D I. IEU produit fon Fils dans l'é- par la vue de la baffeffe: Voici, dit-elle, Lue. 1 qu'en nous humiliant profondément, & & en nous depouillant de l'amour & de Jeftine de nous-mêmes, qui font que nous nous jugeons dignes d'être aimes & eftimés des creatures. Qui voit autre chofe en lo qu un profond néant,n'eft pas dif pofé, comme il faut, à recevoir Jelus Chrift. Ce qui s'opera dans le moment de Incarnation eft le grand ouvrage de Dieu, mille fois plus excellent que le ciel, la terre, s Anges & les hommes. C'eft la fin de tout ce qui étoit arrivé dans le monde jufqu'à ce tems-là. Ceft le point d'où dépendoient tous les évenemens qui devoient fuivre. Tout eft pour Jelus-Chrift. Jefus-Chrift eft le principe & la fin de tout. Il est le fondement du royaume de Dieu, la pierre angulaire qut foutient la célette Jerufalem. Dieu com. mença alors d'avoir un adorateur parfait & digne de lui. L'outrage fait à Dieu par le peché de l'homme fut réparé. Les hommes juftement éloignés de Dieu commencerent à avoir un médiateur par lequel ils purent s'en rapprocher. Cependant ce grand œuvre demeure inconnuà tous les hommes, à l'exception de la fainte Vierge. Elle feule fut dépofitaire de ce lecret, & elle ne le découvrit à perfonne Il fant adorer le fecret que Dieu garde dans les plus grandes oeuvres,& l'honorer en ne publiant jamais les deffeins que nous formons pour fon fervice, & les graces que nous recevons de lui, que par lon mouvement & par fon ordre. III. La grandeur de l'humilité de la Vierge paroit dans la maniere dont elle répondit à l'Ange, & dans les effets que le mytere de l'Incarnation produifit en elle.On n'annonça, & on n'annoncera jamais une telle nouvelle à aucune créature. Jamais aucune perfonne ne fut elevée à un tel honneur, que de devenir la mere de Dieu. Elle conçut la grandeur de cet œuvre ; mais ce fut par rapport à Dieu, & non pas à elle. Elle n'y mêla aucun mouvement humain, aucun retour fur elle-même, aucune joie de fa propre élevation. L'amour propre n'y prit aucune part. E le rapporta uniquement à Dieu la gloire de ce qu'il avoit operé en elle. Elle le magnifia; mais elle ne fe magnifia point elle même: M Luc. xi gnificat anima mea Dominum. Elle ne s'en 46. réjonit point en foi, ni pour foi; elle ne sen réjouit qu'en Dien: Et exultavit fpiritus meus in Deo falutari meo. Elle n'en conclut pas qu'elle étoit grande ni fainte, mais que Dieu étoit puiffant & faint: Quia fecit mihi magna qui potens eft, & Janctum Tome XIII R v.47* V 491 nomen ejus. Le cœur de l'homme corrompt la plupart des graces de Dicu-par la part qu'il y prend, & par l'élevation fecrette qu'il en conçoit. C'est le plus grand obftacle qu'il y ait en nous à faccroiflement de fes graces. Mais il n'y eut rien de cette corruption dans la fainte Vierge. Son humilité parfaite fit qu'elle s'oublia entierement elle-même,& qu'elle ne penfa qu'à Dieu feul. Anfi il n'y a point de meilleure voie pour obtenir d'être délivrés de cette impureté fecrette qui se mêle dans nos meilleures actions, qu'en honorant la pureté fouveraine avec laquelle la fainte Vierge reçut fon élevation. JESUS DANS LE SEIN de Marie. I. 1. L'Etat des enfans au fein de leurs mé res, qui eft involontaire & infenfible dans tous les autres, & un pur effet de leur impuiffance, étoit au contraire dans Jefus Chrift volontaire, fenfible, & un effet de fa liberté. Il pouvoit fe délivrer quand il eût voulu de cette prifon obfcure. Cependant il a voulu la fouffrir comme les autres enfans, afin de ne fe pas distinguer de ceux à qui il a daigné, |