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IX. Il eft vrai que le principal fondement de cet honneur, c'eft qu'en les reconnoiffant pour miniftres de JefusChrift, on ne les juge pas indignes de leur miniftere. Mais quand même on reconnoîtroit leur indignité par une connoiffance particuliere, il ne feroit pas permis, tant que l'Eglife les fouffre dans le miniftere, de leur refuser l'honneur & la déference qui eft due à leur dignité. Ce feroit ufurper le jugement de l'Eglife, & donner la liberté à chacun de fuivre fa fantaisie dans la réverence qu'il rend aux Prêtres. Ainfi quoiqu'un méchant Prêtre foit dans l'obligation de fe féparer lui-même de fon miniftere, & de n'en exercer plus les fonctions; néanmoins tant qu'il les exerce, les fidelles font obligés de l'honorer. Car les fonctions ne laiffent pas d'être faintes & dignes d'honneur, quoiqu'exercées par un miniftre indigne. 1! eft vrai qu'en ce cas ce miniftre eft ufurpateur non feulement des fonctions de fon miniftere, mais auffi de l'honneur qu'on lui rend, & du bien qu'il en reçoit; par ceque cet honneur & ce bien ne font dus en effet qu'aux miniftres dignes; quoique les fidelles, à qui il n'appartient pas de les difcerner, les rendent à tous ceux que l'E glife n'a pas dépouillés de leur miniftere, Que fi on laiffe aux Prêtres pénitens &

interdits une petite partie de leurs biens, ces biens changent alors de nature. Ceft une pure aumône de l'Eglife, & un pur effet de fa charité. Ce n'est plus un droit légitime que ce miniftre interdit ait à ces biens en vertu de fon travail, puifqu'il ne travaille point, & qu'il en eft déclaré indigne. C'eft une extenfion de la chatité de l'Eglife, qui honore encore en lui le miniftere qu'il a exercè, & qui lui facilite par cette charité le moyen de faire pénitence de fes pechés.

SUR L'EVANGILE

DU XII. DIMANCHE

D'A PRES

LA PENTECOSTE

E

EVANGILE Luc. 10. 23

N ce tems-là, JESUS dit à fes Difciples: Heureux les yeux qui voyent ce que vous voyez. Car je vous déclare que beaucoup de Prophetes & de Rois ont fouhaité de voir ce que

vons voyez, & ne l'ont point vu ; & d'entendre ce que vous entendez, é & ne l'ont point entendu. Alors un DocEteur de la loi fe levant, lui dit pour le tenter: Maître, que faut-il que je faffe pour poffeder la vie éternelle? JESUS lui répondit : Qu'y a-t-il d'écrit dans la loi ? Qu'y lifez-vous ? Il lui répondit: Vous aimerez le Sei gneur votre Dieu de tout votre cœur, de toute votre ame, de toutes vos for ces, de tout votre esprit ; & votre prochain comme vous-même. JESUS lui dit : Vous avez fort bien répondu; faites cela, & vous vivrez. Mais cet homme voulant faire paroître qu'il étoit juste, dit à JESUS: Et qui eft mon prochain? Et JESUS prenant la parole, lui dit : Un homme qui defcendoit de Jerufalem à Jericho, tomba entre les mains des voleurs qui le dépouillerent, le couvrirent de plaies, & s'en allerent, le laiffant à demi-mort. Il arriva enfuite qu'un Prêtre defcendoit par le même chemin, lequel l'ayant apperçu paffa outre. Un Lévite qui vint auffi au même lieu, l'ayant cons fidere passa outre encore. Mais un Samaritain paffant fon chemin, vint à

l'endroit où étoit cet homme, & l'ayant vu, il en fut touché de compaffion. Il s'approcha donc de lui,il verfa de l'huile & du vin dans fes plaies, les banda, & l'ayant mis fur fon cheval il l'emmena dans l'hotellerie, & eut foin de lui. Le lendemain il tira deux deniers qu'il donna à l'hôte, & lui dit: Ayez bien foin de cet homme ; & tout ce que vous depenferez de plus, je vous le rendrai à mon retour. Lequel de ces trois vous semble-t-il avoir été le prochain de celui qui tomba entre les mains des voleurs? Le Docteur lui répondit : Celui qui a exercé la mifericorde envers lui. Allez donc, lui dit JESUS, & faites de même.

EXPLICATION.

1. Connoitre Jefus Chrift & écouter fa

parole,font des graces ineffables,que l'on ne fauroit affez eftimer ni reconnoî tre. Qui voit & entend Jefus-Chriit, voit & entend le Docteur de la verité, & de la verité route pure fans mélange de fauffeté. Il voit & entend le vrai Médecin de nos maux, qui nous les fait connoître pour les guérir. Et enfin il void & entend fon Sauveur par le fecours duquel

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il peut ufer de ses remedes, & pratiquer tout ce qu'il apprend de lui.

Quelle difference d'un homme obligé de difcerner la verité parmi ces cahos d'o pinions humaines, & de réfifter au torrent de la coutume & à l'impreffion des fens, avec celui qui ayant eu le bonheur de connoître Jefus - Chrift, apprend de lui tout d'un coup fans peine & fans danger à difcerner ce qui eft vrai parmi cette diverfité d'opinions, & eft fortifié par fon autorité fouveraine contre la tyrannie de l'exemple & l'impreffion des fens? Combien même y a-t-il de difference entre la condition d'un Chrétien, qui connoiffant Jefus-Chrift, connoît entierement la voie du falut, & celle d'un Juif qui n'étoit éclairé que des fombres lumieres de la loi, qui prenoit ce qu'il connoiffoit des mysteres de la Religion, pour tout ce qu'il falloit croire, & qui ne pouvoit arriver à la verité qu'en perçant une infinité de nuages & de fauffes préventions? Ces Prophetes & ces Rois mêmes, qui ont été inftruits par avance de nos mysteres, n'en ont été inftruits que très obfcurément. Et il s'en falloit beaucoup que le degré de connoiffance qu'ils en ont eu, n'égalât celui qui a été donné par JesusChrift aux moindres Chrétiens.

II. Il ne faut pas croire que la condi

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