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actions corporelles,pour nous faire ententendre que la guériton de nos ames ne s'opere pas par la foi de Dieu confideré en fui-même, mais par la foi de Dieu revêtu de notre chair. On ne va à Dieu que par Jefus-Chrift nomme. On ne guérit de ses maladies qu'ayant recours à Jesus-Christ homme. C'est un degré néceffaire & fans lequel on ne fauroit paller de la mort à la vie. On n'entend la voix de Dieu que par Jefus-Chrift, c'est-à-dire, par le Verbe incarné. L'homme devenu charnel & plongé dans la chair par sa chute & par son peché, ne s'en releve que par la chair toute pure de Jefus - Chrift,qui le rapproche de Dieu. C'est l'économie de la Tagefle de Dieu à laquelle il fe faut affujettir. Autrement c'est vouloir arriver à Dieu fans médiateur. C'eft renoncer à l'Incarnation de fon Fils. Ceft se croire plus fage que lui, & prétendre fe fauver par une autre voie que par la fienne. Gardons-nous de toutes ces fpiritualités déreglées, qui fous prétexte d'attacher l'ame à Dieu feul, la féparent de Jefus-Christ, & prétendent s'unir à lui par une autre voie que celle de Jefus-Chrift homme.

X. L'Evangile remarque que JefusChrift en faifant ces actions exterieures, . 14. gémit: & ce gémiffement nous fait voir qu'il avoit un autre objet dans l'efprit que

la furdité exterieure dont il vouloit délivrer cet homme. Il voyoit en lui la furdité interieure de tous les pécheurs. Apprenons donc de Jefus-Christ à gémir de cet état, & regardons-le comme l'unique fujet qui foit digne de nos larmes. Toutes les creatures publient la grandeur & la magnificence de leur auteur. Dieu nous parle en une infinité de manieres au dehors & au-dedans. Tout retentit de la voix de la fageffe. Elle nous inftruit par tout. Sapientia foris prædicat, & in plateis dat vo- Pro. cem fuam. Elle nous avertit de notre mi- 20. fere, de nos égaremens, du déreglement de nos paffions en mille manieres differentes :cependant la furdité de l'homine eft telle, qu'il n'entend rien de tous ces avertiffemens de la fageffe. Ses oreilles ne font ouvertes qu'à la cupidité, qui lui fait entendre que fon bien eft de contenter fes paffions: & ce fon malheureux remplit tellement tout fon efprit, qu'il le rend incapable de difcerner la voix de la verité.

XI. Mais ne gémiflons pas tellement fur la furdité des autres, que nous ne gémiffions auffi fur la nôtre propre. Car quoique Dieu nous ait fait entendre fa voix fur quelques points, & qu'il ait perfuadé nos efprits de quelques verités, combien y en a-t-il encore que nous n'en

ข. 34

tendons point, ou que nous n'entendons
que très imparfaitement? Combien y a-
til d'inftructions importantes qui de-
meurent étouffées par le tumulte des
créatures? Et ce qui eft le plus terrible
c'eft que nous favons bien que nous fom-
mes fourds en partie, mais que nous ne
favons point la qualité de notre furdité,
& fi ce n'eft point une furdité mortelle.
Car il ne faut pas feulement que l'on foit
délivré de cette furdité qui eft jointe à la
mort de l'ame, dés-lors que
l'on conçoit
par l'efprit quelque verité du falut. Il faut
que le cœur en foit pénetré; & il ne fuffit
pas-même d'être touché de certaines
verités, fi l'on n'eft touché de toutes
celles qui font neceffaires à la vie de l'ame,
& qui font incompatibles avec fa mort
Nous ne pouvons ignorer qu'il y a quan-
tité de gens qui paroiffent entendre la
parole de Dieu en plufieurs chofes, &
qui ne l'entendent point fur des devoirs
effenciels. Qui eft-ce qui n'a point de
fujets de craindre d'être de ce nombre?
Nons avons donc tous un grand interêt
à demanderà Jefus-Chrift qu'il prononce
fur nous cette parole efficace qu'il pro-
nonça fur ce fourd, & qu'il dife de mê
à notre cœur: Ephphetha, fois ouvert ;
afin que nous entendions fa voix fur tou-
tes nos obligations, & que nous ne nous
en diffimulions aucune.
XIL

XII. Jefus Chrift établi par le Pere dans la puiffance fouveraine fur toutes les créatures, ouvre toutes les oreilles qui font ouvertes, c'est-à-dire, tous les cœnts qui reçoivent les impreffions de Dieu. Et quand il les ouvre, perfonne ne les ferme, puisqu'il eft dit de lui dans l'Apocalypfe, que c'est lui qui ouv, & que perfonne ne fauroit fermer ce qu'il a ouvert, qui aperit & nemo Apoca! claudit.

La difference qu'il y a de ce qu'il fait maintenant à cet égard d'avec ce qu'il a fait dans sa vie mortelle, c'est qu'il ouvre préfentement les cœurs fans gémir, parceque le tems des gémiffemens eft paffé pour lui, & qu'il en eft devenu incapable par l'état de fa gloire. On ne peut pas dire néanmoins que les cœurs foient ouverts maintenant fans les géiflemens de Jefus Chrift. Mais c'eft par les gémiflemens de fa vie voyagere, & non par ceux de sa vie glorieufe. Car comine il donne préfentement fes graces fans mourir, mais par le mérite & la vertu de la mort, il commande de même fans gémir que les cœurs foient ouverts, mais c'eft en vertu de fes gémiffemens paffés. Les gémiflemens de Jefus-Chrift ont un effet éternel comme la mort. Nous avons donc fujet de croire qu'en ouvrant les Tome XIII,

B

3. 7.

oreilles de ce fourd, & en gémiffant fur lui, il a gémi fur nous, il a ouvert nos oreilles, & il a prononcé fur nous cette parole: Ephphetha, & que c'eft par la vertu de cette parole que nous avons entendu toutes les voix de Dieu dont notre cœur a été touché. Ainfi ce miracle de la guérison de ce fourd n'eft point paffe. Il s'accomplit encore tous les jours. Nous en fommes le fujet, & nous ne le devons nullement regarder comme une hiftoire confommée & finie il y a long-tems, mais comme un miracle permanent dont l'efficace fubfiftera jufqu'à la fin des fiecles, & même dans toute l'éternité; puifque la félicité des élus ne confiftera qu'à être tout remplis & tout pénetrés de la verité dont il leur a obtenu la connoiflance par les gémiffemens de fa

vie mortelle.

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