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LA VIERGE ALLAN 7 à Bethleem avec faint Jofeph.

I.

LA fainte Vierge & faint Jofeph ne manquoient pas de prétexte pour ne pas obéir à l'Edit de l'Empereur, qui Luc. 2.1. leur ordonnoit de fe rendre à Bethleem pour s'y faire emegiftret. L'état où la fainte Vierge étoit, & le foin qu'elle devoit avoir de ce qu'elle portoit dans fon fein, leur en fourniffoient un aflez grand. Cependant elle ne pense point à s'en difpenfer. Une vraie fimplicité comme celle de la Vierge, difcerne mieux la volonté de Dieu que tous les raifonnemens qui le plus fouvent ne font que nous troubler, nous tromper & nous engager dans l'égarement. Dieu l'appelle à Bechléem par l'ordre d'un Empereur payen, & cela lui fufft. Demandons à Dieu cette fimplicité lumineuse qui nous faffe difcerner la volonté parmi toutes les faufles raifons qui nous pourroient détourner de l'accomplir.

II.

Il n'eft pas neceffaire d'avoir fait vœu d'obéiffance pour la pratiquer en toutes fes actions d'une maniere auffi exacte

que fi on avoit un Superieur qui nous les prefcrivît toutes en particulier. Il n'y a qu'à bien difcerner la volonté de Dieu dans chaque action, & avoir un grand defir de la fuivre. La Vierge & faint Jofeph en allant à Bethleem obéiffent à l'ordre d'un Prince infidelle, qui ne l'avoit ordonné que par vanité: mais en lui obéifant ils obéiffoient à Dieu; ils executoient fon ordre; ils accompliffoient fes defleins. Quiconque vit dans le monde, y trouve des Superieurs que la volonté de Dieu l'oblige de fuivre. Il faut obéir à l'un en le contentant, à l'autre en lui cédant, à l'autre en fouffrant fon injuftice. Qui fauroit bien difcerner ces voix de Dieu, ne fe trouveroit jamais libre de faire aucune action à fa fantaifie; parceque découvrant par-tout un ordre & une volonté de Dieu, il fe trouveroit obligé d'y obéir. Mais il n'en jouiroit pas moins d'une parfaite liberté, parcequ'il mettroit fa joie à fuivre la volonté de Dieu en toutes choses.

III.

Il femble qu'il n'y ait rien de plus étonnant que ce qui arrive à la fainte Vierge & à faint Jofeph à Bethleem, de n'y trouver perfonne qui les voulût recevoir chez foi, & d'y être obligés de fe retirer dans une étable. Le Roi du mon

de dans l'entrée qu'il y fait, ne trouve perfonne qui le veuille retirer dans sa maison. Mais cet évenement qui paroît étrange, arrive tous les jours & d'une maniere plus criminelle. La verité & la justice ne trouvent fouvent aucun fupport, aucun foutien, aucun afyle parmi les hommes. Perfonne ne fe croit chargé Eccl.4.1. d'en entreprendre la défenfe. J'ai vu les injuftices & les calomnies qui fe font fous le foleil, dit le Sage, les larmes des innocens, &que perfonne ne les confoloit.Les habitans de Bethleem en rebutant la Vierge rebuterent Jefus-Chrift même, & fe priverent de l'honneur fuprême de le recevoir chez eux. Il eft vrai qu'ils ne le connoiffoient pas; mais ils ne laiffoient pas d'être coupables de ce refus, parceque la Vierge & faint Jofeph avoient des caracteres fi particuliers de fagefle, de bonté de fimplicité, qu'ils devoient être difcernés par tous ceux qui en auroient eu l'amour dans le cœur. On eft de même souvent compable d'avoir rejetté Dieu même & fa juftice en négligeant certaines bonnes œuvres; parce qu'encore qu'on n'en voye pas le fond & toutes les fuites, on y voyoit affez de raifons pour s'y engager, fi on n'eût point eu le cœur corrompu par l'interêt & par l'amour propre. Et en renonçant à ces œuvres de

charité que Dieu prélente, on fe prive peut-être des moyens de fon falut, que Dieu y avoit attachés. Dieu vouloit venir à nous par cette occafion de charité. En la négligeant on renonce à la vifite de Dieu. Il faut demander à Dieu qu'il nous préferve de ces pechés qui attirent notre perte, & qui nous rendent inutiles les vifites de Dieu, comme parle Luc. 19 l'Evangile.

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LA NAISSANCE.

I.

JESUS-CHRIST ne naît dans le monde que pour naître dans les cœurs. C'eft la fin de fon Incarnation. C'est lon defir. Ceft notre unique bonheur : & ce qui eft terrible, s'il ne naît pas en nous, il naît contre nous. Or il ne naît en nous qu'en nous imprimant les difpofitions qu'il a marquées dans les circonstances de fa naiflance temporelle. Elles font toutes l'effet de fon inclination & de fon choix. Il ne naît pauvre que parcequ'il méprife toutes les richeffes de la terre. Il ne naît dans les fouffrances, que parcequ'il eft l'ennemi des plaifirs des fens. Il ne naît dans l'oubli & le rebut des hommes, qué parcequ'il hair

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fouverainement la vanité, l'enflure & l'orgueil. Il opere en quelque degré ces dispositions dans tous les cœurs où il naî.... Quiconque donc ne les a point du tout, & qui n'a point conçu le deffein de combattre fes paffions, n'a point conçu Jefus-Christ, & ne peut dire, qu'il lui foit Iu. 2. né un Sauveur, comme l'Ange le dit aux bergers.

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Il paroît aux fens & à l'efprit humain une grande difproportion entre une gro re, une creche, des animaux, l'oubli & l'abandonnement de tous les hommes, & la grandeur du Roi du ciel & de la terre, qui fait son entrée dans le mondeMais l'efprit éclairé par la foi y trouve une proportion admirable. Qu'est-ce qui convenoit mieux au deftructeur de la concupifcence que le mépris de tous les objets de concupifcence? L'homme est mal de de l'amour des plaifirs, des honneurs, des grandeurs, & des richesses du monde. C'est ce qui fait fon malheur. Jefus Chrift vient pour le guérir de cette maladie pour lui faire connoître le néant de ces biens qu'il aime,& pour lui en propofer d'autres réels & folides. Que pouvoit-il donc faire de plus proportionné à ce deffein que de s'en priver lui-même, & d'apprendre d'abord

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