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Pf 68. perium expectavit cor meum, & miferiam. Ainfi il n'eft point furpris quand elles lui arrivent. Il fe croit encore trop heureux que Dieu accepte ces miferes temporelles, au lieu des tourmens éternels qu'il avoit mérités. Voilà les fentimens d'un vrai pénitent. Qui ne les a point, ne laille pas d'être pécheur, mais il est un pécheur impénitent.

II.

Jefus Chrift, en recevant le facremenr douloureux de la Circoncifion en a exemté les hommes: mais il les a en méme tems obligés à la Circoncifion spirituelle, c'est-à-dire, au retranchement des defits corrompus, que l'Ecriture apRom. 6. pelle le corps du peché.Et cette circoncifion pour être interieure n'en eft pas moins pénible. Car c'eft une circoncifion génerale, & qui dure toute la vie. Il faut circoncire fes oreilles, fes yeux, & tous les autres fens mais fur-tout il faut circoncire fon cœur, qui eft la fource de tous les mauvais defirs. La caufe ordinaire des fauffes pénitences & des fauffes dévotions, eft que l'on change en quelque forte la circoncifion chrétienne en circoncifion légale.On ne réforme que l'exterieur. On ne va point jufqu'à la fource de fes paffions, & au retranchement de fon orgueil interieur. On couvre ainfi le vieil

homme par le nouveau, mais on ne le détruit pas; & l'on conferve avec un exterieur reglé & mortifié une très grande immortification interieure. Ce n'eft pas là appartenir à la loi nouvelle, puifqu'on n'y appartient que par la circoncifion du

cœur.

III.

Jefus reçoit le nom adorable de Sauveur dans la premiere effufion de fon fang, qui marquoit qu'il le devoit verfer tout entier pour le falut des hommes. Peu de perfonnes conçoivent ce qui est renfermé dans ce nom facré, & ce que Jefus fait à notre égard en qualité de Sauveur. Il n'a pas feulement fatisfait à la juftice de Dieu pour nos pechés, mais il nous a obtenu toutes les graces qui font les principes de notre converfion & de nos bonnes œuvres. Car Jefus - Chrift ne nous fauve pas en nous laiffant tels que nous fommes, mais en nous changeant le cœur, & nous appliquant par-là le mérite de fa mort. Ce n'eft pas encore tout. Les pechés que nous commettons fans ceffe, l'imperfection de la plupart de nos meilleures actions, & enfin Fimpureté de notre cœur nous rendroient incapables d'être reçûs favorablement de Dieu, fi Jefus-Chrift en nous incorporant à fon corps ne nous préfentoit à fon Pere

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comme fes propres membres, & ne cott vroit l'imperfection de notre juftice par la perfection de la fienne. Ainfi la vraie pieté va à nous attacher à Jelis Chrift, à n'agir que dans lui & par lui, à le regar der comrne la cau'e de tout notre bien, & à croire que fans lui nous ne pourrons être que l'objet de la colere de Dieu.

粥粥粥 粥粥粥 參考患 番參半生學學 L'EPIPHANIE.

I.

Efus-Chrift après avoir appelé les bergers à fa Crêche comme les premiers des Juifs, qui marquerent par le peu de bruit de leur venue, que celle de Jefus-Chrift n'auroit d'effet que fut un petit nombre de Juifs, appelle enfuite les Mages, c'eft à dire les payens, à fon berceau,pour marquer d'abord en racour ci tous les fruits & tous les effets de la miffion. Ces Mages viennent avec pompe & avec éclat. Ils foulevent Jerufalem & troublent Herode, parceque c'eft propre ment la converfion des payens, qui par fon éclat a troublé le monde, & animé contre l'Eglife la fureur des peuples, & la politique des Empereurs. Que feroit le monde fans cette vocation ? Et que ferions-nous nous mêmes, puifque nous

faifions partie de ce monde de payens qui ont été appelés à la véritable foi? Remettons-nous dans l'esprit cet effroyable état. Considerons-le dans ces nations que Dieu laiffe encore dans ces ténebres épaiffes; dans les Chinois, les Indiens, les habitans du nouveau monde. Disons-nous à nous mêmes: Voilà l'état où Dieu nous a pris. Voilà ce que nous ferions s'il nous y avoit laillés. Et tâchons d'exciter en nous en ce jour-ci la jufte reconnoiflance que nous devons à Dieu pour nous avoir appelés au Chriftiani fine. Car il ne faut pas s'imaginer que Dieu ne penfât qu'aux Mages en les appelant à fa creche. Il penfoit à tous ceux à qui il devoit communiquer la lumiere de fon Evangile. Il penfoit à nous en particulier. Suivons donc l'efprit de l'Eglife en renouvelant dans nous en ce jour la gratitude que nous devons à Dieu pour cette grace incomparable.

II.

Si jamais la puiflance de la grace a paru dans aucune occafion, on peut dite que c'eft dans la vocation des Mages. Ces Mages ne furent pas fans doute les feuls témoins de cette étoile miraculeuse qui parut à la naiffance de Jefus-Chrift, Pourquoi donc fit-elle fi peu d'impreffion fur tous les autres, & en fit-elle une fi

forte fur l'efprit & le cœur de ces petfonnes? C'eft qu'outre cette lumiere commune & génerale ils furent touchés & pénétrés d'une lumiere particuliere, qui s'empara de leur efprit & de leur cœur. Que cette lumiere devoit être forte pour leur faire abandonner leur pays; pour les porter à s'expofer à des étrangers, & 1 annoncer à un Roi dominé par une cruelle politique,une nouvelle auffi- peu agréa ble celle de la naiffance d'un autre que Roi; pour ne craindre point les railleries des uns, & les violences des autres ; pour rendre témoignage à la verité dans une ville auffi mal difpofée que l'étoir celle de Jerufalem; pour s'abandonner à la conduite de Dieu dans un deffein fi périlleux! Cependant ils l'executent avec un courage héroïque, & ils éprouvent cette protection de Dieu à laquelle ils s'étoient confiés. Cette étoile qu'ils avoient vûe en orient leur paroît de nouveau, & les conduit au berceau de ce nouveau Roi. Ils y trouvent un enfant dans la pauvreté, dans la mifere, & dans le froid; & ils reconnoiffent & adorent en lui le Roi du monde, & le Dieu de l'univers. La grace n'est pas fi visible dans tous les élus ; mais elle n'eft pas moins véritable ni moins effective. Ils reçoivent tous, outre les graces génerales, une grace particuliere qui les con

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