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été enseveli, & qu'il eft ressuscité le troifiéme jour, felon les mêmes Ecritures; qu'il s'eft fait voir à Céphas, puis aux onze Apôtres ; qu'après il a été vu en une feule fois de plus de cing cens freres, dont il y en a plufieurs qui vivent encore aujourd'hui quelques-uns font déja morts; qu'enfuite il s'est fait voir à Jacque, puis à tous les Apôtres, & qu'enfin après tous les autres il s'est fait voir à moi-même, qui ne fuis qu'un avorton; car je fuis le moindre des Apôtres ; & je ne fuis pas digne d'être appelé Apôtre, parceque j'ai perfecuté l'Eglife de Dieu. Mais c'est par la grace de Dieu que je fuis ce que je fuis, & fa grace n'a point été ftérile en moi.

EXPLICATION.

I. LE propre de l'Evangile eft de nous 'fauver. C'eft l'éloge abregé que l'Apôrre en fait ; & par ce feul éloge, il comprend plus de grandeurs réelles que Les hommes n'en fauroient exprimer par toutes leurs louanges. Car c'eft dire en un mot, que l'Evangile nous délivre de tous les maux,& nous procure tous les biens. Or il nous procure cette délivran

ce & ce bonheur en plufieurs manieres. Premierement, c'eft par l'Evangile que nous apprenons qu'il y a des biens & des maux éternels, qui eft une fcience propre aux Chrétiens, & qu'ils n'ont que par l'Evangile. Car les penfées que les payens en ont eues étoient fi incertaines & fi flottantes, qu'elles ne font jamais entrées dans la conduite de leur vie.

Secondement, c'eft par l'Evangile que nous apprenons la voie d'éviter ces maux & d'arriver à ces biens.

Troifiémement, c'est l'Evangile qui nous découvre Jesus-Chrift, duquel feul nous pouvons obtenir la poffeffion de ces biens, & la délivrance de ces maux. Enfin c'est l'Evangile qui nous apprend à aimer Jesus-Chrift, en nous découvrant tout ce qu'il a fait pour nous. Or c'eft par cet amour que l'on obtient tout. C'est en cette maniere que l'Evangile nous fauve. Qui n'aime point Jefus-Chrift, n'a point reçu l'Evangile. Il peut l'avoir reçu dans fa mémoire: mais il ne l'a point reçu dans fon cœur, qui eft le lieu où il opere le falut: car le cœur eft le fiége des biens & des maux. Tous les remedes qui ne vont pas là, & qui n'y entrent point, font incapables de nous guérir. II. Dans lequel vous demeurer fermes... Mais pour être fauvé par l'Evangile,il

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faut qu'on puiffe dire ce que dit l'Apôtre, que nous y demeurons fermes, non feulement en nous attachant fortement aux verités qui nous ont été annoncées ; mais en demeurant conftamment dans l'amour & dans la pratique de ces verités. La facilité que bien des gens ont à écouter les difcours des heretiques, eft une marque qu'ils ne font pas affermis dans l'Evangile, & qu'ils ont fujet de craindre que cet Evangile ne les fauve pas. On ne vid jamais plus de libertinage d'opinions: & fouvent de ce que ce libertinage ne produit pas des fectes qui fe feparent de l'Eglife, c'eft que bien des gens ne pren nent pas la Religion aflez à cœur pour s'expofer à toutes les fuites d'un fchifme. Mais quoiqu'ils demeurent dans la communion de l'Eglife, ils ne demeurent pas néanmoins dans fa foi. Ils font déracinés interieurement, & n'y tiennent plus que par l'exterieur. Orn'y tenant qu'en cette maniere, ils ne font point fauvés; puifque l'Apôtre exige la fermeté dans la foi de l'Evangile pour être fauvé. C'eft une tentation à laquelle ceux qui vivent dans le monde font fouvent expofés, & dont ils ne conçoivent point affez le danger. On croit être capable de lire toutes fortes de livres qui attaquent la foi, & d'écouter toutes fortes de difcours de liberti

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nage,

les femmes mêmes fe le permettent, & ont honte d'en faire fcrupule. Il n'y eut jamais plus d'ignorance, plus de curiofité, plus de témerité. Cependant ces difcours & ces lectures en ébranlant notre foi, nous attirent le plus grand de tous les maux, qui eft que l'Evangile ne nous fauve plus: car il ne fauve, felon l'Apôtre, que ceux qui y font fortement

attachés.

III. L'Apôtre, après avoir attaché le falut à la foi de l'Evangile, établit cette foi en confirmant la Réfurrection de Jefus-Chrift. Car le feul article de la réfurrection contient la preuve de toute la foi. Si Jefus-Chrift eft reffufcité, il n'y a donc pas lieu de douter de tous les miracles qui font rapportés, de lui dans l'Evangile.

doit toute créance à un homme qui a eu le pouvoir de fe reffufciter lui-même. Si Jefus-Christ eft refluscité, tout ce qu'il a dit doit être cru, & l'on ne fauroit douter raifonnablement de la verité de fes promeffes & de fes menaces. Il faut croire le jugement dernier,les peines éternelles, le bonheur éternel des juftes, la perpetuité de fon Eglife, & enfin tous les mylteres:car la raison ne fouffre pas qu'on préfere aucune raifon au témoignage d'un homme qui a pu fe reffufciter luimême, qui s'eft dit Dieu, & qui a fait

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voir qu'il avoit le pouvoir d'un Dieu; & c'eft pourquoi faint Paul s'arrête partout à la preuve de la réfurrection. Aufsi jamais miracle ne fut moins fufpect, puifque Jefus-Chrift reffufcité fe fit voir à plus de cinq cens témoins; qu'aucun de ces témoins ne fe démentit, quoiqu'ils enffent toutes fortes de raifons de defavouer leur témoignage s'il eût été faux, & qu'ils n'ayent pu être portés à publier qu'ils avoient vu Jesus-Chrift reffuscité, que par la conviction entiere de cette verité de fait.

IV. Dieu a voulu dans le commencement de l'établiffement de l'Evangile que les fidelles euffent des preuves de la verité de la Religion, qui ne dépendiffent point des raifonnemens dans lefquels l'efprit peut s'éblouir. Nous avons vu de nos yeux Jefus-Chrift reffufcit, difoient ces cinq cens Difciples. Cela étoit net & évident, n'y ayant pas la moindre apparence de les foupçonner de collufion. Il falloit de ces fortes de preuves lorfque l'Eglife n'étant pas encore formée, fon autorité n'étoit pas reconnue. Quand elle l'a été dans les fiècles fuivans, la certitude des fens que Dieu a voulu toujours en faveur des fimples être le fondement de la foi, a confifté à dire: L'Eglife a décidé ceci. Donc il le faut croire.

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