Mais après que le fiege eut duré près de trois mois, Morbaffan voïant qu'il y perdoit beaucoup de monde fans rien avancer, fe retira avec la plus grande partie de fes troupes dans les montagnes voifines, & en laissa un petit nombre pour continuer le fiege: ce que voyant les afliegez, ils firent une grande forție, tuerent quantité de Turs, mirent les autres fuite, prirent & pillerent leur camp. Le légar y celebra la meffe en action de graces, comme en un jour de fête avec de grandes réjouiffances.

Rain, n. 2.

en

Alors Morbaffan averti par certains fignaux, defcendit des montagnes, & trouvant les Chrétiens en défordre, les défit facilement. En cette action furent tuez le patriarche de C. P. légat, Martin Zacarie, Pierre Zeno Venitien, maréchal du roi de Chipre, plufieurs chevaliers de Rhodes, & plus de cinq cens braves Chrétiens. C'étoit le jour de faint Antoine dix-feptiéme de Janvier 1345. Les autres entrerent dans Smirne, & continuerent de s'y défendre vigoureufement.

Le pape aiant appris ces nouvelles, nomma pour légat de la croisade Raimond Saquet évêque de Terouenne, & pour capitaine Bertrand de Bauce, feigneur de Cortedon au diocese d'Avignon ; & ils étoient prêts à partir, quand le Toi Philippe de Valois écrivit au pape qu'il n'avoit pas agréable que ce prélat & ce chevalier

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