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voit plus rien à defirer dans le monde, & que tous fes fouhaits étoient renfermés dans celui que Dieu avoit accompli, qui elt de lui faire voir le Sauveur du mon. de; & c'est ce que tout Chrétien qui a reçu Jefus-Chrift, devroit avoir dans le cœur. Il ne devroit plus rien defirer dans le monde, & il devroit être prêt, aprés avoir communié, de s'unir pour ton jours avec Jefus-Chrift. Tout autre defir, toute autre prétention fait voir qu'il n'a pas l'idée qu'il devroit avoir de ce bien fait ineffable.

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Shah62552 52:36:22 FUITE DE JESUS-CHRIST En Egypte.

I.

JEsus ayant une infinité de moyens de

fe garantir de la cruauté d'Herode, eut recours à celui de la fuite, parcequ'il étoit le plus humble. Ce n'est rien à Dieu que d'agir par puiffance; mais c'est une chofe admirable qu'un Dieu s'anéantiffe & s'humilie. Il étoit néceffaire qu'il agît ainfi pour nous donner cette inftruction inportante: Qu'il ne nous garantit jamais plus utilement des defleins que les hom ines font contre nous, que lorfqu'il le fait par l'humiliation & par la fonffrance. On voudroit triompher de fes ennems

en les funmontant, & en failant paroître avec éclat la juftice de fa caufe: mais Dieu veut qu'on les furmonte en s'humi liant, en fouffrant, & en demeurant long-tems comme accablé fous leur puiffance. Par ce moyen il procure une victoire folide aux défenfeurs de la juftice; parcequ'il leur fait furmonter l'orgueil, ennemi mille fois plus à craindre que tous ceux qu'ils peuvent avoir dans le monde. On doit donc tirer de cette conduite de Jefus Chrift ces deux regles importantes pour la vie chrétienne; de choifir toujours, autant que l'on peut, les moyens les plus humbles pour fatisfaire à fes devoirs, & de ne fe croire pas abandonné de Dieu, quand pour le garantir de les ennemis, on eft obligé de leur céder en apparence.

II.

Dieu en faifant connoître par fon An- Matthe geà faint Jofeph, qu'il falloit qu'il fe re- 15. tirât en Egypte, ne lui en fournit aucuns moyens. Il fe contenta de lui déclarer fa volonté. Que de repliques un efprit peu foumis auroit faites à un ordre fi difficile à executer! Comment s'en aller fans vifions, fans équipage, fans bien, en un pays éloigné, dans la plus fâcheufe faifon de l'année, avec une vierge foible, & un enfant nouvellement né? Cependant S.

pro

Jofeph ne réplique point, & f, foi te T'applique qu'à l'execution de l'ordre de Dieu. C'eft ainfi que doivent agir toutes les perfonnes vrayment chrétiennes. Il faut bien s'allurer fi Dieu veut les chofes Mais quand on a cette affurance, il faut fe mettre à les executer avec courage; quelques difficultés qui y paroiffent. Notre affaire eft d'obéir: mais celle de Dieu, c'eft de lever ces difficultés, s'il le juge à propos. S'il les leve, à la bonne heure, nous aurons par là les moyens d'accom. plir ce qu'il nous commande. S'il ne les leve point, & qu'il permette que nous fuccombions, nous aurons encore un plus grand avantage, qui eft de lui rémoigner notre obéiffance d'une maniere qui lui fera d'autant plus agréable, qu'el le eft moins agréable à la nature..

III.

Dieu conferve la fainteté de fes élus par une viciffitude continuelle de faveurs & d'humiliations, de profperités & d'adverfités qui fe contrepelent. Les feules faveurs fans les humiliations les perdroient. Il faut qu'elles foient balancées par le poids des adverfités. Il a voulu même obferver cet ordre à l'égard de la fainte Vierge & de faint Jofeph, quoique l'éminence de leur vertu n'eût point befoin de ces contrepoids: parcequ'il les

vouloit rendre les modelles de fa con-
duite ordinaire envers fes élus. Ce n'é-
toit pas nne petite élevation pour la fain
te Vierge & pour faint Jofeph que la vi-
fite des Mages, que les prédictions avan-
tageufes de Simeon & d'Anne. I les en-
voye donc fe cacher parmi un peuple in-
connu, pour y mener une vie obfcure &
pleine d'incommodités. Qui fait ce qu'ils
y firent & ce qu'ils y foufftirent? Mais
cela même qu'on ne le fait pas, nous
donne cette inftruction importante: Que
les perfonnes en qui Jefus-Chrift eft nou-
vellement né, ont befoin de se soustraire
par la retraite à la vie du monde, & font
en danger de périr quand ils s'expofent
trop-tôt aux actions qui les font connoî-
tre, & qui ont les hommes pour témoins.
LOLO COED:ETES: F TAD SAEQ 39:DOCSIS AT EX
RETOUR DE JESUS CHRIST
en Galilée, & fa demeure
à Nazareth:

I.

SAint Jofeph & la Vierge étant allés

Matth

en Egypte par l'ordre exprès de Dieu, demeurerent jufqu'à ce ce que par un nouvel ordre, Dieu leur commaudat de retourner en Judée. Ils ne quitterent. 20. point par fantaisie la place où Dieu les

avoit mis: mais par la volonté de Dien qui leur fut fignifiée par un Ange. Ceft une des pratiques des plus eflencielles de la vie chrétienne, de n'entrer dans aucun engagement, dans aucun état, dans aucun lieu, qu'on ne se puisse rendre témoignage que Dieu veut qu'on y entre, & de n'en fortir point qu'on n'ait une af furance raisonnable que Dieu veut qu'on en forte. Tout lieu & tout état ont leurs tentations. L'homme n'y pent fubfifter de lui-même fans le fecours de Dieu. Or quelle efperance peut-on avoir de l'obte nir, fi l'on eft dans ce lieu & dans cet état contre l'ordre de Dieu? N'eft ce pas le premier devoir auquel on foit obligé, que de quitter cet état où l'on eft témerairement engagé pour rentrer dans l'ordre de Dieu dont on eft forti? Il est vrai que quelquefois on ne le fauroit quitter, & que quelquefois même il n'eft pas utile de le faire; mais lorsqu'on commence à у demeurer par une raison solide, on commence auffi à y être par la volonté de Dieu. Enfin la réponse intérieure que la confcience doit faire à tout véritable Chrétien fur tous les lieux où il eft, doit être qu'il y eft parceque Dieu le veut. Cette volonté ne lui eft pas déclarée par un Ange comme à faint Jofeph; mais elle lui eft déclarée par les regles coming.

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