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POUR SERVIR

A L'HISTOIRE

DES

HOMMES

ILLUSTRES

DANS LA REPUBLIQUE des Lettres;

Avec un Catalogue raisonné de leurs Ouvrages.

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JEAN CORAS.

EAN Coras naquit à
Toulouse l'an 15!3. J. CORAS.
Cette époque eft tirée
de la date des Thefes
qu'il foûtint à Padoue

en 1534. Car, puifqu'il avoit alors
21. ans, il s'enfuit qu'il étoit né en
3513.

Tome XIII

A

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La Faille s'eft trompé, lorsqu'il J.CORAS a avancé qu'il étoit natif de Realmont, petite ville du Diocese d'Albi. Outre que fon opinion n'a d'autre fondement qu'un legs que Coras laiffa à l'Eglife des Prétendus Reformez de Realmont, il eft facile de fe détromper par la lecture de la plupart des Ouvrages de Coras, ou il rappelle avec complaifance que Touloufe eft fa Patrie. Ce qu'il y a de vrai, eft que fa famille étoit originaire de Realmont, & qu'il y avoit fon principal bien, ce qui occafionna apparemment le legs que la Faille dit être inferé dans fon teftament.

Jean Coras étoit fils d'un autre Jean Coras, & de noble Dame Catherine Termie. Il y a apparence que fon pere n'avoit aucun titre capable de relever fa naiffance, puifque dans une Epître Dedicatoire qu'il lui adreffe, il ne lui en donne aucun, tandis qu'il affecte de relever la nobleffe de fa mere.

Coras fit fes Humanitez à Touloufe, d'où il paffa à l'étude du Droit, auquel il s'appliqua avec un fuccès fi fur prenant, qu'il fut bien

tôt en état d'inftruire les autres. 11 J.CORAS. fit des leçons publiques à un âge où l'on eft à peine en état d'apprendre. Animé par des progrez fi rapides, il fe crut affez de force pour foû◄ tenir dans les plus fameufes Univerfitez la réputation qu'il avoit acquife à Toulouse. Il ne faifoit qu'entrer dans fa dix-huitiéme année, lorfqu'il alla à Angers, où il fut generalement applaudi pendant une année qu'il y demeura.

Avide de gloire, il fe rendit enfuite à Orleans où il recueillit de nouveaux lauriers. Il ne fe fit pas moins connoître à Paris, où il profeffa les Inftituts de Juftinien, & interpréta le Droit Canonique. Il y merita l'eftime du grand Magiftrat Michel de l'Hopital.

Il dit lui-même qu'enflé par tant de fuccez, il trouva le Theatre de

la France trop refferré pour lui. C'eft pourquoi il paffa en Italie, où il fit preuve de fon fçavoir. Sur tout il fe fit admirer à Padone, en répondant fur cent questions avec un concours & une approbation generale. Il n'avoit alors que 21. ans,

1

J.CORAS. Comme on l'a déja remarqué; chofe furprenante & prefqu'incroyable, qu'à cet âge il fut fe déja rendu illuftre dans les plus celebres Univerfitez de l'Europe.

Après avoir donné des leçons à Padoue pendant trois ans & quelques mois, il retourna à Toulouse, où il attendoit la vacance d'une chaire de Profeffeur, pour la difputer, lorfque Jacques de Tournon, Evêque de Valence, voulant rétablir l'Univerfité de cette Ville l'appella en 1544, pour y profeffer.

Il y refta pendant quelques années cependant les amis qu'il avoit en Italie l'y attirerent une feconde. fois. On lui donna une chaire de Profeffeur à Ferrare, & il ne la quitta que lorfque l'Univerfité de Touloufe, qui le regardoit comme fon nourriffon, lui offrit une pareille place. Il l'accepta d'autant plus volontiers, que c'étoit un moyen de revenir avec honneur dans fa Patrie.

On eft étonné de trouver dans la vie de Cujas, que huit cens écoliers

prenoient ordinairement fes leçons; J.CORAS c'étoit bien autre chofe de Coras, s'il en faut croire M. Maynard,l'un des plus fçavans Magiftrats de fon fiecle, qui rapporte au Livre 4. ch. 12. de fes Arrêts notables, que lorfqu'il étudioit fous Coras, le nombre de fes écoliers alloit jufqu'à environ quatre mille pour le moins. Ce font fes

termes.

La Reine de Navarre éleva Coras à la dignité de fon Chancelier, & le Roi Henri II. l'honora d'une Charge de Confeiller au Parlement de Touloufe

Il femble que cette Chargé donnée à fon merite, fa qualité de Profeffeur, fes Ouvrages qu'on avoit fi fort applaudi, fa réputation étenduë jufqu'au point, qu'un celebre Ultramontain (4) le regarde comme le plus fçavant de fon fiecle ; enfin l'opinion publique, qui l'annonçoit comme l'un des premiers qui avoient tiré la fcience du Droit Civil de la groffiereté où elle étoit auparavant. Il femble, dis-je, que par tant d'avantages il devoit avoir (a) Oldendorpius. Traf. de Formulis.

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