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voulut de plus fe mettre publiquement au rang des pénitens, & faire une profession publique de pénitence; le batême de faint Jean n'étant qu'une profeffion publique que ceux qui le recevoient faifoient de vouloir purifier leur ame de leurs pechés par de dignes fruits de pénitence. Il n'avoit aucun peché propre à expier, & ainfi c'étoit une grande humiliation pour lui de fe mettre à l'exterieur au nombre des pécheurs. Mais il étoit chargé des pechés de tous les hommes. Il les vouloit expier par une pénitence continuelle, c'est-à-dire, par une douleur continuelle, une fouffrance continuelle, & enfin par la mort. C'eft en cette maniere que Jefus-Chrift eft le premier des pénitens & le modelle de toute vraie pénitence. Il en eft l'auteur & le confommateur comme de la foi; & c'eft de lui feul que nous la pouvons obtenir.

II.

Notre batême n'eft pas un batême de pure pénitence comme celui de faint Jean, puifqu'il remet les pechés, ce que celui de faint Jean ne faifoit pas: mais c'eft pourtant un batême de pénitence, puifqu'il doit en être précedé, felon ces paroles de fain Pierre rapportées dans les A.2. Actes des Apôtres : Faites pénitence, & que chacun de vous foit batijé au nom de

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JESUS CHRIST, pour obtenir la rémission de vos pechés, & qu'il nous engage à une pénitence continuelle pour tout le reste de notre vie: car le vieil homme y eft enfeveli fous les eaux, felon faint Paul, Rom. 62 mais ce vieil-homme enfeveli n'y perd actuellement que fa domination fur l'homme nouveau. La concupifcence, qui eft ce vieil homme, ne laiffant pas de de meurer vivante tont le reste de la vie, l'exercice continuel d'un Chrétien doit être d'y réfifter, de la combattre, de l'affoiblir, de la diminuer. Or cela ne fe fait que par une pénitence continuelle. On ne réfifte à l'orgueil qu'en s'humiliant; à la fenfualité, qu'en fe mortifiant; à la curiofité, qu'en renonçant aux connoiffances inutiles. C'est ce qui a fait dire au Concile de Trente, que la vie d'un Seff. 143 Chrétien doit être une pénitence continuelle; decres. & le défaut de cette pénitence eft la cau- undt. fe ordinaire de l'affoibliffement & de la chute des Chrétiens.

III.

Il ne faut pas penfer qu'il y ait aucun état dans le monde qui ait droit de s'exemter de cette forte de pénitence. Ni les Rois, ni les fujets, ni les hommes, ni les femmes, ni les riches, ni les pauvres ne s'en peuvent difpenfer. La maladie de la concupiscence étant une malaş

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die generale, il n'y a perfonne qui ne foir obligé de tâcher à s'en guérir, & de faire au moins enforte qu'elle ne s'augmente pas, & qu'elle ne devienne pas plus forte. Ainfi vivre fans pénitence, donner à fes fens tout ce qu'ils defirent, s'élever dans le monde autant que l'on peut, c'eft proprement la voie de l'enfer, parceque c'est un moyen certain d'augmenter la concupifcence, dont l'accroiffement tend directement à étouffer la charité dans le cœur.

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LA FONCTION DE DOCTEUR des hommes exercée par Jefus Chrift.

I.

LE Verbe de Dieu eft le Docteur immediat de tous les hommes par sa nature même, parce qu'étant la verité & la fageffe, il faut que cette fageffe & cette verité fe découvre à notre efprit, afin que nous la puiffions connoître & aimer, en quoi confifte la réformation de l'homme. Cependant comme il eft de la nature de l'homme, ou du moins de l'état où il est tombé, que les connoiffances des verités fpirituelles foient précedées d'une inftruction exterieure qui frappe Heb... les fens, Dieu s'étoit fervi pour cela dans

Pancienne loi, des Propheres, comme dit faint Paul. Mais ces Prophetes n'étant que des hommes, obfcurcilloient en quelque forte cette instruction du Verbe fur les ames. On croyoit avoir appris de F'homme ce qu'on ne pouvoit avoir appris que de Dieu même. Ainfi le Verbe éternel & le Fils de Dieu a voulu exercer par lui-même la fonction de Docteur non seulement interieur, mais auffi exterieur : & c'est ce qu'il a fait en se faifant homme, & en prêchant visiblement & effectivement aux hommes les verités du falut. Les paroles qu'il leur a dites & qu'il a fait écrire dans fon Evangile, ont été les canaux divins par lefquels il leur a communiqué les verités : & comme il n'a pas parlé feulement pour les hommes de fon tems, mais pour ceux de tous les fiecles futurs, il faut que les fidelles qui y naiffent, regardent toutes fes paroles comme pleines de grace, & qu'ils prennent tous Jefus-Chrift comme leur Docteur en toutes les manieres qu'il l'a voulu être, non feulement en ouvrant leur cœur à ses verités; mais en s'attachant au moyen qu'il a choifi pour les leur communiquer, qui eft d'écouter avec foin les paroles de l'Evangile qu'il a prononcées exterieurement pour inftruire tous les hommes.

II.

Jefus-Chrift pour fe préparer à inftuire les hommes, n'a point voulu rien apprendre d'eux ni par leur inftruction, ni même par le commerce & par l'experience. Il s'eft occupé pour cela jufqu'à trente ans au métier de charpentier dans une bourgade peu connue. Ainfi l'on avoit tout fujet de s'étonner qu'il parlât avec connoillance de ce qu'il n'avoit point appris. Cependant cet homme deftitué de toutes les inftructions des hommes, leur propofe d'abord ce qui n'avoit jamais été proposé par aucun homme. Il leur enfeigne une doctrine infiniment plus relevée, plus raifonnable, plus fuivie, que tout ce que les Philofophes avoient produit au monde. Il leur parle un langage fi divin, fi faint, fi éloigné de toutes les paffions humaines, que jamais les hommes n'avoient rien conçu de pareil. Il prend la voie unique de faire une impreffion raifonnable fur la multitude, qui eft de l'inftruire avec autorité, & fans prétendre la perfuader par des raifonnemens humains, mais en s'attirant cette autorité par des miracles certains & vifibles. Ainfi en confiderant bien le choix de ces moyens, on eft force d'avouer que de tous les miracles que Jefus-Chrift a faits en prêchant l'Evangile,

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