vertit à Dieu. Ou cette grace ne les abandonne jamais, ou ils la reçoivent de nouveau avant que d'avoir achevé leur courfe, & elle les conduit à l'adoration éternelle de Jefus Chrift par une heureuse perfeverance. C'eft la grace que nous devons demander à Dieu dans ce jour, & qui doit être l'objet de nos fouhaits & de nos prieres dutant toute notre vie.

III.

La fainte Vierge reçut la vifite des Mages, comme elle avoir reçu celle des bergers. Et elle reçut l'une & l'autre, comme elle avoit reçu le rebut des Juifs, & la néceffité où elle fut réduite de fe retirer dans une étable. La parfaite foumiffion à la volonté de Dieu va jufqu'à l'indifference à l'égard des évenemens bons & mauvais, des profperités & des adverfités; parcequ'on y trouve également la volonté de Dieu, qui donne le prix à toutes choses à l'égard de ceux qui l'aiment. Elle n'eut aucune paffion, ni aucun defir de favoir quand Jefus-Christ se manifesteroit au monde. Elle ne le preffa de rien, étant trop perfuadée qu'il n'y a que Dieu qui fache le tems où chaque chofe doit être faite. Ainfi elle fe nourriffoit des actions préfentes & paffées de Jefus-Christ, sans prévenir les futures par des defirs précipités. Elle confervoit tout cela en elle-mê- Inc. z.

Luc.

19.

me, le repaffant dans fon cœur, dit faint Luc. C'eft le modelle de la conduite que nous devons garder dans le monde. Îl y faut fuivre Dieu, & non pas le prévenit. Il faut le laiffer faire dans toutes les chofes dont nous ne fommes pas chargés, & accommoder nos defirs aux évenemens. Mais on fait d'ordinaire tout le contraire. Chacun voudroit conduire le monde, & préfcrire à Dieu de quelle forte il doit agir. Et tout cela a fa fource dans la cupidité, qui aime la prosperité, hait l'adverfité, & préfere la propre volonté à celle de Diell.

LA fainte Vierge ne s'exemta pas de

l'obfervation de la loi de la Purification; parceque, felon l'ordre de Dieu, elle ne pouvoit faire connoître les raisons fecrettes qui l'en exemtoient. Ce qui nous apprend qu'on eft obligé d obferver les loix non feulement lorsqu'elles font faites pour nous, mais auffi lorfque les hommes ne pouvant pas voir que nous en foiyons exemts, fe fcandaliferoient fi nous y manquions. Ceft la premiere inftruction qu'el le nous donne dans fa Purification, Car d'ailleurs

d'ailleurson ne pouvoit être plus légitimement difpenfé de cette loi qu'elle l'étoit. Non feulement elle étoit exemte de l'impureté légale, mais elle l'étoit de toute impureté du peché, dont ces impuretés étoient des figures. De quoi le pouvoitelle donc purifier? Elle pouvoit croître en amour & dans toutes les vertus : & un moindre degré d'amour étoit pour elle une espece d'impureté à l'égard du plus grand. C'est ainsi qu'elle s'eft purifiée toute la vie, en avançant toujours vers la perfection de l'amour par des progrès continuels. Pour nous, nous n'avons pas befoin de chercher cominent nous nous pouvons purifier, étant pleins, comme nous le fommes, d'impuretés effectives, qui font nos pechés. Et la meilleure voie que nous puiffions prendre pour cela, c'eft d'imiter la fainte Vierge, en pratiquant ce qu'elle a fait dans fa Purification, qui nous eft marqué dans la fuite de l'Evangile,

II.

La Vierge s'eft purifiée en offrant à Dieu fon Fils joint au facrifice ordonné par la loi. Nous ne faurions de même nous purifier que par la pratique fidelle des commandemens de Dieu, & par Poblation que nous lui devons faire fans cesse, & sur-tout à la Mefle de JesusTome XIII.

S

Chrift fon Fils & notre chef, unique fource de toute la pureté des hommes.Si nous ne fommes pas capables de lui of frir avec fon Fils le facrifice des riches, c'eft-à-dire, les grandes actions de zele & de charité, que les Saints ont pratiquées; offrons lui comme la Vierge, le facrifice des pauvres qui ne lui eft pas moins agréable. Offrons-lui l'humiliation, la patience, le filence, la circonfpection, le fupport du prochain, l'oubli des injures. Il y a toujours des vertus qui font à notre portée,quelque pauvres que nous foyons. Ainfi la matiere de nos facrifices ne nous peut jamais manquer. Nous nous devons tenir heureux d'avoir à notre tête la fainte Vierge pour faire cette oblation. Car c'eft un grand moyen de nous adreffer à elle, pour obtenir la grace de la faire plus faintement. S'il s'agit d'offrir Jefus-Chrift à Dieu dans le facrifice de la Mefle, comment le pouvons-nous mieux faire qu'en la priant de nous obtenir quelque part à cette charité ardente, avec laquel

elle s'offrit dans le temple? S'il s'agit d'offrir à Dieu le facrifice de nos prieres & de nos œuvres, qui peut mieux nous y aider que celle qui a fait de toute la vie une oraison continuelle & interieure ; & qui n'a jamais laiffè entrer aucune impu reté dans fes actions? Ainfi cette fète

nous lie à la Vierge d'une maniere particuliere. Elle y eft la figure de l'Eglife en préfentant Jefus-Chrift à Dieu au nom de toute la focieté des Chrétiens: mais toute la focieté des Chrétiens doit auffi fe joindre à elle & s'unir à fon facrifice, comme à celui du principal de fes membres, agiffant au nom de tout le corps, & chacun doit tâcher d'entrer dans fes difpofitions ; & la prier de nous en obtenir quelque participation.

Il n'eft pas feulement néceffaire aux Chrétiens d'offrir Jefus-Chrift avec la fainte Vierge qui leur en donne l'exemple, il faut encore qu'ils le reçoivent dans leurs cœurs par la foi, & dans leurs corps même par la fainte communion; & c'eft ce que leur enfeigne faint Simeon. Il reçut Jefus-Chrift entre fes bras, & en le recevant il inftruit tous les Chrétiens d'une maniere admirable, de quelle forte ils le doivent recevoir. Car quels fentimens plus dignes de Jefus Chrift peuvent-ils avoir en le recevant, que ceux qui paroiffent dans ces paroles de Simeon? C'est maintenant, Seigneur, dit- Tue. 2 il, que vous laifferez mourir en paix votre 29. 30% ferviteur, felon votre parole: puifque mes yeux ont vu le Sauveur que vous nous donez. Simeon témoignoit par-là qu'il n'as