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SUR L'EPITRE

DU XII. DIMANCHE

D'A PRE'S

LA PENTECOSTE

EPITRE. 2. Cor. 3. 4.

Es Freres C'est par JelusM CHRIST que nous avons une grande confiance en Dieu non que nous foiyons capables de former de nousmêmes aucune bonne pensée comme de nous mêmes, mais c'eft Dieu qui nous en rend capables. Et c'est lui auffi qui nous a rendu capables d'être les miniftres de la nouvelle alliance non pas de la lettre, mais de l'efprit: car la lettre tue & l'efprit donne la vie. Que fi le miniftere de la lettre gravée fur des pierres, qui était un miniftere de mort, a été accompagné d'une telle gloire, que les enfans d'Ifraël ne pouvoient regarder le vifage de Moïse a caufe de la gloire dont il éclatoit,

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qui devoit néanmoins finir combien le miniftere de l'efprit doit-il être plus glorieux? Car fi le miniftere de la condannation a été accompagné de gloire, le miniftere de la juftice en aura incomparablement davantage. Et cette gloire même de la loi n'est point une véritable gloire, fi on la compare avec la fublimité de celle de l'Evangile. Car fi le miniftere qui devoit finir a été glorieux, celui qui durera toujours, le doit être beaucoup davantage.

EXPLICATION.

L'Eglife eft un corps & un royaume tout divin, qui a Jefus-Chrift pour chef & pour Sauveur. Ce corps n'eft fauvé que par Jefus-Chrift, & JefusChrift ne fauve proprement que fon Ephef. corps: Qui eft Jalvator corporis fui, dit l'A5.23. pôtre. Mais il le fauve néanmoins en affociant à ce miniftere les Pasteurs de fon Eglife, & quand il le fait dans l'ordre commun & par la voie conforme à fon premier deflein, il écrit premierement fa loi dans le cœur des Pasteurs, & il fe fert d'eux enfuite pour l'écrire dans celui des autres fidelles. Le plus grand honneur qu'il peut faire aux hommes eft de les établir ainfi cooperateurs de l'u

nique ouvrage qu'il eft venu faire au monde. Ainfi comme faint Paul favoit bien la grandeur de cet honneur, il s'en glorifie dans cette Epitre, en difant, que c'eft là le fujet de fa confiance devant verf. 4. Dieu par Jefus-Christ. Dieu hait la vaine eftime qu'on a de foi-même pour des qualités frivoles. Il hait l'injufte ufurpation qu'on fait de fes dons comme s'ils nous appartenoient, & qu'ils ne nous euffent pas été donnés. Mais comme il aime la verité, & qu'il eft la verité même, il ffe fauroit hair que l'on eftime fes dons leur prix véritable, & que l'on en juge comme il en juge lui-même. Ainfi, parceque c'est un don excellent que d'avoir été choifi comme inftrument de JefusChrift pour l'établiflement du royaume de Dieu dans les ames, il vent bien qu'un Pafteur à qui il a fait cet honneur s'adreffe à lui avec la confiance qu'il a attachée à cette grace. Un Pasteur dont Dien s'eft fervi pour convertir un grand nombre d'ames, peut donc avec raison s'approcher de Dieu avec plus de confiance que le commun des Chrétiens, quand fon cœur ne lui reproche point de tièdeur & d'infidelité dans fon miniftere.

II. Mais afin que cette confiance foit jufte, il faut qu'elle foit femblable à celle de faint Paul: qu'elle foit uniquement

4. fondée fur Jefus-Chrift: Fiduciam habe mus per Chriftum ad Deum: qu'elle naiffe d'une grande idée de la puiflance de Jefus Chrift; & que le Pafteur reconnoiffe qu'il n'a été que l'inftrument pour écrire la loi dans les cœurs: & qu'il fe tienne auffi dépendant de Jefus-Chrift qu'une plume l'eft dans la main de l'écrivain. Tous les mouvemens de la plume qui ne viennent pas de l'art de l'écri vain, ne font que défigurer l'écriture. Tous les mouvemens du Pafteur qui ne procedent pas de l'Efprit de Jefus-Chrift, gåtent fon ouvrage. Ceftpourquoi faint Paul, afin de marquer plus précisément cette dépendance que les Pafteurs inferieurs doivent avoir du fouverain Pafteur qui eft Jefus-Chrift, & pour ne donner lieu à perfonne de s'en rien attriwf. s. buer, ajoûte: Non que nous folyons capa bles de fermer de nous-mêmes aucune bonne penfée comme de nous-mêmes: mais c'eft Dieu qui nous en rend capables. D'où il s'enfuit que toutes les penfées & les paroles d'un Pafteur doivent être formées en lui par le Saint-Esprit, & qu'autrement elles ne peuvent fervit utilement à fon

miniftere.

III. Si les Prédicateurs étoient bien perfuadés de cette verité, ils n'auroient pas fant de confiance dans leur efprit pro

pre, dans leur travail, dans leur induftrie. Comme ils mettroient leur unique confiance dans les lumieres que Dieu donne aux Prédicateurs fidelles pour les communiquer aux ames, leur principal foin feroit de les attirer par la pureté de leur cœur & la fainteté de leur vie. Car enfin tous les amas qu'ils peuvent faire font inutiles à eux & à leurs auditeurs, f Dieu n'en eft auteur. Il faut que Dieu les éclaire pour éclairer les autres. Il faut que Dien les enflamme pour enflammer ceux qui les écoutent. La recherche de cette lumiere & de cette chaleur divine eft donc la véritable rhétorique des Prédicateurs évangeliques. Dieu fe peut servirà la verité de Prédicateurs tout humains pour éclairer certaines ames: mais alors il agit en quelque forte contre l'ordre commun de la loi nouvelle, qui eft de faire paffer la lumiere & la grace du Pasteur au peuple. Et quand il le fait, bien-loin que ces paroles foient un fujet de confiance aux Prédicateurs, qu'elles font pour eux un fujet terrible de confufion.

IV. Ces Prédicateurs humains ne peuvent pas dire ce que faint Paul ajoûte, que Dieu les a rendus capables d'être les v 6. miniftres de la nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l'efprit. Car la parole de Dieu dans leur bouche n'eft qu'une lettre, puif

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